Les voiliers caboteurs et la Grande Guerre

Avatar de l’utilisateur
Terraillon Marc
Messages : 3983
Inscription : mer. oct. 20, 2004 2:00 am

Re: Les voiliers caboteurs et la Grande Guerre

Message par Terraillon Marc »

Bonjour,

Voici un document sur le rôle joué par les voiliers caboteurs durant la Grande Guerre :

"La guerre de 1914-1918 et les voiliers caboteurs."

Aux premiers mois de la guerre de 1914-1918, la menace des sous-marins allemands amena un ralentissement de trafic considérable dans les diverses branches du cabotage international et un certain nombre de navires désarmèrent, par suite du manque de fret, plutôt qu'en raison des torpillages ou des pertes possibles.

L'approvisionnement de nos ports en charbon d'outre-Manche continua seul normalement, et prit au contraire peu à peu de l'extension, au fur et à mesure que les stocks diminuaient ; l'invasion du bassin du Nord ayant privé une partie de nos industries de leur ravitaillement ordinaire, ce dernier fut bientôt assuré presque uniquement par les houilles anglaises du pays de Galles surtout, dont l'importation pris sur nos côtes principalement, une importance considérable, dépassant de beaucoup celle d'avant la guerre et absorbant tout le tonnage disponible.

On arma mëme des bateaux de pêche de petit tonnage pour remplacer les caboteurs qui commençaient à faire défaut, certains d'entre eux, les plus grands, étant partis pour des destinations plus lointaines, où le trafic reprenait au fur et à mesure que les besoins d'approvisionnement augmentaient.

En 1915 et en 1916, les statistiques des accidents maritimes n'avaient pas été publiées en raison des circonstances exceptionnelles dues à la guerre, on n'avait pu cacher aux gens du métier que le nombre des navires envoyés par le fond devenait de plus en plus considérable que des mesures urgentes s'imposaient pour protéger plus efficacement nos voiliers caboteurs.

Au début de 1917, l'Amirauté française décida donc de former des convois de petits navires à voiles, nombreux surtout sur la côte ouest de France, qui se groupèrent en des endroits désignés tels que La Pallice, Quiberon, Lorient, etc.

Réunies ensuite à Brest et à Camaret, les flottilles de petits trois-mâts, de goélettes, de dundees, de thoniers et autres appareillaient toutes ensemble dès que les vents s'établissaient de l'est à l'ouest par le sud et faisaient route pour traverser la Manche, sous l'escorte d'unités légères de la marine de guerre, qui les accompagnaient jusque dans les eaux territoriales anglaises, surveillées par de nombreux patrouilleurs.

Là, ils se séparaient, chacun faisant route pour sa destination, heureux quand le convoi était arrivé sans trop d'incidents, et surtout sans pertes, à la limite fixée par les ordres reçus au départ.

Bien que moins intensive qu'en temps de paix, la navigation demeurait fatigante, en raison des alertes fréquentes et de la nécessité des manœuvres pour ne pas déranger l'ordre du convoi ; il fallait également apporter une grande attention à la route, pour éviter les abordages avec les autres navires naviguant sans feux et en rangs assez serrés.

Au retour, chargé, chaque navire naviguait isolément, se fiant à sa chance pour arriver à bon port et à son armement, quand en avait, pour se défendre s'il était attaqué ; sitôt la terre « mordue », après avoir franchi la Manche, il fallait naviguer aussi près que possible de terre, les côtes ayant leurs feux masqués, se tenir autant que possible à portée des sémaphores pour interpréter leurs signaux et en profiter.

Le métier, dans ces conditions, avec des veilles continuelles, était particulièrement dur et absorbant pour les capitaines surtout ; ils avaient par contre de longs repos parfois dans les ports, en attendant la formation des convois.

A suivre.

A bientot :hello:
Cordialement
Marc TERRAILLON

A la recherche du 17e RIT, des 166/366e RI et du 12e Hussards.
Avatar de l’utilisateur
Terraillon Marc
Messages : 3983
Inscription : mer. oct. 20, 2004 2:00 am

Re: Les voiliers caboteurs et la Grande Guerre

Message par Terraillon Marc »

Bonjour,

Suite et fin du chapitre précédent :

" A certains d'entre eux, l' A.M.B.C. (Armement militaire des bâtiments de commerce) avait confié des canons — trop faibles d'ailleurs — pour se défendre contre les sous-marins ; ces derniers, en effet, ne gaspillaient pas leurs torpilles en attaques contre les voiliers caboteurs.

