AMIRAL DE KERSAINT - Compagnie des Chargeurs Réunis

olivier 12
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Re: AMIRAL DE KERSAINT - Compagnie des Chargeurs Réunis

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

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Naufrage du 14 Septembre 1917.

Il existe un dossier important aux archives de Vincennes concernant ce navire. Le commandant ayant été fait prisonnier, le second capitaine tué et le 1er lieutenant grièvement blessé, le seul rapport officiel a été fait par le 2e lieutenant François GAROCHE. Je ne le reprendrai pas puisqu’il a été mis sur le forum le 14/11/2008 par Robin.
L’autre rapport, très intéressant et qui recoupe les informations de source française, est celui du Kptlt Robert MORATH, paru en 1931 dans le Hamburger Illustrierter, et mis sur le forum le 09/01/2010 par Sophie2562.

Toutefois, les interrogatoires du 1er lieutenant MARTINEAU et du 2e lieutenant GAROCHE sont aussi très intéressants car ils nous fournissent beaucoup de renseignements. L’affaire fut source d’un important différent entre l’Espagne, pays officiellement neutre, et la France.

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Réponses du 1er lieutenant MARTINEAU à l’officier enquêteur

- Affrété par l’intendance militaire. Traversée Oran-Marseille.
- Je m’occupais des embarcations et il m’a été impossible de déterminer la position du navire au moment de l’abandon à 10h30.
- Le sous-marin a été aperçu côté terre à bâbord par le travers. Il y avait des bateaux de pêche entre AMIRAL DE KERSAINT et le sous-marin, ainsi qu’au large d’AMIRAL DE KERSAINT.

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- Pavillon allemand hissé sur un mât à l’arrière du kiosque.
- Venu sur tribord pour présenter l’arrière au sous-marin et utiliser au mieux la pièce arrière.
- Envoyé SOS mais pas reçu de réponse
- Documents secrets jetés à l’eau.
- Sous-marin a tiré 300 coups au rythme de 2 ou 3 par minute. Le navire a été touché, mais le sous-marin a cessé le feu quand les embarcations ont été débordées.
- Le navire a tiré entre 170 et 180 coups.
- Il y a eu dix tués, dont le second capitaine. Pas de passagers. Conduite de l’équipage admirable.
- J’ai été interrogé en bon français par le commandant du sous-marin qui m’a demandé si j’étais le commandant et si je ne voulais pas monter à son bord. J’ai répondu non. Comme notre embarcation était surchargée et faisait eau, les marins ont demandé un seau pour écoper. Le commandant a alors fait monter 6 hommes sur son sous-marin : le chef mécanicien Lepaytre, le 2e mécanicien Fer, l’élève officier mécanicien Gesta, l’intendant Jourdan et 2 matelots. Puis mon embarcation a continué à faire route vers la terre.
- Sous-marin d’environ 75 m dont je n’ai pas vu le numéro. Canon de 120 mm. Coque de couleur grise.
- Il y avait à bord du sous-marin des Italiens provenant d’un vapeur torpillé.
- La silhouette du sous-marin était la suivante : (Voir ci-dessous)
- Le capitaine a exécuté la manœuvre qui convenait en pareille circonstance, a assuré le sauvetage de son équipage et a tout fait pour sauver le 2e capitaine, mortellement blessé, aidé par l’élève officier Bertin (pilotin) qui l’avait emmené dans son embarcation. Le sous-marin ayant accosté cette embarcation, le commandant allemand a assisté à l’agonie du 2e capitaine. Celui-ci gémissait et criait : « Capitaine, ne m’abandonnez pas. » En entendant ces supplications, le commandant allemand a dit au capitaine : « Mais ce moribond n‘est pas le commandant d’AMIRAL DE KERSAINT ? Le capitaine, c’est vous ? » Le capitaine a alors répondu par l’affirmative et le commandant allemand lui a ordonné de monter à bord du sous-marin. C’est ainsi qu’il a été fait prisonnier.

