CARAÏBE - Compagnie Générale Transatlantique

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Ar Brav
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Re: CARAÏBE - Compagnie Générale Transatlantique

Message par Ar Brav »

Bonjour à tous,

CARAÏBE Navire auxiliaire (1915 – 1918)

Chantier :

Gourlay Bros, Dundee, Grande-Bretagne.
Construction : 1906
Mis à flot : 22.08.1906
Terminé : 09.1906
En service : 28.10.1915
Retiré : 01.01.1918
Caractéristiques : 2 976 tjb ; 101,1 x 13,2 m ; 1 machine ; 2 mâts.

Observations :

Cargo coque acier de type Trois Isles de la Cie Générale Transatlantique.
09.1906 : navire mis en service par F.C. Strick Sanglo American SS Co., Swansea sous le nom de REGISTRAN
20.06.1908 : acheté par la CGT et renommé CARAÏBE
15.09.1908 : affecté à la ligne des Antilles, premier départ de Bordeaux
28.10.1915 – 01.01.1918 : réquisitionné, affecté en Méditerranée
23.01.1918 : repouse une attaque de sous-marin en Méditerranée
30.03.1918 : repousse une autre attaque de sous-marin
28.09.1918 : torpillé entre Messine et Corfou à 2 milles du Cap Belloro par le sous-marin UC 53 (KL Erich Gerth), endommagé, il rejoint Messine puis Marseille pour remise en état
Début 1921 : effectue plusieurs voyages vers la Pologne pour rapatrier les troupes polonaises, puis revient sur la ligne des Antilles
1931 – 1934 : affecté à la ligne Le Havre-Bordeaux-Guadeloupe-Martinique-Guyane
08.12.1934 : désarmé au havre
1934 : vendu à un armateur chinois
1935 : renommé HA-YIH
1937 : renommé KAIYOKU MARU
20.02.1939 : perdu naufragé par 34°03N et127°24E.

Voir là :

http://www.frenchlines.com/ship_fr_77.php

Cordialement,
Franck
www.navires-14-18.com
Le cœur des vivants doit être le tombeau des morts. André Malraux.
dbu55
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Re: CARAÏBE - Compagnie Générale Transatlantique

Message par dbu55 »

Bonsoir à toutes et à tous,

Un marin du CARAÏBE :

ROCHE Henri ne le 18/08/1890 à Pertuis (Vaucluse), Matelot Mécanicien - Décédé le 16/12/1916 (26 Ans) à bord du CARAÏBE

Cordialement
Dominique
Avec les Allemands, nous nous sommes tellement battus que nos sangs ne font plus qu'un [ Ferdinand Gilson, France, Figaro Magazine n°19053 du 05 nov. 2005 ]
olivier 12
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Re: CARAÏBE - Compagnie Générale Transatlantique

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Un petit complément sur le CARAIBE

CARAIBE

Caractéristiques

Construit au chantier Gourlay Bros. en 1906 sous le nom de REGISTAN
Acheté par la Cie Gle Transatlantique le 20 Juin 1908 à la Strick Line de Londres et rebaptisé CARAIBE.

1 hélice. 2 mâts. 1 cheminée
Longueur 104,80 m Largeur 13 ,17 m Creux 7,54 m
4233 tpl 2976 tx JB
5409 m3 capacité

Machine à triple expansion de 1500 cv donnant 10,25 nds
Deux chaudières cylindriques timbrées à 12 kg.

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Histoire

Affecté à la ligne des Antilles pour le transport du sucre et du rhum des îles.
Premier départ le 15 Septembre 1908.

A subi plusieurs attaques de sous-marins en Méditerranée

- 23 Janvier 1918 réussit à éviter les torpilles de deux sous-marins aux environs de Milo (nota : l’un de ces sous-marins pourrait être l’UC 23 du KL Hans Georg LÜBBE.)
- 28 Septembre 1918 Frappé par une torpille, réussit à gagner Messine. (Récit ci-dessous)

Deux incendies en 1926
- 4 mai dans la machine
- 4 Octobre dans une soute à charbon

S’échoue sur la côte de Cuba en 1927.
S’échoue à nouveau aux Gonaïves (Haïti) en 1929

Désarmé au Havre le 8 Décembre 1934.
Vendu aux Chinois le 30 Janvier 1935 et rebaptisé HA YIH.
Vendu aux Japonais en 1937 et rebaptisé KAIYOKU MARU

Naufragé le 20 Février 1939 par 34°03 N et 127°24 E lors d’une traversée Karatsu - Tsing Tao sur ballasts.

