.../... Mais il faudra attendre le 12 février 1925 pour décoler le dernier rectangle de coque encore retenu dans la vase transformée en gangue après 13 ans d'immersion. (Voir l'Illustration du 21/02/1925, n°4277 et surtout le Génie Civil daté du 14 mars 1925 n°11/2222 [Tome LXXXVI -n°11 ou N°2222]. Il y a aussi le valeureux Gloubik et ses mises en ligne d'article de la revue [url]http://www.gloubik.info/sciences/spip.php?article309 La Nature, ancêtre de La Recherche). Pour avoir "visité" pas mal d'archives sur ce sujet, la frontière entre les professionnels qui oeuvrent à ces travaux et ceux chargés d'informer l'opinion publique est très délicate à établir. Des plans très précis se retrouvent très rapidement sous forme à peine allégée dans ce type de revues. Notamment la répartition des épaves éparses autour de la Liberté, en double page sur l'Illustration avec liste détaillée qui est la copie presque conforme du dossier transmis par Palaa-Lahitte (Ingénieur du Génie Maritime, directeur des Constructions Navales ...) au Ministre quelques jours auparavant. Il est difficile d'admettre que le journaliste avait des moyens d'investigations sous-marines ! Mais l'approche historique d'un sujet c'est aussi cela. Votre forum en est la preuve vivante et l'illustration pertinente. Et les contributeurs des acteurs, des passeurs. Merci."Les travaux de déblaiements furent mis en adjudication et, parmi les projets présentés, la Marine retint celui de MM. Sidensner, Boursier et Borrely."
Raymond Lestonnat, L'enlévement de l'épave du cuirassé Liberté, douze ans après, L'Illustration, n° 4171 du 10 février 1923, pages 128 à 132.
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.../... Cette première intervention [que vous citez] aura favorisé la constitution de zones triangulaires dans les angles des compartiments (suite à l'inclinaison de l'épave). Elles permirent de travailler "à l'air" sans casque pour étancher lesdits compartiments afin d'en favoriser l'assèchement. Dans de meilleures conditions d'intervention, les tâches purent être optimisées. Un allègement supplémentaire par prélèvement et extraction d'équipements lourds du cuirassé, puis une obturation progressive de certains locaux et enfin un renforcement des points d'ancrage des flotteurs permit aux deux sous-marins pris pour flotteurs, aux flotteurs italiens et aux flotteurs Faure de remplir leur mission de relevage. Ayant pu déterminer le centre de gravité de l'épave, les acteurs de ce "sauvetage" [terme usité à l'époque] purent favoriser le basculement de l'épave vers l'AR en ajoutant quelques 1200 tonnes de contrepoids. Les 1800 mètres à parcourir jusqu'aux nouveaux Bassin Vauban furent très délicats. Le tirant d'eau obtenu ne laissait que quelques dizaines de centimètres sous les reste de la coque. Si j'avais un roman à écrire à partir de cette dramatique histoire, j'aurais appelé la pieuvre des Deux-Frères afin de lui dire de faire échouer l'entreprise - et l'épave - à mi parcours. Ainsi la rade aurait été encore plus encombrée ...
.../... Ce que ne font pas ressortir ces revues - pourtant de très haut niveau - ce sont les prouesses des scaphandriers ; leurs prises de risques permanentes surtout. Les articles sont rédigés par des scientifiques (ingénieur même pour l'article du Génie Civil) et ils se doivent de justifier de leur art ! Le lectorat devait suivre.
L'humain a toujours été du "consommable" même si aucune preuve réelle d'accident suivi de décès n'est imputable aux travaux sur la Liberté. J'ai compilé un nombre suffisant d'interventions pour faire l'acquisition de pinces Felice -refusées - (pinces spécifiques aux travaux sous-marins ... voir "internet") qui démontrent que cette dépense n'était pas justifiée et que les interventions des scaphandriers devraient suffirent pour passer des câbles et filins sous les épaves éparses.
Ce relevage d'épave fut entrepris dans un contexte où les priorités budgétaires furent rapidement orientées vers la mise à niveau du Port de Toulon, de ses infrastructures dirait-on aujourd'hui (après 1911 : appontements, usine électrique, parc à combustibles liquides, poudrières et merlons et grands bassins Vauban + allongement des formes de Missiessy (ou Castigneau, je ne me souviens plus !)). Avant WWI la compétition, la course à la puissance maritime était une priorité. De la tôle - de la tôle - de la tôle ... Après, ce fut la gestion en bon père de famille d'une économie à reconstruire en évitant la trésorerie bien trop précieuse . Ainsi le marché de la récupération et de la matière première ressemble ici à du troc plus qu'à du commerce !
Et pendant ce temps je ne fais pas ce que j'ai à faire ! Vive le forum. Bonnes fêtes.