MASCARA - Compagnie de Navigation Mixte

Rutilius
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Re: MASCARA - Compagnie de Navigation Mixte

Message par Rutilius »


Bonjour Jean-Paul,

« ... dans " genre de mort " outre la mention disparu en mer à bord du Mascara il est noté considéré comme perdu corps et bien, la suite je n'en suis pas sûr, (9 sur 30 4 novembre 1917). Je pense que le 9 sur 30 signifie peut être le neuvième sur une liste de trente membres d'équipage ... »

On lit très exactement sur la fiche en question : « ... considéré comme perdu corps et biens (D. du du 4 novembre 1917) », la mention entre parenthèses signifiant : « Dépêche du 4 novembre 1917 », précision que l'on retrouve sur de très nombreuses fiches se rapportant à des victimes de naufrages. Au cas présent, le rédacteur a malencontreusement répété le « du ». Et il est le plus souvent écrit : « D. M. du ... », pour « Dépêche ministérielle du ... », dépêche émanant du Ministère de la Marine et annonçant officiellement la disparition du bâtiment considéré.

Bien amicalement à vous,
Daniel.
caveje
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Re: MASCARA - Compagnie de Navigation Mixte

Message par caveje »

Bonjour à toutes et à tous,

Merci Daniel pour votre explication que j'ignorais totalement. A y regarder de plus prés il semble même que le rédacteur ait employé un D majuscule et un m minuscule. C'est la première fiche d'un disparu du Mascara qui porte cette mention, mais pour le moment je n'ai que 4 fiches et je doute que tous les disparus en ait une.

cordialement
Jean-Paul
Jean-Paul
Rutilius
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Re: MASCARA - Compagnie de Navigation Mixte

Message par Rutilius »


Bonjour à tous,

Navigazette, n° 1.207, Jeudi 13 juin 1912, p. 7, en rubrique « Chronique maritime – Navigation » :

« Compagnie de navigation mixte. — L’assemblée extraordinaire des actionnaires de la Compagnie de navigation mixte réunie à Lyon le 23 mai, sur la proposition du Conseil d’administration, a décidé que le capital actuel de 4.038.300 francs serait augmenté de 3.011.700 francs et porté à 7.050.000 francs. Cette augmentation de capital trouve sa raison d’être dans le progrès important des productions des contrées françaises de l’Afrique du Nord et le bel avenir qui leur est réservé. En outre l’acquisition qui a été faite de la Compagnie des vapeurs de charge en augmentant le périmètre d’action de la Compagnie mixte affermit son trafic. Le capital nouveau servira à faire face au paiement du vapeur Théodore-Mante, dont le coût est de 1.800.000 francs, des vapeurs Mansoura et Mascara, qui ont coûté environ 600.000 francs, et de la flotte de la Compagnie des vapeurs de charge montant à 1.750.000 francs. »
_______________________

Bien amicalement à vous,
Daniel.

olivier 12
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Re: MASCARA - Compagnie de Navigation Mixte

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

MASCARA

Voici un résumé des documents que l'on trouve à Vincennes dans le volumineux dossier consacré à ce navire.

Naufrage du MASCARA

Le navire quitte Alger pour Nice le 21 Octobre 1917 à 16h00 avec 1500 tonnes de vin en barriques, du son et du liège. Il fait escale à Bougie le 22 Octobre, puis appareille et fait route vers le nord. Il a à son bord 46 hommes d'équipage sous le commandement du lieutenant de vaisseau auxiliaire GOUT, originaire d'Agde.

24 Octobre 19h05
Le patrouilleur BACCHANTE capte le message suivant émis par TSF par le MASCARA. « SOS ...SOS position 41°14 N 07°05 E ». (nota : la position est donnée sous forme de nombres épelés en lettres : quatre mille cent quatorze sept cent cinq)
Tout le monde se rend aussitôt compte que c'est un signal de grande détresse car, dit le rapport, SOS sont les initiales des mots anglais « Save Our Souls ».

19h25
BACCHANTE capte un nouvel appel lancé par la station d'Ajaccio qui a, elle aussi, reçu le SOS et le retransmet.