Attaque du 28 Septembre 1918.

Liste d’équipage

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Rapport du capitaine

Réquisitionné par le Transit Militaire Maritime, quitté Messine le 28 Septembre 1918 à 15h00 à destination de Palerme, Bizerte puis Toulon, avec 350 tonnes de raisins secs et 32 tonnes de vieux matériel de guerre embarqué à Corfou pour Toulon (vieux filets de barrages, obus, aéroplanes) et escorté par chalutiers ALOUETTE II et MARGUERITE MARIE.

Suivi chenal de sécurité dans les eaux de MARGUERITE MARIE. A 16h02, passé E/W cap Peloro. Commencé à zigzaguer.

A 16h20, par 38°18 N et 15°39,5 W, choc formidable, suivi d’une forte explosion qui ébranle tout le navire. L’explosion se produit par le travers tribord, juste sous la passerelle qui est submergée. Tout est brisé sur la passerelle et dans la chambre de veille où je me trouvais, portant le point sur la carte. Embarcation tribord et compas sont projetés en l’air et je ressens moi-même une forte commotion. Le poste TSF est complètement détruit.

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Appelé aux postes de combat. Remous sur tribord, qui pourraient provenir du sous-marin dont on ne voit pas le périscope. Tiré trois coups avec la pièces de 90 mm tandis que MARGUERITE MARIE lance des grenades et qu’ALOUETTE fait route sur la terre.
Mis en avant toute, cap sur la terre, pour échouer le navire qui s’enfonce, sur une plage. Fermé les portes étanches. L’eau monte dans la machine, la cale 2, la soute et la chaufferie. La machine s’arrête toute seule et la barre est bloquée.
La torpille a frappé à hauteur de la cloison entre cale 2 et chaufferie et la brèche est énorme, au moins 12 m de longueur. Embrayé la barre à main de secours.

Demandé à MARGUERITE MARIE de me remorquer et fait tous les signaux pour appeler un remorqueur supplémentaire. MARGUERITE MARIE me prend en remorque avec un petit remorqueur italien, l’AUDACIA. Fait tout d’abord route vers la plage. Chaufferie, soute et machine sont remplies d’eau, jusqu’à mi-hauteur des cylindres.

Monsieur Bouche, officier de tir, fait à nouveau ouvrir le feu avec le 90 mm sur des remous anormaux. Mis l’équipage aux postes d’abandon et amené à la mer l’embarcation bâbord, non détruite, ainsi que les radeaux qui sont pris en remorque. L’équipage non nécessaire à bord y a pris place.

Constaté que les cloisons étanches tiennent bien et que la flottabilité est suffisante pour gagner Messine. Le torpilleur anglais n° 11, ainsi qu’un torpilleur français, un italien et plusieurs vedettes évoluent autour de Caraibe pour le protéger. A l’entrée du port, le remorqueur MEHARI et deux italiens l’aident à rentrer. A quai à 21h30.

MEHARI va pomper toute la nuit, mais le niveau de l’eau ne diminue pas. La torpille a explosé dans la grande soute avant. Une grande partie des marchandises est perdue ou avariée.

Bonne volonté et énergie de tous les officiers et hommes d’équipage, jusqu’au mousse lui-même qui, pris dans la gerbe d’eau, n’a pas quitté un instant son poste sur la passerelle.

Rapport complémentaire

Le capitaine Dagorne va donner les noms des hommes les plus méritants et consacre un long paragraphe à chacun d’entre eux.
Il écrit notamment :

« Après avoir ravitaillé l’Armée d’Orient pendant trois ans, effectué de nombreux voyages entre Corfou et Salonique, paré des torpilles à plusieurs reprises, j’étais heureux et fier d’approvisionner la 1ère escadre de l’Armée Navale, gardienne de l’Adriatique.
J’avais sur CARAIBE un équipage bien entraîné aux différents postes de combat, veille, manœuvre et abandon. C’est grâce à lui et à MARGUERITE MARIE que CARAIBE a été sauvé et pourra continué ses missions.
Nous pensions pouvoir continuer longtemps encore, et que ce vieux transport, presque le dernier de ses anciens collègues des Dardanelles, ne pouvait être touché…

Lettre du 30 Septembre 1918 du Chef du Transit Maritime au CA Mornet, commandant la Marine à Marseille

Le CARAIBE, parti de Corfou le 21 Septembre, n’est pas venu à Marseille. Il a été coulé dans la journée du 28/09.
Je n’ai reçu aucun manifeste de chargement et j’ignore si ce vapeur a chargé des raisins secs à Corfou pour Toulon ou Marseille.
Dans ces conditions, je ne peux vous donner les renseignements demandés dans votre télégramme du 28.