Réponses du 2e lieutenant GAROCHE à l’officier enquêteur

- Traversée Le Havre – Oran – Marseille avec vin pour Marseille et marchandises diverses pour l’extrême Orient.
- Le sous-marin se tenait au milieu de bateaux de pêche pour passer inaperçu au moment de l’attaque et avait l’intention de couper la route du navire français pour l’empêcher d’entrer dans les eaux territoriales. Ce sous-marin était dans les eaux territoriales, presque à toucher terre, sur bâbord arrière et avait une vitesse de 22 nœuds.
- Portait le pavillon allemand sur un petit mât à l’arrière de la passerelle.
- Environ une soixantaine de bateaux de pêche sur les lieux, qui n’ont pas bougé.
- C’est moi qui ai jeté à la mer les documents secrets dans un sac de toile plombé.
- Les matelots du sous-marin nous ont dit avoir tiré 250 coups de canon, tous avant l’abandon.
- Avons tiré environ 180 coups, mais tir parfois interrompu pour éviter les bateaux de pêche. Le sous-marin n’a probablement pas été touché.
- Aux dires des prisonniers italiens, le 3e coup de la pièce arrière est tombé à moins d’un mètre du sous-marin. Mais cette pièce est devenue ensuite inutilisable.
- Le sous-marin zigzaguait à grande vitesse derrière les bateaux de pêche ce qui rendait le tir très difficile.
- 8 tués qui ont coulé avec le navire et deux blessés qui sont morts dans une embarcation (second capitaine) et à terre (mousse). 3 grièvement blessés en traitement à Amposta et 10 blessés légers.
- Equipage : tous Français, sauf un Portugais. Egalement des Annamites et des Sénégalais. Les Français ont été admirables.
- L’équipage s’est réfugié dans les embarcations criblées d’obus et a été recueilli par le vapeur SAN ANTONIO de Barcelone et la barque de pêche SANTA MARIA, d’Alfargues.
- Les hommes dans la barque voisine du sous-marin ont demandé au commandant du sous-marin un seau pour écoper. Celui-ci a refusé, mais les a fait monter à son bord et a trouvé une autre embarcation dans laquelle il les a fait monter.
- Le sous-marin a ensuite fait débarquer 13 Italiens qui étaient prisonniers à son bord.
- Le commandant du sous-marin a parlé avec le 2e lieutenant et lui a demandé son port de destination et s’il y avait de l’argent à bord. Il parlait aux marins sans accent, très bien. Il a dit que c’était le premier navire de commerce qu’il voyait se défendre aussi longtemps et qu’il ne pouvait s’empêcher de les féliciter. Il l’a dit aussi au chef mécanicien qui était à bord du sous-marin.
- Numéro du sous-marin caché, mais les Italiens ont vu le n° U 64 dans deux compartiments.
- Canon de 140 à tir rapide, fixe. Quand le canon était trop chaud, il semble qu’il disposait de lances pour le refroidir. Autour du canon, comme un double pont avec des tubes en acier, chaque tube contenant un obus avec sa cartouche, d’où le tir très rapide.
- Sous-marin peint en gris, irrégulier, peinture fraîche.
- Commandant d’une trentaine d’années, rasé. Autres officiers très jeunes, en tenue de drap bleu, et hommes d’équipage entre 20 et 23 ans
- Très grande vitesse et grande facilité manœuvrière.

Interrogatoire de l’élève officier mécanicien GESTA Louis

Des conversations ont-elles été échangées entre les marins allemands et les marins espagnols du bateau de pêche qui vous a recueillis ?

- Les matelots du sous-marin ont causé en espagnol avec les marins de la barque qui nous a emmenés à bord du bateau de pêche espagnol dont je n’ai pu voir ni le nom, ni le numéro. Allemands et Espagnols avaient l’air de bien se connaître. A bord du bateau espagnol on nous a donné des vivres et du pain en abondance. Il y avait à bord une vingtaine de couvertures de laine.

Rapport du Chef Mécanicien Alexandre LEPAYTRE au commandant

Le nommé Allanic Gustave, chauffeur embarqué au Havre, a pris son quart de 16h00 à 20h00 le 13 Septembre dans un état complet d’ivresse. A 18h00, il est monté sur le pont et n’a pas voulu redescendre. Je l’ai fait remplacer par un autre chauffeur disponible, Le Corre Pierre, chauffeur aussi embarqué au Havre. Il est descendu prendre son service également ivre et s’est endormi sur un tas de charbon. Ce sont les deux autres chauffeurs qui ont assuré le service jusqu’à 20h00.
Le lendemain 14, à 04h00, j’ai fait rappeler le nommé Allanic pour reprendre le quart, mais il n’a pas voulu descendre. Comme la veille, il a été remplacé par le nommé Le Corre qui, lui, a assuré son service jusqu’à la fin.
Je vous prie, Capitaine, de bien vouloir appliquer à ces hommes une sanction sévère pour les faits signalés dans ce rapport.

Rapport du 2e Mécanicien François FER

Le 14 Septembre 1917 vers 08h00, pendant le bombardement du navire, je me suis rendu à la cuisine pour savoir s’il y avait du café pour les hommes qui assuraient le service de chauffe. J’ai alors aperçu le chauffeur ALLANIC Gustave qui se cachait dans la coursive de la chaufferie. Je fis comprendre à cet homme que son courage n’était guère brillant et lui donnai l’ordre de descendre dans la chaufferie pour prendre un bidon et envoyer du café à ses camarades.
Ce n’est qu’à la 4e sommation et sous la menace de mon révolver que cet homme s’est décidé à obéir. Lorsqu’il eut porté le café, il a disparu de la chaufferie et je ne le revis que dans un canot de sauvetage.

Rapport du 3e mécanicien Auguste MARTIN

Le 14 Septembre vers 08h00, me trouvant dans la chaufferie pendant le combat, j’ai entendu une discussion où j’ai distinctement reconnu la voix du second mécanicien menaçant le chauffeur Allanic de lui brûler le gueule s’il ne descendait pas de suite chercher le bidon se trouvant dans la chaufferie afin d’aller à la cuisine prendre du café pour les hommes travaillant devant les feux. Cet homme a exécuté l’ordre sous la menace et il est descendu après quelques instants avec le bidon. Cet homme, pendant toute la durée du combat, n’a fait que cette courte apparition dans la chaufferie et n’a rendu aucun service.

Rapport du 2e lieutenant François GAROCHE (faisant office de commandant) à l’Administrateur de l’Inscription Maritime de Cette.

Je vous informe que le nommé Allanic Gustave, inscrit à Saint Nazaire n° 2917, remplissant la fonction de chauffeur, s’est rendu coupable de désobéissance, en mer, le 14 Septembre 1917, au cours d’un combat que le navire a eu à soutenir contre un sous-marin allemand. Je vous prie de bien vouloir lui infliger la punition disciplinaire que cette faute vous paraîtra devoir mériter.
Quant au chauffeur LE CORRE Pierre, sa conduite ayant été bonne pendant le combat, je vous demanderais que sa peine soit en sursis.

