CAPUCINE - Marine Nationale

Rutilius
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CAPUCINE — Patrouilleur, ex-chalutier japonais Shimoneski-Maru.

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,


CAPUCINE — Patrouilleur, ex-chalutier japonais Shimoneski-Maru (1917~1919).

Le patrouilleur Capucine fut administrativement considéré comme bâtiment armé en guerre :

– du 28 juin au 18 mai 1918 ;
– du 9 juillet 1918 au 16 septembre 1919.

[Circulaire du 25 avril 1922 établissant la Liste des bâtiments et formations ayant acquis, du 3 août 1914 au 24 octobre 1919, le bénéfice du double en sus de la durée du service effectif (Loi du 16 avril 1920, art. 10, 12, 13.), §. A. Bâtiments de guerre et de commerce. : Bull. off. Marine 1922, n° 14, p. 720 et 729.].

En 1919, affecté à l’Escadrille de dragage de Gascogne. Alors commandé par le lieutenant de vaisseau Roger Claude VERNY, en outre commandant d’un groupe de chalutiers de ladite escadrille.
Dernière modification par Rutilius le mar. avr. 17, 2018 8:48 am, modifié 1 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Memgam
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Re: CAPUCINE - Marine Nationale

Message par Memgam »

Bonjour,

Alpha II, chalutier, ex Saint Corentin II, ex Shimoneski Maru, ex Yebisa Maru n° 3, construit en 1911 chez Kawasaki D/Y C° à Kobé.
236 tjb, 80 tjn, 35,61 x 7,10 x 4,08 m, une machine à triple expansion, 325 cv, 9 noeuds.

En 1930, immatriculé à Reggio (Italie), armateur Lauria Ruggiero.

Source : Registre n° 274, Bureau Veritas 1930.

Vincenzo Onorato, ex Brenno-1938, ex Fiamma dell'Etna-1936, ex Citta di Reggio-1932, ex Alpha II, es Saint-Corentin II, ex Capucine, ex Shimoneski Maru, ex Yebishu Maru n°3.
209 tjb, 117 tjn, 124.3 x 22.6 x 8.8 pieds, dieselisé en 1936.

En 1950, immatricué à Naples, armateur Achille Onorato.

Source : Lloyd's Register 1950-1951.

N.B. En 1912, un chalutier Saint Corentin était exploité par la Société des pêcheries d'Arvor à Lorient (Registre n° 84, Bureau Veritas 1912). Il a sauté sur une mine devant Dick le 29 avril 1916. (cf le sujet dans le forum).

Cordialement.
Memgam
olivier 12
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Re: CAPUCINE - Marine Nationale

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

CAPUCINE

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Rencontre avec un sous-marin le 15 Mai 1918

Rapport du Lieutenant de Vaisseau VERNY, commandant, au CF Chef d’Escadrille

J’ai quitté Leixoes avec CAPUCINE le 12 Mai à 16h00. A 17h00, le trois-mâts PORTUGAL, remorqué par le PEDRAO LOPEZ, de la Marine portugaise, est sorti de Porto et j’ai pris l’escorte.

Voici le trois-mâts PORTUGAL

Image

Image

Brise très fraîche de NNW soulevant une mer courte et dure. Vitesse de 1,5 nœud. Vers minuit la mer s’est calmée et la marche fut plus rapide, entre 4,5 et 6,5 nœuds les 13 et 14 Mai. Navigation sans incident. Le 14 à 16h00, au Nord d’Ortegal, fait route au N76E.

Le 15 Mai à 08h00, aperçu un sous-marin en demi-plongée à 10 000 m à 30° tribord. Fait route à toute allure pour l’attaquer. Malheureusement, le remorqueur ouvre le feu prématurément et bien inutilement. Le sous-marin plonge à 08h05 et je signale au convoi de s’écarter. J’essaie vainement de retrouver l’ennemi. Je rallie le Portugais à 10h30 et fais dérouter le convoi au Sud.

Ici se place une regrettable discussion par signal à bras avec l’officier portugais qui commande le remorqueur. Je lui pose carrément la question de suivre mes ordres ou de refuser mon escorte. Il finit par consentir à revenir vers l’Est à 15h40, alors que nous sommes à 4 milles de Penas.

Le sous-marin avait été vu à 35 milles plus au Nord par 44°12 N et 05°40 W.

