CHARLES GOUNOD Trois-mâts barque

olivier 12
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Re: CHARLES GOUNOD Trois-mâts barque

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

CHARLES GOUNOD

Lancé le 31 Janvier 1900 aux chantiers de la Loire à Saint Nazaire pour l’armement Guillon.
Navire du type C, dit à Jubilee Rig. Gréement de trois-mâts barque, très critiqué à son début en raison de son aspect lourd et disgracieux du à la croisure énorme des vergues de perroquet. Ce gréement fut repris sur douze autres navires car il permettait un maximum de vent dans les voiles.

Caractéristiques 2199 tx JB 1460 tx JN
Pris au neuvage par le capitaine Gautier.

Subit de grosses avaries en 1907 dans les parages du Horn, au cours d’une traversée Brest - San Francisco. Reste engagé plusieurs heures.

Sera coulé en Janvier 1917 au cours d’une traversée Durban – Nantes, avec un chargement de blé et de maïs pour les alliés.

Extrait du rôle

CHARLES GOUNOD immatriculé à Nantes n° 172
Armé au long cours à Nantes en Novembre 1915 par la Société Nouvelle d’Armement
Equipage embarqué le 21 Novembre 1915 à Liverpool

Capitaine Henri RAULT CLC né le 28 Décembre 1878 à Paris Inscrit au Havre Domicilié à St Briac

Second Jean-Marie ROLLAND né le 5 Janvier 1871 à Pleumeur Inscrit à Lannion
( nota : Remplacé plus tard par Pierre LAMANDE, né le 24 Décembre 1878 à Saint Lunaire et inscrit à Saint Malo, qui était second au moment de la capture)

« Le CHARLES GOUNOD a été capturé et coulé en mer par le corsaire allemand SEEADLER le 21 Janvier 1917 par 07° N et 28° W. L’équipage composé de 24 hommes a été fait prisonnier et embarqué sur le corsaire allemand du 21 Janvier au 21 Mars 1917. Transbordé sur le trois-mâts CAMBRONNE le 21 Mars. Arrivé à Rio de Janeiro le 31 Mars à 18h00. Débarqué le 31 Mars.
L’équipage a été embarqué sur le paquebot MALTE le 4 Avril 1917 et rapatrié à Brest le 22 Avril 1917. »

Récit de l’équipage


Le 21 Janvier 1917, à l’heure de la méridienne, le navire se trouvait à 400 milles au nord de l’Equateur, faisant route au plus près pour remonter les alizés de NE quand un trois-mâts carré fut aperçu à contre-bord, grand largue, cap au sud, portant les couleurs norvégiennes. Le capitaine Rault hissa les couleurs françaises et montra son signal distinctif. La météo portée au journal de bord donnait : « Cumulus de beau temps, mer belle, houle de sud ourlée d’écume ».
Le capitaine fit porter sur le Norvégien pour demander des nouvelles de la guerre, et donna des ordres pour prendre un ris dans la grand voile.
Tout à coup, le signal du code international « Mettez en panne ou je fais feu » monta à la corne d’artimon du navire en vue et un coup de semonce fut tiré sur la CHARLES GOUNOD, dont le capitaine, confiant en sa bonne marche, se préparait à fuir, pensant échapper au corsaire allemand. Malgré une salve d’avertissement, il pensa se tirer d’affaire et crût même que le corsaire était en panne de munitions.
Mais à la surprise des marins français, le trois-mâts cargua ses voiles, mit en route des moteurs insoupçonnés, gagna sur l’avant du voilier français et envoya à bord une embarcation à moteur armée en guerre. L’officier de prise signifia au capitaine Rault et à son équipage qu’ils étaient prisonniers de guerre.
Aussitôt, commença le transbordement de tout ce qui pouvait être utile au corsaire ennemi, qui était le fameux SEEADLER, navire américain, saisi et maquillé par les Allemands.
L’équipage français fut aussi transbordé et retrouva de nombreux prisonniers alliés, provenant de prises faites auparavant.
Le commandant, le comte von Lückner, fit disparaître toute trace du CHARLES GOUNOD (qui fut coulé).
Les prisonniers devenant trop nombreux à son bord, le capitaine corsaire s’en débarrassa en les embarquant sur l’une de ses dernières captures, le CAMBRONNE, de la maison Bordes.

Récit du côté allemand

Après une 2e semonce, le Français mit en panne. Une dizaine d’Allemands, tirés à quatre épingles , s’alignèrent sur le pont du CHARLES GOUNOD et le lieutenant Preiss (1,95 m) dit au commandant français :
« - Commandant, au nom de sa majesté la Kaiser, je déclare votre navire et son chargement prise de guerre ».