Rapport de l’officier AMBC

Vapeur équipé d’un canon de 90 mm modèle 77 sur affût 1916 muni d’un appareil à percussion centrale à l’arrière dans l’axe et d’un canon de 65 mm modèle 1902 à l’avant.

4 coups seulement ont été tirés avec le 90 mm, une avarie étant survenue à la vis de culasse. Le tir a continué avec la pièce avant jusqu’à l’évacuation. Conduite de tir normale, conforme à la méthode réglementaire. Officier de tir Monsieur Garoche, tout à fait à la hauteur de sa tâche et montrant beaucoup de sang froid. 180 projectiles tirés, dont certains sont tombés à moins de 30 m du but. Malgré le tir rapide, réglé et meurtrier du sous-marin la riposte a duré jusqu’au dernier moment.

Armement militaire de la pièce arrière (3 hommes) a été tué en se rendant à la pièce avant. Il est regrettable que l’avarie du 90 n’ait pu être réparée car le tir de cette pièce eut changé le cours des évènements. Monsieur Garoche n’a pu fournir d’explications sur la cause de l’avarie. Toutefois, l’avarie peut être attribuée à une difficulté de rotation du volant (impossible d’ouvrir la culasse). Il y a tout lieu de croire que si l’incendie ne s’était pas déclaré à bord suite au tir de l’ennemi, cette pièce aurait pu être remise en état de tirer.

Au 80e coup de la pièce avant, on a constaté un affaissement de la plateforme, qui a augmenté dans de grandes proportions par la suite. Au 180e coup, la pièce ne rentrait plus en batterie. Au cours du tir, un projectile desserti est resté engagé dans l’âme du canon.

Rapport de la Commission d’enquête

Ce rapport est extrêmement court (une page et demie) et reprend les faits en donnant seulement les heures. Il indique que 4 hommes ont été retenus trente minutes sur le sous-marin, puis remis à un bateau de pêche dont on n’a pu voir ni le nom, ni le numéro, et qui sans aucun doute était lié au sous-marin.
Il indique que l’Etat Major et l’équipage, exception faite du chauffeur ALLANIC et de tous les gens de couleur ont vaillamment soutenu l’honneur de notre pavillon et que la conduite du capitaine a été exemplaire tant au point de vue militaire que professionnel.

Elle indique que le combat a commencé dans les eaux territoriales espagnoles et a la conviction qu’il existe aux environs de Tortosa une organisation hispano-allemande très spéciale. On paie des navires espagnols (vapeurs, voiliers, pêcheurs) pour sauver les rescapés des combats, récupérer les objets de valeurs ou documents qui surnagent et ravitailler les sous-marins.
Elle a la quasi certitude que le sous-marin était l’U 64.
Elle trouve déplorable que la pièce de 90 mm arrière ait été mise hors service au 4e coup.

Le sous-marin attaquant

C’était donc l’U 64 du Kptlt Robert MORATH.
Le matin même, il avait coulé le navire italien AUSONIA, allant de Swansea à Savone avec du charbon. Il coula aussi ce même jour l’Anglais CHULMLEIGH, 4911 t, qui allait de Newcastle à Gênes.

Voici les diverses silhouettes de ce sous-marin, dessinée par les hommes d’AMIRAL DE KERSAINT.

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U 64 sera coulé après un combat contre HMS LYCHNIS le 17 Juin 1918 au Nord de la Tunisie et disparaîtra avec 38 hommes de son équipage. Il y aura 5 survivants, dont le commandant Morath.

Voici un sous-marin de type U 64 (en l’occurrence l’U 65)

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Récompenses

Citation à l’Ordre de l’Armée

LENORMAND René Pierre LV auxiliaire

A montré de belles qualités militaires et professionnelles au cours d’un combat qu’il a soutenu pendant quatre heures contre un sous-marin. Déjà cité à l’Ordre de l’Armée le 14 Mars 1917.

RECHER Joseph Capitaine au Long Cours. 2e capitaine

A vaillamment secondé son commandant au cours d’un violent engagement d’artillerie avec un sous-marin. Mort des suites de ses blessures.

Citation à l’Ordre du Corps d’Armée


MARTINEAU Emmanuel 1er lieutenant Bordeaux 718

Grièvement blessé lors d’un violent engagement d’artillerie avec un sous-marin, au cours duquel il s’est signalé par son entrain et son énergie.

GAROCHE François 2e lieutenant Saint Brieuc 186

A dirigé avec sang froid et courage le tir de son bâtiment au cours d’un violent engagement avec un sous-marin.

LEPAYTRE Alexandre Chef mécanicien Granville 1463

Pour le bel exemple de courage et de sang froid dont il a fait preuve en dirigeant avec autorité son personnel au cours d’un violent engagement avec un sous-marin.

Citation à l’Ordre de la Division

BOUCHARD Albert Maître d’équipage

Tué en accomplissant courageusement son devoir militaire lrs du combat de son navire contre un sous-marin.

BERTIN Georges Elève Officier de la Marine Marchande Le Havre 11626

A fait preuve, malgré son jeune âge, d’un mépris complet du danger, assistant jusqu’au bout son commandant au cours d’un violent engagement avec un sous-marin. A été blessé.

JACOB Constant Canonnier breveté Auray 8059

A fait preuve de courage et du plus grand calme comme chef de pièce au cours d’un long et violent engagement de son navire avec un sous-marin.

Citation à l’Ordre de la Brigade

FER François 2e mécanicien Le Havre 6543
MARTIN Auguste 3e mécanicien Saint Malo 552 (Domicilié Villa Saint Augustin à Saint Ideuc, près de Paramé)

Pour le courage et le sang froid dont ils ont fait preuve lors d’un violent engagement avec un sous-marin.