L’émotion des Portugais était telle qu’à 20h00 ils ont à nouveau ouvert le feu sur des bouées lumineuses de filets de pêcheurs et le lendemain à midi, ils ont ouvert le feu sur des marsouins. La brume a gêné l’atterrissage sur la bouée à sifflet le 17 Mai au matin. Les dragueurs n’étant dehors qu’à partir de 08h30, l’entrée fut retardée d’autant. Le convoi a été pris par des pilotes et j’ai continué seul. Quitté Le Verdon à 12h30 et amarré à 21h00 aux chantiers du Sud Ouest où CAPUCINE doit être caréné et réparé.

Le sous-marin rencontré

N’est pas identifié.

Commentaire

Difficile de dire si le F 70 est l'ancien patrouilleur CAPUCINE. Il y a de fortes ressemblances, mais la petite chambre de navigation semble avoir été surmontée d'un passerelle découverte.

Cdlt
Dernière modification par olivier 12 le dim. avr. 15, 2018 8:10 am, modifié 1 fois.
olivier
abhe
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Re: CAPUCINE - Marine Nationale

Message par abhe »

Bonsoir,
La photo du patrouilleur auxiliaire "Capucine", qui illustre le msg de "Olivier 12", est un cliché Marius Bar (cote 10765), daté du mois de novembre 1918.
L'armement que l'on distingue sur cette photo :
A l'avant sur une plate-forme : 1 x 75 mm modèle 1897, sur affût de bord modèle 1916.
Plage arrière : 1 x 90 mm modèle 1877, sur affût de bord modèle 1916.
8 x charges ASM.
olivier 12
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Re: CAPUCINE - Marine Nationale

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Rencontre avec un sous-marin le 29 Septembre 1918

Rapport du capitaine

CAPUCINE a appareillé de Leixoes le 25 Septembre à 12h30, pour escorter jusqu’à l’entrée du Tage la drague DOURO et le convoyeur TRITON. Vers 17h30, le veilleur a signalé un point suspect. Mis en route pour le rechercher sans rien trouver. Stoppé deux fois pour ne rien entendre.
Le 26 Septembre à 05h50, au Sud des Berlingues, un chalutier portugais s’est joint à l’escorte. Quitté le convoi à 14h00 et fait route vers le Nord à petite vitesse, en patrouillant.
A 22h50 le 28, sur le parallèle de Villano, fait demi-tour pour revenir dans le Sud.

1ère recherche

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Le 29 Septembre vers 11h15, étant par le travers d’Ancora à environ 7 milles de la côte, aperçu dans le SE un grand navire escorté d’un torpilleur de type moderne. Dans le but de le protéger, stoppé à 11h20 pour écouter et entendu un bruit assez faible à 90° sur bâbord. Mis en route à 8 nœuds au N35E et stoppé à 11h30. A 11h41, le sous-marin est derrière nous sur la gauche. Il stoppe à 11h43. CAPUCINE stoppe à nouveau à 11h45.

2e recherche

Image

A 12h07, n’entendant plus rien, remis en route à 10 nœuds et stoppé à 12h14. Rien entendu. Remis en route au S25W et stoppé à 12h41. Rien entendu. Remis en route à 12h48 et réglé 3 grenades à 15, 25 et 35 m.
Stoppé à 13h12 et entendu un bruit faible dans l’Ouest. 13h21 mis en route à 10 nœuds cap à l’Ouest et stoppé à 13h26. Entendu fort le sous-marin dans le N65W. Mis en route à ce cap et entendu le sous-marin, gisement zéro. A 13h30, le sous-marin est très près devant et à 13h31 le gisement devient 180°. Stoppé et manœuvré. A 13h35 le gisement augmente sur bâbord. Venu sur la gauche au S85W. A 13h36, gisement zéro et l’écouteur annonce à 13h39 « Sous-marin très près ». A 13h40 j’entends le bruit de ses moteurs. 13h42 on est dessus. 13h43 Il est derrière. Lancé le Allo.

Jusqu’à 15h20 stoppé à plusieurs reprises pour écouter, mais rien entendu. Estimant que le sous-marin s’est échappé je reprends les graphiques et constate que le sous-marin faisait 3 nœuds en moyenne. Repris des routes diverses et stoppé pour écouter. A 17h13 entendu à nouveau bruit faible à 160° bâbord.

1ère attaque

Image

17h15 route au N005E à 10 nœuds.
17h19 Stoppé et entendu 15° td
17h23 Entendu 5° bd fort
17h24 Entendu droit devant. Mis à 120 tours, le bruit augmente
17h28 Gisement zéro. On va passer dessus
17h29 On entend les moteurs
17h33 On passe dessus. Lancé la 1ère grenade réglée à 15 m
17h34 Le sous-marin est derrière. La grenade n’a pas explosé. Stoppé et entendu le sous-marin à 120° bd. Effectué un Boutakoff (Il s’agit d’une manœuvre permettant de faire demi-tour en revenant exactement sur la route primitive, mais en sens inverse)
Manœuvré jusqu’à 17h48 puis stoppé. Repris la route à 4 nœuds en tenant le feu de Monteador au N85E. Légère brise de Sud. Belle houle de NW. Venu au NW. Quelques grains de pluie qui cessent à 20h00.
Nuit sombre. Mer phosphorescente.

