VERGNIAUD - Cuirassé

olivier 12
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Re: VERGNIAUD - Cuirassé

Message par olivier 12 »

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olivier
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Ar Brav
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Re: VERGNIAUD - Cuirassé

Message par Ar Brav »

Bonjour à tous,

Un complément sur le LV Auguste Dévé du Vergniaud, tiré du Livre d'Or de l'Ecole St Charles de St Brieuc, grâce à un envoi de Christian Labellie (Géraud).

AUGUSTE DÉVÉ
Lieutenant de vaisseau
Chevalier de la Légion d'honneur,
† 1er Décembre 1916, Athènes.

Né à Constantine le 6 octobre 1882, vint au Cours de Marine de Saint-Charles en 1896. Reçu à l'Ecole Navale en 1900. Nommé lieutenant de vaisseau, le 9 septembre 1914.
Embarqué sur le Vergniaud, il fut victime du lâche guet-apens d'Athènes, le 1er décembre 1916.

La compagnie du Vergniaud avait été désignée avec une compagnie de marins anglais pour occuper la cartoucherie près de la route de Phalère, boulevard Syngros, avant de gagner le Zappeion. Cette compagnie était commandée par le lieutenant de vaisseau Dévé. Elle s'installa face au nord. Au bout de quelques instants, une compagnie grecque apparut et vint se poster à une cinquantaine de mètres de la cartoucherie et en contre-bas, celle-ci étant située sur une éminence. L'officier grec commandant cette compagnie vint prévenir le lieutenant de vaisseau Dévé qu'il avait reçu l'ordre de venir se placer en face de lui et d'y rester aussi longtemps que les Alliés occuperaient cette position. Il ajouta qu'il n'y avait rien à redouter de la part des troupes grecques. Les officiers convinrent alors de faire déjeuner leurs hommes.
Le repas n'était pas encore fini qu'on entendit tout à coup le crépitement des mitrailleuses. Il y eut des deux côtés un moment d'émotion vite calmée, et le repas continua. Mais la fusillade un instant apaisée reprit bientôt, gagna de proche en proche, et nos hommes n'avaient pas encore eu le temps d'aller aux faisceaux qu'ils essuyaient une salve des Grecs, sans aucune perte d'ailleurs. Il était environ onze heures trente. Les Français se replièrent sur la cartoucherie, tandis que les Grecs gagnaient les maisons situées à l'Ouest et le cimetière à l'Est de ce bâtiment...
La position devint vite intenable ; les Grecs fusillaient nos hommes de tous côtés ; de plus, quelques soldats grecs s'étaient introduits dans la cartoucherie où nous avions eu le tort de ne pas pénétrer dès le début, et tiraient sur les Alliés. Il fut donc décidé qu'on allait tenter l'assaut du bâtiment. L'enseigne Noël avec trois hommes s'empara du corps de garde et gagna de là la cartoucherie où l'enseigne Martin venait de pénétrer par un autre côté avec trois ou quatre hommes. Mais quand le gros de nos troupes voulut y entrer, le feu des Grecs qui s'étaient aperçus de la manœuvre, se concentra sur lui et arrêta l'élan des nôtres. Dans cette tentative, le lieutenant de vaisseau Dévé fut tué d'une balle à la tempe. En dehors de lui, nous avions eu un tué et plusieurs blessés graves, les Anglais sept tués et des blessés.
Le feu cessa bientôt de part et d'autre.

Le lieutenant Dévé a été nommé Chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume le 4 juin 1919, avec la citation suivante :

Citation.

Tué glorieusement à la tête de sa compagnie en combattant contre des forces très supérieures.