BOUCHEZ Fernand TSF Marseille 9247 (Alors embarqué sur le vapeur MEXICO)

Pour son attitude courageuse et son sang froid lors d’un violent engagement de son navire contre un sous-marin.

LE COZANNET Pierre Matelot Le Havre 10247

S’est signalé par son sang froid et son énergie pendant le tir, lors d’un combat de son navire contre un sous-marin. A sauvé un mousse blessé (ANGEL, décédé par la suite)

Citation à l’Ordre du Régiment

DUCHEMIN Fernand Aide canonnier 43499.1
BOURDIN Auguste Aide canonnier 43802.2
URO Anthème Matelot Paimpol 40638
OLIVIERO Mathurin Matelot Saint Brieuc 463
BRIAND Yves Chauffeur Tréguier 3727
VANHILLE Jules Matelot Dunkerque 270

Pour le calme et le courage dont ils ont fait preuve lors d’un violent engagement avec un sous-marin.

Témoignage Officiel de Satisfaction

LEFEBVRE Louis Matelot Binic 1373
POIRIER Pierre Matelot Paimpol 40023
SOREL Joachim Cuisinier Saint Nazaire 7067
BERTHO Louis Second maître Binic 1663
LE COAT Eugène Chauffeur Vannes 650
LARCHIVER François Chauffeur Lannion 3524
JOSSE Séverin Chauffeur Paimpol 8874
COCHERIC Emile Chauffeur Dinan 461
SAOUT François Chauffeur Morlaix 17311
L’HORSET Yves Chauffeur Tréguier 3710
ABASQUE Auguste Chauffeur Brest 34919
ALFARATE Jose Chauffeur Sujet portugais
VACHERAT André Electricien Le Havre 5675

Pour le sang froid et l’énergie dont ils ont fait preuve lors d’un violent engagement avec un sous-marin.

Vapeur AMIRAL DE KERSAINT

Pour l’attitude courageuse de son équipage lors du violent engagement de ce navire avec un sous-marin le 14 Septembre 1917.

(Signalons que la Commission d’enquête avait proposé des Citations d’Armée pour DUBOS, TALLEC et REQUIN, les trois militaires tués à bord, qui ne furent pas retenues. En revanche, il n’y eut aucune proposition pour le matelot LHOTELLIER, le chauffeur LE MARTRET, le cambusier ROLLAND et le mousse ANGEL…)


Note de l’Etat Major Général, 1ère section, au Directeur de la Compagnie des Chargeurs Réunis. 20 Novembre 1917

En réponse à votre demande du 16/10/17 j’ai l’honneur de vous communiquer les noms des personnes auxquelles j’ai accordé les récompenses suivantes demandées par le Consul Général à Barcelone, pour leur attitude dans le sauvetage d’AMIRAL DE KERSAINT.

- Ismaël REDO, patron du voilier SANTA MARIA. A recueilli en mer les naufragés et leur a prodigué des soins dévoués. Lettre de remerciement et gratification de 250 f.
- Pablo FERRES, capitaine du remorqueur SAN ANTONIO. S’est porté au secours des naufragés dès qu’il a entendu la canonnade et les a sauvé. Beaucoup de dévouement. Médaille de sauvetage.
- Jose MAYA PUIG, employé de Monsieur CARVALLO, ingénieur à Amposta. A prêté un concours dévoué pour le sauvetage d’AMIRAL DE KERSAINT. Montre avec inscription.

Cdlt
olivier
Rutilius
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AMIRAL-DE-KERSAINT ― Cargo mixte ― Compagnie des Chargeurs réunis.

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,

« Rapport du 2e lieutenant François GAROCHE (faisant office de commandant) à l’Administrateur de l’Inscription Maritime de Cette.

Je vous informe que le nommé Allanic Gustave, inscrit à Saint-Nazaire n° 2917, remplissant la fonction de chauffeur, s’est rendu coupable de désobéissance, en mer, le 14 septembre 1917, au cours d’un combat que le navire a eu à soutenir contre un sous-marin allemand. Je vous prie de bien vouloir lui infliger la punition disciplinaire que cette faute vous paraîtra devoir mériter.
»

— ALLANIC Gustave Marie, né le 25 octobre 1882 à Saint-Nazaire (Loire-Inférieure aujourd’hui Loire-Atlantique), au lieu-dit « La Villez Halluard », et décédé le ... à ... (...). Matelot chauffeur [Matelot de 1re classe chauffeur breveté à compter du 1er octobre 1903, à la fin de son service dans la Marine].

Fils de François Marie ALLANIC, né vers 1850, chauffeur, et de Marie Anne ALLAIRE, née vers 1850, sans profession, son épouse (Registre des actes de naissance de la ville de Saint-Nazaire, Année 1882, f° 67, acte n° 514).

Époux de Marie Angèle Georgette CHALMEAU, avec laquelle il avait contracté mariage à Saint-Nazaire, le 25 mai 1908 (Ibid.).

**********

Inscrit le 12 novembre 1901 au quartier maritime de Saint-Nazaire, n° 2.917 ; rayé le 5 février 1930. Classe 1902, n° 2.916 au recrutement de Nantes.

Récupéré par la Marine, ce marin avait embarqué le 13 août 1917 sur l’Amiral-de-Kersaint. Il appartenait auparavant à l’équipage de la Drague n° 5, du port du Havre (1er janv. 1916 ~ 9 août 1917).

