SAINT LAURENT

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sijam65
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Transcription

Ministère de la Marine - Direction Centrale des Constructions Navales à Monsieur le Contre-Amiral Commandant la Marine à Marseille

Paris, le 12 Octobre 1916

Sous bordereau 13.181 du 22 septembre, vous m'avez transmis les rapports de visite des chaudières de l'ANNAM et du SAINT-LAURENT (D.M du 9 Août 1916).

Ces rapports appellent diverses observations de l'ANNAM- Je vous prie de me faire connaître la date de réquisition de ce bâtiment et de m'envoyer une copie du procès-verbal de réquisition relatant l'état du navire et de ses chaudières.

Je désire en effet me rendre compte de l'état dans lequel se trouvaient ces dernières au moment où le département a pris charge ce navire.

La commission a signalé que tous les foyers avaient été changés en 1905 et 1906, c'est à dire après 6 ou 7 ans de service, que 3 foyers ont été de nouveau remplacés en 1914 et 1915, c'est à dire 8 ou 9 ans plus tard et qu'enfin, les autres foyers qui ont été changés récement, sont en mauvais état.

Une pareille constatation indique qu'il y a un défaut grave et permanent dans la conduite de ces chaudières.

Je désire que la Commission de votre port ainsi que les autres Commissions qui auront occasion de visiter ce navire, cherchent à se rendre compte des causes de cet état de choses.

A première vue, je serais tenté de penser que ces chaudières doivent contenir de l'huile, car, si la matière filtrante du filtre n'est changée que tous les 3 mois, elle ne produit plus aucun effet au bout d'un certain temps. Mais d'autre part, je suis également surpris des déclarations du chef mécanicien au sujet de la conduite de la chauffe et du décrassage et j'estime que la Commission aurait dû les relever.

En effet, l'ANNAM qui a donné une vitesse de 12 noeuds, 6 aux essais, et qui n'est pas un navire très vieux (1899) doit pouvoir donner les 10 noeuds exigés par nos services de ravitailleur, sans aucun effectif supplémentaire, et il est bien difficile d'admettre que si sa vitesse commerciale ne soit que de 9 noeuds.

Il semble bien que le chef mécanicien cherche pour s'excuser à s'abriter derrière des raisons sans valeur réelle.

Par conséquent, je désire que ce navire soit suivi avec attention, et que les Commissions n'hésitent pas à se montrer sévères si on leur fait de nouveau des remarques du genre de celle dont il vient d'être parlé.

SAINT-LAURENT. - Ce navire, qui vient d'être réquisionné fin Août à Bordeaux, est signalé par la Commission comme ayant des chaudières en mauvaise état, et les détails donnés dans le rapport indiquent que ces chaudières présentent une usure prononcée dans les parties principales.

Le port de Bordeaux où s'est effectuée la réquisition et qui reçoit copie de la présente dépêche, est invité à me faire parvenir une copie du procès-verbal de visite qui a accompagné la réquisition de ce navire. Il semble que sur ce bâtiment, la plupart des soins rappelés par ma Circulaire du 9 Août aient été ignorée jusqu'à présent.

Il est indispensable d'installer un filtre le plus tôt possible, de supprimer la graisse intérieure, de mettre du zinc dans les chaudières et de suspendre l'emploi du désincrustant.

Je vous prie de donner des ordres formels dans ce sens et de prescrire aux Commissions de suivre également ce navire très sérieusement./.

Signé : L. LACAZE
Ce qui compte, ce ne sont pas les années qu’il y a eu dans la vie.
C’est la vie qu’il y a eu dans les années.

- Abraham Lincoln -
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sijam65
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Ministère de la Marine - Direction Centrale des Constructions Navales à Monsieur le Contre-Amiral Commandant la Marine à Marseille

Paris, le 12 Octobre 1916

Sous bordereau 13.181 du 22 septembre, vous m'avez transmis les rapports de visite des chaudières de l'ANNAM et du SAINT-LAURENT (D.M du 9 Août 1916).

Ces rapports appellent diverses observations de l'ANNAM- Je vous prie de me faire connaître la date de réquisition de ce bâtiment et de m'envoyer une copie du procès-verbal de réquisition relatant l'état du navire et de ses chaudières.

Je désire en effet me rendre compte de l'état dans lequel se trouvaient ces dernières au moment où le département a pris charge ce navire.

