SURPRISE - Canonnière

olivier 12
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Re: SURPRISE - Canonnière

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

SURPRISE (Suite)

Rapport complet de l’agent consulaire de France à Funchal, Monsieur Paul Labordere, au Consul de France à Lisbonne.

La canonnière française SURPRISE, le vapeur français KANGUROO de la maison Schneider servant de transport de sous-marins, le vapeur anglais DACIA loué par le gouvernement français pour le relèvement des câbles sous-marins et dont les opérations techniques étaient dirigées par Monsieur Schaeffer, ingénieur des PTT, ont été coulés dans la baie d Funchal le Dimanche matin 3 Décembre par un sous-marin allemand.
Le commandant Ladonne, deux enseignes de vaisseau et 30 hommes de SURPRISE (en tout 33) ont péri, ainsi que 6 Portugais qui travaillaient à fournir du charbon à SURPRISE, et 1 Portugais qui travaillait dans les cales de KANGUROO.
Tout le personnel de DACIA et de KANGUROO a été sauvé.

SURPRISE escortait DACIA depuis Gibraltar et fut obligé de s’arrêter à Madère pour charbonner. La veille, elle avait attaqué en vain durant des heures le poste anglais de TSF de Madère. Même échec était advenu il y a quelques mois au SURCOUF qui s’en était plaint. Mr l’EV1 Jouglard, qui est devenu du fait de la mort de Monsieur Ladonne le chef de l’équipage de SURPRISE, signale dans son rapport à la Marine le mutisme obstiné du poste radiographique anglais de Funchal.

Le 2 Décembre, le capitaine du port avait reçu de Lisbonne un câblogramme lu signalant la présence de sous-marins aux Canaries. Monsieur Schaeffer me dit que depuis un an, DACIA, qui s’emparait des câbles allemands, était spécialement visé par les sous-marins ennemis. Il avait encore un an de bon travail devant lui.

J’ai demandé à Mr. Jouglard, officier survivant de SURPRISE, à Mr. Doré, docteur de la même canonnière, à Mr. Bernard, capitaine de KANGUROO, à Monsieur Schaeffer, ingénieur français du DACIA un bref récit de ce qu’ils ont vu ou appris.

Les trois torpillages ont eu lieu entre 08h45 et 09h00 approximativement. KANGUROO tira sur le périscope du sous-marin jusqu’à ce qu’il fut envahi par l’eau. Les forts de Funchal tirèrent aussi. Le sous-marin gagna le large en plongée, pus vers 09h30 vint à la surface et, à une distance que je ne saurai évaluer avec exactitude mais qui le mettait hors de portée des canons de terre, bombarda Funchal jusqu’à 11h30, soit pendant deux heures. Les 9/10e de la population s’enfuirent ou se cachèrent, affolés. Tous les magasins fermèrent. Il fallait cependant s’occuper de nos marins à moitié nus et à demi morts de faim. J’allai trouver le gouverneur qui mit quelques agents de police à ma disposition. Monsieur Jouglard, Mr de Cunha et moi fîmes ouvrir par force les portes des boulangeries et des merceries. Un négociant en vins nous livra sa marchandise. Si bien qu’ayant obtenu le lazaret pour loger nos hommes, à 13h00 ils pouvaient se restaurer largement.

Le lendemain matin, grâce à Mr. De Cunha, les marins de SURPRISE et de KANGURRO étaient habillés et chaussés. Le soir, ils purent assister aux funérailles du second maître Guicheux dont le cadavre avait été retrouvé la veille au soir.

L’évêque se fit représenter aux obsèques et en même temps il m’écrivit une lettre me disant qu’il avait offert le sacrifice de la messe pour les victimes de la « barbarie allemande ». Ensuite, il m’a fait dire qu’il irait visiter le 8 Décembre nos marins au lazaret. Mr. Jouglard, Mr. Bertrand et moi étions là pour le recevoir. Il parla en français et cria : « Vive la France ». Il déclara que notre victoire serait celle de la civilisation. Nous le remerciâmes.