Seules sanctions inscrites sur sa fiche matriculaire :

— Condamnation à un mois de prison avec sursis par le Tribunal maritime commercial du Havre, le 13 dé-cembre 1923, pour « ivresse avec désordre et embarquement clandestin de liqueurs spiritueuses » ;

— Condamnation à 15 jours de prison par le Tribunal maritime commercial du Havre, le 17 septembre 1924, pour « désertion ».

[Archives départementales de la Loire-Atlantique, Quartier de Saint-Nazaire, Matricule des inscrits définitifs, 1901~1930, n° 2.917, Cote 7 R 6 / 501, p. num. 62].
Dernière modification par Rutilius le mer. juin 03, 2020 12:30 am, modifié 2 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
olivier 12
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Re: AMIRAL DE KERSAINT - Compagnie des Chargeurs Réunis

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

2 autres CP d'AMIRAL DE KERSAINT

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Incident diplomatique suite à l’affaire d’AMIRAL DE KERSAINT

Lettre du Ministre des Affaires Etrangères. 22 Septembre 1917

Concernant l’attaque du KERSAINT par un sous-marin allemand, j’ai l’honneur de vous communiquer les renseignements suivants qui proviennent de l’interrogatoire des rescapés de ce bâtiment par le commandant du poste de Cerbère.
Comme je vous l’indiquais, il résulte de ces renseignements très fermes et très précis que l’attaque s’est bien produite dans les eaux territoriales.
Elle s’est produite à 06h15 du matin le 14 Septembre dernier. Au moment où le sous-marin a tiré les premiers coups de canon, les positions respectives étaient les suivantes :

- KERSAINT à 2,5 milles à l’Ouest du phare de Buda, pointe de Tortosa, route au Sud.
- Sous-marin presque à toucher terre, franchement sur l’arrière du KERSAINT, au milieu de barques de pêche. Il a manœuvré de manière à couper la route du vapeur français et à l’empêcher de se rapprocher de terre, se tenant par conséquent entre la terre et lui.

KERSAINT qui fuyait a dû céder à cette pression et au moment où il a été évacué il était à 3 milles de la côte. KERSAINT n’a pas coulé dans les eaux territoriales espagnoles, telles qu’elles sont définies par le décret royal du 23 Novembre 1914. Mais il est nettement établi que, malgré les prescriptions du décret royal, un sous-marin allemand était dans les eaux espagnoles, sans égard pour la sauvegarde que la Suzeraineté Espagnole conférait au KERSAINT qui s’y trouvait également. Il n’a pas hésité à l’attaqué et s’est maintenu dans les eaux territoriales pendant une grande partie du combat.

En conséquence, j’ai l’honneur d’insister pour que vous vouliez bien inviter Monsieur GEOFFRAY, notre Ambassadeur à Madrid, à adresser une protestation formelle contre cette violation flagrante de la Suzeraineté Espagnole.

Signé : CHAUMET

Lettre de l’Ambassadeur de France au Ministre des Affaires Etrangères Espagnol. 26 Septembre 1917

Mon cher Ministre,

Vous n’êtes pas sans savoir que le paquebot français AMIRAL DE KERSAINT a été coulé récemment à la suite d’un engagement avec un sous-marin allemand dans le voisinage de Tortosa.
Les renseignements qui me sont parvenus indiquent que l’attaque du sous-marin s’est produite au moment où celui-ci se trouvait dans les eaux territoriales espagnoles. Il se trouvait en effet à terre de l’AMIRAL DE KERSAINT, lequel était sensiblement lui-même à la limite des eaux territoriales.
D’autre part, pour répondre à une critique qui a été formulée suite à un engagement sur les côtes d’Espagne entre un chalutier français et un sous-marin allemand, je me permets de vous signaler que l’attaque contre AMIRAL DE KERSAINT s’est produite au moment où le sous-marin allemand se trouvait entouré de barques de pêche espagnoles, l’empêchant par conséquent de riposter avec efficacité, de peur d’atteindre des bâtiments neutres.
Je me réserve de vous adresser ultérieurement d’autres renseignements dès que je les aurai reçus. J’ai voulu dès à présent vous mettre au courant de cet incident, à toutes fins utiles.

Veuillez agréer, Mon cher Ministre, les assurances de ma Haute Considération et de mes sentiments d’amitié.

Signé : Geoffray

Lettre du Ministre d’Etat espagnol à l’Ambassadeur de France. 27 Septembre 1917

A Son Excellence Monsieur Léon GEOFFRAY,

Mon cher Ambassadeur,

En réponse à votre estimée lettre d’hier relative au coulage du vapeur français AMIRAL DE KERSAINT, je dois vous informer que les informations que j’ai reçues jusqu’à présent ne coïncident pas avec celles que vous me transmettez. En effet, il résulte de celles-là que soit l’attaque, soit le coulage de ce navire ont eu lieu à environ 10 milles du cap Tortosa, tout à fait en dehors des eaux juridictionnelles espagnoles. Néanmoins, j’adresse aujourd’hui même à mon collègue, Monsieur le Ministre de la Marine, une demande avec des coordonnées plus complètes. Dès que je les aurai obtenues, je m’empresserai de vous écrire à nouveau.

En attendant, je vous réitère les assurances de ma haute considération, et demeure votre ami affectionné.