La commission a signalé que tous les foyers avaient été changés en 1905 et 1906, c'est à dire après 6 ou 7 ans de service, que 3 foyers ont été de nouveau remplacés en 1914 et 1915, c'est à dire 8 ou 9 ans plus tard et qu'enfin, les autres foyers qui ont été changés récement, sont en mauvais état.

Une pareille constatation indique qu'il y a un défaut grave et permanent dans la conduite de ces chaudières.

Je désire que la Commission de votre port ainsi que les autres Commissions qui auront occasion de visiter ce navire, cherchent à se rendre compte des causes de cet état de choses.

A première vue, je serais tenté de penser que ces chaudières doivent contenir de l'huile, car, si la matière filtrante du filtre n'est changée que tous les 3 mois, elle ne produit plus aucun effet au bout d'un certain temps. Mais d'autre part, je suis également surpris des déclarations du chef mécanicien au sujet de la conduite de la chauffe et du décrassage et j'estime que la Commission aurait dû les relever.

En effet, l'ANNAM qui a donné une vitesse de 12 noeuds, 6 aux essais, et qui n'est pas un navire très vieux (1899) doit pouvoir donner les 10 noeuds exigés par nos services de ravitailleur, sans aucun effectif supplémentaire, et il est bien difficile d'admettre que si sa vitesse commerciale ne soit que de 9 noeuds.

Il semble bien que le chef mécanicien cherche pour s'excuser à s'abriter derrière des raisons sans valeur réelle.

Par conséquent, je désire que ce navire soit suivi avec attention, et que les Commissions n'hésitent pas à se montrer sévères si on leur fait de nouveau des remarques du genre de celle dont il vient d'être parlé.

SAINT-LAURENT. - Ce navire, qui vient d'être réquisionné fin Août à Bordeaux, est signalé par la Commission comme ayant des chaudières en mauvaise état, et les détails donnés dans le rapport indiquent que ces chaudières présentent une usure prononcée dans les parties principales.

Le port de Bordeaux où s'est effectuée la réquisition et qui reçoit copie de la présente dépêche, est invité à me faire parvenir une copie du procès-verbal de visite qui a accompagné la réquisition de ce navire. Il semble que sur ce bâtiment, la plupart des soins rappelés par ma Circulaire du 9 Août aient été ignorée jusqu'à présent.

Il est indispensable d'installer un filtre le plus tôt possible, de supprimer la graisse intérieure, de mettre du zinc dans les chaudières et de suspendre l'emploi du désincrustant.

Je vous prie de donner des ordres formels dans ce sens et de prescrire aux Commissions de suivre également ce navire très sérieusement./.

Signé : L. LACAZE

Transcription

Bordereau n° 407 - Port de Bordeaux - Ministère de la Marine - Bureau 2e section -

"Réquisition du Vapeur Saint-Laurent le 31 Août 1916

Ce qui compte, ce ne sont pas les années qu’il y a eu dans la vie.
C’est la vie qu’il y a eu dans les années.

- Abraham Lincoln -
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Bordereau n° 407 - Port de Bordeaux - Ministère de la Marine - Bureau 2e section -

"Réquisition du Vapeur Saint-Laurent le 31 Août 1916
Ce qui compte, ce ne sont pas les années qu’il y a eu dans la vie.
C’est la vie qu’il y a eu dans les années.

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[Transcription]

P. le Contre-Amirale de la Marine
P.O. le Capitaine de Frégate, Chef de l'Etat Major, J. PERRIN

A Monsieur le Commandnat du SAINT-LAURENT (Marseille)

Réclamation :

Je vous prie Monsieur le Capitaine du St Laurent de vouloir bien rapporter
à l'Etat-Major de la Marine les circulaires et instructions confidentielles qu'il a sauvé lors de la perte du St Laurent.

Marseille, le 14 février 1917

Signé J. Perrin

Réponse :

J'ai l'honneur de vous faire parvenir le procès verbal d'incinération des papiers et documents confidentiels du St Laurent qui a eu lieu le 5 Février 1917 à 11 heures aussitôt après l'arrivée des Officiers et de l'équipage, à bord du "Kanaris" en rade de la Valette.

Marseille, le 15 Février 1917

Signé : le Capitaine ARQUE
Ce qui compte, ce ne sont pas les années qu’il y a eu dans la vie.
C’est la vie qu’il y a eu dans les années.