Ils réservaient ces précieux engins pour les gros bâtiments de grande valeur, cherchant en général à couler au canon les petits navires qu'ils supposaient sans défense ou armés de canons de portée moindre que les leurs.

C'est ainsi que nombre de voiliers côtiers disparurent avec leurs équipages, car les Allemands envoyaient par le fond, sans prévenir parfois, les marins du commerce, qu'ils considéraient au début de la guerre comme des non-combattants et sur lesquels ils tiraient quand, ayant abandonné leurs bâtiments en train de couler, ils se réfugiaient dans les embarcations.

Les hommes d'équipage ayant dépassé cinquante ans d'âge, et n'étant par conséquent plus mobilisables, pouvaient d'ailleurs, en cas de capture, être traités comme francs-tireurs dans certaines circonstances particulières, notamment en cas d'embarquement sur des bateaux armés pour la chasse à l'adversaire, et non uniquement pour la défense.

Pour être considérés comme militaires et profiter des garanties à ce titre, ils devaient contracter un engagement volontaire provisoire fictif.

Malgré la faiblesse de leur armement, plusieurs capitaines n'hésitèrent pas à attaquer les premiers ; leur conduite et celle de leurs équipages forcèrent parfois l'admiration des étrangers.

Mais, comme les long-courriers, peu d'entre eux profitèrent de l'avalanche de décorations distribuée souvent aux « embusqués » de l'arrière et à certains gradés du service de sécurité, qu'ils appelaient par dérision « les officiers en sécurité ».

Et quand, officiellement, des éloges leur étaient décernés, il n'était pas rare de trouver dans les rapports de ces messieurs de la commission d'enquête qui ne naviguaient pas, des critiques plus ou moins fondées, qu'en tout cas il aurait mieux valu taire, et qui faisaient dire à ceux qui avaient vécu des heures tragiques :

« Avant de noircir votre paperasse, avez-vous la certitude que vous auriez fait mieux que moi si vous aviez été à ma place ? »

Extrait de "Les derniers voiliers caboteurs français" - Louis Lacroix.


A bientot :hello:
PS : (Le monde n'a guère changé en ce qui concerne le dernier chapitre ...)
Cordialement
Marc TERRAILLON

A la recherche du 17e RIT, des 166/366e RI et du 12e Hussards.
Avatar de l’utilisateur
Terraillon Marc
Messages : 3983
Inscription : mer. oct. 20, 2004 2:00 am

Re: Les voiliers caboteurs et la Grande Guerre

Message par Terraillon Marc »

Bonsoir

Voici un tableau récapitulatif de la flotte des voiliers caboteurs français en 1914 :

Image

A bientot :hello:
Cordialement
Marc TERRAILLON

A la recherche du 17e RIT, des 166/366e RI et du 12e Hussards.
Avatar de l’utilisateur
Yves D
Messages : 2048
Inscription : ven. mai 18, 2007 2:00 am
Localisation : Toulon
Contact :

Re: Les voiliers caboteurs et la Grande Guerre

Message par Yves D »

Bonjour à tous,
Le brave Capitaine Lacroix écrivait ces lignes quelques années après la guerre. Les passions bonnes comme mauvaises qu'elle avait suscité n'étaient pas encore éteintes...
Aussi faut-il rappeler encore une fois que le mitraillage des naufragés dans leurs embarcations de sauvetage n'est pas et n'a jamais été une attitude de marin, fut-il sous-marinier, fut-il allemand. Plus de 7000 navires ont été coulés par les U-Boot et à ma connaissance il n'existe qu'un cas avéré d'attaque délibérée contre les naufragés. Il en est de même du côté allié qui traine aussi son cas avéré.
La vérité historique justifie qu'on le souligne, tout particulièrement sur ce forum dont l'excellent niveau fait le crédit.
Cordialement
Yves
PS Merci Marc d'ouvrir ce sujet largement ignoré. Ca va devenir les travaux d'Hercule ces fiches :)
www.histomar.net
La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
Avatar de l’utilisateur
Terraillon Marc
Messages : 3983
Inscription : mer. oct. 20, 2004 2:00 am

Re: Les voiliers caboteurs et la Grande Guerre

Message par Terraillon Marc »

Bonjour Yves, bonjour tout le monde

Quand j'ai repris la lecture du livre de Louis LACROIX, je ne m'attendais pas à dénicher autant de navires oubliés ....
C'est passionnant mais cela va nécessiter vérifications et dosage dans l'effort !!
Le sujet interessera probablement les amateurs d'histoire régionale
A trés bientot
Cordialement
Marc TERRAILLON