Signé : Marquis de LEMA (Copie pour l’Attaché Naval)

Lettre du Ministre d’Etat. 29 Septembre 1917

Mon cher Ambassadeur,

En complément à ma lettre du 27 je m’empresse de vous informer que, d’après ce que me télégraphie le Ministre de la Marine au sujet de l’information ouverte relativement au cas du vapeur français AMIRAL DE KERSAINT, il résulte du témoignage unanime de tous ceux qui ont déposé, que l’affaire s’est passée à 8 ou 10 milles des côtes espagnoles, sans qu’aucun membre des équipages fasse la moindre mention de ce que le sous-marin eût été entouré de barques de pêche.
En ce qui concerne les conditions du combat, ils déclarent que le sous-marin se trouvait en poupe du navire, lequel tirait avec son canon placé à cette extrémité. Comme ce canon se mit hors service au 4e coup, il ne put ensuite utiliser que le canon de proue qui fonctionnait dans de très mauvaises conditions pour le pointage.

Le Général Florez me dit également que dans le procès-verbal, les déclarations de deux patrons de barques de pêche manifestent qu’ils ont assisté au combat et se sont efforcés de s’éloigner de plus en plus du lieu de l’évènement, afin de ne pas souffrir de ses conséquences.

Votre ami affectionné, le Marquis de LEMA

Lettre du 2 Octobre 1917 de la Direction des Affaires Politiques et Commerciales, au Ministre RIBOT (Affaires étrangères) et à l’Ambassadeur GEOFFRAY

En me référant à la dépêche du Département en date du 25 Décembre dernier, j’ai l’honneur de faire savoir à votre Excellence que dès le 26, ayant été informé par notre Attaché Naval des conditions supposées du torpillage d’AMIRAL DE KERSAINT, j’ai adressé au Ministre d’Etat la lettre ci-jointe en copie.

Le Marquis de Lema y a répondu par deux lettres en date des 27 et 29 Septembre.

Les renseignements reçus par Monsieur Du Petit Thouars n’ont pas jusqu’ici apporté de précision nouvelle sur la position du KERSAINT au moment où il a été attaqué par un sous-marin. Il y est bien allégué que le KERSAINT était à 3,5 milles de terre, et que le sous-marin était entre lui et la terre. On pourrait en conclure que ce sous-marin était dans les eaux territoriales. Mais la preuve n’en est pas suffisamment établie pour étayer dès à présent une réclamation.

Notre Attaché Naval espère recevoir prochainement le rapport de l’officier en second, blessé, et je ne manquerai pas d’en faire état auprès du Marquis de Lema.

Note de l’EV LABEE au Capitaine de Frégate BERGASSE DU PETIT THOUARS, Attaché Naval à Madrid. 5 Octobre 1917

Conformément aux ordres que vous m’avez donnés le 3 Octobre 1917, je me suis rendu à Tortosa pour interroger le 1er lieutenant de ce vapeur et vous rapporter les détails précis sur les circonstances dans lesquelles s’est engagé le combat.
Je vous adresse ci-inclus un questionnaire précis. J’aurais voulu que Monsieur MARTINEAU, 1er lieutenant de ce vapeur, fasse un rapport très circonstancié. Mais cet officier, quoique entièrement lucide, se trouve du fait de ses blessures dans l’impossibilité d’écrire. Je me suis donc borné à porter sur le questionnaire les déclarations verbales qu’il a bien voulu me faire et à les certifier conformes. (Voir l’interrogatoire retranscrit ci-dessus)

Il y a un point essentiel sur lequel Monsieur Martineau a insisté : c’est la consigne stricte donnée aux officiers par le commandant de l’AMIRAL DE KERSAINT de ne s’écarter sous aucun prétexte de la terre de plus de 2,5 milles. Cet ordre a été donné lors de l’atterrissage au Cap de Palos le 13 Septembre au matin. Il a été fidèlement exécuté jusqu’au 14 Septembre à 06h15 du matin, heure de France, à laquelle s’est produite l’attaque du sous-marin.

Profitant de mon déplacement à Tortosa, j’ai rendu visite à Monsieur l’Agent consulaire de France à Tarragone, lequel s’était rendu à San Carlos de la Rapita au moment où les naufragés ont atterri. Je l’ai prié de bien vouloir répéter cette déclaration sous forme de lettre, en maintenant le texte espagnol afin de ne pas en altérer le sens par une traduction française. Ci-joint copie de cette lettre.

Il y a concordance entière, comme vous le verrez, entre ce document et la déposition recueillie auprès du 1er lieutenant Monsieur Martineau.

Lettre de l’Agent consulaire à Tarragone, Monsieur MERELO à l’Attaché Naval, CF DU PETIT THOUARS. 5 Octobre 1917

Je crois devoir porter à Votre Haute Connaissance les propos que j’ai tenus le 15 du mois dernier à 16h30 avec le Commandant de la Marine à San Carlos de la Rapita relatifs au sinistre de l’AMIRAL DE KERSAINT.

Après l’enterrement du 2e capitaine de l’AMIRAL DE KERSAINT, Monsieur RECHER, et du mousse ANGEL, je suis entré dans le bureau du Commandant de la Marine à San Carlos, Monsieur Francisco MORENO, déférant à son invitation pour me remettre l’alliance retirée du doigt de Monsieur Recher par le médecin légiste. En causant des circonstances du combat soutenu entre AMIRAL DE KERSAINT et le sous-marin allemand U 64, j’ai dit à Monsieur Moreno, qui était en uniforme et en présence de son secrétaire Ramon Farregat :

« Es muy sensible que los submarinos alemanas hayan escodido estos parages para torpedear o etacar à los buques en aquas espanolas puesto que el sub-marino que ha combatido con el AMIRAL DE KERSAINT se encontra ba muy cerca de tierra ».