Le Lundi 11, des obsèques solennelles furent célébrées à la cathédrale. L’évêque lui-même dans l’absoute, et le prédicateur s’adressant à la multitude qui remplissait le vaste temple parlèrent en français et proférèrent les paroles les plus enthousiastes pour notre pays.

(Voici une photo de la cérémonie dans la cathédrale de Funchal)

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Le Samedi 9 eut lieu l’enterrement du premier Portugais retrouvé et tous les Français y assistèrent. Je tins à prononcer un bref discours. Deux ouvriers portugais de la maison Blandy retrouvés et identifiés, l’un à son tatouage et l’autre à un bandage. Ils se trouvaient au moment de l’explosion sur le chaland de charbon, par bâbord milieu. L’un d’eux portait des traces de brûlures dans la région sternale.
Une dizaine de nos morts ont été rejetés par la mer, identifiés et enterrés. Les corps de ces Français paraissent appartenir à la partie de l’équipage qui se trouvait sur le pont milieu. Ils ont été victimes directement de l’explosion qui a déshabillé les membres inférieurs de deux d’entre eux. Quelques minutes après l’accident, un paquet d’entrailles a été vu flottant sur les lieux. Par la faute d’un subalterne, un corps a été porté à travers la ville à demi nu jusqu’au cimetière, avant d’être couvert. J’ai protesté contre cette indécence qui ne s’est pas renouvelée. Il est probable qu’on ne retrouvera pas d’autres cadavres, ou bien qu’ils seront tellement décomposés qu’on ne pourra les identifier. L’acte de décès des disparus sera dressé après jugement du tribunal, conformément aux lois portugaises. Nous avons pris toutes les mesures touchant à ces formalités, d’une très haute importance.
J’ai obtenu de l’Etat Civil qu’en mentionnant les causes du décès on inscrive « Mort pour la France à la suite du torpillage de SURPRISE par un sous-marin allemand ». Les objets recueillis sur les cadavres sont soigneusement conservés pour les familles. Tous ont été enterrés avec l’assistance des prêtres de leur religion. Tous ont une croix sur leur tombe avec ces mots : « Mort pour la France ». Leur tombe est fleurie par des mains pieuses, surtout par les sœurs françaises de l’hospice Marie-Amélie.

(Voici quelques photos prises lors des obsèques des marins de SURPRISE)

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DACIA paraît pouvoir être renfloué. KANGUROO l’est sûrement. Mr. Schneider a chargé les assurances maritimes de Paris de s’occuper du renflouage et les assureurs ont chargé leur agent à Funchal de cette mission. Il s’agit de mon gendre, Mr. De Cunha.

SURPRISE paraît avoir été coupé en deux par l’explosion. La Marine a adressé à Mr. Jouglard un câblogramme demandant la situation de l’épave. A-t-elle l’intention d’envoyer des appareils de sauvetage ou de profiter de ceux qui viendront forcément pour le KANGUROO ? Je ne sais. Toujours est-il que Mr. Jouglard a demandé par dépêche à son département la permission de confier à un industriel de Madère le sauvetage du matériel de guerre. Il va sans dire que tous les papiers ou objets trouvés en mer sont mis sous clé à la douane.

Le bombardement de Funchal ne paraît pas avoir fait de victimes dans la population de cette ville. Seul un militaire portugais a été blessé au ventre par un incident de tir. Le tir du sous-marin paraît avoir eu spécialement pour objectif des buts militaires : câbles anglais, batterie de Quista Vigial, mais plusieurs obus sont tombés en nombre d’autres endroits au moment où le sous-marin s’est approché.
La population de Funchal, ou plutôt la population maritime et la police ont été au dessus de tout éloge. Je procède à une enquête rigoureuse et vous citerai quelques nos portugais par un prochain courrier.
Des actes admirables d’abnégation se sont produits entre les Français de SURPRISE et Mr. Jouglard m’a dit qu’il les mentionnait dans son rapport. Je vous signale tout particulièrement Mr. Bernard, capitaine de KANGUROO, le canonnier Tonnerre et le jeune Provenzalé qui sont restés à bord jusqu’à la dernière seconde, canonnant le sous-marin.