Cordialement,
Franck
www.navires-14-18.com
Le cœur des vivants doit être le tombeau des morts. André Malraux.
dbu55
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Re: VERGNIAUD - Cuirassé

Message par dbu55 »

Bonsoir à toutes et à tous,

D'autres marins du VERGNIAUD morts pour la France :

Lors d'une explosion de chaudière le 14/09/1918 :

FOURRÉ Louis Marie né le 18/02/1899 à Yffiniac (Côtes-d'Armor (Côtes-Du-Nord en 1914)), Apprenti marin Aprentit Chauffeur, décédé le 14/09/1918 (19 Ans) - A Bord du VERGNIAUD - Accident - Explosion de Chaudière

REFLOCH Drien Hervé Marie né le 07/06/1898 à Le Drennec (Finistère), Matelot de 2ème classe Chauffeur, décédé le 14/09/1918 (20 Ans) - A Bord du VERGNIAUD - Accident - Explosion de Chaudière

PENNAMEN Jean Noël né le 15/09/1888 à Plogoff (Finistère), Second Maître Chauffeur, décédé le 06/10/1918 (30 Ans) - A bord du navire Hôpital BIEN HOA à Moudros (Grèce ) - Suites de Blessures accidentelles reçues lors d'un accident de chaudière à Bord du VERGNIAUD

De Maladies :

CAUSER Louis Yves Marie né le 05/03/1875 à Ploemeur (Morbihan), Premier Maître Timonier, décédé le 25/12/1918 (43 Ans) à l'hôpital de Messine (Italie) de Grippe

GOSSELIN Henri Marc né le 04/02/1892 à Étaples (Pas-de-Calais), Matelot de 3ème Classe, décédé le 18/01/1917 (24 Ans) à Corfou (Grèce) - Maladie

LE PINVIDIC François Marie né le 17/04/1899 à Bégard (Côtes-d'Armor (Côtes-Du-Nord en 1914)), Apprenti marin , décédé le 18/04/1918 (18 Ans) - A bord du Navire Hôpital VINH-LONG

Non présent sur le site MDH :

LE FUR Henri né le 26/10/1894 à Lorient (Morbihan), Matelot Charpentier, décédé le 26/10/1919 (24 Ans) à l'hôpital de Saint-Mandrier-sur-Mer (Var) de Maladie - Inhumé à la Nécropole Nationale de Saint-Mandrier-sur-Mer - Rang L - Tombe 46

Cordialement
Dominique
Avec les Allemands, nous nous sommes tellement battus que nos sangs ne font plus qu'un [ Ferdinand Gilson, France, Figaro Magazine n°19053 du 05 nov. 2005 ]
gilus
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Re: VERGNIAUD - Cuirassé

Message par gilus »

Bonsoir,

DALBES Gabriel était aussi sur le VERGNIAUD
Engagé volontaire à Toulon le 14 février 1918
Décédé le 28 janvier 1919 à l’hôpital de Constantinople de congestion pulmonaire
Je chercher désespérement à retracer ses 11 mois sur le Vergniaud...si quelqu'un a des infos....
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Ar Brav
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Re: VERGNIAUD - Cuirassé

Message par Ar Brav »

Bonsoir,

DALBES Gabriel était aussi sur le VERGNIAUD
Engagé volontaire à Toulon le 14 février 1918
Décédé le 28 janvier 1919 à l’hôpital de Constantinople de congestion pulmonaire
Je chercher désespérement à retracer ses 11 mois sur le Vergniaud...si quelqu'un a des infos....
Bonsoir également Gilus, ou bonne nuit si vous préférez :)

Plus sérieusement, les documents en ligne relatifs au bâtiment :

Vergniaud, cuirassé : journaux de bord du 26/07/1914 au 19/12/1917 sont accessibles à la cote SS Y 623 ici :

http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... iewer.html

Vergniaud, cuirassé : journaux de bord du 20/12/1917 au 13/04/1920 à la cote SS Y 624 ici :

http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... iewer.html

Vergniaud, cuirassé : journaux de navigation du 08/03/1914 au 16/08/1915 et du 15/11/1915 au 06/09/1919, registres d'ordres permanents du commandant du 01/01/1912 au 24/09/1918, registres d'ordres de circonstances du commandant du 17/09/1917 au 19/05/1919, registre de la correspondance du 04/12/1917 au 10/08/1920 à la cote SS Y 625 ici :

http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... iewer.html

Vergniaud, cuirassé : registres de la correspondance du commandant du 07/07/1913 au 07/05/1921 à la cote SS Y 626 ici :

http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... iewer.html

Bonne lecture,

Bien cordialement,
Franck
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Terraillon Marc
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Re: VERGNIAUD - Cuirassé

Message par Terraillon Marc »

Bonjour,
Bonsoir

Sur le site http://www.ambafrance-mt.org/ (Ambassade de France à Malte), il y a un relevé des marins et soldats enterrés à MALTE



SOLDATS ENTERRES AU CIMETIERE DE BIGHI

...

