DOXA - Torpilleur

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Terraillon Marc
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Re: DOXA - Torpilleur

Message par Terraillon Marc »

Bonsoir

Un lien vers une page consacrée au DOXA

http://www.mlahanas.de/Greece/Military/ ... rDoxa.html

A bientot
Cordialement
Marc TERRAILLON

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Yves D
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Re: DOXA - Torpilleur

Message par Yves D »

Et bientôt ouverture d'une page qui lui sera consacrée sur histomar.net grâce aux contributions de pampebru.
Cdlt
Yves
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Yves D
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Re: DOXA - Torpilleur

Message par Yves D »

Bonjour à tous

La page dédiée au Doxa est désormais en ligne sur Histomar. De nouvelles mises à jour interviendront prochainement. Vous pouvez y accéder à partir du lien ci-dessous :

http://www.histomar.net/GSM/htm/sommaire.htm

Une version actualisée à ce jour de la Dbase U-Boat a été également mise en ligne

Cdlt
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Gastolli
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Re: DOXA - Torpilleur

Message par Gastolli »

Bonjour Yves,

SS Y 240 has FRONDE's report on that incident, pages 198 - 201. There seems to be 45 survivors, but these pages are difficult to read (at least for me :) )

Oliver
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Gastolli
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Re: DOXA - Torpilleur

Message par Gastolli »

also, SS Y 240 on page 222 has an letter of thanks from the senior surviving officer of DOXA, Ens.d.V. de Roure

On pages 223 to 226 you will find the same report like the one given on my previous post.

Also, FRONDE's report is repeated on pages 229 to 231.

Oliver
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Terraillon Marc
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Re: DOXA - Torpilleur

Message par Terraillon Marc »

Bonjour,

I read the report and I come back.

A bientot
Cordialement
Marc TERRAILLON

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Terraillon Marc
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Re: DOXA - Torpilleur

Message par Terraillon Marc »

Bonsoir,

Tentative de transcription du rapport en ligne (Fronde - SS Y 240 - page 198 et suivante), le document est mal numérisé...:

Le Lieutenant de Vaisseau Dumont ….. commandant le torpilleur d'escadre Fronde à Monsieur le Capitaine de Vaisseau, Chef de Division des Patrouilles de la Méditerranée Orientale

Commandant,

Le 23 juin 1915 un convoi composé des vapeurs Californie et Saint Barnabé escorté par la Fronde, le Doxa et le chalutier Rochebonne quittait …. (?) à destination de …. (?) où il avait ordre d’arriver le surlendemain le plus tôt possible après le lever du jour.

A 21h05 la Californie ….. navigation, …… la Fronde chef de convoi mettait en route cap au sud à la vitesse de 9,5 à 10 nœuds

Le Rochebonne hors de vue, patrouillait en avant à deux milles ainsi que deux autres chalutiers qui venaient de quitter Messine (?) pour Corfou. Le Saint Barnabé à bâbord duquel se trouvait alors le Doxa mettait aussi en route et augmentait de vitesse pour rallier son poste assigné à 500 mètres environ derrière la Californie.

Un autre convoi également à destination de …..(?), composé de la Drome (?) escorté et suivi par la Malicieuse, faisait même route à 1500 m par notre travers tribord.

La nuit était claire, la lune voisine du 2e quartier ; vers 21h30 alors que nous nous trouvions à 3 milles dans le sud de Messine (?), relevant ….. (?) au S 35 E, nous entendons comme un coup de canon tiré dans le …. à peu de distance, et on ….. suivi d’une ou deux autres plus faibles. Je pensais tout d’abord à une alerte ou à un exercice d’une des batteries du …. (?).

La clarté lunaire me permettait de distinguer la silhouette du St Barnabé mais pas celle du Doxa que je supposais d’ailleurs masquée par le Saint Barnabé

Quatre à cinq minutes se passant, je me trouvais alors à 200 m. environ par tribord de la Californie à hauteur de son arrière. Je vois la Californie venir en grand à droite, ….. de vitesse et me signale au Colomb « j’entends explosions dans mes cales »

Pour qu’aussitôt 21h17 le Saint Barnabé qui se trouvait à environ 1200 metres derrière, serrant sa distance signale au Colomb « Doxa coulé »

Je fais rappeler au poste de combat, puis voyant la Californie faire demi tour comme dans l’intention de rentrer à Messine, au risque de repasser à l’endroit dangereux, je lui signale aussitôt « continuez votre route, ralliez …..(?) »

Le convoi Drôme Malicieuse se trouvait en effet à 400 mètres en avant et le Rochebonne en tête patrouillant à 2 milles en avant.