A la recherche du 17e RIT, des 166/366e RI et du 12e Hussards.
Avatar de l’utilisateur
Ar Brav
Messages : 6398
Inscription : mar. avr. 25, 2006 2:00 am

Re: Les voiliers caboteurs et la Grande Guerre

Message par Ar Brav »

Bonjour Marc, Yves, bonjour à tous,

Et nous n'avons pas attaqué l'autre ouvrage du Capitaine Lacroix sur les grands voiliers Nantais, qui n'attend que çà (et sans doute Olivier :hello: )...
Tout cela est bien passionnant, et puis il y encore les..,puis les..et les... ;)

Bonne journée et bon 1er mai à tous,
Franck
www.navires-14-18.com
Le cœur des vivants doit être le tombeau des morts. André Malraux.
abhe
Messages : 33
Inscription : lun. août 03, 2015 2:00 am

Re: Les voiliers caboteurs et la Grande Guerre

Message par abhe »

Bonjour,
Etat des voiliers caboteurs de moins de 550 tonneaux des quartiers de Paimpol et Tréguier rattachés administrativement au Centre A.M.B.C. de Brest dont l'armement a été identifié.[img

Quartier de Paimpol
Nom du navire,Gréement,Indicatif radio,tonnages brute net, nom de l’armateur, l’armement installé
Alcyon
3 mâts goélette H.D.C.F. 165/134 Yves Ethès & Le Gall 1 x 57 mm US n°470
Affût à frein de recul et récupérateur.
Anémone
goélette H.G.L.T. 170/128 Toravel 1 x 47 mm Mle 1885 sans recul
Anne-Sophie
ketch H.J.C.Q. 75 Even à Lanmodez 1 x 47 mm Mle 1885
Installé à Paimpol par la maison Bonne-Lesueur.
Bassussary
goélette H.L.K.F. 250/201 Société de la Presse Régionale de l’Ouest 1 x 57 mm US
Réquisitionné comme patrouilleur auxiliaire - Lézardrieux.
Dixi
dundee H.W.G.K. 112/90 G. Le Dantec & Hayrod 1 x 47 mm US n°27.
Support à crinoline.
Espérance
dundee J.C.W.M. 74/55 P. Hallé 1 x 65 mm Mle 1891.
Glycine
goélette J.L.B.D. 182 Trémaudan 1 x 57 mm US.
Guillemette
dundee 47 Libouban à Paimpol 1 x 47 mm Mle 1902
Installé par la maison Bonne-Lesueur.
Hermann
goélette J.M.S.C. 114/89 Vve Plusquellec & Jean Kervizic 1 x 65 mm Mle 1891 n°4
Affût à berceau n°53 à PC Mle 92 pour canon de 65 Mle 91.
Léonor Fresnel
Baliseur à vapeur J.H.S.V. 232 Phares & Balises 1 x 90 mm Mle 1877 n°F18
Affût de bord Mle 1916 à pointage à l’épaule.
Marie-Régine
goélette 134 Emery A reçu son armement au Havre.
Saint-Charles
goélette K.V.Q.N. 149 Thomas 2 x 47 mm Mle 1902 n°1 & n°6 R 1917
Affût n°30 & 33 pour canon de 47 Mle 1902, support à crinoline d’affût de 47.
Saint-Michel
dundee K.W.S.C. 101/79 Emile Nicolas à Lézardrieux 1 x 47 mm US
Installé à Paimpol par la maison Bonne-Lesueur.

Une équipe de pièce, pour le service d’une bouche à feu à bord de ces navires est constituée d’un quartier-maître ou matelot breveté canonnier, secondé par un aide de l’A.M.B.C. Ces deux hommes sont armés chacun d’un fusil Mle 86-93 (une des versions du Lebel). Une arme de poing est destinée au second du navire qui a la responsabilité de la direction du tir.
Les engins fumigènes :
Pour leur permettre de se soustraire aux relevés télémétriques des sous-marins ennemis, les patrouilleurs auxiliaires et les navires de commerce armés reçoivent en complément des engins fumigènes de trois modèles :
-1. Verdier-Engins fumigènes fixés à demeure sur le pont des bâtiments.
-2. Berger-Engins fumigènes mobiles avec flotteur pour être jetés à la mer.
-3. Berger-Engins fumigènes sans flotteur pour être mis en action à bord.
Le tonnage brut et net :
D’après la jauge de la Douane française.
Un tonneau = 2,83 mᶟ.
Jauge brute : volume de la coque et des superstructures sans aucune déduction.
Jauge nette : volume des espaces utilisables commercialement.