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Procès-verbaux des auditions
1ère déposition : seconde du Saint-Laurent Lieutenant Daguenessait Hyacinthe

Déposition :
Comment était réparti votre personnel ?
Les militaires français répartis sur l’avant dans l’entrepont de la calle 3 jusqu’à l’arrière de la calle 5 (voir schéma).

Veuillez préciser si la cloison sur l’arrière de la calle 1 était tout à fait étanche ?
Elle n’était pas considérée comme tout à fait étanche. I y avait des ouvertures pouvant laisser passer l’eau mais les vannes étaient fermées.
Les passagers étaient dans l’entrepont supérieur jusqu’à l’arrière du navire.
Quels étaient les passagers ?
Nous avions des hommes de troupes et des grecs.
Parmi les hommes de troupes, vous aviez des prisonniers ?
Nous avions des prisonniers.
Combien de grecs environ ?
150 grecs.
Logement des prisonniers ?
Sur l’avant et à tribord, séparés par une cloison avec porte étanche du reste des passagers.
Logement des grecs ?
Dans l’entrepont sur l’arrière des prisonniers.
Les passagers pouvaient-ils monter sur le pont pour prendre l’air ?

Ils pouvaient monter prendre l’air sur les ponts A ou R ? et rentrer.
Les prisonniers seuls allaient sur l’avant. Une sentinelle empêchait l’accès à toute autre personne y compris les grecs, à l’exception de l’équipage qui était logé sur le gaillard avant.
Les prisonniers étaient toujours sous la surveillance des Gendarmes. Dans le port, six sentinelles renforçait la Gendarmerie.
Les prisonniers étaient donc logés au-dessus et autour du panneau de la calle 3.
Il ne pouvait y avoir aucune communication entre les prisonniers et la calle 3. Cette impossibilité résultait de la présence permanente des Gendarmes ou Fonctionnaires.
A quelle heure a eu lieu l’accident ?
Vers 7.40.
Où étiez-vous ?
Au milieu du bâtiment sur le pont supérieur à tribord
Décrivez ce que vous croyez avoir observé ?
Il m’a semblé entendre deux explosions, la seconde plus forte que la première. J’ai vu une projection d’objets qui venaient de la calle 1 et je me suis occupé des mesures de sauvetage.
Etes-vous bien sûr d’avoir entendu deux explosions ?
Je ne puis certifier qu’il y ait eu deux explosions.
Avez-vous constaté quelque odeur anormale ?
Avant l’accident je n’ai rien constaté d’anormal ni rien senti de spécial.
A votre avis, d’où provient cette explosion initiale ?
J’y ai songé, j’ai bien réfléchi et je ne m’explique pas la cause. Toutes les précautions avaient été prises pour empêcher toute communication avec cette calle chargée uniquement d’essence, environ 4000 tonnes et de pétrole environ 800 caisses.
Avez-vous constaté des caisses fuyaient à l’embarquement ?
Oui.
Dans le faux pont inférieur immédiatement au-dessus de la calle 1, qu’il y avait-il ?
Du matériel de campement, galoches, couvertures, habillement.
Et dans le faux pont ?
Un avion sur le panneau, une locomotive à vapeur et un te…..
Il n’y avait aucun explosif ni dans cette calle ni au-dessus ?
Non.
Qu’il y avait-il dans la calle 2 ?
La calle 2 était chargé de vivres du rhum en particulier. Dans les faux ponts supérieurs du matériel divers dont je ne puis préciser la nature.


Il y avait-il un accès quelconque entre le pont, les faux ponts et les calles 1 et 2 ?
Aucune communication en dehors des panneaux.
De la calle 2 à la calle 3 ?
Aucune communication.
Les manches de toutes les calles avaient été enlevées et leurs trous obstrués. Il n’y avait aucune aération dans la calle. ET LES PRISONNIERS ?
Etes-vous absolument sûr que dans les arabas par exemple, il n’y avait aucun explosif ?
Je ne puis l’affirmer, il était convenu que les arabas contenant des explosifs seraient placées à l’avant du navire.
Le second Capitaine du Saint-Laurent a signé, Lieutenant Daguenessait Hyacinthe
Ce qui compte, ce ne sont pas les années qu’il y a eu dans la vie.
C’est la vie qu’il y a eu dans les années.