19h35
BACCHANTE envoie d'extrême urgence l'ordre suivant à ANTARES, ALGOL et WAGRAM : « Secourez MASCARA par 41°14 N et 07°05 E. »

22h12
WAGRAM répond : « Reçu votre télégramme. Fais route sur la position à 8 noeuds. Pense arriver le 25 à 12h00. »

Mais la tempête de NW fait rage depuis le 24 à 00h00. C'est un véritable ouragan avec des creux de 8 à 10 m. Les patrouilleurs, sloops ou chalutiers, sont tous à la cape. ANTARES a du rentrer à Toulon avec une chaufferie envahie par l'eau de mer.

25 Octobre
WAGRAM et ALGOL vont effectuer des recherches toute la journée, sans résultat.

26 Octobre
ALDEBARAN, DAHLIA et LOUISE MARGUERITE appareillent de Toulon et font un râteau vers le sud pour rechercher MASCARA. ALTAÏR est détaché des croisières sud pour se joindre aux recherches.

27 Octobre
GLOIRE DE MARIE et GRAZIELLA quittent Calo Forte et remontent le long de la côte ouest de Sardaigne.

29 Octobre
Aperçu de grosses barriques, des débris d'embarcations et de radeaux. L'une des barriques porte l'inscription « Charasson - Montpellier- »
Interrogée, la Mixte répond qu'il est peu probable que ces épaves proviennent du MASCARA. (nota : réponse surprenante, mais certainement faite pour tenter de rassurer les familles dont beaucoup étaient domiciliées à Marseille).

2 Novembre
Le lieutenant Pani de Filicata, commandant la compagnie du poste des carabiniers de Canaglia (nota : entre Alghero et Porto Torres) informe l'agent consulaire de Sassari des faits suivants :

Le berger Giovanni Sanna a aperçu le 1er Novembre à 12h00, sur la plage de Sasera près de Canaglia, un homme évanoui qui ne pouvait être qu'un naufragé. Un brigadier et un carabinier sont venus sur les lieux et ont trouvé le naufragé dans une bergerie voisine où de braves gens l'avait transporté et secouru. Son état de santé étant très précaire, les carabiniers l'ont transporté sur un cheval jusqu'à leur caserne et l'ont soigné de la façon la plus cordiale.
Ayant un peu mangé et récupéré, il a fait, non sans mal, le récit suivant :

« Je me nomme Simon Muriani, fils de Dominique et Thérèse Capriata. Je suis né à Bonifacio le 6 Mai 1884. Je suis commis aux écritures dans la Marine. C'est comme mobilisé que j'ai embarqué sur le vapeur MASCARA, de Marseille. Nous avons quitté Alger le 22 Octobre avec un chargement de vin, de son et de liège.

Le 24 Octobre au soir, à 60 milles de la pointe nord de l'île d'Asinara, il y a eu une forte détonation vers le milieu du navire, suivi d'un formidable craquement. MASCARA a aussitôt donné de la bande et le capitaine a donné l'ordre de jeter à la mer les doris tandis qu'un signal de détresse était envoyé.
Avec 5 autres matelots, le maître marinier Barbiere de Cap Corse, habitant Marseille, les matelots Cepedoli, d'Ajaccio, Oliva, d'Ajaccio, Beranger, du nord de la France, et un canonnier de la Marine, nous avons sauté à la mer et nous sommes accrochés à un doris en fer, de forme cylindrique, dépourvu de vivres, et qui était sur les embarcations de sauvetage.
Nous avons vu MASCARA s'engloutir dans les abimes en trois ou quatre minutes.
J'ignore le sort du commandant, le LV Gouti, et des autres hommes de l'équipage.

Au bout d'une heure, une forte lame nous a jetés à la mer. Je n'ai plus revu mes camarades. Mais une demi-heure plus tard, j'ai aperçu un doris en bois, vide, que j'ai rejoint avec difficulté et après beaucoup d'efforts. J'ai pu monter à bord. Sept jours durant, j'ai été ballotté par les vagues, sans jamais voir le moindre signe pouvant me donner un espoir de salut.