Quartier de Tréguier
Idem PPL
Adèle
goélette K.B.N.W. 163 1 X 47 mm Mle 1885.
Aimée
dundee H.F.D.G. 90/71 Le Moullec Pierre-Marie à Pleubian 1 x 47 mm Mle 1885 à recul
Installé par les chantiers et ateliers de St-Malo.
Arvor
Dundee H.K.B.L. 52/46 Pierre Leroux & Yves-Marie Le Flem à Pleubian 1 x 47 mm US n°92.
Boyonnaise
goélette H.L.M.G. 66 Le Marrec à Pleubian 1 x 47 mm Mle 1885 à recul n°57
Affût à berceau support à crinoline.
Curieuse
goélette H.T.N.D. 122
95 Le Marchand & Yves Thomas à Pleubian 1 x 47 mm Mle 1885 sans recul n°524.
Défi
goélette H.V.C.K. 95/76 Pellard & Meudal Non identifié.
Fauvette
goélette J.F.S.B. 122 Le Marrec 1 x 47 mm US n°200.
Flâneuse
goélette J.G.N.M. 95 Meudal Pierre à Pleubian 1 x 47 mm Mle1885 à recul n°74-1899
Affût à berceau n°907 Mle 87-94 pour canon de 47, support à crinoline n°607 pour affût de 47.
Idéal
dundee J.N.L.Q. 109/83 Meudal François à Pleubian Novembre 1917 : installation de 2 x 47 mm Mle1885 n° 18 & 692, affût à berceau, support à crinoline.
Août 1918 : remplacement des 2 x 47 mm par 1 x 65 mm TR Mle 91 n°8-1892, affût à recul Mle 1915 n°32.
Iris
dundee J.P.F.B. 109/86 Meudal Eléazard à Pleubian, mai 1918 : installation de 2 x 47 mm Mle 1902
n°1 & 10, affûts à berceau PC Mle 87.
Kénavo
goélette J.V.K.H. 142/96 Nicolas François à Pleubian 1 x 65 mm Mle1888 n°32
Affût châssis PC Mle 87 n°20.
Kerrier
goélette J.V.K.X. 118 Dugépéroux à Pleubian 1 x 47 mm Mle 1885 à recul n°571
Affût n°422 Mle1887-1894 pour canon de 47.
Lizen
dundee J.W.Q.V. 66/43 Petitbon Jacques à Pleubian 1 x 47 mm Mle 1885 à recul TS 1897 n°43
Affût à berceau Mle 87-94 n°1029.
Météor
dundee K.H.C.W. 88/70 de Kerguézec 1 x 47 mm US.
Revanche
goélette J.V.S.H. 171 Le Rouzès Yves 1 x 47 mm Mle 1885 n°97,
affût à berceau Mle 87 n°326 pour canon de 47 Mle 85.
Saint-Michel type? K.W.S.C. 101/79 Nicolas Emile à Lézardrieux 1 x 47 mm US
Installé à Paimpol par la maison Bonne-Lesueur.
Océanide
goélette K.M.F.B. 127/100 Nicolas & Geffroy à Pleubian 1 x 57 mm US.
Victorine
goélette L.J.D.V. 104/79 H. Le Forestier à Pleubian 1 x 75 mm Mle1897 n°753, affût type Marseille.

Les archives qui concernent l’armement des voiliers caboteurs d’un tonnage de moins de 550 tonneaux sont incomplètes et dispersées. En conséquence ces deux listes ne peuvent prétendre à l’exhaustivité.
[/img]
Avatar de l’utilisateur
markab
Messages : 4381
Inscription : dim. déc. 19, 2010 1:00 am

Re: Les voiliers caboteurs et la Grande Guerre

Message par markab »

Terraillon Marc a écrit : mer. avr. 30, 2008 8:20 pm Bonsoir

Voici un tableau récapitulatif de la flotte des voiliers caboteurs français en 1914 :

Image

A bientot :hello:

Bonjour,

Le tableau disparu :

Cabotage_tableau_1b.jpg
Cabotage_tableau_1b.jpg (250.25 Kio) Consulté 149 fois

A bientôt.
Cordialement / Best regards
Marc.

A la recherche des navires et des marins disparus durant la Grande Guerre.
Répondre

Revenir à « Navires et équipages »