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Procès-verbaux des auditions
1ère déposition : seconde du Saint-Laurent Lieutenant Daguenessait Hyacinthe

Déposition :
Comment était réparti votre personnel ?
Les militaires français répartis sur l’avant dans l’entrepont de la calle 3 jusqu’à l’arrière de la calle 5 (voir schéma).

Veuillez préciser si la cloison sur l’arrière de la calle 1 était tout à fait étanche ?
Elle n’était pas considérée comme tout à fait étanche. I y avait des ouvertures pouvant laisser passer l’eau mais les vannes étaient fermées.
Les passagers étaient dans l’entrepont supérieur jusqu’à l’arrière du navire.
Quels étaient les passagers ?
Nous avions des hommes de troupes et des grecs.
Parmi les hommes de troupes, vous aviez des prisonniers ?
Nous avions des prisonniers.
Combien de grecs environ ?
150 grecs.
Logement des prisonniers ?
Sur l’avant et à tribord, séparés par une cloison avec porte étanche du reste des passagers.
Logement des grecs ?
Dans l’entrepont sur l’arrière des prisonniers.
Les passagers pouvaient-ils monter sur le pont pour prendre l’air ?

Ils pouvaient monter prendre l’air sur les ponts A ou R ? et rentrer.
Les prisonniers seuls allaient sur l’avant. Une sentinelle empêchait l’accès à toute autre personne y compris les grecs, à l’exception de l’équipage qui était logé sur le gaillard avant.
Les prisonniers étaient toujours sous la surveillance des Gendarmes. Dans le port, six sentinelles renforçait la Gendarmerie.
Les prisonniers étaient donc logés au-dessus et autour du panneau de la calle 3.
Il ne pouvait y avoir aucune communication entre les prisonniers et la calle 3. Cette impossibilité résultait de la présence permanente des Gendarmes ou Fonctionnaires.
A quelle heure a eu lieu l’accident ?
Vers 7.40.
Où étiez-vous ?
Au milieu du bâtiment sur le pont supérieur à tribord
Décrivez ce que vous croyez avoir observé ?
Il m’a semblé entendre deux explosions, la seconde plus forte que la première. J’ai vu une projection d’objets qui venaient de la calle 1 et je me suis occupé des mesures de sauvetage.
Etes-vous bien sûr d’avoir entendu deux explosions ?
Je ne puis certifier qu’il y ait eu deux explosions.
Avez-vous constaté quelque odeur anormale ?
Avant l’accident je n’ai rien constaté d’anormal ni rien senti de spécial.
A votre avis, d’où provient cette explosion initiale ?
J’y ai songé, j’ai bien réfléchi et je ne m’explique pas la cause. Toutes les précautions avaient été prises pour empêcher toute communication avec cette calle chargée uniquement d’essence, environ 4000 tonnes et de pétrole environ 800 caisses.
Avez-vous constaté des caisses fuyaient à l’embarquement ?
Oui.
Dans le faux pont inférieur immédiatement au-dessus de la calle 1, qu’il y avait-il ?
Du matériel de campement, galoches, couvertures, habillement.
Et dans le faux pont ?
Un avion sur le panneau, une locomotive à vapeur et un te…..
Il n’y avait aucun explosif ni dans cette calle ni au-dessus ?
Non.
Qu’il y avait-il dans la calle 2 ?
La calle 2 était chargé de vivres du rhum en particulier. Dans les faux ponts supérieurs du matériel divers dont je ne puis préciser la nature.


Il y avait-il un accès quelconque entre le pont, les faux ponts et les calles 1 et 2 ?
Aucune communication en dehors des panneaux.
De la calle 2 à la calle 3 ?
Aucune communication.
Les manches de toutes les calles avaient été enlevées et leurs trous obstrués. Il n’y avait aucune aération dans la calle. ET LES PRISONNIERS ?
Etes-vous absolument sûr que dans les arabas par exemple, il n’y avait aucun explosif ?
Je ne puis l’affirmer, il était convenu que les arabas contenant des explosifs seraient placées à l’avant du navire.
Le second Capitaine du Saint-Laurent a signé, Lieutenant Daguenessait Hyacinthe
2ème déposition : Capitaine Charvet (7ème Génie)
Qu’avez-vous remarqué ?
J’ai entendu deux explosions successives à un intervalle d’une1/2 seconde environ.
Quelle était l’importance relative des deux explosions ?
Elles m’ont paru de la même force
Nature des fumées ?
Monté sur le pont quinze secondes environ après la 2ème explosion, j’ai remarqué une fumée blanche.
A votre avis, d’où pouvait provenir pareille fumée blanche ?
La cheddite par exemple.
NOTA : La cheddite est une classe d'explosifs à base de chlorates.
Ces explosifs tirent leur nom du fait qu'ils étaient d'abord fabriqués au début du XXe siècle dans le village de Chedde (commune de Passy) en Haute-Savoie.
Proches des explosifs de type Sprengel, les cheddites sont constituées d'une grande proportion de sels (chlorates) inorganiques, mélangés avec des nitroaromates (par exemple, du nitrobenzène ou du dinitrotoluène), et stabilisés par un peu de paraffine ou d'huile de ricin servant de modérateur pour le chlorate (qui sans cela peut exploser spontanément en présence de chaleur ou à la suite d'une friction).
Différents types de cheddite étaient produits. Ils étaient principalement utilisés dans l'exploitation de carrières.

