Bonjour,
La classification et les fonctions des navires sont évolutives. Certaines catégories de navires peuvent disparaître en raison de l'évolution des techniques. Le vaisseau et le cuirassé ont disparus, les frégates existent toujours, depuis la marine à voiles jusqu'à la marine actuelle et pour autant correspondent à des bâtiments extrêmements différents.
En ce qui concernent les avisos, il s'agit d'un navire et d'une fonction "L'aviso est un petit navire qu'on envoie porter des ordres, des avis, des nouvelles" (Glossaire nautique d'Agustin Jal). Pour autant, cette définition correspond aux unités définies par les textes de 1846 et regroupe en fait une cinquantaine de vapeurs, la plupart à roues à aubes et de moins de 200 cv.
Sous le second Empire, cette catégorie devient très hétérogène, les plus puissants, nommés avisos de 1ère classe, sont peu à peu rattachés aux croiseurs, les avisos à hélice supplantent ceux à roues.
Après la guerre de 1870, les avisos se différencient en navires de 500 à 1000 tonnes, à capacité océanique et destinés à être stationnaires dans les mers lointaines ; et en navires plus petits, jusqu'à 92 tonnes.
A l'orée de la guerre de 1914, ils ne restent que quelques unités dont deux ont moins de vingt ans, le Kersaint (1897, 1300 t) et le Chamois (1906, 450 t).
Entre-temps, de 1865 à 1901, est apparue la catégorie des avisos-transports, une trentaine d'unités dont il ne restait que trois navires en 1914.
La guerre de 1914-1918, a fait renaître les avisos et canonnières anti-sous-marins pour assurer les besoins d'escorte des convois et de patrouille des routes maritimes. Ce programme, commencé en 1916, a concerné 54 avisos de plus de 450 t et 46 avisos, ex canonnières, de 300 t environ.
Dans l'entre-deux guerres, apparaissent les avisos coloniaux de 2000 t, spécialement désignés pour les mers chaudes, avec la même fonction que le Kersaint ; et juste avant la guerre, les avisos-dragueurs d'environ 600 tonnes, dont la nouvelle fonction est précisée dans le nom. Certains iront en station lointaine.
En 1958, apparait le premier de 9 avisos-escorteurs, (1750 tw), destinés aux stations lointaines, et en 1969 des avisos de 1000 t, principalement destinés à la lutte anti-sous-marine, au nombre de 17, et dont les dernières unités ont été reclassés dans les patrouilleurs, dont ils ont plutôt le tonnage, mais qui étaient et sont encore utiisés comme des frégates. Les avisos-escorteurs, aujourd'hui disparus, ont été remplacés par des frégates (type Prairial, 6 unités), toujours destinées à l'outre-mer.
Le Kersaint a été construit en fer, avec une ceinture en bois pour avoir un doublage en cuivre, à l'image des anciens navires tout en bois qui recouvert de cuivres pour protéger la coque des développements de la flore et de la faune marine, spécialement dans les eaux chaudes. Aviso de 1 ère classe, il est parfois considéré comme un croiseur de 2ème classe. C'est plus une affaire de terminologie que de caractéristiques précises, l'utilisation restant la même.
Le Kersaint a toujours servi outre-mer à partir de sa désignation le 6 décembre 1898 pour remplacer l'Alouette au Tonkin. Il quitte Brest le 15 janvier et il franchira ainsi le canal de Suez pour la première et dernière fois le 1er février 1899. il arrivera à Saïgon le 3 mars.
Le 28 août 1900, il subit un typhon qui détruit son gouvernail, rejoint la baie d'Along avec un gouvernail de fortune puis Saïgon pour être réparé.
Le 28 mai 1902, abordé en rivière de Saïgon par un vapeur des Messageries fluviales de Cochinchine, légers dégâts.
Du 7 juin à Saîgon au 16 août 1902 à Hong Kong, mis à la disposition du Grand Duc Boris de Russie qui effectue un voyage autour du monde.
Le 3 février 1905, abordé par vapeur norvégien Ravn, légers dégâts réparés au bassin à Shangaï.
En 1907, remplace le Vaucluse à Nouméa.
Le 14 août 1914, désarmé à Nouméa, son équipage est affecté à la défense de la colonie, armant les batteries côtières.
Réarmé le 19 décembre.
En 1915, rotations et croisières, départ pour Saïgon le 8 octobre pour carénage.
En mars 1916, regagne Nouméa.
29 août 1917, départ pour Saïgon et carénage, remplacement des chaudières, augmentation de la portée de l'artillerie.
25 juin 1918, quitte Saïgon pour le Japon et Vladivostock.
4 janvier 1919, quitte le Japon pour Papeete.
S'échoue le 5 mars sur le récif de Papetoai, île de Mooréa. Débarquement du matériel, puis voie d'eau en avril, devient perte totale le 18 juillet 1919.
En 1981 et 1982, deux missions ont eu pour objet de déplacer les munitions restantes (168 cartouches) à 40 mètres sous l'eau, vers des fonds de 500 mètres.
Sources : Francis Dousset, Les navires de guerre français, Editions de la Cité, 1975.
Raymond Fremy et Georges Basili, Des noms sur la mer, Acoram, 1990.
Cols bleus n° 1699 du 6 mars 1982, Les plongeurs démineurs à Mooréa, photo page 15.
Jean Meirat, Chronique des navires, Caractéristiques, carrière et raisons de la perte de l'aviso Kersaint en 1919, la Revue maritime, n° 295 juillet 1974, photo page 212.
Jean-Michel Roche, Dictionnaire des bâtiments de la flotte de guerre française de Colbert à nos jours, tome II, 1870-2006, Rezotel-Maury, 2005.
Conway's, All the world fighting ships 1860+1905, Naval institute press, 1979, schéma.
Cordialement.