Mr. Jouglard est tout à la fois un homme froid, énergique et tendre. Il s’est dépensé sans compter.
Mr. De Cunha a joué un rôle que je ne veux pas mettre en évidence car notre parenté me gêne. Je laisse à Mr. Jouglard, à Mr Schaeffer et à tous les survivants le soin de lui rendre justice.

Mr. Jouglard vous a expliqué comment le sous-marin a profité du voilier américain ELEANOR A. PERCY, mouillé au beau milieu du port. Y a-t-il complicité ? Le capitaine de ce voilier a tenu certains propos bizarres. Mais c’est un ivrogne et une brute. En tous cas, je le fais surveiller. Si nous n’avions pas débarqué le blé d’ELEANOR, il est probable que les 4000 tonnes débarquées seraient au fond de l’eau. Le sous-marin ne s’est pas préoccupé du voilier américain, voyant qu’il était vide.

Cdlt

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Re: SURPRISE - Canonnière

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SURPRISE (suite des posts précédents)

Lettre de l’EV1 JOUGLARD, officier en second de la canonnière SURPRISE, au Ministre de la Marine. 2 janvier 1917 à bord du transport portugais PEDRO NUNES

(Nota : le PEDRO NUNES était l’ancien paquebot portugais MALANGE, construit à Greenock et rebaptisé ainsi en 1916)

Logement

Dès le 3 Décembre à 11h00, les survivants de SURPRISE et les équipages de KANGUROO et DACIA étaient transportés en automobile au lazaret de Gonçalves Aires, situé en dehors de la ville, au fond d’une petite crique à l’Est de la baie de Funchal. L’équipage de SURPRISE a trouvé là un très bon logement dans un grand casernement et plusieurs autres plus petits, très propres et garnis de lits avec matelas, draps et couvertures. Il avait à sa disposition un réfectoire et une grande cuisine avec four à pain, WC avec chasse d’eau, eau à volonté, éclairage à la bougie pour les deux premiers jours. Ensuite on a installé l’électricité.

L’équipage de KANGUROO logeait dans un des bâtiments occupé par celui de SURPRISE et l’équipage de DACIA dans un bâtiment complètement séparé.

(Nota : ce lazaret se trouvait à environ 500 m à vol d’oiseau dans l’Est de l’actuel musée d’art contemporain de Funchal).

Habillement

Au moment de la perte de SURPRISE, l’équipage était en tenue de corvée de charbon. Plusieurs survivants ont été en partie déshabillés par l’explosion et beaucoup ont quitté une partie de leurs vêtements avant de se jeter à la mer. Tous ont été mouillés. Au total, tous étaient à habiller complètement. Ils l’ont été provisoirement avec des houppelandes d’hôpital. Dès le lendemain 4 Décembre, les hommes valides ont pu assister aux obsèques du second maître Guichoux dans la tenue suivante : tricot de coton, veston et pantalon de toile bleue, chaussettes et sandales.
Les jours suivants, l’habillement a été complété par la distribution de souliers, de casquettes, de mouchoirs et de serviettes. Quelques rares effets ont été retrouvés. Les effets mouillés ont pu être séchés et remis. Plusieurs hommes ont été habillés par la population. Dès le 6 Décembre, tous étaient vêtus de façon suffisante pour le climat tempéré de Madère.
J’ai prié l’agent consulaire de France à Funchal de faire faire à Lisbonne les achats nécessaires pour que les hommes ne souffrent pas du froid en arrivant sur le continent.