Dans la nuit du 31 Octobre au 1er Novembre, j'ai été rejeté par la mer sur un rivage. A ce qu'on dit, car j'avais perdu connaissance, c'est un berger qui m'a trouvé. C'était dans les parages de la mine de Monte Fero. Je suis resté dans le doris sans boire ni manger du 24 Octobre au 1er Novembre et je ne sais pas comment j'ai pu résister.

Je ne puis rien dire sur l'origine de la forte secousse qui a secoué le navire avant son naufrage. »

Monsieur Muriani est donc hospitalisé à la caserne de Canaglia, entouré des soins les plus affectueux. Il a les jambes enflées et des blessures et des contusions sur tout le corps, provoquées par les roches lors de son rejet sur la plage et par son très long séjour dans l'eau.
Il est célibataire. Il a sur lui 230 francs en billets de banque français.

Nous serions désireux de savoir quelles dispositions vous comptez prendre.

15 Novembre

Note du Capitaine de Vaisseau Brisson, commandant les patrouilleurs de Provence

«Le 3 Novembre, un télégramme du commandant Garetti, de Porto Torres, nous a avisés qu'un survivant du MASCARA avait été retrouvé dans la région et aurait déclaré que le vapeur avait été coulé par torpillage.

J'ai fait prendre discrètement des renseignements à Marseille. Il en résulte que Simon Muriani est bien un homme d'équipage du MASCARA. Sa maîtresse est Madame Jonque, domiciliée 17 rue de l'Evéché. Elle a bien reçu un télégramme de Porto Torres lui annonçant que Simon était sauvé, ainsi qu'un télégramme d'Ajaccio envoyé par le frère de Simon et disant « Frère sauvé ».
Il devait quitter Porto Torres pour Marseille, mais au lieu de cela aurait été hospitalisé à Sassari.

Le 24 Octobre soufflait un véritable ouragan de NW. Dans ces conditions, la version du torpillage semble pour le moins suspecte. Tout le monde maritime de Marseille savait le piteux état dans lequel était ce bâtiment et son sort malheureux n'a étonné personne.

A mon avis, il n'est pas douteux que la perte de ce navire est due à un accident de mer et non à une torpille. »

Commentaire : Il semblerait, à la lecture de ce texte, que le capitaine de vaisseau ait tout d'abord douté de la survie d'un homme de l'équipage...! Il tire enfin des conclusions très rapides qui auraient quand même mérité d'attendre une enquête un peu plus sérieuse.

Conclusions


Une longue enquête va se dérouler, surtout d'ailleurs pour des questions d'assurance, car la Compagnie de Navigation Mixte a demandé que la perte du MASCARA soit considérée comme un événement de guerre.

Le tribunal de Commerce de la Seine rendra son verdict le 22 Décembre 1920. Il comporte plusieurs dizaines de pages qui énumèrent toutes les considérations sur les circonstances du naufrage, l'état du navire, les diverses causes ayant pu provoquer la catastrophe...etc Ce jugement sera confirmé en 1922.

En conclusion, la perte du MASCARA est considérée comme un événement de guerre et l'Etat français est condamné à verser un million de francs de dommages et intérêts à la Mixte.
Toutefois, le jugement précise bien que cette conclusion a été adoptée en raison de l'absence de preuves formelles pouvant faire penser que la perte du navire est due au mauvais temps, à une explosion de chaudière ou à son mauvais état d'entretien.
En particulier, la navigation jusqu'au nord d'Asinara s'était déroulée dans des conditions à peu près normales malgré la tempête, le navire ne roulant pas exagérément.