ROBIN Antoine, 20 ans, quartier-maître armurier du cuirassé « VERGNIAUD », décédé le 14 septembre 1914

...

A bientot :hello:
Cordialement
Marc TERRAILLON

A la recherche du 17e RIT, des 166/366e RI et du 12e Hussards.
jp29
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Re: VERGNIAUD - Cuirassé

Message par jp29 »

Bonsoir,
Mon grand père a servi sur le Vergniaud, à partir de fin 17 je crois. Il m'a raconté quelques histoires notamment à Odessa lors de l'évacuation des Russes blancs. Lorsqu'ils avaient adopté des oursons à bord. Lorsqu'il avait survécu à une intoxication alimentaire alors que 2 de ses compagnons étaient décédés .... et toutes celles que j'ai oubliées. Ses documents personnels sont en possession de mon père mais je sais que c'est moi, un jour, qui aurai la charge de les conserver. Le nom du Vergniaud reste attaché à la mémoire de mon grand père .....
JP
aero97
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Re: VERGNIAUD - Cuirassé

Message par aero97 »

Bonjour à tous,

Un complément sur le LV Auguste Dévé du Vergniaud, tiré du Livre d'Or de l'Ecole St Charles de St Brieuc, grâce à un envoi de Christian Labellie (Géraud).

AUGUSTE DÉVÉ
Lieutenant de vaisseau
Chevalier de la Légion d'honneur,
† 1er Décembre 1916, Athènes.

Né à Constantine le 6 octobre 1882, vint au Cours de Marine de Saint-Charles en 1896. Reçu à l'Ecole Navale en 1900. Nommé lieutenant de vaisseau, le 9 septembre 1914.
Embarqué sur le Vergniaud, il fut victime du lâche guet-apens d'Athènes, le 1er décembre 1916.

La compagnie du Vergniaud avait été désignée avec une compagnie de marins anglais pour occuper la cartoucherie près de la route de Phalère, boulevard Syngros, avant de gagner le Zappeion. Cette compagnie était commandée par le lieutenant de vaisseau Dévé. Elle s'installa face au nord. Au bout de quelques instants, une compagnie grecque apparut et vint se poster à une cinquantaine de mètres de la cartoucherie et en contre-bas, celle-ci étant située sur une éminence. L'officier grec commandant cette compagnie vint prévenir le lieutenant de vaisseau Dévé qu'il avait reçu l'ordre de venir se placer en face de lui et d'y rester aussi longtemps que les Alliés occuperaient cette position. Il ajouta qu'il n'y avait rien à redouter de la part des troupes grecques. Les officiers convinrent alors de faire déjeuner leurs hommes.
Le repas n'était pas encore fini qu'on entendit tout à coup le crépitement des mitrailleuses. Il y eut des deux côtés un moment d'émotion vite calmée, et le repas continua. Mais la fusillade un instant apaisée reprit bientôt, gagna de proche en proche, et nos hommes n'avaient pas encore eu le temps d'aller aux faisceaux qu'ils essuyaient une salve des Grecs, sans aucune perte d'ailleurs. Il était environ onze heures trente. Les Français se replièrent sur la cartoucherie, tandis que les Grecs gagnaient les maisons situées à l'Ouest et le cimetière à l'Est de ce bâtiment...
La position devint vite intenable ; les Grecs fusillaient nos hommes de tous côtés ; de plus, quelques soldats grecs s'étaient introduits dans la cartoucherie où nous avions eu le tort de ne pas pénétrer dès le début, et tiraient sur les Alliés. Il fut donc décidé qu'on allait tenter l'assaut du bâtiment. L'enseigne Noël avec trois hommes s'empara du corps de garde et gagna de là la cartoucherie où l'enseigne Martin venait de pénétrer par un autre côté avec trois ou quatre hommes. Mais quand le gros de nos troupes voulut y entrer, le feu des Grecs qui s'étaient aperçus de la manœuvre, se concentra sur lui et arrêta l'élan des nôtres. Dans cette tentative, le lieutenant de vaisseau Dévé fut tué d'une balle à la tempe. En dehors de lui, nous avions eu un tué et plusieurs blessés graves, les Anglais sept tués et des blessés.
Le feu cessa bientôt de part et d'autre.