Pourriez-vous dire s’il y avait des explosifs dans les voitures de la calle 1 ?
Je ne puis l’affirmer. Le Contremaitre de chargement devait les mettre à l’arrière.
Selon vous, la cheddite est-elle susceptible de provoquer une explosion spontanée ?
Non, dans les conditions où elle se trouvait dans les voitures.
Avant les explosions, avez-vous entendu parler d’incendie ?
Non.
Le second Capitaine Charvet a signé,

3ème déposition : soldat Justennis
Où étiez-vous lors de l’explosion ?
Sur l’arrière du bâtiment.
Sur quelle apparence s’est manifesté l’explosion ?
J’ai entendu une première détonation ressemblant à l’explosion d’une bombe, puis j’ai noté un intervalle d’une seconde explosion, puis une succession d’explosions très rapprochés, mais d’intensité faible.
J’allais au moment de l’explosion vers l’avant pour relever mon camarade Raymond.
Après avoir entendu la première détonation puis la suivante détonation plus faible, j’ai vu des flammes rougeâtres et une fumée noire.
M’étant arrêté lors de la première explosion, je me suis mis à l’abri comme les débris commençaient à pleuvoir.
De la place où vous étiez lors de la première explosion, pouvait-on voir les avions sur les panneaux des calles 1 & 2 ?
Non, je me trouvais aux environs de la calle 5, et les environs de la passerelle me masquaient la vue de l’avant.
Signé le soldat Justennis

4ème déposition : Maitre ouvrier Beaudé Alphonse (24ème Artillerie légère mobile)
Où étiez-vous lors l’explosion ?
A bâbord du bâtiment où se tenaient les prisonniers près de l’échelle qui descend sur le pont où demeurent les panneaux des calles 1 & 2.
Qui avez-vous remarqué ?
Je regardais à bâbord lorsque j’ai entendu comme une explosion de bombe d’aéro. Je me suis tourné vers la droite et j’ai vu une flamme rouge. Le souffle de l’explosion m’a poussé vers l’arrière du bâtiment en me jetant par terre.
A côté de moi se trouver un grec, les reins brisés, je me suis sauvé à quatre pattes vers l’arrière du bâtiment.
Quand vous étiez sur l’arrière du bâtiment, avez-vous remarqué la couleur de la fumée ?
Grisâtre.
Signé le Beaudé Alphonse,
5ème déposition : 1er Lieutenant Guillois 1er Lieutenant du Saint-Laurent
Le premier Lieutenant donne quelques détails sur les traversées du bâtiment dans les conditions analogues de chargement.
Essence toujours mise sous calle 1, sans donner lieu à accident.
A l’arrivée à Salonique, m’est toujours obligé d’ouvrir la calle 1 ; une fois on m’a dit d’attendre 3 jours avant de l’ouvrir et d’y pénétrer. PRESENCE DE GAZ PROBABLE, PAS D’EXPLOSIMETRE.
Pompiez-vous les calles tous les jours ?
Oui, si la sonde dépasse un niveau fixé.
Note : le Capitaine dit que dans cette traversée, on n’a pas eu l’occasion de pomper dans la calle 1.
On a pompé plusieurs fois sous le dallant 1 (situé à l’aplomb de la calle 1)
Signé le Lieutenant Guillois,