Le sous-marin attaquant

C’était l’ UC 53 du KL Erich GERTH.

Récompenses

Citation à l’Ordre de l’Armée

DAGORNE François Capitaine Lieutenant de Vaisseau auxiliaire Saint Malo

A réussi à sauver son bâtiment torpillé en l’amenant à l’abri dans le port de Messine grâce au calme et au sang froid qui a régné à bord suite à l’esprit d’ordre et de discipline qu’il avait su inculquer à son équipage.

Citation à l’Ordre de la Division

BOUCHE Louis
2e capitaine Marseille
VERRINOT Jacques 1er lieutenant Ajaccio
BELVAIRE Maurice 2e lieutenant Le Havre

Ont fait preuve d’énergie et de sang froid au moment du torpillage de leur bâtiment aussi bien dans la conduite du tir que dans la mise à l’eau des embarcations de sauvetage ou l’aveuglement des voies d’eau.

Nota : signalons que sur l'annuaire des officiers transat de 1935, on retrouve le lieutenant Maurice Belvaire, Croix de Guerre, en tant que 2e capitaine de 1ère classe (prêt à passer commandant). Cet officier, né le 16 Avril 1900, n'avait que 18 ans lors du torpillage.
Dans son rapport, le capitaine Dagorne le qualifie ainsi :
Très jeune officier d'un grand courage, d'un grand sang froid, très dévoué qui, bien que le navire fut en danger de couler, s'est rendu dans les cales avec quelques hommes pour étancher fissures et voies d'eau. Il a ensuite dirigé le tir de la pièce avant, évitant au navire d'être à nouveau torpillé. Fut au dessus de tout éloge dans cette circonstance difficile.

Citation à l’Ordre de la Brigade

BIGOTTIERES Lucien Mousse Marseille

Malgré son jeune âge, a montré le plus grand calme et le plus grand sang froid au moment du torpillage. Après s’être trouvé pris dans la gerbe d’eau due à l’explosion de la torpille, s’est rendu immédiatement à son poste de manœuvre. A coopéré à toutes les opérations de sauvetage dans la mesure de ses forces.

LOUINSE Théodore Maître d’équipage Dinan
BRUNET Louis Charpentier La Rochelle
FLOHIC François Matelot Vannes
SALLABERY Pierre QM timonier
LE PARQUE Adrien QM canonnier
LEBEAUPIN François QM canonnier Nantes
BADIC Paul Boulanger
METON Barthélémy Graisseur Marseille
DHO Vincent Graisseur La Ciotat

Ont fait preuve de dévouement, calme, sang froid et abnégation dans les différentes manœuvres pour le sauvetage et le remorquage de leur bâtiment. Les canonniers ont dirigé un tir opportun pour empêcher le sous-marin de lancer une 2e torpille qui aurait entraîné la perte du bâtiment.

Témoignage officiel de satisfaction du Ministre

Equipage et armement AMBC CARAIBE pour leur calme et leur esprit de discipline

Equipage MARGUERITE MARIE pour avoir sauvé le CARAIBE en le remorquant à Messine.

Note de la Cie Gle Transatlantique de Mai 1919

CARAIBE a été torpillé au large de Messine le 28 Septembre 1918. Remorqué dans ce port pour une réparation provisoire, il y est resté jusqu’à fin Février 1919.
Il est rentré à Marseille le 4 Mars 1919.

La Marine Marchande a établi avec nous les feuilles de réparations et a adressé ces travaux aux chantiers de Provence. Depuis ce jour, c'est-à-dire depuis trois mois, nous avons demandé à la Marine Marchande de bien vouloir s’intéresser au CARAIBE et de le faire entrer au bassin.

L’Amiral est seul maître de la disponibilité des formes et il s’est vu dans l’obligation de refuser l’entrée au bassin en raison de la longueur des travaux nécessaires et alors que ces formes sont utilisées pour d’autres navires torpillés ou endommagés.