Le lieutenant Dévé a été nommé Chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume le 4 juin 1919, avec la citation suivante :

Citation.

Tué glorieusement à la tête de sa compagnie en combattant contre des forces très supérieures.

Cordialement,
Franck
Bonjour
Dévé a été un des premiers pilotes d'aéroplane de la Marine
4-Devé Auguste – Lieutenant de vaisseau du 7 septembre 1914
o 6 octobre 1882 à Constantine (Algérie), MPLF le 1er décembre 1916 à Athènes (Grèce)
Ecole navale 1900. Breveté pilote de l'AéCF n° 243 le 4 octobre 1910 sur H. Farman à Châlons. Il participe à la course Paris-Madrid en mai 1911 sur H. Farman. Il échoue aux épreuves du brevet militaire au second semestre 1911 et est reversé au service général en janvier 1912. Il trouve la mort à Athènes, alors qu'il commandait la compagnie de fusiliers-marins du croiseur Vergniaud, mise à terre, lors de l'intervention militaire française en décembre 1916.
Cordialement
Aero97
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florence_yvonne
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Re: VERGNIAUD - Cuirassé

Message par florence_yvonne »

Bonjour, je suis l'arrière-petite nièce de BONNAFIL Louis Eugène et je cherche à localiser le lieu où il est inhumée, pouvez-vous m'aider ?

Merci
Qui cherche ne trouve pas toujours, mais qui ne cherche pas ne trouve jamais.
Rutilius
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VERGNIAUD ― Cuirassé d’escadre de type Danton (1911~1921).

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,


■ Historique (complément).

― 14 septembre 1918 : Alors que le cuirassé d'escadre Vergniaud se trouvait en manœuvres devant Moudros (Île de Lemnos, Grèce) et venait de stopper ses machines, se produisit à 15 h. 00, dans la chaudière 20, située dans la rue 2 de la chaufferie, une explosion due à l’arrachement d’un bouchon de tube. 15 hommes étaient alors présents dans la chaufferie, ainsi qu’un second maître et un quartier-maître chauffeurs.

Trois furent tués sur le coup :

Jean Guillaume CLAQUIN, né le 15 juin 1899 à Meilars (Finistère) et y domicilié, Apprenti marin, matricule n° 114.414–2 (Acte transcrit à Meilars, le 14 oct. 1918) ;

Drien Hervé Marie REFLOCH, né le 7 juin 1898 au Drennec (Finistère) et y domicilié, Matelot de 2e classe chauffeur breveté, matricule n° 11.660–2 (Acte transcrit au Drennec, le 20 nov. 1918) ;

Georges Charles Constant RUER, né le 3 mars 1899 à Épinal (Vosges) et y domicilié, Matelot de 3e classe sans spécialité, matricule n° 47.573–1 (Acte transcrit à Épinal, le 26 nov. 1918).

Trois autres furent très grièvement brûlés ; ils furent ultérieurement conduits à bord du navire-hôpital Bien-Hoa, qui stationnait à ce moment en rade de Moudros ; tous y décédèrent des suites de leurs blessures :

― le 14 septembre 1918, Louis Marie FOURRÉ, né le 18 février 1899 à Yffiniac (Côtes-du-Nord ― aujourd’hui Côtes-d’Armor) et y domicilié, Apprenti marin chauffeur, matricule n° 45.703–1 (Acte transcrit à Yffiniac, le 10 oct. 1918) ;

― le 20 septembre 1918, Louis Eugène BONNAFIL, né le 27 septembre 1893 à Agde (Hérault) et y domicilié, Quartier-maître chauffeur, matricule n° 50.784–5 (Acte transcrit à Agde, le 4 nov. 1918) ;

― le 6 octobre 1918, Jean Noël PENNAMEN, né le 15 septembre 1888 à Plogoff (Finistère) et y domicilié, Second maître chauffeur, inscrit au quartier d'Audierne, n° 5.805 (Acte transcrit à Plogoff, le 30 oct. 1918).