Commentaires : nous ne connaîtrons sans doute jamais la cause du naufrage du MASCARA, sauf à retrouver et examiner l'épave. Elle doit se trouver au large du golfe d'Ajaccio, par des fonds de 2700 m...
Mais après la guerre, aucun sous-marin n'a revendiqué le torpillage de ce navire et il semble bien qu'aucun ne se trouvait sur cette zone. On peut donc exclure cette cause.
Restent donc l'explosion d'une chaudière ou l'explosion d'une mine.
Les explosions de chaudières arrivent parfois, c'est certain. Elles provoquent toujours de gros dégâts et surtout des morts dans le compartiment chaufferie. Elles sont le plus souvent dues à des erreurs de conduite, car la conduite d'une installation vapeur est bien plus délicate que celle d'un moteur et le manque de rigueur ne pardonne pas. Mais il est quand même rare qu'une explosion de chaudière envoie par le fond en quelques minutes un navire comme le MASCARA, à moins qu'il n'ait vraiment été dans un état déplorable, avec de grandes faiblesses dans la coque.
L'explosion d'une mine entraînant une très importante voie d'eau sur deux compartiments au moins, dont le compartiment machine, serait en revanche très plausible.
Enfin, dans les posts ci-dessus il est question de possibles falsifications de certains documents en raison de discordances dans les dates, comme si la Marine , ou d'autres, avaient quelque chose à cacher. Je crois franchement qu'il ne faut pas trop fantasmer sur de telles pratiques. Les chiffres sont têtus et les dates bien déterminées. En revanche, la rigueur n'est pas toujours la caractéristique des scribes de l'administration et il ne faut pas chercher plus loin les causes de certaines inexactitudes. J'en trouve de nombreuses dans les archives.

Il n'y avait pas grand chose à cacher dans ce malheureux naufrage, si ce n'est, peut-être, le mauvais état du navire...

Liste des disparus

La liste d'équipage ne figure malheureusement pas aux archives.
On trouve toutefois une note concernant l'un des disparus; il s'agit d'Antoine FRANCESCHI, ancien capitaine de la Marine Marchande. (Il ne s'agissait pas du capitaine du navire).

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Yves D
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Re: MASCARA - Compagnie de Navigation Mixte

Message par Yves D »

Bonjour Olivier, bonjour à tous
L'explosion d'une mine entraînant une très importante voie d'eau sur deux compartiment au moins, dont le compartiment machine, serait en revanche très plausible.
Pourquoi pas mais cela reste hautement improbable. En tout état de cause, il ne peut s'agir d'une mine mouillée pour constituer un barrage vu la profondeur dans la région du naufrage. Reste la mine dérivante ayant rompu son orin... Peu réaliste quand même.
Amitiés
Yves
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La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
olivier 12
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Re: MASCARA - Compagnie de Navigation Mixte

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous, bonjour Yves,

Je pensais bien sûr à une mine dérivante, ayant rompu son orin et errant à l'aveuglette sur la mer; il y a parfois des hasards extraordinaires et je pense qu'on ne peut complètement exclure cette possibilité.

De plus, Muriani a vu le navire prendre de la gite puis s'engloutir par l'avant, l'arrière sortant hors de l'eau. Cela signifie qu'il ne s'était pas cassé en deux, mais qu'il a bien été victime, quasiment instantanément, d'une très importante voie d'eau.

C'est ce qui me fait penser à une mine ouvrant la coque sur deux compartiments plutôt qu'à une explosion de chaudière.
Mais ce n'est qu'une supposition et le mauvais état du navire, à l'évidence connu de tous, peut avoir aggravé la situation. La fatigue due au très gros mauvais temps peut avoir provoqué une large déchirure dans la coque, les tôles étant devenues faibles (formidable craquement entendu) après le choc d'une explosion survenue à l'intérieur du navire.

Autre précision (ou imprécision...) le nom du commandant est parfois orthographié GOUT, et parfois GOUTI, dans les documents. Mais je suis sûr que ce n'est pas une tentative de dissimuler quelque chose de la part de la Marine... :) )

Cdlt
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Re: MASCARA - Compagnie de Navigation Mixte

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

MASCARA

Rencontre avec un sous-marin du 5 Août 1916


MASCARA fait route d'Alger, qu'il a quitté le 4 Août, sur Marseille avec du vin, de la laine et 4000 moutons pour l'intendance militaire.

Capitaine Charles HEIT CLC inscrit à Marseille n° 437
Equipage : 43 hommes dont 1 Italien et 1 Espagnol.