2e attaque

Image

21h30 L’écouteur entend un bruit très faible à 170° bd. Mis à 120 tours et venu au N15E.
21h48 Stoppé. Entendu sous-marin sur bd arrière. Le bruit augmente rapidement. Venu au S25E.
21h51 Gisement zéro. Le bruit augmente.
21h52. Top. Le sous-marin est en dessous. Lancé une grenade réglée à 25 m. Elle explose 8 secondes plus tard. On voit une phosphorescence continue à contrebord par tribord. Au moment du top, l’avant de la tache était par le travers de notre avant à 15 m. De la passerelle, je la relève à 45°. L’explosion secoue violemment CAPUCINE. La 2e grenade est lancée avec une immersion de 35 m 20 secondes après la 1ère. Mais elle n’explose pas.
21h54 L’écouteur n’entend plus rien.
Donné l’ordre de préparer de nouvelles grenades réglées à 25 m.
22h13 Stoppé. Rien entendu.

De 22h00 à 23h00 nous avons passé à chacun de nos parcours une tache phosphorescente de 50 m de diamètre environ, d’un éclat plus vif. Elle était provoquée par des bancs de poissons, et par des sillages de marsouins en chasse. Pendant ces parcours alternés, nous nous sommes maintenus au relèvement moyen du feu de Monteador au N70E.

A 04h45 le 30, un veilleur m’a signalé le reflet d’une flamme, mais je n’ai pas attaché d’importance à cette affirmation car ce veilleur était celui qui le 25 Septembre avait donné une fausse alerte.

06h00 Le FUSCHIA nous rallie.

Nous allons continuer mos recherches à partir de 06h020. Toute la journée CAPUCINE va faire des routes diverses et stopper pour écouter. Rien ne sera entendu.

Le 31, j’envisage trois hypothèses pour le sous-marin :

- Il a fait route en surface puis a plongé en direction du S60W route d’échappement
- Il a fait route vers la côte pour rechercher la protection relative des eaux territoriales espagnoles
- Il a fait une route pour continuer sa croisière sur les côtes du Portugal.
-
Mais les recherches effectuées, ainsi que celles du FUSCHIA complétées par une recherche des hydravions d’Aveiro n’a rien donné.

Selon moi, la grenade de 21h52 a dû exploser à une distance horizontale très faible de la coque du sous-marin (3 ou 4 m) mais vraisemblablement au dessous de l’immersion du sous-marin. Celui-ci a volontairement stoppé dès l’explosion.
30 secondes plus tard, on a vu deux phosphorescences anormales qui selon les pêcheurs Duhil et Le Guen (2 marins du bord) ne pouvaient provenir de bancs de poissons. J’ai remarqué, avec le maître Stéphany, que ces taches ne se sont pas reproduites quand le bateau, en décrivant son Boutakoff, s’est retrouvé dans une position symétrique. Elles ne pouvaient non plus provenir de l’écho de l’explosion sur le fond.

Je suis conduit à penser que le sous-marin n’a pas plongé, mais qu’il a coulé, et que si on ne l’a plus entendu pendant les 8 heures d’écoute qui ont suivi, c’est parce qu’il ne pouvait pas se remettre en marche, ayant sans doute des avaries graves.

Observations sur l’armement

Pendant toute l’opération j’ai eu l’impression que le sous-marin possédait des microphones et si pendant le stationnement il avait fait surface brusquement près du bord et dans un gisement voisin du travers en ayant préparé une attaque à la mitrailleuse, il m’aurait été impossible de répondre efficacement avec les quelques revolvers et fusils du bord. Le personnel à découvert, soit les ¾ de l’équipage aurait pu rapidement être mis hors de combat.
J’estime indispensable la délivrance de 2 mitrailleuses ou fusils mitrailleurs pour parer à cette éventualité.
Je demande également que l’approvisionnement en grenades soit très fortement augmenté. Si les installations pour leur mouillage ne permettent d’en avoir que 6 prêtes à être lancées, on pourrait très facilement en recevoir une vingtaine en réserve au lieu de 2 comme actuellement.