Deux autres matelots chauffeurs brevetés furent grièvement brûlés, Roger GOUIRAN et François Marie LE TROCQUER ; cinq le furent plus légèrement, en particulier François Marie Mars Alexis LANCELOT, Jean Baptiste LE HOUÉROU et Marius Jérôme ROSTAING. Enfin, trois purent s’échapper à temps par le panneau de tribord et un dernier réussit à se réfugier derrière le thirion et n’eut aucun mal, Alexis Marie LE GUILLOU, également chauffeur breveté.

____________________________________________________________________________________________


Sources


I. ― Note du mécanicien principal Antoine VÉDRINE, chef de service par intérim, en date du 14 septembre 1918 ~ Registre historique de la correspondance intéressant le personnel et le matériel du bâtiment : Service historique de la Défense, Cote SS Y 626, p. num. 620 et 621.

1re Armée Navale
2e Escadre


[№] 208
Le cuirassé VERGNIAUD,
Commandé par M. ENG, Capitaine de vaisseau

NOTE AU SUJET D’UNE AVARIE SURVENUE À LA CHAUDIÈRE 20

Aujourd’hui, le 14 septembre 1918, à 15 heures, pendant des manœuvres devant Moudros, on venait de stopper les machines, la pression était voisine de 17 kilos et on évacuait au condenseur, lorsque le maître de quart dans la chaufferie est venu rendre compte qu’une avarie grave s’était produite dans la rue 2.
D’autres personnes se trouvant dans l’entrepont principal ont entendu une explosion provenant de la rue 2 ; la vapeur montait par le panneau des escarbilleurs.
Prévenu à ce moment, je suis descendu sur la plate-forme de la rue 2 en compagnie de M. PONTOIZEAU, du Commandant BENKER et quelques autres personnes.
Nous avons augmenté la vitesse des ventilateurs pendant qu’on ouvrait les panneaux de tirage forcé et qu’on élongeait des manches à incendie pour refroidir la chaufferie.
L’officier de quart dans les machines fit isoler la partie avant du collecteur 1.
J’ai essayé de descendre dans la rue 2 ; mais M. PONTOIZEAU me dit que la vapeur sortait par la porte qu’on venait d’entrebâiller. Je n’insistais pas.
Un moment après, M. BOUISSON, faisant une deuxième tentative d’ouverture de la porte, jugea possible de descendre. Ce qu’il fit. Il constatât que les thirions alimentaires fonctionnaient bien et me rendit compte, en remontant pour faire évacuer deux blessés qu’il avait vus, que l’avarie était localisée vers la chaudière 20.
Je descendis à mon tour et je constatais que la chaufferie était très habitable. De l’eau sortait en abondance par les jointures des écrans de la chaudière 20. J’ai fait mettre bas les feux à cette chaudière et fermer l’alimentation.
Le 2e écran à partir de bâbord était déboîté à sa partie supérieure et un tube directeur sortait par l’ouverture.
L’avarie provient donc de l’arrachement d’un bouchon de tube.
Par ordre du Commandant, aucune visite ni réparation n’a été commencée.

Le Mécanicien principal, Chef de service p.i.,


Signé : Antoine VÉDRINE.


II. ― Note du capitaine de frégate Émile Henri Désiré MAUPETIT, commandant en second, présumée datée du 14 septembre 1918 ~ Registre historique de la correspondance intéressant le personnel et le matériel du bâtiment : Service historique de la Défense, Cote SS Y 626, p. num. 621, également sous le n° 208.

NOTE DU COMMANDANT EN SECOND

Au moment où l’accident s’est produit, il y avait 17 hommes dans la chaufferie, y compris le second maître et un quartier-maître. 3 ont été tués, 5 grièvement brûlés et 5 légèrement brûlés. 3 hommes ont pu s’échapper à temps par le panneau de tribord et, enfin, un homme s’est réfugié derrière le thirion et n’a eu aucun mal.