Ayant ainsi assuré la protection du convoi, je fais …. Et, augmentant de vitesse je fais route …… sur l’endroit où avait du se produire le torpillage. Je lance en l’air le SOS SSS Doxa 38’ 03’ 05’…. Qui reste sans réponse.

Un gros orage avec éclairs et grains de pluie éclatait sur le détroit.

Je ne tarde pas à entendre devant et par le travers Td et Bd les cris de « au secours » et on …. vaguement des naufragés emportés par les remous du courant un peu dans toutes les directions. Je stoppe, amène toutes les embarcations, baleinières, youyou …… et manœuvre pour recueillir des naufragés du bord même au moyen de bouts lance amarres …. Linge dont nous avons un grand nombre. Avançant ensuite de quelques centaines de mètres dans une direction d’où venaient des appels, je fais jeter à l’eau les radeaux et tout ce que nous avons de planches….. et nous recueillons encore quelques naufragés.
N’entendant plus rien, craignant en restant trop longtemps stoppé un retour offensif du sous marin dont les naufragés me disent avoir vu tout récemment le périscope dans les parages immédiats, je mets en marche et croise quelques temps pendant que les embarcations continuent les recherches. Je reviens ensuite sur les embarcations qui .. rallie à bord. On n’entend plus … appels ou cris, on ne voit plus rien. Il est prés de 23 heures. Pendant qu’on monte à bord les derniers naufragés ramenés par la baleinière et qu’on se dispose à la …. Rapidement, une torpille passe à 40 mètre sur notre avant, nous ne l’avions évitée que grâce à la manœuvre que nous venions de faire en stoppant et battant en arrière pour casser l’erre. Ce renseignement m’a été donné plus tard par plusieurs sous officiers, le maitre pilote qui se trouvait auprès du bossoir de la baleinière et qui est très affirmatif sur la nature du sillage que nous avons traversé en remettant AV, le chef de timonerie qui se trouvait auprès du pilote et les naufragés qui …. La baleinière et qui ont dit « vous avez du être torpillé »

Il est 23 heures …. en marche à grande vitesse pour tenter de rejoindre le convoi, on lance toujours le SOS SSS. J’essaye de transmettre de ordres à la Malicieuse mais l’orage sans doute empêche la communication. Nous avons à bord 62 (?) rescapés mais on me prévient que plusieurs d’entre eux sont gravement atteints, …. Spécialement … l’infirmerie ne peut répondre au delà de 24 heures. Leur état ne me permet pas de les garder longtemps à bord où mon infirmier, malgré un dévouement au dessus de tout éloge ne peut suffire à la tache et où les moyens nous manquent pour des cas de cette gravité. Je décide alors de rentrer à ….. ( ?). Il est minuit 15. La lune est couchée, la nuit noire en raison du ciel très orageux. Malgré une veille très attentive, nous ne découvrons pas de silhouette suspecte.

Nous rentrons dans le port à 2h05 et un remorqueur monté par M. le Lieutenant de vaisseau délégué et le commandant en second de la défense italienne nous accoste pour prendre les naufragés qui sont conduits aussitôt à l’hôpital de la Croix Rouge.

Je fais envoyer un télégramme … pour informer le…. Commandant en chef et les autorités interalliés.

Les hommes du Doxa sont ….. à déclarer que leur bâtiment a été torpillé par le travers Td du compartiment des machines alors qu’il se trouvait à 200 mètres environ par le Bd à hauteur de l’AR du Saint Barnabé. Le sillage de la torpille a été aperçu très nettement à 40 mètres du bord. L’arrière s’est enfoncé aussitôt , le bâtiment s’est incliné et a coulé par l’AR, l’AV restant prés de 20 minutes hors de l’eau. Le commandant a été vu sur la passerelle jusqu’au dernier moment.

La liste détaillée des survivants recueillis à bord de la Fronde a été …. Dans la matinée du 28. Il faut y ajouter 3 hommes recueillis dans la nuit sur la cote de Sicile, ce qui porte à 45 le total des rescapés.
Mon impression est que la torpille qui a coulé le Doxa était destinée au Saint Barnabé.

