SAINT LUC - Société Navale de l'Ouest

[Rutilius]

Bonsoir Dominique,
Bonsoir à tous,

A propos de la fiche « Mort pour la France » établie au nom de Lucien LOREC.

Résumé de complet de la fiche en question :

― LOREC Lucien Gustave Joseph, né le 23 juillet 1898 à Locmaria (Morbihan) et y domicilié, mort le 4 avril 1919 « à bord du Saint-Luc (Front de mer du Havre), disparu avec ce vapeur ». Matelot de 3e classe sans spécialité, Front de mer du Havre, inscrit au quartier de Belle-Île, n° 724 (Jug. Trib. civ.1re inst. Rouen, 25 févr. 1920, transcrit le 18 mars 1920 à Rouen).

La date de décès de ce marin est manifestement erronée. Il ressort, en effet, de la mention apposée in fine sur ladite fiche que son décès fut judiciairement déclaré constant par un jugement prononcé le 25 février 1920 par le Tribunal civil de 1re instance de Rouen, décision qui fut transcrite sur le registre d'état civil de ladite ville le 18 mars suivant. Or, il s'agissait à l'évidence d'un jugement commun à tous les disparus, puisque la même mention se retrouve sur leurs fiches respectives. Deux exemples :

― BOUCHEZ Joseph Paul Auguste, né le 3 novembre 1899 à Beck-sur-Mer (Pas-de-Calais) et domicilié à Ivry-sur-Seine (Seine ― aujourd’hui Val-de-Marne), mort le 3 octobre 1918, « disparu en mer sur le Saint-Luc lors de la perte de ce bâtiment ». Apprenti marin, Défense fixe de Bizerte, matricule n° 45.773–1 (Jug. Trib. civ. 1re inst. Rouen, 25 févr. 1920, transcrit le 18 mars 1920 à Rouen).

― DUCHÂTEAU Eugène, né le 1er mars 1900 à Bruay-la-Buissière (Pas-de-Calais) et domicilié à Bully-les-Mines (- d°-), mort le 3 octobre 1918, « à bord du Saint-Luc entre Bizerte et Gibraltar, disparu en mer avec son bâtiment coulé par un sous-marin ». Apprenti marin, A.M.B.C. du Havre, matricule n° 482–1 G. (Jug. Trib. civ. 1re inst. Rouen, 25 févr. 1920, transcrit le 18 mars 1920 à Rouen).

Il suit de là que la date du décès de Lucien Lorec fut nécessairement arrêtée par le juge à la date du 3 octobre 1918.

[jerome72]

Merci pour toutes ces informations !

Pour compléter les disparus du Saint Luc, voici ce que j'ai dans l'état-civil de Cugand (85)

- GIRARD Charles René, né le 16 juillet 1888 à Rezé (Loire Atlantique), porté disparu le 03/10/1918 au sud des Iles Baléares (ESPAGNE) lors du torpillage du vapeur-cargo "Le Saint-Luc", déclaré mort par jugement le 18/03/1920, marié
Par contre je ne connais pas sa fonction sur le cargo et je n'ai pas trouvé sa fiche sur MDH.

Jérôme

[olivier 12]

Bonjour à tous,

Un complément sur le naufrage du SAINT LUC

Liste d’équipage



Le navire portait deux canons de 90 mm, un sur l'avant et un sur l'arrière.

Rapport de l’officier enquêteur

SAINT LUC, qui allait de Sfax à Rouen, a quitté Bizerte le 1er Octobre 1918 à 10h00, en convoi avec ARIEL (vapeur anglais de 3428 t lancé en 1902 allant de Sfax à Gibraltar) et LA NINA (petit remorqueur anglais), escortés par le patrouilleur anglais CHRYSANTHEME, chef d’escorte, le patrouilleur anglais NARCISSUS, le yacht américain CYTHERA et le chalutier anglais ALTAÏR II.

Le 3 Octobre à 20h15, les navires se trouvaient par 37°20 n et 01°25 E (environ 48 milles au Nord du cap Tenes) naviguaient comme suit : en ligne de front SAINT LUC à bâbord, ARIEL au milieu, LA NINA à tribord mais assez en arrière, ALTAÏR II devant, CYTHERA par bâbord, NARCISSUS par tribord et CHRYSANTEME sur l’arrière.