Le Capitaine de frégate, Commandant en Second,


Signé : MAUPETIT .


III. ― Procès-verbal d’avarie (Document non daté) ~ Registre historique de la correspondance intéressant le personnel et le matériel du bâtiment : Service historique de la Défense, Cote SS Y 626, p. num. 644 et 645.

1re Armée Navale
2e Escadre


[№] 225
Le cuirassé VERGNIAUD,
commandé par M. ENG, Capitaine de vaisseau

PROCÈS-VERBAL DE L’AVARIE SURVENUE À LA CHAUDIÈRE 20

Aujourd’hui, le 14 septembre 1918, à 15 heures, pendant des manœuvres devant Moudros, au moment où on venait de stopper les machines, il s’est produit une avarie à la chaudière 20.
Un bruit d’explosion s’est fait entendre ; la vapeur, s’échappant de la chaudière, sortait par les manches des treuils à escarbilles de la rue 2.
Le 1er maître mécanicien fit fermer les sectionnements de vapeur sur
[le] collecteur n° 1 à l’avant et à l’arrière de la rue 2.
Monsieur Bouisson, mécanicien principal de 1re classe, le premier arrivé sur les lieux, voulut descendre par bâbord, mais le dégagement de vapeur était tout d’abord trop intense.
Au bout d’un temps très court employé à ouvrir les panneaux de tirage forcé, il put y parvenir.
Monsieur Bouisson constata que l’avarie concernait la chaudière 20 et que l’alimentation se faisait bien ; il n’y avait donc qu’à laisser les clapets battants faire leur office. 3 hommes ébouillantés gisaient sur les parquets à bâbord, ne donnant aucun signe de vie. 3 autres hommes ont été très gravement brûlés, deux autres gravement et cinq légèrement ; quatre hommes sont sortis indemnes.
A la suite de l’accident, les feux ont été mis bas aux chaudières et rien n’a été touché dans cette rue de chaufferie, conformément aux ordres du Commandant, aux fins d’enquête.

Ont signé :

1° — Monsieur Védrine, mécanicien principal de 1re classe, remplaçant M. Schmitt, mécanicien en chef en permission ;

2° — Monsieur Bouisson
(1), mécanicien principal de 1re classe, témoin ;

3° — Monsieur Pontoizeau
(2), mécanicien principal de 1re classe, témoin ;

4° – Monsieur Bonamour
(3), mécanicien principal de 1re classe, officier de quart.

(Suivent les signatures).

__________________________________________________________________________________________

(1) BOUISSON François Louis, né le 29 janvier 1874 à Trets (Bouches-du-Rhône).

(2) PONTOIZEAU Fernand Auguste Léopold, né le 5 juillet 1873 à Bouin (Vendée).

(3) BONAMOUR Étienne Félicien Émile Marie, né le 17 octobre 1873 à Mornas (Vaucluse).
____________________________________________________________________________________________


IV. ― Note du capitaine de vaisseau Georges Antonin ENG, commandant le cuirassé d'escadre Vergniaud, datée du 19 septembre 1918 ~ Registre historique de la correspondance intéressant le per-sonnel et le matériel du bâtiment : Service historique de la Défense, Cote SS Y 626, p. num. 625 à 627.

1re Armée Navale
2e Escadre


[№] 212

Bord, Moudros, le 19 septembre 1918.


Le Capitaine de vaisseau ENG, Commandant le cuirassé VERGNIAUD
à Monsieur le Vice-amiral, Commandant la 2e Escadre

Objet : Proposition de récompenses
.


Amiral,

J’ai eu l’honneur de vous adresser, au lendemain de l’accident de chaudière du Vergniaud, survenu à la mer le 14 septembre, des propositions de médaille militaire en faveur des principales victimes de l’accident, c’est-à-dire :

PENNAMEN (Jean Noël), second maître chauffeur ;

BONNAFIL (Louis Eugène), quartier-maître chauffeur ;

GOUIRAN (Roger), matelot chauffeur breveté ;

LE TROCQUER (François Marie), matelot chauffeur breveté.