Cdlt
olivier
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Gastolli
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Re: CARAÏBE - Compagnie Générale Transatlantique

Message par Gastolli »

Bonjour Olivier !
23 Janvier 1918 réussit à éviter les torpilles de deux sous-marins aux environs de Milo (nota : l’un de ces sous-marins pourrait être l’UC 23 du KL Hans Georg LÜBBE.)
It was just UC 23, no other U-Boat. They damaged the british steamer BIRKHALL at 20:40h, than missed CARAïBE at 20:42h and finally fired the coup-de-grâce for BIRKHALL at 22:43h.
Constaté que les cloisons étanches tiennent bien et que la flottabilité est suffisante pour gagner Messine. Le torpilleur anglais n° 11, ainsi qu’un torpilleur français, un italien et plusieurs vedettes évoluent autour de Caraibe pour le protéger.
UC 53 in his war diary claimed, that CARAïBE was escorted by two trawlers and an french 4-funneled-destroyer with No. 11 !?

O.k., obviously this destroyer war not used as an escort for CARAïBE but possibly was just in the vicinity, but french or british ???

If french, it could have been TIRAILLEUR or LANSQUENET, but there's no "Journaux de bord" or "Journaux de navigation" available online for both of them.

If british, FURY and TIGRESS would be possibilities, but I have checked their logbooks at the british archives, they both were not in that area on 28.09.1918.

I have no idea, which destroyers were nearby CARAïBE on that date...

Cdlt.
Oliver
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RSanchez95
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Re: CARAÏBE - Compagnie Générale Transatlantique

Message par RSanchez95 »

Bonjour,
Le vapeur était normalement parti de Marseille le 24 décembre 1917 à 9 heures pour l'Orient avec des munitions (1000 cartouches pour révolver 92) et plusieurs avions (1 Breguet et 7 ou 9 avions Nieuport) pour l'aviation en Orient.
Cordialement.
Rutilius
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CARAÏBE — Cargo — Compagnie générale transatlantique (1908~1934).

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,

Récompenses

Citation à l’ordre de l’armée

Journal officiel du 19 juillet 1919, p. 7.455.

J.O. 19-VII-1919 - 1 - .jpg
J.O. 19-VII-1919 - 1 - .jpg (86.45 Kio) Consulté 80 fois

Témoignages officiels de satisfaction

Journal officiel du 19 juillet 1919, p. 7.455.

J.O. 19-VII-1919 - 2 - .jpg
J.O. 19-VII-1919 - 2 - .jpg (60.61 Kio) Consulté 80 fois

J.O. 19-VII-1919 - 3 - .jpg
J.O. 19-VII-1919 - 3 - .jpg (55.43 Kio) Consulté 79 fois
Dernière modification par Rutilius le mar. mars 12, 2024 5:20 pm, modifié 2 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
olivier 12
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Re: CARAÏBE - Compagnie Générale Transatlantique

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

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Attaque du 23 Janvier 1918.

Rapport du capitaine


Quitté Salonique le 22 Janvier 1918 à 16h30 avec un chargement de minerai et de vieux matériel de guerre. Navigué de conserve avec les Anglais BIRKHALL et BACKADEN, escortés par deux chalutiers anglais, les 719 et 646 (Nota : il semble qu’il y ait un autre chiffre, à demi effacé, devant 646). Navigué en ligne de front et suivi les routes ordonnées en zigzaguant toute la journée. La nuit venue, pris la ligne de file pour franchir le canal de Doro.
A 20h10, l’officier de quart et moi apercevons par bâbord à 5 milles environ, un vapeur à deux cheminées paraissant remorquer à 400 m derrière un torpilleur ou un sous-marin allié. Ce navire fait route au NNE avec un feu de poupe. Nous le perdons de vue.
A 20h35, par 38°08 N et 24°42 E, face aux terres du Doro, j’étais sur la passerelle avec Monsieur Citerici, officier de quart, et les hommes de veille. Nous nous tenions à 400 m du guide de navigation BIRKHALL, quand nous entendons une forte explosion. BIRKHALL disparaît un moment dans un nuage de fumée et de vapeur et nous le croyons d’abord coulé. Il reparaît quelque temps après et l’arrière paraît s’enfoncer.
Je manœuvre de suite avec l’aide de Monsieur Citerici et lance l’appel aux postes de combat où chacun se rend. Je donne l’ordre aux machines de tourner au maximum et fais mettre la barre toute à droite pour m’éloigner du BIRKHALL et zigzaguer. Je remarque qu’il a déjà un canot à la mer et un chalutier près de lui. Je bats en arrière pour faire abattre le navire plus vite et tromper l’attaque que je crains, et ne pas trop me rapprocher du BIRKHALL.
Le navire abat doucement quand Monsieur Citerici, le timonier de veille Bonardot, l’homme de barre Gourlaouen et moi-même apercevons à 1500 m sur trois quarts tribord la naissance d’un long sillage. Le temps est clair et la mer calme. C’est une torpille lancée sur nous que l’on a heureusement vue d’assez loin pour manœuvrer de suite. Je donne l’ordre à la machine de forcer l’allure et, le navire abattant toujours, viens en grand à droite. L’officier Citerici fait aussitôt exécuter cet ordre et l’homme de barre chavire aussitôt la barre faisant abattre très vite le navire. La torpille, qui nous aurait sûrement atteints sans cette manœuvre rapide, longe le flanc tribord de CARAÏBE et passe à toucher l’arrière, sans nous effleurer heureusement.
Les canonniers, voyant le sillage de la torpille derrière, tirent sur elle un coup de canon de 140 mm à 3000m.