6ème déposition : Chef Mécanicien du Saint-Laurent Pierre Daniel
Qu’avez-vous remarqué lors de l’accident ?
Je me trouvais à bâbord, à côté de la Machine lorsque j’ai entendu deux explosions. Je n’ai pas ressenti de flammes à ce moment-là ; je m’imaginais même que l’explosion était à terre. Je me suis mis à l’abri des débris puis j’ai foncé à tribord d’où j’ai vu des flammes sur l’avant.
Avez-vous d’autres renseignements à donner ?
Non.
Lorsque vous grimpiez au ballast, avez-vous constaté au cours de la journée une odeur d’essence ?
Non.
Y-avait-il une canalisation électrique dans le faux-pont supérieur au-dessus de la calle 1 ?
Une. Son tube était étanche. Joints étanches au passage des conducteurs dans les cloisons.
Signé le Chef Mécanicien Pierre,

7ème déposition : Canonnier Bernard Henri (30ème artillerie, 106ème batterie)
Où étiez-vous lors de l’explosion ?
Au-dessus des prisonniers, à tribord du bâtiment, face à l’échelle de descente qui mène au pont des panneaux des calles avant.
Où regardiez-vous ?
Vers l’avant du bateau.
Qui avez-vous remarqué ?
Une petite détonation d’abord, puis une beaucoup plus forte qu’un coup de canon.
J’ai été alors projeté sur le pont, en me relevant, j’ai vu une grande flamme, j’ai alors gagné mon embarcation.
Vous avez été projeté à terre par quelle explosion ?
Par la deuxième, la plus forte. A la première, je n’ai pas été bousculé et je n’ai rien vu bouger.
Quel intervalle entre les deux détonations ?
Une seconde environ.
Quelle couleur pour les flammes ?
Je ne sais pas.
Avez-vous remarqué au cours de l’incendie une odeur de pétrole autour des panneaux de la calle 1 ?
Non.
Signé le Canonnier Bernard Henri,

8ème déposition : Gendarme Férand Marius-Pierre Bernard
Je me trouvais au pied du mât avant, en train de laver du linge, entre les panneaux de la calle 1 et de la calle 2.



Je puisais de l’eau. J’ai vu le pont et les deux partis du bâtiment s’ouvrir, les flammes sont sortis de plusieurs mètres et les débris sont retombés de toutes parts.
J’ai entendu deux détonations par pair, comme deux filles jumelles.
Les deux explosions étaient-elles de même nature ?
Oui, la première plus faible, la deuxième plus forte.
Etes-vous certain de cela ?
Oui. A la première explosion, je n’ai rein constaté comme dégâts. C’est à la seconde que s’est produite l’ouverture du pont.
Avez-vous senti une odeur quelconque ?
Avant rien. Après l’explosion une odeur d’essence. L’explosion a été comme un jet de flammes rougeâtre.
A votre idée, qu’est-ce qui a pu amener l’explosion ?
Aucune idée, aucun ….
Fumait-on sur le pont au-dessus du panneau de la calle ?
Les hommes étaient autorisés à fumer.
Avez-vous, dans le cours de la traversée vu toucher au panneau ou aux manches de la calle ?
Jamais.
Signé le Gendarme Férand,

9ème déposition : Sapeur-mineur Reymond C.
Où étiez-vous lors de l’explosion ?
A bâbord, à l’avant au-dessus du local des prisonniers, de faction à l’échelle.
Heure et apparence de l’explosion ?
7.30, en premier lieu une détonation puis intervalle d’une seconde environ puis une série de détonations plus sourdes et se succédant très rapidement.
La détonation initiale était la plus importante et ressemblait assez à une explosion d’obus.
Je me suis mis à l’abris lors de la première et n’ai vu ni la couleur des flammes ni celle de la fumée.
Y-avait-il au moment de l’explosion des prisonniers au-dessus des panneaux des calles 1 et 2 ?
Oui.
Signé le Sapeur-Mineur Reymond,