L’enquête à laquelle j’ai procédé sur la tenue générale du personnel me conduit à vous signaler l’ensemble des officiers, officiers-mariniers, quartiers-maîtres et marins qui, soit pendant, soit après l’accident, a donné des preuves de valeur morale, de dévouement, de zèle, d’intelligente initiative.
Je ne puis malheureusement faire aucune proposition en faveur des quatre hommes qui ont trouvé la mort dans l’accident.

― Second maître chauffeur PENNAMEN
:

Étant déjà gravement brûlé, a essayé de manœuvrer les robinets de niveaux avant de se sauver ; étant sorti de la chaufferie, très grièvement brûlé, par une soute à charbon du 1er faux-pont, est monté sur le pont principal pour redescendre à la plate-forme de la rue 2 d’où on a dû le faire évacuer.
A montré dans ses grandes souffrances une valeur morale et des sentiments d’abnégation exceptionnels.
S’était déjà distingué dans un grave accident de tuyauterie à bord de la Faulx en 1916 (Promotion d’office au grade de second-maître ; proposition extraordinaire de médaille militaire). Est encore en danger de mort.

― Quartier-maître chauffeur BONNAFIL :

Étant déjà gravement brûlé, a essayé de manœuvrer les robinets de niveaux avant de se sauver, et n’a quitté son poste qu’après avoir tenté cette manœuvre.
A montré dans ses souffrances une belle valeur morale. Est encore en danger de mort.

― Chauffeurs brevetés GOUIRAN et LE TROCQUER :

Ont été gravement brûlés ; ont montré dans leurs souffrances une belle valeur morale et des sentiments élevés.

― Monsieur le mécanicien principal BOUISSON :

Dès que cet officier, qui n’était pas de service, a eu connaissance de l’accident, il a couru à la plate-forme de la rue 2, où il est arrivé le premier ; il a prescrit toutes les mesures que nécessitaient les circonstances.
Est descendu le premier dans la chaufferie encore envahie par la vapeur, ayant aperçu vaguement du haut de l’échelle à travers la vapeur un corps au bas de la descente. A été légèrement brûlé en passant devant la chaudière avariée.

― Monsieur le mécanicien principal de 1re classe PONTOIZEAU :

Venu également aussitôt prévenu de l’accident. A organisé les premiers secours. A aidé à remonter M. BOUISSON gêné par une brûlure au pied, puis est aussitôt après descendu dans la rue 2 avec le maître mécanicien LE QUINIO, venu à la plate-forme à la première alerte.
Ont remonté avec le quartier-maître TROADEC les corps de RUER, REFLOCH, CLAQUIN, après avoir pris toutes mesures pour la chaudière avariée et les chaudières voisines.

― Monsieur le mécanicien principal de 1re classe VÉDRINE :

Venu lui aussitôt sur la plate-forme 2. A vérifié que toutes les mesures de sécurité pour l’appareil évaporatoire en général (fermetures des sectionnements, feux des chaudières isolées, etc.) étaient en bonne voie d’évacuation. A suivi de très près M. PONTOIZEAU dans la rue 2.

― Le 1er maître mécanicien HERVÉ et le maître mécanicien LE GALL :

Descendus sur la plate-forme 2 après l’accident. Ont intelligemment pris les initiatives voulues pour les manœuvres de sectionnement de tuyautage de vapeur et d’isolement des chaudières en activité.

― Quartier-maître chauffeur TROADEC :

N’étant pas de service, a couru à la plate-forme 2 où il est arrivé un des premiers. A intelligemment aidé à prendre les premières mesures de sécurité. Est descendu dans la rue 2 encore envahie par la vapeur avec M. BOUISSON.

― Chauffeurs brevetés LANCELOT, LE HOUÉROU, ROSTAING, LE GUILLOU :

Surpris par l’explosion, les uns dans la chaufferie, les autres dans le voisinage, n’ont pas eu le temps d’évacuer et sont restés dans la chaufferie envahie par la vapeur. Les trois premiers légèrement brûlés. Excellent moral.