Le Commandant de la Marine à San Carlos m’a répondu :

« El sub-marino se hallaba à UNA MILLA Y MEDIA de tierra. »

J’ai rapporté tout de suite ces propos à Monsieur Dreyfus et je m’engage par la présente à les soutenir devant qui que ce soit avec la conviction que l’honneur de Monsieur Francisco Moreno ne lui permettra pas de les démentir.

Signé : MERELO

Lettre du CF BERGASSE DU PETIT THOUARS au Ministre de la Marine. 18 Décembre 1917.

J’ai l’honneur de vous transmettre ci-joint une note adressée par le Ministre d’Etat à l’Ambassadeur de France à Madrid, en réponse à une réclamation envoyée le 8 Octobre dernier par Monsieur Geoffray au Gouvernement espagnol, au sujet de l’attaque et de la destruction du vapeur français AMIRAL DE KERSAINT devant les Bouches de l’Ebre.

Cette note fait état d’une nouvelle enquête effectuée par les autorités espagnoles à la suite de notre protestation, et dans lesquelles les dépositions du 1er et du 2e lieutenant, ainsi que celles de divers matelots d’AMIRAL DE KERSAINT, sembleraient avoir confirmé que l’attaque s’est produite à dix milles au moins de la côte.

Or le rapport de mer du 2e lieutenant, Monsieur GAROCHE, indique au contraire très nettement que l’attaque s’est produite à 2,5 milles environ du phare de Buda. Le 1er lieutenant, Monsieur MARTINEAU, blessé pendant le combat, a fait des déclarations identiques.

Comme d’autre part Monsieur Garoche est rentré en France vers le 15 Septembre, aussitôt après avoir terminé son rapport, il n’a certainement pas été interrogé à nouveau par les autorités espagnoles. Je prescris une enquête à nos agents d’Amposta afin de savoir si Monsieur Martineau, resté en traitement à Tortosa, et les autres blessés d’AMIRAL DE KERSAINT ont fait de nouvelles déclarations qui infirmeraient leurs dépositions primitives.

Lettre de Décembre 1917 du Ministre de la Marine au Vice Amiral Préfet Maritime de Toulon

J’ai l’honneur de vous exposer les observations auxquelles a donné lieu l’étude du dossier relatif à la perte du vapeur AMIRAL DE KERSAINT coulé par un sous-marin ennemi le 14 Septembre 1917. L’enquête consécutive à cette perte a été faite par la Commission de Cette.

Rapport de l’officier AMBC

La circulaire du 8 Juillet spécifie que l’officier AMBC mis à la disposition de la Commission doit être un Officier de Marine. Il y a lieu de se conformer strictement à cette prescription et de prendre à l’avance toutes les dispositions utiles pour que le service des enquêtes dans tous les ports des Arrondissements soit toujours assuré par un Officier de Marine de l’AMBC.
Le rapport de Monsieur l’Officier des Equipages Commandant le centre AMBC de Cette n’est pas suffisant et la Commission eut dû s’en apercevoir. Il ne contient aucun détail intéressant, en particulier en ce qui concerne les avaries survenues à l’artillerie, qui sont simplement relatées sans aucun commentaire.

Rapport de la Commission

Le rapport de la Commission d’enquête doit permettre au service de la DGGSM qui le reçoit de se faire rapidement une idée exacte et précise de la manière dont s’est engagée, déroulée et terminée l’action ainsi que des conditions et faits particuliers qui l’ont accompagnée ou caractérisée.
Dans le cas d’AMIRAL DE KERSAINT, il n’en est rien. Le rapport de la Commission est un pâle et succinct résumé des déclarations faites spontanément par un petit nombre de témoins. Nulle part, ni dans le rapport, ni dans aucune autre pièce du dossier, n’apparaît le souci de rechercher et de mettre en lumière la vérité et l’exactitude, ni d’établir nettement le plan de l’engagement.

Conclusions de la Commission


Les seules conclusions fermes que contient le dossier sont des affirmations fort aventureuses, sur lesquelles on reviendra. La Commission se borne à indiquer que le Capitaine « a été brillamment secondé par ses officiers qui tous méritent une récompense et que l’équipage blanc a fait preuve d’un courage et d’une discipline qui méritent les plus grands éloges ».
Ce n’est que sur demande de la DGGSM que des propositions ont été envoyées par le Commandant de la Marine et figure parmi elles le motif suivant : « Tué à son poste de combat au cours d’un violent engagement d’artillerie ». Ce motif ne saurait à lui seul suffire pour entraîner l’attribution de la Croix de Guerre avec palme.