Armement

1 canon de 47 mm modèle 1902, installé sur la dunette et armé par :

DELAUNAY Daniel QM canonnier 4e dépôt
GHERSI Jacques Fusilier La Ciotat
PAPINEAU Maurice Canonnier Oléron

Rapport du capitaine

Le 5 Août 1916 à 18h45, MASCARA se trouve par 41°40 N et 03°20 E, faisant route au N24E sans zigzaguer.
Beau temps calme, très clair.

Un sous-marin est aperçu à 5 milles sur l'avant. Il est maquillé avec deux petites voiles. Monté à l'allure maximum et viré cap au sud pour présenter l'arrière. Au même moment, deux obus tombent à 200 m sur l'arrière. MASCARA, malgré la faiblesse de son canon, riposte aussitôt par deux coups, d'une distance de 9000 m.

Le sous-marin se rapproche rapidement, mais soudain, il met le cap sur un grand vapeur sur notre bâbord. Comme il présente alors son travers, MASCARA tire encore trois coups de canons, mais sans résultat à cause de la distance. Le sous-marin tire sur le grand vapeur qui hisse alors un pavillon grec.
Se ravisant, le sous-marin revient vers MASCARA. Il vise juste et à 19h45, 2 obus tombent, l'un à 20 m sur l'arrière et l'autre à 30 m sur l'avant. MASCARA se met alors à zigzaguer pour essayer de dérégler son tir. Le sous-marin aura tiré 8 coups et MASCARA 9.

Appelé par TSF, le croiseur auxiliaire GOLO II envoie le message suivant : « Je viens à votre secours ».
A 20h00, il se rapproche du lieu du combat où la situation devenait critique pour MASCARA dont le 47 mm ne pouvait atteindre le sous-marin. GOLO II tire deux coups de canon de 65 mm sur le sous-marin. La nuit tombant, celui-ci plonge et le combat cesse.

Fin de la poursuite par 40°55 N et 03°10 E.

A 20h30, MASCARA reçoit l'ordre suivant de GOLO II : «  Ralliez Port Vendres et attendez ordres ».

Arrivé le 6 à 06h00, reçu l'ordre de rester sur rade. Demandé aussitôt de nouveaux ordres car les 4000 moutons risquaient mourir en raison de la forte chaleur. Venu alors à quai à 11h45, puis appareillé aussitôt pour Marseille. Arrivé à Marseille le 7 à 03h00 du matin.

Très belle attitude des officiers pont et machine et de tout l'équipage. Beaucoup de sang-froid et de discipline. Je signale quand même l'armement trop faible dont dispose MASCARA.

Il y avait en tout 7 navires sur les lieux du combat. N'étant pas poursuivis, aucun des autres n'a modifié sa route.

Description du sous-marin

Semblait avoir un kiosque trapézoïdal.
Portait deux voiles latines, amenées avant d'ouvrir le feu.

Le sous-marin attaquant


C'était l'U 35 du KL Lothar von Arnauld de la Perière. (Voir aussi fiche du MANOUBA)

pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviati ... 3208_1.htm

Récompenses

HEIT Charles Commandant. Capitaine au Long Cours. Marseille

Déjà titulaire de la Croix de Guerre avec palmes

Proposition extraordinaire pour Chevalier de la Légion d'Honneur

« A déployé des qualités remarquables de commandement, de sang froid et, en attendant le secours des patrouilleurs, a réussi à tenir à distance le sous-marin qui attaquait son navire grâce à ses manœuvres et à la manière dont il a conduit son artillerie. »

MASCARA

Citation à l'ordre de l'Armée

« Etat-major, équipage et armement des pièces, tous , par leur discipline, leur dévouement et leur courageuse résolution, ont assuré le salut de leur bâtiment et repoussé l'attaque d'un sous-marin. »

Cdlt
olivier
caveje
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Re: MASCARA - Compagnie de Navigation Mixte

Message par caveje »

Bonjour à tous,

MASCARA

Rencontre avec un sous-marin du 5 Août 1916


MASCARA fait route d'Alger, qu'il a quitté le 4 Août, sur Marseille avec du vin, de la laine et 4000 moutons pour l'intendance militaire.