« - De quel droit vous permettez-vous cet acte de piraterie ? » rétorqua le Français.

Pour la première fois, un prisonnier protestait avec véhémence devant cette manifestation de force. Les Anglais jugeaient superflu de résister quand les circonstances ne s’y prêtaient pas. Mais les Français nous envoyèrent une bordées d’injures et d’imprécations.
Preiss demanda fermement, mais avec courtoisie que soient remis armes et papiers. Il ajouta que l’équipage serait conduit sur le SEEADLER avec ses effets personnels et tout ce qui pourrait être utile aux prisonniers : vivres, boissons, lecture. Et s’ils possédaient un gramophone et des disques, bon usage en serait fait au cours des soirées données par le commandant, le comte von Lückner.

Le capitaine Rault n’en croyait pas ses oreilles.

Hésitant sur le comportement à tenir, il s’enferma dans un silence réprobateur. Mais quand Preiss disposa les charges de dynamite destinées à le couler, le parisien refusa tout net de quitter son navire.
Froid et aimable, mais déterminé, Preiss l’informa alors qu’il devrait le mettre aux fers s’il continuait dans ses réclamations véhémentes. Alors seulement, il se calma.
« - Savez-vous que notre commandant est le descendant d’un maréchal de France guillotiné sous la révolution ? » l’informa le lieutenant Kling en présentant, sur le SEEADLER, von Lückner en grand uniforme de la marine impériale.
Puis un diner, traditionnel lors de l’arrivée de nouveaux prisonniers sur le corsaire fut donné.
« - J’admire le grand compositeur de Faust et de Mireille qui a donné son nom à votre navire. « L’air des bijoux », du « Veau d’or », du « Roi de Thulé » ont bercé mon enfance. J’entends encore mon père qui les fredonnait en français » dit von Lückner à ses prisonniers.

Cela détendit l’atmosphère, mais le capitaine Rault ne pouvait se remettre de la perte du voilier nantais. Pour Lückner, qui avait du mal à couler chacune de ses proies, la peine et la révolte du Français ressemblaient à de la vertu.
Il confia à son second, Lüdemann :
« Cet homme m’impressionne. Non seulement par sa bonne éducation et les efforts qu’il s’impose pour demeurer digne, mais surtout en raison de la fermeté avec laquelle il me fait comprendre que je demeure son ennemi, envers et contre tout. »

Lückner (ancien marin sur les grand voiliers) n’avait d’ailleurs pas voulu assister à la disparition du CHARLES GOUNOD qui l’affectait sincèrement.
«- On ne devrait jamais être dans le cas de couler un voilier », confiait-il à ses officiers.

Le navire assaillant

Le SEEADLER (aigle des mers) dissimulé sous le nom de NORGE, était en fait un trois-mâts franc américain, le PASS OF BALMAHA, que les Allemands avaient capturé au début de la guerre.
C’était d’ailleurs au moment où les Anglais l’avaient arraisonné et le conduisait au port de Kirkwall, dans les Orcades, pour en vérifier la cargaison (du coton destiné à Arkangelsk).
Il avait été transformé en croiseur auxiliaire à Geestermünde. On l’avait doté d’un moteur diesel de mille chevaux, lui donnant une vitesse de dix nœuds et l’on avait embarqué pour deux années d’approvisionnements.
On l'avait armé avec deux canons de 105 sur Td et Bd avant, deux mitrailleuses installées d'ordinaire sur la dunette et le gaillard, mais que l'on pouvait déplacer, de nombreux fusils Mauser et des pistolet "parabellum". Des pavois à charnières basculaient pour dévoiler les canons. Il y avait aussi des grenades à mains et des mines fumigènes.
L’entrepont était aménagé pour recevoir 400 prisonniers. 64 hommes constituaient l’équipage. Déguisé en bâtiment de commerce neutre, il ne fallait aucune fausse note susceptible d’éveiller le doute chez l’adversaire. C’est pourquoi un marin allemand, que ses camarades avaient surnommé Jeannette, se promenait sur le pont à la vue de tout le monde, travesti en femme et portant une ombrelle, quand on approchait d'un adversaire, tandis que les hommes armés, tapis derrière les bastingages, étaient parés pour l’abordage.
Si l’ennemi avait des velléités de résistance, des mégaphones annonçaient le torpillage imminent, alors que le SEEADLER n’avait ni tube lance-torpilles, ni torpilles.