***********

Aux termes des règlements, ce personnel ne peut, en raison des circonstances de l’accident, être cité à l’ordre [du jour].

J’ai l’honneur de vous proposer qu’il soit l’objet des témoignages de satisfaction ci-après :

1°― Témoignages de satisfaction du Commandant en chef.

PENNAMEN (Jean Noël), second-maître chauffeur
:

Bien que très grièvement brûlé dans un grave accident de chaudière, n’a quitté son poste qu’après avoir essayé les manœuvres que paraissaient indiquer les circonstances. Est redescendu sur la plate-forme de la chaufferie.
A fait preuve des plus hautes qualités de valeur morale et professionnelle. A été en danger de mort.

BONNAFIL (Louis Eugène), quartier-maître chauffeur :

Très grièvement blessé dans un très grave accident de chaudière, n’a quitté son poste qu’après avoir essayé les manœuvres que paraissaient indiquer les circonstances. Est redescendu sur la plate-forme de la chaufferie. Haute valeur morale et professionnelle. A été en danger de mort.

GOUIRAN (Roger), matelot chauffeur breveté réserviste ; LE TROCQUER (François Marie), matelot chauffeur breveté :

Gravement brûlés dans un accident de chaudière, ont fait preuve de belle valeur morale dans leurs souffrances et ont montré des sentiments élevés.

BOUISSON (François Louis), mécanicien principal de 1re classe :

Est descendu le premier dans une chaufferie encore envahie par la vapeur après un grave accident pour porter secours à du personnel.

TROADEC (François Marie), quartier-maître chauffeur :

Lors d’un grave accident de chaudière, a couru immédiatement à la plate-forme de la chaufferie. Est descendu résolument le premier avec un officier mécanicien dans la chaufferie encore envahie par la vapeur pour porter secours à du personnel.

2°― Témoignages de satisfaction du Vice-amiral, Commandant la 2e Escadre.

― Monsieur le mécanicien principal de 1re classe PONTOIZEAU (F. A. L.) et le maître mécanicien LE QUINIO (Armand)
:

Lors d’un grave accident de chaudière, se sont rendus très vite sur la plate-forme de la chaufferie. Ont prescrit avec décision et intelligence toutes les mesures de sécurité voulues. Sont descendus très vite dans la chaufferie et ont remonté les victimes après avoir pris les dispositions nécessaires pour la chaudière avariée et les chaudières voisines.

― Monsieur le mécanicien principal de 1re classe VÉDRINE :

Lors d’un grave accident de chaudière, s’est rendu très vite sur la plate-forme de la chaufferie puis dans les chaufferies voisines pour prendre avec rapidité et décision toutes les mesures voulues par les circonstances. Est descendu très vite dans la chaufferie avariée.

― Premier-maître mécanicien HERVÉ (Esprit Jean) ; maître mécanicien LE GALL (Sébastien) :

Lors d’un grave accident de chaudière, sont descendu très vite sur la plate-forme de la chaufferie. Ont fait preuve d’initiative intelligente en effectuant les premières manœuvres qu’imposaient les circonstances.

LANCELOT (François Marie Mars Alexis), matelot chauffeur, LE HOUÉROU (Jean Baptiste), matelot chauffeur, ROSTAING (Marius Jérôme), matelot chauffeur :

Surpris par une grave avarie de chaudière qui a fait plusieurs victimes, n’ont pas eu le temps d’évacuer et sont restés en position dangereuse dans une chaufferie envahie par la vapeur. Ont été légèrement brûlés. Ont montré un excellent moral.

LE GUILLOU (Alexis Marie), matelot chauffeur :

Surpris par une grave avarie de chaudière qui a fait plusieurs victimes, n’a pas eu le temps d’évacuer et est resté en position dangereuse dans une chaufferie envahie par la vapeur. A montré un excellent moral.

Bord, Moudros, le 19 septembre 1918,

Le Capitaine de vaisseau ENG, Commandant,


Signé : Georges ENG.
.
Dernière modification par Rutilius le lun. nov. 02, 2020 11:28 pm, modifié 1 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
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