10ème déposition : Sergent Convoyeur Rousseau
Mon rôle à l’embarquement consistait à scruter au passage des diverses marchandises.
Je n’ai pas entendu parler d’arabas dans lesquelles se serait trouver de la cheddite. Rien de particulier ne m’a été signalé par mes hommes au moment de l’embarquement des bidons d’essence.
Au moment de l’explosion, je me trouvais dans une cabine sur le pont N.
Sans avoir rien vu, j’ai entendu d’abord une première explosion très sèche et ensuite un bruit d’un éclatement d’obus.
Deux secondes après environ, il y a eu une série de détonations plus sourdes et plus prolongées.
Je n’ai aucun soupçon sur la cause qui a pu produire l’accident.
A Malte, nous avions le pavillon de quarantaine, je n’ai vu monter à bord aucune personne étrangère au service.
Signé le Sergent Convoyeur Rousseau,
11ème déposition : soldat Canonnier Imbert
J’étais chargé à Marseille de la calle 5 dans laquelle se trouvaient des munitions (obus de …, caisses de …. et d’explosifs). Dans cette calle se trouvaient également des arabas vides, celles marquées de cheddite, une quinzaine environ se trouvaient sur le pont R.
A diverses reprises pendant la traversée, j’ai surveillé les panneaux des calles autant que personne ne s’y est introduit. BIZARRE !
Dans chaque calle les panneaux séparant entre eux les divers compartiments étaient fermés par des panneaux en bas, sur le panneau supérieur se trouvait une bâche solidement tenue par des sangles faisant tout le tour du panneau.
Rien ne m’a semblé suspect à l’embarquement ni à aucun autre moment.
Je n’ai entendu qu’une seule explosion. La fumée qui s’est dégagée après l’accident était en partie noire (comme celle qui provient d’un incendie d’essence) en partie grise.
Signé le Soldat Imbert,


12ème déposition : soldat convoyeur Odile Lucien
Le 08/02/1917
Avez-vous eu connaissance de l’existence soit dans la calle 1, soit dans un des entreponts au-dessus d’un tuyau de canalisation électrique déformé ?
Non.
Qui avait-il dans la calle 1 proprement dite ?
De l’essence et du pétrole.
Qu’il y avait-il dans les faux ponts immédiatement au-dessus de la calle 1 ?
30 fûts d’huile pour graisser les armes, des sacs de galoches, des toiles de tentes avec piquets, des sacs de journaux, une vingtaine, des caisses sans marque probablement remplies de cadeaux pour les soldats.
Et dans les faux ponts supérieurs ?
Des voitures vides bâchées.
Etes-vous bien sûr qu’il n’y avait que des voitures dans le faux pont supérieur ?
Oui.
Les fûts d’huile coulaient-ils ?
Non.
Etaient-ils pas extérieurement ?
Oui.
Etes-vous certain qu’il n’y avait pas de ……., soit dans la calle, soit dans un des faux-ponts ?
Oui.
Il y avait-il dans les faux-ponts au-dessus de la calle des caisses à la marque de l’aviation ?
Non.
Selon vous, quelqu’un au cours du voyage pouvait-il sans être vu s’introduire jusqu’au panneau fermant la cale où se trouvait l’essence ?
Non.
Pourquoi ?
Parce que j’ai assisté à la fermeture des trois panneaux. UN PEU LEGER LA REPONSE
Signé le soldat convoyeur Odile,

*2ème interrogatoire de ce soldat
J’étais chargé de la calle 1 à Marseille pendant l’embarquement de la cargaison.
Les caisses en bois contenant des bidons d’essence étaient en bon état, aucune ne fuyait.
Dans un des faux ponts de la calle 1 se trouvaient des arabas (une quinzaine environ). Toutes étaient vides, aucune ne contenaient de cheddite.
Dans le courant de la traversée, j’ai surveillé à diverses reprises les panneaux des calles : aucun panneau n’a été ouvert. Je n’ai aucun soupçon sur la cause de l’accident. Les grecs dont un certain nombre sont morts ne semblent pas devoir être mis en cause. A Malte, je n’ai vu personne monter à bord.

13ème déposition : Capitaine Duroy de Suduirant, Commandant d’Armes à bord du Saint-Laurent 45ème Infanterie
J’étais couché, j’ai entendu une très forte explosion vers 8.00. Je n’ai pas remarqué qu’il y en ait eu deux. J’ai rapproché cette explosion de celle d’un gros projectile vide.
Au point de vue des troupes passagères, prisonniers et grecs compris, avez-vous quelque soupçon ?
Aucun.
Signé le Capitaine Duran de Suduirant,