Von Lückner fut un marin tout à fait atypique. Formé sur les grands voiliers du début du siècle, notamment sur l’Anglais PINMORE qu’il coula, la mort dans l’âme, le 19 Février 1917, il se résolut à mener une guerre « propre ».
Il avait confié à son second et ami privilégié, Friedrich Lüdemann, après avoir coulé le cargo LUNDY ISLAND :
« Je crois que je suis en train de réussir notre pari : faire la guerre sans nous salir les mains »
Comme Lüdemann lui faisait remarquer que beaucoup d’Allemands souffraient de cette guerre, au moins autant que leurs adversaires, il avait répondu :
« Retenez bien ceci Lüdemann : nous n’avons pas su défendre autrement que par les armes notre bonheur sur cette terre. Un peuple qui cautionne ses chefs est aussi coupable qu’eux des horreurs qu’ils dispensent. Sur ce navire, nous ne sommes plus en train de faire la guerre, mais d’essayer de reconstruire l’avenir ».

Ce corsaire avait quelque chose de visionnaire dans son appréhension de l’avenir et de l'Histoire.

Sur le SEEADLER, équipage et prisonniers vécurent en bonne harmonie. La liberté de déplacement était totale, sauf lorsqu'une nouvelle victime approchait. Beaucoup de marins avaient retrouvé des camarades prisonniers comme eux. Les officiers pouvaient se réunir dans leurs cabines ou le logement commun qui leur était affecté.
Les officiers anglais, en particulier, discutaient facilement avec les Allemands tandis que les marins fréquentaient volontiers les bordées allemandes qui étaient au repos. Le soir, on jouait ensemble de la musique...
Enfin, les marins qui travaillèrent sur le SEEADLER (car il fallait assurer le fonctionnement d'un navire transportant à la fin de l'odyssée plus de 300 hommes) furent rémunérés sur la base des salaires versés par leur compagnie.

Plus tard, le SEEADLER s’échoua sur un atoll perdu du Pacifique et von Lückner fut prisonnier des Néo-Zélandais. Libéré mi-Mars 1919, il rentra dans sa ville de Halle et put même revoir son père, âgé de 95 ans, qui mourut quelques semaines plus tard.
Toujours fidèle à sa patrie, il s’occupa alors de l’instruction des cadets de la nouvelle marine et navigua sur le voilier école NIOBE.
Nommé capitaine de corvette en 1922, il démissionna pourtant et, s’étant marié avec une jeune suédoise, il se rendit aux Etats-Unis où il demeura plusieurs années.
En 1933, il s’opposa ouvertement, par des conférences publiques, au national socialisme. Sa tête fut mise à prix . La gestapo le considéra comme un traitre et sa condamnation à mort fut proclamée par le führer en 1939. Il s’installa alors aux Etats-Unis puis, en 1950 et définitivement, à Malmö, en Suède. Il est décédé le 13 Avril 1966.

Pour plus de détails, voir fiche SEEADLER

Cdlt

Olivier
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Terraillon Marc
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Re: CHARLES GOUNOD Trois-mâts barque

Message par Terraillon Marc »

Bonsoir

L'ouvrage de Randier n'apporte pas d'information complémentaire (ou contradictoire).

A bientot

Cordialement
Marc TERRAILLON

A la recherche du 17e RIT, des 166/366e RI et du 12e Hussards.
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Yves D
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Re: CHARLES GOUNOD Trois-mâts barque

Message par Yves D »

Merci Olivier pour ce très beau récit. C'est tout à fait ce genre d'histoire que j'aime à rechercher. Et à chaque fois, toutes ou presque démontrent que ces hommes en d'autres circonstances seraient sans doute devenus amis. Comment avons-nous pu nous entretuer pareillement ?
La leçon a été chèrement payée mais je crois qu'aujourd'hui, en Europe, elle est retenue.
Amitiés
Yves
PS et hors sujet :
Mireille de Gounod...
Une merveille de fraîcheur provençale et musicale ; une oeuvre à savourer encore et encore. Récemment, l'opéra de Toulon l'a donnée. Un pur bonheur !
Pas étonnant que von Lückner y ait été sensible.
www.histomar.net
La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
yves c
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Re: CHARLES GOUNOD Trois-mâts barque

Message par yves c »