Capitaine Charles HEIT CLC inscrit à Marseille n° 437
Equipage : 43 hommes dont 1 Italien et 1 Espagnol.

Armement

1 canon de 47 mm modèle 1902, installé sur la dunette et armé par :

DELAUNAY Daniel QM canonnier 4e dépôt
GHERSI Jacques Fusilier La Ciotat
PAPINEAU Maurice Canonnier Oléron

Rapport du capitaine

Le 5 Août 1916 à 18h45, MASCARA se trouve par 41°40 N et 03°20 E, faisant route au N24E sans zigzaguer.
Beau temps calme, très clair.

Un sous-marin est aperçu à 5 milles sur l'avant. Il est maquillé avec deux petites voiles. Monté à l'allure maximum et viré cap au sud pour présenter l'arrière. Au même moment, deux obus tombent à 200 m sur l'arrière. MASCARA, malgré la faiblesse de son canon, riposte aussitôt par deux coups, d'une distance de 9000 m.

Le sous-marin se rapproche rapidement, mais soudain, il met le cap sur un grand vapeur sur notre bâbord. Comme il présente alors son travers, MASCARA tire encore trois coups de canons, mais sans résultat à cause de la distance. Le sous-marin tire sur le grand vapeur qui hisse alors un pavillon grec.
Se ravisant, le sous-marin revient vers MASCARA. Il vise juste et à 19h45, 2 obus tombent, l'un à 20 m sur l'arrière et l'autre à 30 m sur l'avant. MASCARA se met alors à zigzaguer pour essayer de dérégler son tir. Le sous-marin aura tiré 8 coups et MASCARA 9.

Appelé par TSF, le croiseur auxiliaire GOLO II envoie le message suivant : « Je viens à votre secours ».
A 20h00, il se rapproche du lieu du combat où la situation devenait critique pour MASCARA dont le 47 mm ne pouvait atteindre le sous-marin. GOLO II tire deux coups de canon de 65 mm sur le sous-marin. La nuit tombant, celui-ci plonge et le combat cesse.

Fin de la poursuite par 40°55 N et 03°10 E.

A 20h30, MASCARA reçoit l'ordre suivant de GOLO II : «  Ralliez Port Vendres et attendez ordres ».

Arrivé le 6 à 06h00, reçu l'ordre de rester sur rade. Demandé aussitôt de nouveaux ordres car les 4000 moutons risquaient mourir en raison de la forte chaleur. Venu alors à quai à 11h45, puis appareillé aussitôt pour Marseille. Arrivé à Marseille le 7 à 03h00 du matin.

Très belle attitude des officiers pont et machine et de tout l'équipage. Beaucoup de sang-froid et de discipline. Je signale quand même l'armement trop faible dont dispose MASCARA.

Il y avait en tout 7 navires sur les lieux du combat. N'étant pas poursuivis, aucun des autres n'a modifié sa route.

Description du sous-marin

Semblait avoir un kiosque trapézoïdal.
Portait deux voiles latines, amenées avant d'ouvrir le feu.

Le sous-marin attaquant


C'était l'U 35 du KL Lothar von Arnauld de la Perière. (Voir aussi fiche du MANOUBA)

pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviati ... 3208_1.htm

Récompenses

HEIT Charles Commandant. Capitaine au Long Cours. Marseille

Déjà titulaire de la Croix de Guerre avec palmes

Proposition extraordinaire pour Chevalier de la Légion d'Honneur

« A déployé des qualités remarquables de commandement, de sang froid et, en attendant le secours des patrouilleurs, a réussi à tenir à distance le sous-marin qui attaquait son navire grâce à ses manœuvres et à la manière dont il a conduit son artillerie. »

MASCARA

Citation à l'ordre de l'Armée

« Etat-major, équipage et armement des pièces, tous , par leur discipline, leur dévouement et leur courageuse résolution, ont assuré le salut de leur bâtiment et repoussé l'attaque d'un sous-marin. »