Nourriture

Les deux repas du 3 Décembre ont consisté en conserves et pommes de terre. Dès le 4 Décembre j’ai pu organiser un ordinaire, une grande partie du personnel des vivres ayant été sauvée. Toute la cuisine était faite au lazaret, et le pain également. La population de Madère étant rationnée en farine, il fut alloué à SURPRISE 35 kg de farine par jour pour une moyenne de 60 rations, soit environ 600 g par homme, quantité inférieure à la ration délivrée à bord. La consommation de pommes de terre fut forcée en conséquence.
La nourriture a toujours été abondante et de qualité supérieure à la nourriture du bord en raison des plus grandes facilités d’approvisionnement. Le 25 Décembre, un plat de volaille et un entremets furent ajoutés au menu ordinaire. En outre, des dons nombreux en fruits et vins de Madère ont contribué au bien être de l’équipage.
Déduction faite, sur les factures du fournisseur qui vous seront transmises par l’agent consulaire de France, des dépenses telles que bougies, savon, ustensiles de cuisine, transport de la ville au lazaret (2 km environ) – nota : la route allant du centre ville au lazaret est une route en lacets – le prix de la nourriture proprement dit monte à 2,50 f par homme et par jour.

Hygiène

Grâce à l’excellente situation du lazaret, aux mesures de propreté ordonnées par les gradés et exécutées avec obéissance, et surtout au dévouement de Monsieur le docteur Doré, médecin major, l’état sanitaire n’a jamais laissé à désirer.
Monsieur le docteur Doré s’est astreint, malgré la distance, à deux visites quotidiennes, l’une à l’hôpital, l’autre au lazaret, où il a installé une infirmière.
L’eau étant suspecte, j’ai interdit de la boire autrement que bouillie et coupée avec du vin ou du thé.

Les instruments nécessaires lui ayant été donnés, le matelot clairon Pignol a tenu bénévolement l’emploi de coiffeur.

Organisation du détachement

Dès le premier jour et de sa propre initiative, le premier maître Abiven a organisé le détachement sur le modèle d’un équipage divisé en deux bordées et 4 sections. Chaque jour, une section sous la direction de l’un des 3 officiers-mariniers, restait au lazaret pour assurer la garde et la propreté des locaux. Les 3 autres sections étaient libres.
Tout le monde devait être présent au repos du soir et un contre appel était fait la nuit dans les casernements.

Emploi du temps

La plus grande liberté a été laissée aux hommes qui n’en ont pas abusé. Le vapeur français armé DORADE ayant relâché à Funchal du 8 au 10 Décembre pour réparations, des ouvriers volontaires de SURPRISE, mécaniciens, chauffeurs et charpentiers ont travaillé à bord.
Une dizaine de quartiers maitres ou matelots mécaniciens, charpentiers, tailleur, ont trouvé en ville un travail rémunéré. Des outils et du bois ayant été mis à leur disposition au lazaret, d’autres ont confectionné de menus objets destinés à leur usage personnel ou à la vente.
Beaucoup ont été reçus dans diverses maisons de la ville, invités à des réceptions particulières ou générales, emmenés en promenade aux environs.
Avec les équipages du KANGUROO et du DACIA, ils ont organisé des concerts réussis. Un phonographe leur a été prêté.

Discipline

L’équipage de SURPRISE a fait preuve en général, tant en ville qu’au lazaret, d’une excellente tenue qui a très favorablement impressionné la population.
En raison justement de cette bonne tenue générale, il est de mon devoir de vous signaler la conduite de quelques hommes qui ont fait preuve d’indiscipline, affectant de se considérer comme des civils et ne reconnaissant plus aucune autorité. Dans le bon esprit général, sans quelques paroles énergiques de ma part et sans la fermeté constante du premier maître Abiven et des seconds maîtres Le Douairon et Poulmarch, ils auraient, par leur exemple et par leurs sollicitations, créé de graves désordres qu’il m’aurait été difficiles de réprimer, ne disposant d’aucune sanction immédiate.

