□ Autre élément d'explication possible de la relative impéritie qui conduisit à la disparition du torpilleur d'escadre Mousquet : l'ignorance dans laquelle le commandant des Torpilleurs de Saïgon, le capitaine de frégate Victor CASTAGNÉ, était — intentionnellement ou non — tenu par sa hiérarchie militaire et par le Harbour Master de Penang.
Note au commandant du torpilleur d'escadre D'Iberville, datée du 21 octobre 1914
[• Torpilleur d’escadre Pistolet, Registre historique de la correspondance intéressant le personnel et le matériel du bâtiment — 30 juin 1912 ~ 14 sept. 1915 —, Pièce n° 23 : Service historique de la Défense, Cote SS Y 412, p. num. 604 et 605]
A Commandant d’Iberville,
Je vous rend compte de ce qui s’est passé pendant votre absence. Dès votre départ, est arrivé un télé-gramme officiel à votre adresse étant en langage chiffré et, n’ayant pas le code, je n’ai pu l’interpré-ter.
Je profite de l’occasion pour vous adresser la réclamation suivante, que je vous ai déjà faite verbale-ment et que je vous prie de transmettre au Vice-amiral, commandant en chef de la flotte alliée. Les deux torpilleurs placés sous mes ordres et moi sommes incapables de communiquer avec qui que ce soit des bâtiments de la flotte alliée autrement qu’en clair, ce qui nous est interdit.
Je suis certainement le seul officier supérieur commandant à la mer ne pouvant interpréter un signal. Constamment seuls … à Diamont Point, nous recevons des quantités de signaux que se passent les bâti-ments ; interprétés par nous, ils peuvent nous favoriser notre mission, nous éviter une erreur grossière si nous tombons inopinément la nuit sur un navire que nous ne savons pas dans notre secteur, et qui ne devrait pas y être sans que nous en soyons prévenus. Enfin, ils peuvent peut-être nous permettre d’éviter un désastre. Je proteste donc énergiquement contre cette situation.
Le 18 au soir, nous avons reçus par T.S.F. des signaux d’une forme inconnue, répétés régulièrement tou-te la nuit. Le 19 au soir, les mêmes signaux s’étant renouvelés et paraissant très proches, j’ai fait prendre les dispositions nécessaires pour être prêt à toute éventualité. J’en ai informé le Harbour Mas-ter dès que cet officier est arrivé à son bureau, vers 10 heures du matin, et, à ma profonde stupé-faction, j’ai appris que c’était un Japonais sur rade qui avait reçu l’autorisation de Singapore d’appe-ler toute la nuit un de ses bâtiments de guerre. Présent sur rade, chargé soi-disant de la défense de Penang, j’étais le seul à ne pas avoir été averti et mes équipages avaient passé une nuit blanche pour rien. A ma vive réclamation, M. le Harbour Master m’a répondu qu’accablé de travail, il avait oublié de me prévenir ! Je serais très heureux si vous vouliez bien lui répéter ce que je lui ai dit de vive voix, à savoir que la première fois qu’il manquera à mon égard, quand je serai sur rade, à ce que j’estime être un strict devoir, j’adresserai immédiatement une réclamation officielle contre lui.
L’avarie de chaudière de la Fronde a été beaucoup moins grave que je ne le craignais d’abord. Je vous adresse, ci-joint, toutes les pièces officielles concernant cette question ; l’essai à chaud aura lieu, je pense, vendredi ou samedi, et si, comme tout le fait présumer, il ne se produit rien d’anormal, ce bâti-ment sera immédiatement prêt pour toute mission.
J’ai eu le 20 au soir communication du télégramme annonçant votre départ de Singapour.
Je suis en croisière au large de Penang pour 4 jours.
Penang, 21 oct. 1914,
Signé : Victor CASTAGNÉ.
Je profite de l’occasion pour vous adresser la réclamation suivante, que je vous ai déjà faite verbale-ment et que je vous prie de transmettre au Vice-amiral, commandant en chef de la flotte alliée. Les deux torpilleurs placés sous mes ordres et moi sommes incapables de communiquer avec qui que ce soit des bâtiments de la flotte alliée autrement qu’en clair, ce qui nous est interdit.
Je suis certainement le seul officier supérieur commandant à la mer ne pouvant interpréter un signal. Constamment seuls … à Diamont Point, nous recevons des quantités de signaux que se passent les bâti-ments ; interprétés par nous, ils peuvent nous favoriser notre mission, nous éviter une erreur grossière si nous tombons inopinément la nuit sur un navire que nous ne savons pas dans notre secteur, et qui ne devrait pas y être sans que nous en soyons prévenus. Enfin, ils peuvent peut-être nous permettre d’éviter un désastre. Je proteste donc énergiquement contre cette situation.
Le 18 au soir, nous avons reçus par T.S.F. des signaux d’une forme inconnue, répétés régulièrement tou-te la nuit. Le 19 au soir, les mêmes signaux s’étant renouvelés et paraissant très proches, j’ai fait prendre les dispositions nécessaires pour être prêt à toute éventualité. J’en ai informé le Harbour Mas-ter dès que cet officier est arrivé à son bureau, vers 10 heures du matin, et, à ma profonde stupé-faction, j’ai appris que c’était un Japonais sur rade qui avait reçu l’autorisation de Singapore d’appe-ler toute la nuit un de ses bâtiments de guerre. Présent sur rade, chargé soi-disant de la défense de Penang, j’étais le seul à ne pas avoir été averti et mes équipages avaient passé une nuit blanche pour rien. A ma vive réclamation, M. le Harbour Master m’a répondu qu’accablé de travail, il avait oublié de me prévenir ! Je serais très heureux si vous vouliez bien lui répéter ce que je lui ai dit de vive voix, à savoir que la première fois qu’il manquera à mon égard, quand je serai sur rade, à ce que j’estime être un strict devoir, j’adresserai immédiatement une réclamation officielle contre lui.
L’avarie de chaudière de la Fronde a été beaucoup moins grave que je ne le craignais d’abord. Je vous adresse, ci-joint, toutes les pièces officielles concernant cette question ; l’essai à chaud aura lieu, je pense, vendredi ou samedi, et si, comme tout le fait présumer, il ne se produit rien d’anormal, ce bâti-ment sera immédiatement prêt pour toute mission.
J’ai eu le 20 au soir communication du télégramme annonçant votre départ de Singapour.
Je suis en croisière au large de Penang pour 4 jours.
Penang, 21 oct. 1914,
Signé : Victor CASTAGNÉ.