Pour mon compte, j’estime que dans les parages aussi resserrés que le détroit de Messine, toute navigation autrement que par nuit absolument noire sans lune du tout devrait être formellement interdite, le sous marin ayant trop beau jeu pour se trouver à coup sur en position d’attaque et torpiller …. Emergeant …… au périscope de nuit sans aucun risque d’être aperçu.
Les parages dangereux autres … que le détroit de Messine ne devraient jamais à mon avis être …. Par les nuits lunaires qui favorisent trop le sous marin et mettent les bâtiments dans les circonstances les plus défavorables. L’ordre 13 de navigation de l’Armée navale dit « les nuits lunaires sont à éviter autant que possible », je comprends bien que les besoins du service rendent la chose malaisée mais si l’on tient à éviter les pertes, il faudra en arriver à les proscrire complètement.

Enfin il peut être intéressant de mentionner la manière dont opèrent les Italiens qui vont de Messine à …. ( ?) : d’après les renseignements que j’ai eu sur place : voyage de nuit par escale, Naples, Civita, Vecchia, Livourne, …. Non pas à cinq milles des pointes ce qui à mon avis est trop ou pas assez mais le plus prés possible de la terre par fonds de 15 à 20 mètres au plus. Cette méthode outre l’avantage qu’elle présente de rendre le navire le plus invisible possible en le masquant sur les terres, le met à l’abri des attaques de sous marin qui n’opère pas dans d’aussi petits fonds et à l’abri des navires qui ne sont jamais mouillés si prés et par si peu de profondeur.

Les résultats d’ailleurs en ont été jusqu’ici excellents.

Avant de clore ce rapport, je suis fier et heureux de rendre hommage à tout l’équipage de la Fronde sans exception pour le courage et le dévouement merveilleux avec lequel il a travaillé au sauvetage des camarades de l’infortuné Doxa, dans des conditions rendues particulièrement difficiles par l’obscurité et les courants et la menace constante de l’ennemi invisible.

J’y joins une liste de ceux qui se sont le plus particulièrement distingués avec l’espoir de voir leur dévouement récompensé comme il le mérite



A bientot :hello:
Cordialement
Marc TERRAILLON

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Yves D
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Re: DOXA - Torpilleur

Message par Yves D »

Merci Marc, j'ai les autres feuillets à présent, je vais m'employer à les mettre au clair.
Amts
Yves
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Terraillon Marc
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Re: DOXA - Torpilleur

Message par Terraillon Marc »

Bonsoir Yves

Nous pourrons comparer nos lectures respectives car ma transcription a de nombreux "blancs" quand le document est illisible

A bientot
Cordialement
Marc TERRAILLON

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Rutilius
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Re: DOXA - Torpilleur

Message par Rutilius »


Bonsoir Marc,
Bonsoir à tous,

Voici ce que l'on obtient à partir du manuscrit original du rapport du lieutenant de vaisseau Jacques Dumont, mais en supprimant les abréviations qui s'y trouvent et en rétablissant parfois la ponctuation, et ce pour une meilleure compréhension du texte :


■ Les circonstances de la perte du contre-torpilleur Doxa, survenue le 27 juin 1917 dans le détroit de Messine.

I. – Rapport de mer du lieutenant de vaisseau Jacques Dumont, commandant le contre-torpilleur Fronde (document non daté).

(in Registre historique de la correspondance intéressant le personnel et le matériel du bâtiment – Oct. 1914 / Oct. 1919 – : Fronde – S.G.A. « Mémoire des hommes », Cote SS Y 240, p. num. 225, 226, 229 à 231 manuscrit original, les pages se présentant dans le désordre – et p. num. 198 à 200 transcription effectuée sur le Registre historique de la correspondance –).