Je fais envoyer par le télégraphiste le signal SOS pour moi et mon collègue anglais donnant la position et indiquant : « CARAÏBE torpillé sauvé, BIRCKHALL torpillé secours ».

C’est alors qu’un 2e sillage est aperçu sur bâbord arrière juste quand nous passons BIRKHALL. Ceci peut laisser supposer qu’il y avait un sous-marin de chaque bord de CARAÏBE. Je continue ma route et traverse le chenal à toute allure en zigzaguant.

Dans la nuit, je perds de vue BIRKHALL et les chalutiers escorteurs. Celui-ci a l’arrière enfoncé dans l’eau et le cap à l’Ouest sur la terre de Doro.

Chacun a conservé son sang froid à bord et les manœuvres nécessaires ont été effectuées aussitôt, tant sur la passerelle par l’officier de quart , Monsieur Citerici, que dans la machine par le chef mécanicien et l’officier mécanicien de quart, par le télégraphiste, par l’officier de tir Monsieur Gonin et par l’armement de la pièce arrière prête à tirer.

Arrivé à Milo à 06h00 et mouillé sur rade le 24 Janvier à 08h00 sans autre incident.

2e rapport. Mise au point concernant le 2e sillage

Ce 2e sillage a été moins net et moins précis, vu de la passerelle pendant nos manœuvres pour parer la 1ère torpille. Monsieur Citerici et moi-même l’avons aperçu plus tard, paraissant croiser le premier sillage. Nous n’avons alors pas pensé qu’il venait de bâbord, mais suivait la 1ère torpille.

Après interrogatoire des hommes de veille à l’arrière, de l’officier de tir Monsieur Gonin, de l’armement de la pièce de 140, et du sergent Achaume, chef convoyeur et de ses hommes, on peut affirmer que cette 2e torpille venait de 4 quarts sur bâbord arrière. Elle a donc été lancée par un 2e sous-marin placé à bâbord pendant que nous travaillions à parer la 1ère. L’abattée a permis de parer cette 2e torpille qui est passée sous l’avant. Le tirant d’eau était de 3 m. Elle a pu aussi passer juste sur l’avant.
Occupé à tribord de la passerelle dans nos manœuvres, nous ne pouvons préciser la direction exacte du sillage.
Mais il est certain que CARAÏBE s’est trouvé attaqué par deux torpilles, à tribord et bâbord, provenant de deux sous-marins différents. La pièce arrière a donc tiré, non sur le sillage de la 1ère torpille, mais bien sur celui de la 2e torpille lancée par un autre sous-marin à 4 quarts sur bâbord. Elle avait des chances de faire plonger le sous-marin, ou de l’atteindre par l’éclatement de l’obus.
Le fait d’abattre sur tribord, cap sur la terre de Doro, a permis de parer les deux torpilles.

Nous avons laissé BIRKHALL avec son chalutier et deux embarcations à la mer. Nous avons perdu de vue l’autre bâtiment anglais, BACKADAR, et avons fait route à toute allure, en zigzaguant, sur Milo.