14ème déposition : Maréchal des logis de Gendarmerie Guillemin
Je n’ai aucun soupçon sur la cause de l’accident : ni les prisonniers dont beaucoup sont morts, ni les grecs ne doivent être mis en cause.
La police était bien faite à bord. A aucun moment, je n’ai remarqué des individus de mauvaise mine, ni pendant l’embarquement à Marseille, ni pendant la traversée ou le séjour à Malte.
Je ne crois pas qu’il y ait eu malveillance du moins aucun indice ne me permet de le supposer.
Au moment de l’explosion, je me trouvais sur une des passerelles face à l’avant. Je n’ai entendu qu’une détonation accompagnée d’une gerbe de flammes qui m’a paru provenir de l’avant du bâtiment entre la calle 1 et le gaillard à l’avant. Je n’ai pas remarqué de fumé sur le moment. L’explosion s’est certainement produite sur l’avant de la caisse d’avion qui dépassait sur le panneau de la calle 1. Je n’ai pas entendu parler d’incendie ayant précédé l’explosion qui a éclaté brusquement alors que tout se passait normalement dans le pont avant.
Signé le Gendarme Guillemin,

15ème déposition : Brigadier de Gendarmerie Siron
Je me trouvais sur le pont près d’une échelle au moment de l’explosion. Je ne crois avoir entendu qu’une seule explosion qui m’a semblé initialement suivie de flammes.
Les gendarmes avaient pour consigne d’empêcher toute communication des grecs avec les prisonniers.
Les derniers (les prisonniers) avaient permission de fumer sur le pont N dans la journée.
Je n’ai jamais vu personne essayant de s’introduire dans la calle 1 en soulevant la bâche qui fermait le panneau.
Dans la nuit qui a précédé l’accident aucune personne étrangère au service n’est venue sur le pont N.
Pendant le séjour à Malte, les marchands ne sont pas montés à bord, ni communiquaient avec eux au moyen de paniers qui étaient affalés le long du bord.
Signé le Brigadier Siron,

16ème déposition : Adjudant Poulain
Où étiez-vous au moment de l’explosion ?
Devant la chambre de veille du Commandant, sur la passerelle inférieure à Tribord auprès du Commandant du Saint-Laurent.
Qu’avez-vous vu ?
D’abord des flammes de cinq ou six mètres de haut, larges et foncées presque pas de fumée puis la détonation et puis une deuxième détonation presque simultanément.
Le jet de flamme partait de l’avant d’un panneau, le suivant par tribord de la caisse de l’aéroplane.
N’importe qui se trouvait sur le panneau de la calle 1 le projetait sur la flamme, sur demande du Président de la Commission, l’Adjudant insiste sur le pont L que la flamme a précédé toute détonation.
Les deux explosions ont semblé du même ordre comme intensité.
Avez-vous vu de la fumée à un moment autre, accompagnant l’explosion ?
Non. Après ces deux explosions, il n’y en a pas eu d’autres.
Avez-vous entendu parler soit avant, soit après courant la traversée de menaces d’incendie ou de circuits d’incendie ? Court-circuit électrique ?
Le matériel du Génie a-t-il été embarqué à Marseille ?
Non.
Le matériel du Génie de la calle 1 était-il entièrement métallique ?
Oui.
La flamme remarquée en premier appartenait-elle à l’explosion ?
Oui.
Avez-vous vu monter quelques personnes à bord ?
Oui, un marchand de cartes postales autorisé par le Commandant de bord et le Chef d’Armes, le représentant de la Compagnie et un officier de douanes anglais.
Avez-vous su s’il y avait des passagers embarqués à Marseille qui se soient esquivés avant l’appareillage ?
Oui, quelques prisonniers militaires amenés à bord menottes aux mains et se sont échappés profitant qu’on leur avait enlevé les menottes quelques minutes après l’embarquement.
Signé l’Adjudant Poulain,








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C’est la vie qu’il y a eu dans les années.

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Rutilius
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SAINT-LAURENT ― Cargo mixte ― Compagnie générale transatlantique.

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,


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Bien amicalement à vous,
Daniel.
Memgam
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Re: SAINT LAURENT

Message par Memgam »

Bonjour,

Bis repetita...

La carte postale du Saint Laurent présentée ci-dessus par Rutilius à 14 h 28, l'a déjà été par Niala le 4 février 2016 à 20 h 17.

Ceci étant, les trois clichés montrent bien l'importance de la pêche à la morue, par le nombre de passagers à bord du navire et l'importance de la foule qui assiste au départ. Il y avait à Terre Neuve, une véritable colonie française pour la pratique de la pêche à la morue, entre les installations à terre et les navires.

Cordialement.
Memgam
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