Merci beaucoup pour cette coupure que j'ignorais totalement. Sincèrement merci.
Elle est très critique, partisane, et la publication l'était déjà ; elle venait de basculer du socialisme (1903-1920) au jeune PC. Mais surtout elle impose de se remettre dans le contexte de l'époque. Je ne détaillerai pas ici mais j'ai retenu un clin d'oeil ... celui des Jaurès ; Jaurès fondateur de l'Huma et son frère, commandant de la
Liberté au jour de sa disparition par explosion en 1911. L'histoire en propose souvent.
.../... Le contrat avec cette entreprise avait été notifié le 28 juillet 1921, une petite année avant cet article. L'étalement des paiements était le suivant :
"Ces bâtiments seront fournis au fur et à mesure de l’avancement des travaux. Ils devront être assurés en cas de sinistre. Leur démolition est à la charge des industriels. Le prix de la tonne est estimé à 61 f. Le montant du marché est établi à 4 140 000 f.
Le marché est passé comme une prestation de service. « Le service rendu » sera payé au niveau du montant total de :
- 30 % au retrait des munitions des soutes arrières et de celles en abord des machines
- 35 % après enlèvement des machines
- 40% déblaiement après découpage de la tranche machines (couple 65 à 55)
- 75% après enlèvement complet à l’arrière du couple 65, mais proportionnellement au tonnage retiré pour cette tranche de paiement de 35 % (75% - 40%)
- 100% au déblaiement complet des épaves, dont trois du compartiment avant et retrait du matériel de l’entreprise de démolition.
Le découpage de l'épave principale se fera par tranches verticales. .../..."
(Source : texte du contrat / SHD Châtellereault / ...)
Depuis fin février 1922 il semblait convenu que la totalité des munitions fussent débarquées, soit près de 300 tonnes. (1ère tranche / 30%)
Ensuite, les étapes sont difficiles à identifier. Je n'ai pas encore pu accéder aux pièces du contrat, de sa gestion, de son suivi (si elles existent !). Au stade de mes fastidieuses investigations dans les dépêches ministérielles et autres échanges épistolaires entre les plus hauts niveaux hiérarchiques de l'Etat, je n'ai pas encore croisé de message ou note qui traitent de la présence de main-d'oeuvre étrangère sur le chantier du renflouement. J'ai seulement relevé : « N’appeler aux travaux que des maisons françaises » (mention spécifiques aux projets de contrat de 1912, pas celui de 1919 - de mémoire).
Je n'ai pas eu écho des restrictions sur la main d'oeuvre dans le dépouillement de l'antériorité du contrat. .../... "Le retard est désormais imputable au vote de la loi nécessaire à l’autorisation de céder des navires de guerre désarmés comme moyens de paiement à des entrepreneurs qui auront le statut de démolisseurs pour obtenir leur gain. Cet acte législatif impose la nomination d’une Commission. Ses délibérations débutent le 26 juillet 1921. Un inventaire des items transférés est dressé le 13 août 1921 ; il comporte 13 pages où, pour le seul
République surtout, cohabitent voltmètres et couverture de couchage !
"
Un petit plus en guise de chocolat fin pour cette période festive ... / ... "La seule restriction, ou limite du contrat, qui mérite un détour serait : «
Le poisson qui sera tué par les explosions ne sera pas la propriété de l’adjudicataire. Il devra être laissé aux pêcheurs inscrits maritimes, régulièrement embarqués, qui en opèreront l’enlèvement dans les conditions fixées par l’Inscription Maritime. »
Je vous propose cet éclairage car je suis en train de travailler pour un article sur un prochain
Neptunia qui devrait traiter du renflouement de la
Liberté. Je n'ai donc eu qu'à faire quelques copié-collé. Pour ceux qui manifestent un intérêt au cuirassé
Liberté (c'est hors 14-18 mais bon un peu de pub
) une exposition se tiendra jusqu'à demain soir au Musée national de la Marine à Toulon, salle Neptune, sur la brève histoire de ce bateau mort sans combattre [10h-17h].
Bon bout d'an !