« Le Lieutenant de vaisseau Dumont Jacques, Commandant le torpilleur
d'escadre Fronde à Monsieur le Capitaine de vaisseau,
Chef de Division des Patrouilles de la Méditerranée orientale

Commandant,

Le 27 juin 1917, un convoi composé des vapeurs Californie et Saint-Barnabé, escortés par la Fronde, le Doxa et le chalutier Rochebonne, quittait Messine à destination de Navarin, où il avait ordre d’arriver le surlendemain
" le plus tôt possible après le lever du jour."
A 21 h 05, la Californie, guide de navigation, précédée de la Fronde, chef de convoi, mettait en route cap au Sud à la vitesse de 9 nœuds 5 à 10 nœuds.
Le Rochebonne, hors de vue, patrouillait en avant à deux milles, ainsi que deux autres chalutiers qui venaient de quitter Messine pour Corfou. Le Saint-Barnabé, à bâbord duquel se trouvait alors le Doxa, mettait aussi en route et augmentait de vitesse pour rallier son poste assigné à 500 mètres environ derrière la Californie.
Un autre convoi, également à destination de Navarin, composé de la Drôme, escortée et suivie par la Malicieuse, faisait même route à 1.500 m par notre travers tribord.
La nuit était claire, la lune voisine du deuxième quartier. Vers 21 h 30, alors que nous nous trouvions à 3 milles 5 dans le sud de Messine, relevant Reggio au S. 85 E., nous entendîmes comme un coup de canon tiré dans le Nord à grande distance, et on ressentit une commotion suivie d’une ou deux autres plus faibles. Je pensai tout d’abord à une alerte ou à un exercice d’une des batteries du Faro.
La clarté lunaire me permettait de distinguer la silhouette du Saint-Barnabé, mais non celle du Doxa, que je supposais d’ailleurs masqué par le Saint-Barnabé.
Quatre à cinq minutes se passent ; je me trouvais alors à 500 m environ par tribord de la Californie, à hauteur de son arrière. Je vois la Californie venir en grand à droite, diminuer de vitesse et me signaler au Colomb :
" J’entends explosion dans mes cales." Presqu’aussitôt, 21 h 37, le Saint-Barnabé, qui se trouvait à environ 1.200 mètres derrière, serrant sa distance, signale au Colomb : " Doxa est coulé. "
Je fais rappeler au poste de combat, puis voyant la Californie faire demi-tour, comme dans l’intention de rentrer à Messine, au risque de repasser à l’endroit dangereux, je lui signale aussitôt : " Continuez votre route ; ralliez Malicieuse." Le convoi DrômeMalicieuse se trouvait en effet à 400 mètres en avant, et le Rochebonne en tête patrouillait à 2 milles en avant.
Ayant ainsi assuré la protection du convoi, je fais demi-tour et, augmentant de vitesse, je fais route inverse vers l’endroit où avait dû se produire le torpillage. Je lance en l’air l’ S.O.S. S.S.S. :
" Doxa 38° 07’ / 15° 35’ / 21. 27. " qui reste sans réponse. Un gros orage avec éclairs et grains de pluie éclatait sur le détroit.
Je ne tarde pas à entendre devant et par le travers tribord et bâbord les cris de
" Au secours " et on aperçoit vaguement des naufragés emportés par les remous du courant un peu dans toutes les directions. Je stoppe, amène toutes les embarcations, baleinières, youyou, berthon, et manœuvre pour recueillir des naufragés du bord même au moyen de bouts lance-amarre lestés de liège dont nous avions un grand nombre. Avançant ensuite de quelques centaines de mètres dans une direction d’où venaient des appels, je fais jeter à l’eau les radeaux et tout ce que nous avons de planches en chêne [?] et nous recueillons encore quelques naufragés.
N’entendant plus rien, craignant en restant trop longtemps stoppé un retour offensif du sous marin dont les naufragés me disent avoir vu tout récemment le périscope dans les parages immédiats, je mets en marche et croise quelque temps, pendant que les embarcations continuent les recherches. Je reviens ensuite sur les embarcations que je rallie à bord. On n’entend plus ni appels ni cris, on ne voit plus rien. Il est près de 23 heures. Pendant qu’on monte à bord les derniers naufragés ramenés par la baleinière et qu’on se dispose à la soulager rapidement, une torpille passe à 40 mètres sur notre avant ; nous ne l’avions évitée que grâce à la manœuvre que nous venions de faire en stoppant et battant en arrière pour casser l’erre. Ce renseignement m’a été donné plus tard par plusieurs sous-officiers, le maître pilote qui se trouvait auprès du bossoir de la baleinière et qui est très affirmatif sur la nature du sillage que nous avons traversé en remettant en avant, le chef de timonerie qui se trouvait auprès du pilote et les naufragés qui ramenaient la baleinière et qui nous ont dit :