Cdlt
Bonjour à tous,

Merci à Olivier 12 pour toutes ces mises à jour sur le dossier Mascara, Je n'ai pas eu la chance de pouvoir me rendre à Vincennes depuis tous ce temps... Mais grâce à Air Brav, Yves D et Olivier 12 et les autres… la discussion est fort intéressante et pertinente. Pour apporter cependant ma petite pierre à l'édifice, je vous communique la liste de l'équipage disparu à bord du Mascara, obtenue à force d'insister auprès de l'état civil de Marseille que je remercie au passage pour sa patience devant ma ténacité...

Décès déclaré constant survenu en merle 24/10/1917 à bord du vapeur Mascara :
1 Goût Jean capitaine au long cours
2 Franceschi Antoine second capitaine au long cours
3 Calvani Jean capitaine au long cours
4 Moutte Benoît chef mécanicien
5 Reynal Pierre second mécanicien
6 loron Marie antoine troisième mécanicien
7 Benecli Hyacinthe matelot
8 Ranieri Dominique matelot
9 Oliva Mathieu matelot
10 Leonetti Charles matelot
11 Chiarisoli Antoine matelot
12 Béranger Paul matelot
13 Prigent François matelot
14 Catalan Antoine matelot
15 Bastelica Félix matelot
16 Pétrus Charles novice
17 Toris Michel mousse
18 Carraté Joseph premier chauffeur
19 Francs François chauffeur
20 Caveribère Vincent chauffeur
21 Angéli Barthélémy chauffeur
22 Battistini Antoine chauffeur
23 Perano Bernardino chauffeur Italien
24 Prinda Joseph soutier
25 Fornini Michel chauffeur
26 Vidal Honoré chauffeur
27 Cazals Antoine chauffeur
28 Riere Etienne chauffeur
29 Paré Lucien chauffeur
30 Conte Iréné soutier
31 Caitucoli jean restaurateur
32 Chataignier Alphonse maître d'hôtel
33 Luquain Paul second cuisinier
34 Laid Fortuné serveur
35 Fenouil Joseph aide de cuisine
36 Le Coq François quartier maître cannonier
37 Boutigny Gaston quartier maître cannonier
38 Nivard Henri quartier maître cannonier
39 Crépin Gaston quartier maître cannonier
40 Bartoli Jacques quartier maître cannonier
41 Llante Maurice quartier maître cannonier

Voilà si nous ajoutons Muriani Simon seul survivant du naufrage nous avons la liste complète de l'équipage.
Enfin presque puisqu'on parle de 46 hommes et moi avec le survivant, ma liste officielle serai de 42.... aucune mention concernant 4 inconnus dans l'acte... Encore un mystère, je suppose qu'il doit exister la liste d'embarquement de l'équipage mais je ne sais où m'adresser... En tout cas s'ils étaient 46 alors il y a quatre oubliés non déclarés mort pour la France et peut être des familles qui non jamais reçu de pension...

Je fais maintenant quelques recherches généalogiques sur ces personnes, Simon Muriani donné comme simple d'esprit dans un rapport sur les circonstances du naufrage fera tout de même une belle carrière dans.... les bureaux de la Compagnie Mixte de Navigation. En 1920 il se marie à Marseille mais pas avec… Madame Jonque citée dans le message d'Olivier 12 :
« Dans la note du Capitaine de Vaisseau Brisson, commandant les patrouilleurs de Provence

"J'ai fait prendre discrètement des renseignements à Marseille. Il en résulte que Simon Muriani est bien un homme d'équipage du MASCARA. Sa maîtresse est Madame Jonque, domiciliée 17 rue de l'Evêché. Elle a bien reçu un télégramme de Porto Torres lui annonçant que Simon était sauvé, ainsi qu'un télégramme d'Ajaccio envoyé par le frère de Simon et disant « Frère sauvé ».