Enfin, malgré le soin apporté par le QM Audard à l’entretien de ce matériel, 2 grenades n’ont pas fonctionné ce qui fait regretter l’absence du spécialiste revenant régulièrement à chaque escale et sans lequel aucun démontage ne peut être effectué.

Observations sur le personnel

Je n’ai que des félicitations à adresser à tout l’équipage pour la façon précise dont les ordres ont été exécutés et pour l’entraide et le dévouement sans limite, particulièrement réconfortants, avec lesquels après plus d’un an de patrouille et d’escortes pénibles, sans résultat matériel visible, tous, hommes et gradés, ont accepté et surmonté les fatigues de cette chasse.
Je tiens en particulier à signaler le fonctionnement remarquable de la machine qui, au retour au mouillage, n’avait besoin ni d’un démontage ni d’une reprise de jeu, résultat dû au second maître Malet et à son personnel.
Je fais des propositions particulières pour :

- Maître STEPHANY, qui m’a secondé de la façon la plus précieuse et dont la valeur morale et la capacité professionnelle se sont une fois de plus affirmées
- Sd maître mécanicien MALET, auquel est dû en premier lieu le fonctionnement impeccable de la machine et qui pendant les recherches, en plus de la surveillance de son service, a fait plusieurs fois le quart aux écouteurs.
- QM Mécanicien AUDARD, chargé de l’entretien des écouteurs et des grenades. Gradé aussi remarquable au point de vue morale que professionnelle et d’un dévouement sans limite.
- QM canonnier DUHIL et matelot fusilier GUILLOU surveillant et pointeur du 90 mm qui ont particulièrement secondé le QM Audard pour les lancements.
- Matelot écouteur LACOSTE dont le rôle dans cette opération ressort nettement de l’exposé des faits et sur lequel a reposé presque en totalité le succès de la poursuite.

Déclarations recueillies de l’équipage

QM AUDARD

Après l’explosion, pendant que je préparais une 2e grenade pour 35 m, j’ai vu à 300 m et 170° bd comme des brisants sur un caillou, mais déferlant de chaque côté. Ont cessé au bout de 20 secondes.

Matelot LE GUEN

5 secondes après le lancement de la 2e grenade j’ai vu à 60 m du bord deux taches phosphorescentes, celle de droite plus forte que l’autre. Elle ressemblait à une lame déferlante. Celle de gauche, plus faible, était séparée d’elle par un espace sombre de 5 à 6 m qui m’a fait l’effet d’une masse noire de 1 m de hauteur.

QM DUHIL

J’ai vu une grande tache phosphorescente où la mer semblait déferler. Elle a disparu environ 30 secondes plus tard.

Matelot GUILLOU

Après le lancement de la 2e grenade, j’ai vu à 160° td et à 300 m, nettement, un objet dans une grande tache phosphorescente pendant une minute environ.

Récompenses

Citation à l’Ordre de la Division

Le chalutier CAPUCINE, énergiquement commandé et habilement manœuvré par le Lieutenant de Vaisseau VERNY Roger, Claude, a pris une part active et efficace à la protection du trafic contre les sous-marins ennemis. A été en tout temps un exemple d’entrain et de valeur.
Notamment le 29 Septembre 1918, grâce à l’esprit de décision du Lieutenant de Vaisseau VERNY et à la discipline de tous, a poursuivi à l’écoute, rejoint et grenadé un sous-marin dans de bonnes conditions.
Je vous adresse deux Croix de Guerre avec étoile d’argent que vous voudrez bien remettre au Lieutenant de Vaisseau VERNY et au chalutier CAPUCINE.

Signé : Vice Amiral TRACOU

Le sous-marin chassé

N’est pas identifié.

Toutefois, on pourrait penser à l’UB 129 du Kptlt Karl NEUMANN qui semblait patrouiller le long des côtes portugaises à cette époque.

Un autre sous-marin, l’U157 du KrvKpt Ortwin RAVE était aussi dans la zone du Portugal, mais beaucoup plus au large semble-t-il.

Seuls leurs KTB pourraient nous renseigner sur leurs positions respectives le 29 Septembre 1918. Les deux sous-marins sont rentrés à leur base.

Cdlt
olivier
olivier 12
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Re: CAPUCINE - Marine Nationale

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Complément

Le convoyeur TRITON dont il est question au début du récit pourrait bien être le torpilleur submersible ci-dessous, mais sans certitude.

Image

Signalons aussi que l’un des hommes d’équipage de CAPUCINE demandera en 1935 une attestation de la récompense accordée au navire. Il se nommait Xavier PEYTAVIN, Capitaine de la Marine Marchande, et habitait 47, rue du Coteau à Marseille.

Cdlt
olivier
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