GAILLARD, matelot de 1ère classe mécanicien, St Nazaire 3664. Paroles inconvenantes en ma présence ; paroles outrageantes à plusieurs reprises à l’égard du premier maître Abiven et du second maître Poulmarch, propos contraires à la discipline et au devoir militaire.

TABOURIN, matelot 1ère classe mécanicien, 28406.3. Attitude inconvenante ; propos contraires à la discipline et au devoir militaire.

JACQ, matelot de 2e classe canonnier, 103236.2. Attitude inconvenante et propos contraires à la discipline. Semble avoir subi l’influence des deux premiers et mérite quelque indulgence en raison de son jeune âge.

Les trois officiers mariniers survivants méritent les plus grands éloges pour l’esprit d’abnégation dont ils ont fait preuve en s’astreignant à vivre au lazaret au milieu des hommes et à y assurer le service de garde un jour sur trois ; pour avoir su y maintenir l’ordre, la discipline et la propreté dans des conditions souvent difficiles.

ABIVEN, 1er maître mécanicien, Brest 4676. A assuré le commandement effectif du détachement, le lazaret étant trop loin de la ville pour que je puisse y séjourner de façon continue. A su organiser le détachement et y maintenir l’ordre et la bonne tenue.

LE DOUAIRON, second maître canonnier, Lorient 1303. A fait preuve également d’un grand dévouement et d’une autorité efficace. Je vous signale que ce second maître, qui réunit 23 ans de service, a été cité à l’Ordre du Jour de la Division des Dardanelles pour sa belle conduite à bord de PATRIE. Le commandant de SURPRISE l’avait proposé pour la médaille militaire.

POULMARCH, second maître de timonerie, Brest 13180. Etait depuis peu en stage sur SURPRISE où il n’’était chargé d’aucun service. Il n’en a eu que plus de peine, et par suite plus de mérite à faire reconnaître au lazaret l’autorité qu’il a su y exercer. Le second maître Poulmarch était sur le point de passer l’examen pour l’obtention du certificat d’aptitude à faire le quart en chef sur les petits bâtiments.

BERGER, QM canonnier, St Nazaire 3623
GORAGUER, QM canonnier, Audierne 6202
FARGE, QM mécanicien, 24678.3
JOLIVET, QM charpentier, Lorient 9525
Ont fait preuve d’un zèle louable dans le maintien de l’ordre et de la propreté dans les casernements.

GUILLOU, matelot de 1ère classe canonnier, Nantes 293
RICHARD, matelot sans spécialité, Lorient 9640
Ont travaillé avec activité et bonne humeur

MIREMONT, matelot fourrier, 60033.5
A travaillé avec la meilleure volonté à la tenue à jour des écritures et aux fonctions de vaguemestre.

ROYER, matelot fusilier, 101551.3
A rendu les plus grands services au médecin-major comme infirmier improvisé.

Enfin, le personnel des vivres est à citer en entier pour son dévouement et son ardeur au travail :
GUILLOU, QM fourrier, 19230.3 (maître commis)
LE PESQUER, matelot boulanger coq, 28446.3
OZANNE, matelot cuisinier, 41539.1
JOURNEAU, matelot maître d’hôtel, 26870.3
VAILLANT, matelot sans spécialité, St Nazaire 3620
PADELLEC, matelot sans spécialité, Lorient 5045
LE GREVELLEC, matelot sans spécialité, Lorient 9853
HERVE François, matelot sans spécialité, Lorient 4709
BOUCARD, matelot sans spécialité, Vannes 3268

Le matelot Boucard était à bord d’un voilier turc armé par la mission Goliath-Shamrock quand il a été torpillé le 12 Juin 1915. Il était ensuite à bord du CARTHAGE quand il a été torpillé sous le cap Helles le 4 Juillet 1915.
(nota : pas d’information trouvée sur ce voilier turc, sans doute coulé par une charge ou un coup de canon plutôt que par une torpille)