Je perds ensuite sa trace, pour les autres je recherche d'éventuels descendants peut être ont-ils des informations qui sait ....
Voilà ou j'en suis pour le moment, merci de faire vivre encore ce post, encore merci Air Brav, Yves D, Olivier 12 et tous les autres....
Cordialement
Jean-Paul

Jean-Paul
Rutilius
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Re: MASCARA - Compagnie de Navigation Mixte

Message par Rutilius »


Bonsoir à tous,


■ Marins de l’État disparus avec le Mascara, le 24 octobre 1917.

(Synthèse des précédentes contributions).


― BARTOLI Jacques, né le 3 août 1898 à Isolaccio-di-Fiumorbo (Corse – aujourd’hui Haute-Corse –) et domicilié à Vezzani (Corse – aujourd’hui Haute-Corse –), Matelot de ... classe sans spécialité, Matricule n° 65.844 – 5 (Jug. Trib. Marseille, 19 déc. 1918, transcrit à Marseille, le 3 févr. 1919).

― BOUTIGNY Gaston Ferdinand, né le 30 décembre 1888 à Rouen (Seine-Inférieure – aujourd’hui Seine-Maritime –) et y domicilié, Quartier-maître canonnier, Matricule n° 27.407 – 1 (– d° –).

― CRÉPIN Gaston, né le 26 décembre 1899 à Conflans-Sainte-Honorine (Seine-et-Oise – aujourd’hui Yvelines –) et domicilié à Mériel (Seine-et-Oise – aujourd’hui Val-d’Oise –), Apprenti-marin, Front de mer de Marseille, Matricule n° 392 – 1 G. (– d° –).

― LE COQ François Marie Mathurin, né le 25 septembre 1887 à Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord – aujourd’hui Côtes-d’Armor –) et y domicilié, Quartier-maître canonnier, A.M.B.C. du Havre, Matricule n° 3.906 – Saint-Brieuc (– d° –).

― LLANTE Maurice Vincent Joseph, né le 22 septembre 1898 à Collioure (Pyrénées-Orientales) et y domicilié, Matelot de 3e classe sans spécialité, Matricule n° 1.500 – Port-Vendres (– d° –).

― NIVARD Henri Paul, né le 1er mai 1900 à Sedan (Ardennes) et domicilié à Rouen (Seine-Inférieure – aujourd’hui Seine-Maritime –), Apprenti-marin, Front de mer de Marseille, Matricule n° 383 – 1 G. (– d° –).

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Bien amicalement à vous,
Daniel.
caveje
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Re: MASCARA - Compagnie de Navigation Mixte

Message par caveje »

Bonsoir à tous

Je reviens sur la liste d'équipage et ce manque de 4 hommes pour arriver à 46 hommes d'équipage... Simon Muriani le rescapé déclare qu'avec 5 autres matelots, le maître marinier Barbiere de Cap Corse, habitant Marseille, les matelots Cepedoli, d'Ajaccio, Oliva, d'Ajaccio, Beranger, du nord de la France, et un canonnier de la Marine, nous avons sauté à la mer et nous sommes accrochés à un doris en fer, de forme cylindrique, dépourvu de vivres, et qui était sur les embarcations de sauvetage.
Oliva et Beranger sont bien dans ma liste de disparus pour le canonnier de la marine on peut penser à l'un des six marins de l'Etat cités par Rutilius dans le message précédant et qui figurent bien tous dans ma liste Sont par contre absent de la liste le maître marinier Barbiere de Cap Corse, habitant Marseille, et le matelot Cepedoli, d'Ajaccio ça nous fait 44 hommes encore deux inconnus manquent pour faire 46...

Alors je pose la questions aux erudits du forum, est ce possible un tel oubli? Je pensai un temps qu'il y avait des matelots etrangers non cités mais mais le N°23 de ma liste Perano Bernardino est Italien donc fausse route... et les deux corses cités par Muriani qui ne sont pas dans ma liste... voilà encore une interrogation de plus. A qui pourrait ton s'adresser pour avoir la liste de l'équipage embarqué? Avez vous des explications, des cas similaires dans d'autres disparitions de navire?

merci par avance de vos réponses
cordialement
Jean Paul
Jean-Paul
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