Une torpille, dont le sillage a été vu quelques secondes avant l’explosion a frappé le bâtiment par bâbord. Celui-ci, lourdement chargé, s’est cassé en deux et a coulé en moins d’une minute. Le capitaine, qui était dans sa cabine en est sorti et a fait donner deux coups de sifflet. La catastrophe a été si subite que malgré les recherches faites par les patrouilleurs, six hommes seulement ont été sauvés.

Parmi eux, le matelot Auguste DUDOUIT, le plus instruit des 5 Français a fait le récit suivant :

“Je me trouvais de quart sur la passerelle et j’étais appuyé sur les rambardes de bâbord, occupé à veiller par le travers lorsque tout à coup, j’ai aperçu à 200 m le sillage d’une torpille se dirigeant droit sur nous. Je n’ai pas eu le temps de crier car elle a frappé droit dans la chaufferie et l’explosion a fait tout sauter, même la baleinière de bâbord et ses bossoirs. De toutes façons, les engins de sauvetage étaient complètement inutiles car le bateau sombra en moins d’une minute. Nous nous trouvâmes tout à coup entraînés par le remous, sans même savoir comment nous étions dans l’eau. Pour ma part, c’est une épave qui m’a sauvé la vie ainsi qu’à tous mes camarades. L’obscurité était complète et la mer très grosse et il a été très difficile pour le convoyeur de nous sauver.
Après quelques heures d’angoisse, je me suis retrouvé sur le CHRYSANTEME qui nous a déposés à Gibraltar où nous sommes restés dix jours. Il paraît que l’autre navire du convoi, l’ARIEL a été coulé une heure plus tard.”

Les 5 rescapés français ont été ramenés à Marseille par le SOUIRAH.

Rapport du capitaine du CHRYSANTHEME

A 20h15, aperçu lueur dans l’eau et entendu une explosion. Fait route à toute vitesse sur la lueur. Entendu des cris dans l’eau. Mis le projecteur en marche et aperçu des hommes qui nageaient. Viré de bord et rencontré ALTAÏR II. Donné l’ordre au chalutier de m’assister dans les recherches. Revenu sur les lieux de la lueur et entendu à nouveau des cris. Mis au vent de ces cris et stoppé. Ramassé 6 survivants dont un timonier anglais.
Tous ces naufragés appartenaient au SAINT LUC atteint par une torpille dans la machine. L’arrière du navire a sauté et coulé aussitôt. L’avant a fait un tour complet et a coulé en une minute. Aucune embarcation n’a pu être amenée. On a juste coupé les saisines d’un radeau qui s’est brisé en atteignant l’eau.

Le sous-marin attaquant

C’était donc l’UB 105 de l’OL Rudolf PETERSEN. Il torpillera effectivement une heure plus tard le vapeur anglais ARIEL qui faisait partie du convoi.

Lettre du 10 Octobre, du maire de Bussy sur Othe, député de l’Yonne, au commandant de Marine Le Havre

Vous m’avez informé de la disparition du télégraphiste Paul ADAM, du navire SAINT LUC, le 3 Octobre dernier.
La famille a été prévenue.
Je vous serais obligé de me faire connaître à la suite de quelles circonstances s’est produite cette disparition. Elle paraît inexplicable, à moins d’une perte du navire.
Je serais heureux, dans le malheur qui frappe terriblement une famille amie, de pouvoir leur donner quelques détails sur la mort de leur enfant.
Je vous serais reconnaissant si vous pouviez me donner satisfaction.

Réponse de Marine Le Havre

Monsieur le Député,

J’ai le regret de vous faire connaître que le seul renseignement que je possède sur la disparition du télégraphiste Paul ADAM vient d’un télégramme adressé à l’Inscription Maritime du Havre faisant connaître que le navire SAINT LUC a été torpillé le 3 Octobre dernier.
Le télégramme donne les noms des disparus parmi lesquels figure Paul ADAM, télégraphiste.
Vous pouvez demander tout autre renseignement au Ministre.

Cdlt

[Gastolli]

Bonsoir,

small addition:

The convoy was B.G. 68 (= Bizerta - Gibraltar No. ...), a small "convoy" of course

The tug was called LA NINA in british files...

Oliver

[Mimi76]

Bonjour,


Voici un complément d'information sur un des marins disparus sur le Saint Luc.
Jules Collet, né le 21 février 1892 à Quiévrain en Belgique, vivant à Sainte Adresse près du Havre. Il était matelot à bord du Saint Luc et a également disparu lors du torpillage du Saint Luc. Il a laissé derrière lui son épouse et sa fille Alice, âgée de 4 mois.
On lui a décerné la croix de guerre avec étoile de bronze.