" Vous venez d’être torpillés."
Il est 23 heures quand je remets en marche à grande vitesse pour tenter de rejoindre le convoi ; on lance toujours l’ S.O.S S.S.S. J’essaye de transmettre des ordres à la Malicieuse, mais l’orage sans doute empêche la communication. Nous avons à bord 42 rescapés, mais on me prévient que plusieurs d’entre eux sont gravement atteints, un plus spécialement, dont l’infirmier ne peut répondre au-delà de 24 heures. Leur état ne me permet pas de les garder longtemps à bord où mon infirmier, malgré un dévouement au-dessus de tout éloge, ne peut suffire à la tâche et où les moyens nous manquent pour des cas de cette gravité. Je décide alors de rentrer à Messine. Il est minuit 15. La lune est couchée, la nuit noire en raison du ciel très orageux ; malgré une veille très attentive, nous ne découvrons pas de silhouette suspecte.
Nous rentrons dans le port à 2 h 05 et un remorqueur monté par M. le Lieutenant de vaisseau délégué et le Commandant en second de la défense italienne nous accoste pour prendre les naufragés qui sont conduits aussitôt à l’hôpital de la Croix-Rouge.
Je fais envoyer les télégrammes prévus pour informer le Vice-amiral Commandant en chef et les autorités intéressées.
Les hommes du Doxa sont unanimes à déclarer que leur bâtiment a été torpillé par le travers tribord du compartiment des machines, alors qu’il se trouvait à 200 mètres environ par le bâbord à hauteur de l’arrière du Saint-Barnabé. Le sillage de la torpille a été aperçu très nettement à 40 mètres du bord. L’arrière s’est enfoncé aussitôt, le bâtiment s’est incliné et a coulé par l’arrière, l’avant restant près de 20 minutes hors de l’eau. Le commandant a été vu sur la passerelle jusqu’au dernier moment.
La liste détaillée des survivants recueillis à bord de la Fronde a été fournie dans la matinée du 28 ; il faut y ajouter 3 hommes recueillis dans la nuit sur la côte de Sicile, ce qui porte à 45 le total des rescapés.
Mon impression est que la torpille qui a coulé le Doxa était destinée au Saint-Barnabé.
Pour mon compte, j’estime que dans les parages aussi resserrés que le détroit de Messine, toute navigation autrement que par nuit absolument noire, sans lune du tout, devrait être formellement interdite, le sous marin ayant trop beau jeu pour se trouver à coup sur en position d’attaque et torpiller kiosque émergeant, ou même au périscope de nuit sans aucun risque d’être aperçu.
Les parages dangereux autres même que le détroit de Messine ne devraient jamais à mon avis être passés par les nuits lunaires qui favorisent trop le sous-marin et mettent les bâtiments dans les circonstances les plus défavorables. L’ordre 13 de navigation de l’Armée navale dit :
" Les nuits lunaires sont à éviter autant que possible " ; je comprends bien que les besoins du service rendent la chose malaisée, mais si l’on tient à éviter les pertes, il faudra en arriver à les proscrire complètement.
Enfin, il peut être intéressant de mentionner la manière dont opèrent les Italiens qui vont de Messine à Gênes : d’après les renseignements que j’ai eu sur place : voyage de nuit par escales, Naples, Civita-Vecchio, Livourne, Gênes, non pas à cinq milles des pointes, ce qui à mon avis est trop ou pas assez, mais le plus près possible de la terre par fonds de 15 à 20 mètres au plus. Cette méthode, outre l’avantage qu’elle présente de rendre le navire le plus invisible possible en le masquant sur les terres, le met à l’abri des attaques de sous-marin, qui n’opère pas dans d’aussi petits fonds, et à l’abri des mines, qui ne sont jamais mouillés si près et par si peu de profondeur. Les résultats, d’ailleurs, en ont été jusqu’ici excellents.
Avant de clore ce rapport, je suis fier et heureux de rendre hommage à tout l’équipage de la Fronde, sans exception, pour le courage et le dévouement merveilleux avec lequel il a travaillé au sauvetage des camarades de l’infortuné Doxa, dans des conditions rendues particulièrement difficiles par l’obscurité et les courants et la menace constante de l’ennemi invisible.
J’y joins une liste de ceux qui se sont le plus particulièrement distingués avec l’espoir de voir leur dévouement récompensé comme il le mérite.
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Bien amicalement à vous,
Daniel.
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