Administration

Les factures relatives aux dépenses occasionnées par le séjour à Funchal de l’équipage de SURPRISE, approuvées par moi, sont entre les mains de l’agent consulaire de France. Je n’ai pas pu établir d’état de liquidation, certaines dépenses (installations des tombes, transport et embarquement du 31 Décembre) n’étant pas encore arrêtés.
Le 3 Décembre, ni l’état-major ni l’équipage de SURPRISE n’avaient touché leur solde de Novembre. Sur avance de l’agent consulaire de France, j’ai payé des acomptes de solde. Un compte exact de ces paiements a été tenu.

(A suivre)

Cdlt
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Re: SURPRISE - Canonnière

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

SURPRISE (Suite)

Récompenses

Témoignage Officiel de Satisfaction

JOUGLARD P.J. Enseigne de Vaisseau de 1ère classe

Pour le zèle intelligent dont il a fait preuve dans la conduite du détachement après le torpillage de SURPRISE.

DORE Georges Médecin de 2e classe. Médecin Major de SURPRISE

Pour le dévouement et l’activité qu’il a montrés dans les soins donnés aux survivants de SURPRISE et dans l’organisation du service médical du détachement.

Citation à l’Ordre de la Division


POULMARCH Jean Second maître de timonerie Brest 13180

A quitté le dernier le poste d’équipage qui était complètement évacué. A fait preuve d’énergie et d’activité dans le commandement d’une fraction du détachement.

GUILLOU Noël Matelot de 1ère classe canonnier breveté. Nantes 293

Projeté à l’eau par l’explosion, a cédé l’espar qui le soutenait à un camarade à demi asphyxié dont il a ainsi sauvé la vie.

POZEC Louis Matelot sans spécialité Auray 10047

Grièvement blessé par l’explosion, a fait preuve d’un grand courage.

Citation à l’Ordre de la Division. Proposition pour la médaille militaire

ABIVEN Jean Marie 1er maître mécanicien Brest 4576

Entraîné par l’explosion à 20 m de profondeur, à peine sauvé s’est occupé activement des survivants. A fait preuve d’énergie, d’abnégation et du dévouement le plus absolu dans des circonstances difficiles.

LE DOUAIRON Noël Second maître canonnier Lorient 1703

Projeté en l’air par l’explosion, à peine sauvé s’est occupé de rassembler les survivants et d’en faire l’appel. A montré dans le commandement d’une fraction du détachement les plus solides qualités. Vieux serviteur déjà titulaire d’une citation à l’Ordre du jour de la Division des Dardanelles et d’une proposition pour la médaille militaire.

Citation à l’Ordre du Régiment

BERGER François QM canonnier Saint Nazaire 3523

Est accouru à son poste de combat.

THOMAS Joseph QM de manœuvre Vannes 747

Etant lui-même en danger de se noyer, a aidé un de ses camarades à se dégager des agrès qui l’entraînaient.

Témoignage Officiel de Satisfaction. Attribution de 20 points exceptionnels.

DERRIEN Léon QM fusilier Groix 1611
CHOTARD Joseph Matelot 1ère classe canonnier Nantes 16898
TORQUE Célestin Matelot 1ère classe canonnier Le Croisic 3329

Recueillis dans une embarcation, ont ramené celle-ci sur l’épave et ont ainsi sauvé plusieurs hommes.

Attribution de points


GUILLOU Auguste QM fourrier 19230.3 40 points

A su organiser et assurer avec un plein succès, dans des circonstances difficiles, le ravitaillement et la subsistance du détachement

MIREMONT Jean Matelot fourrier 60033.5 20 points
TROTTIER Louis QM fourrier 18093.3 20 points

Ont travaillé avec un grand zèle à la tenue des écritures du détachement

ROYER Joseph Matelot fusilier 101551.2 20 points

A rendu les plus grands services dans la fonction d’infirmier improvisé.