[poder]

Bonjour,

J'ai suivi avec intérêt ce forum sur les SAINT LUC de la SNO.
En avril 1960, j'ai embarqué comme lieutenant sur le SAINT LUC qui serait le 4° du nom.
Il venait de sortir du chantier de construction de Savone en Italie et nous avons appareillé de Dunkerque pour un périple Ouest africain sous le commandement d'Edouard CATÉ qui en était à son ultime voyage avant retraite.
Je cherche en vain, jusqu'à présent, une photo de ce navire et c'est pourquoi je jette cette bouteille à la mer.
Qu'y sait ? Merci d'avance.

J-P 22

[Memgam]

Bonjour,

Une photo du Saint Luc (4) et une de l'un des ses frères en construction, Saint-Marc (4), figurent dans l'article de Gérard Cornier, La Société Navale de l'Ouest, une belle litanie de Saints, Navires & marine marchande, n° 30, janvier 2007, pages 22 à 39.

Cet article comporte la liste de la flotte de la SNO. Saint Luc (4) est devenu Agou, Côte d'Ivoire, en 1973, Agou, Grèce, en 1977, démoli en 1978 à San Esteban, Espagne.

Quant à la guerre de 1914-1918, entreprise par la SNO avec 16 navires, elle en a vu 7 disparaître : Saint Philippe (2) coulé par l'UB 39, Saint Simon (2) par UC 37, Saint Jacques (3) par UC 51, Saint-André (2) par UB 58, Saint Jean (2) par UB 50, Saint Luc et Saint Barnabé (2) par UB 105.

Cordialement

[marpie]

Bonsoir à tous

Extrait du JO du 14 décembre 1919 :



Bien amicalement
Marpie

[Rutilius]

Bonsoir à tous,

Distinctions honorifiques posthumes

Inscriptions au tableau spécial de la Légion d’honneur
pour le grade de chevalier

□ Par arrêté du Ministre de la Marine en date du 20 mars 1922 (J.O. 2 avr. 1922, p. 3.653 et 3.654), furent inscrits à titre posthume au tableau spécial de la Légion d’honneur pour le grade de chevalier :

• Journal officiel du 24 juin 1923, p. 5.937 : « Errata au Journal officiel du 2 avril 1923 [Lire : 1922], arrêté ministériel du 20 mars 1922, portant inscription au tableau spécial de la Légion d’honneur, à titre posthume : page 3654, 3e colonne, 39e ligne, avant Domange (Le Havre 6721), ajouter [Sous Saint-Jean-II] : « Foulonneau (Émile), capitaine, Caen 211 » ; 47e ligne, supprimer [Sous Saint-Luc] : « Fou-lonneau (Émile), capitaine, Caen 211 ».

Inscriptions au tableau spécial de la Médaille militaire

□ Par arrêté du Ministre de la Marine en date du 7 mars 1922 (art. 2 ; J.O. 15 mars 1922, p. 2.952 et 2.957), furent inscrits à titre posthume au tableau spécial de la Médaille militaire :

□ Par arrêté du Ministre de la Marine en date du 20 mars 1922 (art. 2 ; J.O. 2 avr. 1922, p. 3.653 et 3.659), furent inscrits à titre posthume au tableau spécial de la Médaille militaire :

SAINT-LUC - J.O. 2-IV-1922 - 3659 - .jpg (54.93 Kio) Consulté 1224 fois

[chatrou51]

Bonsoir,

En lisant ce fil j'ai découvert que le capitaine du St Luc ne semblait pas être celui que j'ai dans ma base de marin originaire de Rezé ?
Voici les informations que j'ai :

LEMERLE Fernand Paul
Né le 10/07/1880 à Nantes (44). Fils d’Anatole Apollinaire et Joséphine Françoise COLLIN
Capitaine au long cours sur le vapeur « Saint-Luc ».
Matricule : 2243 de la classe 1900. Inscrit maritime matricule 621.
Marin avant le conflit
Son frère Charles Baptiste est également inscrit maritime.
Habite Nantes depuis au moins 1902 (Listes électorales).
Disparu en mer le 03/10/1918, en Méditerranée. Agé de 38 ans
Disparu lors du torpillage du « Saint Luc » en Méditerranée au Sud des Baléares.

du coup est-ce possible qu'il puisse y avoir 2 capitaines sur un navire ? et si la réponse est négative pourquoi Fernand Lemerle est indiqué comme étant mort sur le St Luc ? où pouvait-il bien être ?

Merci de vos lumières et bonne soirée
Phil