Je signale l’attitude énergique et la prompte exécution des ordres par l’officier de quart, Monsieur Citerici et la bonne veille de l’armement de la pièce arrière, ainsi que la bonne réaction de l’officier de tir Monsieur Gonin, qui avait de bonnes chances d’atteindre le sous-marin ou son périscope.

Rapport de l’officier AMBC

Il résulte de l’enquête que CARAÏBE est un bâtiment sur lequel la veille est bien faite de jour comme de nuit. Les postes de veille obligatoires sont doublés par les militaires passagers et convoyeurs et ce bâtiment navigue donc dans les meilleures conditions.
L’artillerie est constamment prête à tirer et les dispositions de sécurité du bâtiment sont bien prises.

Lettre de la Cie Générale Transatlantique au Ministre de la Marine. 11 Février 1918

Notre vapeur CARAÏBE a été victime au cours de son dernier voyage, dans le canal de Doro, de l’attaque de deux sous-marins ennemis. Le capitaine a su éviter le passage des deux torpilles et seule sa manœuvre et l’esprit de discipline de tout l’équipage ont permis d’éviter un accident qui aurait privé notre marine d’une importante unité.

Nous avons l’honneur de vous prier de bien vouloir nous communiquer les conclusions de l’enquête sur cette attaque.
Au cas où cette communication ne serait pas possible, nous vous prions de nous donner les récompenses accordées à l’état major et à l’équipage. Le rapport du capitaine a été affirmé à Milo le 25 Janvier 1918 le navire doit arriver incessamment, s’il n’y est déjà, à Marseille.

Le sous-marin attaquant

C’était donc l’UC 23 du Kptlt Hans Georg LÜBBE, qui coula le BIRKHALL. Il n’y avait pas de 2e sous-marin sur les lieux.

Il n’y avait pas non plus de destroyer d’escorte, ni anglais ni français, mais seulement deux chalutiers, le n° 719 et, apparemment, le n° 646.

Le 2e bâtiment anglais escorté, appelé tantôt BACKADEN, tantôt BACKADAR, ne figure sous aucun de ces noms sur le site Miramar Ship Index. (Nom véritable BAHADUR -voir ci-dessous-)

On note que la commission d’enquête ne valide pas la présence d‘un 2e sous-marin et demande un rapport complémentaire au capitaine.
On note enfin qu’aucune récompense ne semble avoir été accordée au CARAÏBE ou à son équipage suite à cette attaque. Peut-être le capitaine et sa compagnie ont-ils fait preuve d’un peu trop de hâte dans la demande de ces récompenses !

Cdlt
olivier
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Re: CARAÏBE - Compagnie Générale Transatlantique

Message par kgvm »

Construit comme "Registan" (pas "Registran").
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Gastolli
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Re: CARAÏBE - Compagnie Générale Transatlantique

Message par Gastolli »

Bonjour Olivier,

the British ship should be the BAHADUR, according to the file in the British archives.

Trawlers where No. 3646 WILLIAM BARLOW and No. 719 WILLIAM ALLAN.

Trawlers No. 1776 ERMINE and Trawler LOTUS (the french one, obviously) did some rescue work for BIRKHALL. LOTUS already did an attempt to tow BIRKHALL after the first torpedo hit.

And, of course, both attacks where done by UC 23.

Oliver


Oliver
olivier 12
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Re: CARAÏBE - Compagnie Générale Transatlantique

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Deux autres vues de CARAÏBE

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Attaque du 30 Mars 1918

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Navire réquisitionné de 3243 tx
Equipé d’un canon de 90 mm modèle 77 à l’avant et d’un canon de 140 mm à l’arrière.
2 fumigènes Verdier et 12 Berger (non utilisés)
Possède la TSF
Transporte 850 fûts vides et 360 colis divers