Bonjour,

Je viens de decouvrir ce forum aujourd'hui et j'ai regardé les posts au sujet du Charles Gounod.
Il y a une petite erreur au sujet de l'avarie de 1907. Le navire était bien parti de Brest, mais il s'était rendu en Tasmanie pour y charger une cargaison de blé. De tasmanie, ils sont passés au cap horn mais ils ont du faire escale à Rio de Janeiro pour réparer car il y avait une voie d'eau. Ils avaient pompé l'eau pendant des mois.
J'ai eu la chance de connaitre mon Grand Père qui était mousse sur ce voilier et j'ai la chance qu'il ait écrit ses mémoires.
Ce post est peut être hors sujet.
Yves
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Ar Brav
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Re: CHARLES GOUNOD Trois-mâts barque

Message par Ar Brav »

Bonsoir Yves,

Soyez le bienvenu à bord, et merci pour vos précisions.

J'ai eu la chance de connaitre mon Grand Père qui était mousse sur ce voilier et j'ai la chance qu'il ait écrit ses mémoires.
Ce post est peut être hors sujet.


Oh que non, vous n'êtes pas hors-sujet ! Nous n'avons pas tous eu la chance de connaitre nos grand-pères ou qu'ils consentent à écrire leurs mémoires, ne restent que les souvenirs des discussions familiales qu'il faut rassembler. Et pour nous aussi, çà commence à être dur....

Bien cordialement,
Franck
www.navires-14-18.com
Le cœur des vivants doit être le tombeau des morts. André Malraux.
alain13
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Re: CHARLES GOUNOD Trois-mâts barque

Message par alain13 »



Bonjour à tous,

Merci à Olivier pour son très beau récit.
En voilà un petit complément.

Dans son livre "Le dernier corsaire" où il relate sa carrière de marin tout à fait atypique Félix de Luckner parle de cet épisode :
" Un matin, comme nous glissions sous l'alizé du Nord-Est, une grosse barque parut, toutes voiles dehors et se rapprocha rapidement. Quand elle nous vit elle hissa fièrement le pavillon tricolore en signalant : " Quelles sont le nouvelles de la guerre? " Nous rapprochant encore, nous hissons le pavillon de guerre, et signalons :" Mettez en panne". La barque obéit aussitôt, nous mettons à la mer notre canot de prise et l'équipage, avec ses cliques et ses claques, monte à notre bord.
Il faut connaître le marin français : il lui est particulièrement douloureux de quitter son navire. Aucun marin français ne sert sur un navire étranger, et aucun étranger ne sert sur un navire français, tandis que les équipages anglais, scandinaves, etc., forment un mélange de toutes les nations. Le Français a aussi une autre loi maritime : la désertion passe chez lui pour un grave délit, tandis que chez les autres peuples on s"en tire le plus souvent avec une amende de vingt marks.
C'était le Charles Gounod, arrivant de Durban avec une cargaison de maîs. Je me connais assez mal en musique mais ma chanson favorite est : " Oh! Magali, ma bien-aimée". Quelle tristesse de couler mon compositeur préféré. Le capitaine m'en imposa beaucoup, non seulement par sa bonne éducation, mais surtout par la sincérité avec laquelle il nous fit entendre qu'il était notre ennemi. Il se comporta vis-à-vis de nous avec une correction scrupuleuse, mais en évitant la plus légère apparence de rapprochement.
Nous procédâmes alors au transfert des vivres : beaucoup de vin rouge et trois cochons gras ..."

On peut noter que von Luckner eut en même temps à son bord, les capitaines de l'Antonin, du La Rochefoucauld et du Dupleix !!!

Cordialement,
Alain
Joe R
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Re: CHARLES GOUNOD Trois-mâts barque

Message par Joe R »

Hello everyone,

A photograph of Charles Gounod in a happier time at Picture Australia.

Regards,

Joe R
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Yves D
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Re: CHARLES GOUNOD Trois-mâts barque

Message par Yves D »

Bonjour à tous
Thank you Joe

http://www.slv.vic.gov.au/brodie/0/0/0/ ... 0063.shtml

Cdlt
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gilbert rault
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Re: CHARLES GOUNOD Trois-mâts barque

Message par gilbert rault »

bonjour, mon grand père commandait le Charles Gounot. Je ne l'ai pas connu, mais je possède la photo de l'équipage. Je suis comédien et j'écris un texte qui reprend une part de l'aventure avec le Seadler Je pense que le point de vue de votre grand père doit être passionnant, pouvons nous entrer en contact
gilbert rault
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Re: CHARLES GOUNOD Trois-mâts barque

Message par gilbert rault »

ce message s'adresse à yves dont le grand père faisait partie de l'équipage du Charles Gounot
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