Approuvé par le Ministre. Signé LACAZE

Cdlt

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Re: SURPRISE - Canonnière

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

SURPRISE (suite)

Renseignements sur les 3 navires coulés. Note du 15 Décembre 1916 de l’EV Jouglard

SURPRISE

Bâtiment coupé en deux par l’explosion. Partie Nord s’est déplacée sous l’effet de la houle. Epave à 400 m dans le S7E de la tour de signaux près du débarcadère. Repose sur un fond de sable de 19 m, cap au SW, fortement inclinée sur Td (20°). Si le temps devenait favorable, le sauvetage d’une partie du matériel, en particulier de l’artillerie, serait possible par les moyens du port de Funchal. Le service de la douane se chargerait de la garde de ce matériel en attendant les instructions quant à sa destination.

KANGUROO

A 600 m au S58E de la tour de signaux, par fond de 16 m (sable) cap au SW. Bâtiment droit. Une divergence appréciable entre les mâts avant et milieu me fait craindre qu’il ait pris d l’arc au 1/3 à partir de l’avant. L’explosion a causé dans sa coque une voie d’eau dont les témoins évaluent le diamètre à 3 m (déposition du Sd maître Poulmarch), à 2 m sous la flottaison, à l’aplomb de la plateforme inférieure de coupée bâbord. Relevage possible étant donné sa construction spéciale.

DACIA

A 830 m au S69E de la tour de signaux par des fonds de 15 m (sable). Le bâtiment est droit et ses mâts ne divergent pas. J’ignore l’importance des avaries causées par l’explosion.
Il ne semble pas qu’on puisse entreprendre des opérations de renflouement avant d’avoir assuré la protection de la rade contre les attaques de sous-marins. D’autre part, les épaves souffrent certainement beaucoup de la mer et de la houle soulevées par les vents d’Ouest fréquents en cette saison.

Dans une autre note datée du 30 Décembre 1916, l’Enseigne de Vaisseau signale que les mâts des trois navires, qui étaient visibles après leur torpillage, ont disparus.

Inauguration du monument élevé à la mémoire des marins français en Décembre 1917

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monn ar gouenn
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Re: SURPRISE - Canonnière

Message par monn ar gouenn »

Bonjour,

Voici des précisions concernant les onze marins de la canonnière Surprise dont les corps ont été restitués aux familles.

"Le 3 décembre 1916, en rade de Funchal, en pays neutre, une canonnière française, la Surprise, était torpillée par un pirate allemand. La catastrophe dans laquelle nos marins trouvèrent une mort si tragique souleva l’indignation des habitants et donna lieu, là-bas, à de grandes manifestations de sympathie à l’égard de la France.
Les glorieuses victimes furent ensevelies au cimetière de Funchal en attendant que puisse s’effectuer le transport de leurs restes en terre française, et, le 28 novembre dernier, le croiseur Jules Michelet, battant pavillon du contre-amiral Pugliesi-Conti, recueillait à son bord onze cercueils.
L’imposante et tragique cérémonie se déroula au milieu d’une affluence considérable et plus de dix mille personnes firent cortège aux marins de France qu’allait avoir l’honneur de rendre à leur pays un bâtiment de guerre français.
Mouillé en rade depuis hier matin, le Jules Michelet avait transformé une casemate en chapelle ardente : des fleurs et des fleurs ! Des couronnes ornent les parois et recouvrent les cercueils. Quatre heures : une sonnerie de clairon éclate ; les cercueils reçoivent les honneurs de la garde et sont lentement descendus jusqu’à l’embarcation qui doit les conduire à l’arsenal […]

Voici la liste de ces morts glorieux :
MM. François Léon, matelot cuisinier ; Joseph Guichoux, 2e maître de manœuvre ; Louis Corlay et Léopold Normand, matelots sans spécialité ; Albert Boterf, matelot gabier ; Julien Le Pichon et Théodore Cantrel, matelots canonniers ; Stanislas Guillou, quartier-maître de manœuvre ; Jules Le Goff, quartier-maître canonnier ; Gustave Jouin, 2e maître mécanicien ; Auguste Mégissier, lieutenant de vaisseau.