Rapport du capitaine


Quitté Salonique le 20 Mars 1918 en convoi avec navires anglais CHILI et TOSTO escorté par CARABINIER, MARIE ROSE et AOQ. Suivi aussi exactement que possible les routes ordonnées et franchi le canal de Skopelo où LA GAULE se joint à nous. Temps à grains, avec pluie empêchant toute vue. Terres cachées par la brumaille et la pluie. Suivi les routes ordonnées par le chef d’escorte pour attendre 11h00, heure d’entrée à Milo. Mouillé sur rade de Milo le 22 mars à midi sans incident.
Quitté Milo le 23 Mars à 13h00 en convoi avec TYNEMEDE, TROUTPOOL, WAR DOG, ELSIE, LEOPOLD D’OR, escorté par POIGNARD et 3 chalutiers.
Passé Cerigotto le 27. Mer grosse, forte brise de SSW à SSE pendant la journée du 28, mer houleuse puis très grosse. Tangage et roulis très violent fatiguant beaucoup le navire. Temps bouché à grains. Vers 17h00 le navire ne gouverne plus et ne peut venir au vent. Malgré cela la vitesse de 5 nœuds est maintenue et POIGNARD fait quand même zigzaguer, voyant tout de même que les navires ont pour la plupart de grosses difficultés à gouverner. La mer étant très grosse, il se décide à cesser les zigzags. A 20h15 le guide signale un changement de route. Toute la nuit, coup de vent avec mer très grosse. LA GAULE perd le contact.
Journée du 29, mer très grosse et forte brise de SW.
Le 30 Mars à 12h15, par 35°33 N et 14°46 E, un chalutier et ELSIE signalent un sous-marin par bâbord. Mis au poste de combat, machine à toute allure. Nous sommes à environ 18 milles de Marsa Sirocco dans le SSE. Peu de temps après cette alerte, l’officier de quart Citerici et les hommes de veille et de barre aperçoivent dans le SW le périscope et un fort remous. Etant à tribord de LEOPOLD D’OR, ELSIE, POIGNARD et des chalutiers d’escorte, nous sommes dans l’impossibilité de tirer et signalons l’ennemi par bâbord, qui a l’air de nous poursuivre.
Nous ne voyons plus rien jusqu’à 13h30 quand reparaissent périscope et remous, toujours par bâbord. Il cherche à nous atteindre et poursuit toujours. POIGNARD et les chalutiers se dirigent dans cette direction, puis reviennent vers le convoi. Vers 14h00, POIGNARD signale « En ligne de file. Suivez-moi et les chalutiers de même ». Cette route nous mène vers Marsa Sirocco, port de relâche le plus proche.
A 14h30, alors que nous sommes à droite entre LEOPOLD D’OR et ELSIE, l’officier Citerici, moi-même et les hommes de veille apercevons le périscope et son sillage dans le creux des lames, émergeant de 80 cm, à environ 3 milles dans le S70W. Nous voyons aussi le dôme grisâtre du sous-marin. Il n’y a pas à douter. Il nous poursuit. Après l’avoir signalé, l’officier Citerici et l’armement de la pièce avant ouvrent le feu à 4000 m, puis 5600 m. Le sous-marin plonge. LEOPOLD D’OR tire dessus également. Je ne peux me servir de la pièce arrière, le sous-marin n’étant pas dans son champ de tir. Vers 14h40, il reparaît. Aperçu périscope, sillage, remous et dôme dans le creux des lames à même distance. Tirons encore 4 coups avec la pièce de 90 avant à 6000 m et LEOPOLD D’OR 2 coups. Nos obus tombent tout près et il disparaît définitivement.
POIGNARD et plusieurs vedettes anglaises se dirigent vers cet endroit et nous suivons les escorteurs jusqu’à Marsa Sirocco où nous mouillons sur rade vers 15h30.
Appareillé de Marsa Sirocco le 30 à 17h30 avec LEOPOLD D’OR. Fait le chenal dragué et mouillé sur rade de Saint Paul ce même jour à 20h00 sans autre incident.

Quitté Saint Paul le 31 Mars à 17h30 en convoi avec TYNEMEDE, LEOPOLD D’OR et ELSIE, escorté par HARRIER, POIGNARD et 3 chalutiers. Assez beau temps, mer agitée et un peu houleuse. Suivi exactement les routes ordonnées et zigzagué. Dans la nuit, le grec ELSIE perd le convoi. Le 2 à 06h20, N/S de Cani. Fait le chenal en ligne de file. Pris le pilote à l’entrée de Bizerte à 10h15 et mouillé sur rade de Sidi Abdallah à 11h30 sans incident.

Récompenses

Citation à l’Ordre de la Brigade

DAGORNE François Capitaine au Long Cours

Témoignage Officiel de Satisfaction du Ministre

CITERICI Louis 2e lieutenant
BONNARDOT Charles Timonier breveté
GOURLAOUEN Yves Matelot

Vapeur CARAÏBE

Le sous-marin rencontré

N’est pas identifié. Il pourrait s’agir de l’UC 52 de l’Oblt z/s Hellmuth von DOEMMING

Cdlt
olivier
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