j' ai récemment récupéré un coffre de marin en triste état, mais qui une fois nettoyé m'a permis de découvrir une peinture de ce trois mâts barque (inscrit edouard detaile sur le dessin).
Sur celle ci la coque est de couleur foncée contrairement aux différentes photos présentes sur ce forum (à l'exception de celle en annexe de votre réponse).
Cette teinte a t'elle été faite pour rendre le navire moins voyant ?
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cordialement
Bonjour,
Rapport de mer du commandant du trois-mâts Edouard Detaille
…Le vingt-cinq, me trouvant par L : 46° N et G. : 11°35', je faisais route à l'est avec une petite brise d'ouest-sud-ouest et un temps magnifique ; rien d'anormal. A neuf heures quarante cinq, Monsieur Chapelet, mon second, étant occupé à son travail sur le pont, je le fais appeler pour prendre des tops aux chronomètres. Les observations étant faites, nous causons quelques minutes : ensuite..Chapelet prend les jumelles pour scruter l'horizon, cherchant à découvrir un quatre-mâts qui depuis quarante heures naviguait avec nous ainsi qu'un petit trois-mâts goélette : rien en vue. Subitement, à deux milles et demi, dans l'ouest-nord-ouest, j'aperçois un point noir. J'avertis le second qui dirige sa jumelle dans la direction et reconnait un sous-marin : branle-bas général, commencé aussitôt la manoeuvre, laissé tomber perroquets et huniers volants, mais à peine la manoeuvre commencée qu'un obus éclate à dix mètres sur l'arrière.
Première attaque du sous-marin sans avis…Nous abandonnons la manoeuvre et sautons aux embarcations qui, en une minute, sont toutes deux à l'eau. Pendant cette minute, deux obus tombent à bord, l'un à tribord arrière, crevant ma baleinière en trois endroits différents, l'autre à tribord avant, crevant la misaine. Je fais aussitôt quitter le bord et après m'être assuré que tous le personnel était bien dans les embarcations, j'ai quitté moi-même le navire en jetant à l'eau ma boîte à papiers pour rejoindre ma baleinière :…déjà presque coulée malheureusement, j'ai du abandonner cette boîte qui aussitôt a disparu. A peine étais-je dans l'embarcation qu'un quatrième obus éclatait sur le pont arrière, l'autre sur le pont avant. Ces cinq obus tirés, le sous-marin nous a laissé nous éloigner du bord et après cinq minutes d'attente a disparu ; ce dernier est resté environ douze minutes en plongée, le temps nécessaire sans doute pour sa manoeuvre de torpille car, après cet intervalle, nous avons entendu un craquement : le navire venait de recevoir une torpille par bâbord avant, le faisant disparaître dans deux minutes, à six heures trente-cinq. Le sous-marin revenu en surface se dirige vers mon embarcation. Le commandant m'appelle et me pose ces questions :"Quel est le nom du navire ? D'où venez-vous ? Où allez-vous ? Quel tonnage ?" puis ensuite il m'a donné mes positions me demandant aussi si j'avais des vivres et un compas, ce à quoi je lui ai répondu que j'étais muni de tout le nécessaire. Cinq minutes après, le sous-marin disparaissait.
J'ai fait route, me dirigeant sur la terre la plus proche qui était Ouessant, deux cent trente cinq milles environ. Favorisé la première journée par des vents d'ouest, j'ai fait quatre-vingt seize milles en bonne route. Les vents tournant ensuite au nord-est et à l'est, j'ai dû louvoyer pendant six jours pour atterir à l'île de Sein le deux octobre à huit heures du matin, accueilli par le torpilleur Deux cent soixante sept de Brest. Je suis rentré dans le port le même jour à quatre heures environ. Pendant la traversée qui a duré sept jours, je n'ai eu qu'à me louer du sang-froid et de la confiance de mon équipage.
Ayant quitté Sydney (Australie) le sept juin mil neuf cent dix sept avec un plein entier chargement de blé pour Rochefort, rien d'anormal ne s'étant passé à bord jusqu'à ce jour."
Signatures du capitaine Mr Thouin et deux matelots, Louis Gourio de Pornic et Louis Gautier d'Etables."
AD du Finistère, tribunal de commerce de Brest 63U/22/7.
Source : René Richard et Jacques Roignant, Les navires des ports de la Bretagne provinciale coulés par faits de guerre 1914-1918, volume 1, Association Bretagne 14-18, 2010, photo page 329.
Cordialement.
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