Le matelot François Léon, dont le cercueil sera placé sur le premier char, sera inhumé au cimetière de Kerfautras ; le corps du 2e maître Guichoux sera dirigé sur la gare des chemins de fer départementaux et les autres sur la gare de l’Ouest-Etat. »

Extraits de La Dépêche de Brest des 3 et 4 décembre 1921

Cordialement,
Véronique

Cordialement,

Véronique JESTIN
olivier 12
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Re: SURPRISE - Canonnière

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Quelques vues de la canonnière SURPRISE

A Boma, sur le fleuve Congo

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et sous voiles

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Il semble qu'à l'origine ce navire avait un phare carré à la misaine. Si l'on en croit le dessin de l'Illustration (de 1914) ou la photo mise sur le forum en 2016 par Niala, le gréement dut être modifié par la suite, sans que l'on puisse dire à quelle date.

Cdlt
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Rutilius
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SURPRISE ― Canonnière, première du type (1896~1916).

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,

Sur l’ « Affaire de Coco-Beach » (21 septembre 1914), V. cette étude :

—> http://centenaire.org/sites/default/fil ... obeach.pdf
Dernière modification par Rutilius le mer. mai 26, 2021 10:37 pm, modifié 1 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
David1980
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Re: SURPRISE - Canonnière

Message par David1980 »

Bonjour à tous,

Lors du torpillage de la Surprise à Funchal, certains marins furent inhumés dans le cimetiére de Funchal. J'ai écris à l'ambassade française de Lisbonne au Portugal qui m'a transferé au consul français de Funchal à Madére.
Le monument français est toujours existant mais les corps ont été rapatrié en France (plus bas dans les pages, on peut voir un article à ce sujet). Or je ne trouve pas de tombe pour ces marins. Merci de votre aide.
Cordialement
David1980
Rutilius
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SURPRISE ― Canonnière, première du type (1896~1916).

Message par Rutilius »

Bonsoir,

La Dépêche de Brest, n° 13.859, Samedi 3 décembre 1921, p. 2.

L.D.B. 3-XII-1921 - .JPG
L.D.B. 3-XII-1921 - .JPG (92.73 Kio) Consulté 1250 fois

Il se déduit nécessairement de cet article que les cercueils qui renfermaient les restes des onze marins victimes du torpillage de la canonnière Surprise furent destinés à leurs familles respectives, après la cérémonie d'hommage à eux rendue, étant, pour neuf, transportés par voie ferroviaire. Ces marins furent donc séparément réinhumés, le plus souvent au lieu de leur dernier domicile.
Dernière modification par Rutilius le dim. févr. 26, 2023 9:26 am, modifié 1 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
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lignard2
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Re: SURPRISE - Canonnière

Message par lignard2 »

Bonjour à vous
portrait 1904.jpg
portrait 1904.jpg (170.22 Kio) Consulté 1222 fois
Une photo en rapport avec ce bateau.
Un des marins qui a servi sur ce bateau en 1904. Mission en Mer de Chine et photo faite à Shanghaï.
Un marin breton qui, à la mobilisation, est devenu fantassin au 148ème ri. Mort pour la France en février 1915.

Cordialement
Lignard
Pour les plus curieux
http://148emeri.canalblog.com/archives/ ... 13049.html
« Il portait ainsi en lui le nom de quelques camarades, laissés dans les petits cimetières de Champagne ou de l’Aisne, ou bien entre les lignes, sur la terre à personne, » Roland Dorgelès
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