Interrogatoire du Capitaine au Long Cours GAROCHE

L’enquête relative à la perte d’AMIRAL DE KERSAINT ayant dès le début paru franchement insuffisante, la DGGSM a fait rechercher le seul officier de ce vapeur susceptible d’être interrogé à nouveau, le CLC Garoche, 2e lieutenant de ce bâtiment. Cet officier a donné des renseignements complémentaires dont il résulte :
- Des précisions au sujet de l’avarie survenue au canon de 90 mm
- L’explication de l’affaissement de la plateforme du canon de 65 mm causée par un obus ennemi qui l’a atteint. Cette dernière circonstance a complètement échappé à la Commission. Le dossier n’en fait aucune mention. Bien plus, suite au rapport de l’officier AMBC le Président de la Commission a cru devoir ajouter la note suivante : « Avarie du 65. L’affaissement est un fait indiscutable. Il semble facile d’établir une responsabilité. » Cette affirmation, qui viserait à engager gravement la responsabilité d’un autre service, ne repose sur aucun fondement sérieux. Elle est une conséquence de la négligence de la Commission et de l’insuffisance de l’enquête faite par elle.
- Enfin, mis à même d’expliquer sur la carte la manœuvre d’AMIRAL DE KERSAINT, le capitaine Garoche n’a pu réussir à établir la présence dans les eaux espagnoles, ni de son bâtiment, ni du sous-marin ennemi. Cette discussion sur la carte, seule susceptible d’éclairer la Commission, n’a pas été soutenue sérieusement par elle et il est très regrettable de trouver dans son rapport les deux phrases suivantes : 1. « La commission indique que le combat a commencé dans les eaux territoriales espagnoles ». 2. « Elle a la conviction qu’il existe aux environs de Tortosa une organisation hispano-allemande spéciale. On paie des navires espagnols pour sauver les rescapés des combats, ainsi que les documents ou objets de valeur qui surnagent et pour ravitailler les marins ennemis ». Des affirmations de cet ordre dans une pièce officielle exigent d’être étayées par des faits précis discutés avec soin. Ou bien la Commission a connu de tels faits et elle doit les consigner dans le dossier avec le plus de preuves possible, ou bien elle ne possède point ces preuves. Il n’est pas permis dans ce cas d’oublier que son caractère même donne de la valeur à ses conclusions susceptibles d’engager le pays dans une discussion délicate avec une puissance neutre. Elles ne sauraient être formulées avec une telle légèreté.

En conséquence, vous voudrez bien témoigner de mon vif mécontentement au Président de la Commission d’enquête qui s’est réunie le 18 Septembre 1917.

Signé : Georges LEYGUES

(La lettre se termine par des prescriptions très strictes concernant toutes les Commissions d’enquête. En particulier, les témoins doivent demeurer à la disposition des commissions d’enquête tout le temps nécessaire pour que l’enquête soit poussée à fond).

Cdlt
olivier
Rutilius
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Bonsoir à tous,


Passagers militaires décédés à bord du cargo mixte Amiral-de-Kersaint
antérieurement à la perte de ce bâtiment


(Liste non exhaustive : 5 noms)

Avertissement : Orthographe de certains toponymes incertaine


■ 14e Bataillon de tirailleurs indochinois.

― DUONG Van Xuan, né à une date et en un lieu inconnus, décédé le 4 octobre 1916 (Cause inconnue). Tirailleur de 2e classe, matricule n° 1.027 au corps, classe inconnue, n° 1.027 en un lieu de recrutement inconnu.

■ 42e Bataillon de tirailleurs sénégalais.

― KARI Dembélé, présumé né en 1893 à Tamaro (Cercle de San, Soudan ― aujourd’hui Mali), mort le 18 mai 1916 (Cause inconnue). Tirailleur de 2e classe, matricule n° 31/33.197 au corps, engagé volontaire en 1914, n° 31/33.197 au recrutement de San.

■ 43e Bataillon de tirailleurs sénégalais.

― BELCO Tamboura, présumé né en 1891 à N’Gomé (Cercle de Bamako, Soudan ― aujourd’hui Mali), décédé le 23 mai 1916 (Cause inconnue). Tirailleur de 2e classe, matricule n° 35.297 au corps, classe, n° et lieu de recrutement inconnus.

― DOHÉNÉ Dogo, présumé né en 1895 à Safani (Cercle de Dédougou, Soudan ― aujourd’hui Burkina Faso), décédé le 23 mai 1916 (Cause inconnue). Tirailleur de 2e classe, matricule n° 33.727 au corps, classe inconnue, n° 33.727 en un lieu de recrutement inconnu.

■ Affectation indéterminée.

― NGUYEN Laï, présumé né en 1887 à Antac (Province de Binh Hins, Annam ― aujourd’hui Viêt-nam), décédé « en mer » le 16 octobre 1916 (Cause inconnue). Tirailleur de 2e classe, matricule n° 132, classe, n° et lieu de recrutement inconnus.

____________________________________________________________________________________________
Bien amicalement à vous,
Daniel.
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Bonjour à tous,


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Bien amicalement à vous,
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Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,


Le dernier capitaine du cargo mixte Amiral-de-Kersaint


— LENORMAND René Pierre Joseph, né le 18 mars 1877 au Havre (Seine-Inférieure — aujourd’hui Seine-Maritime), au 38, rue du Champ de Foire (Registre des actes de naissance de la ville du Havre, Année 1877, Vol. I., f° 179, acte n° 708), et décédé le ... 1942 à Bayeux (Calvados).

• Fils de Pierre François LENORMAND, capitaine au long-cours, né le 2 avril 1845 à Granville (Manche), décédé en mer le 7 avril 1892 à bord du cargo Entre-Rios (1887~1905), de la Compagnie des Chargeurs réunis, bâtiment dont il exerçait alors le commandement (Registre des actes de décès de la ville du Havre, Année 1892, Vol. I., f° 154, acte n° 1.401) ; et de Marie RACIQUOT, née le 28 février 1850 à Périers (Manche), sans profession [Dite « rentière » en 1904] ; époux ayant contracté mariage à Périers, le 23 février 1876 (Registre des actes d’état civil de la commune de Périers, Année 1876, f° 4, acte n° 10).

• Petit-fils de Pierre Marie LENORMAND, marin, né le 1er septembre 1814 à Granville, décédé le 2 avril 1856 au large de Terre-Neuve, étant embarqué sur le brick Daniel, terre-neuvier de la Compagnie générale maritime armé à Granville (Registre des actes de décès de la ville de Granville, Année 1856, f° 47, acte n° 207).

• Époux de Thérèse Marie Marguerite MARTINE, née le 9 juillet 1882 à Souillac (Lot) et décédée le ... 1958 au Havre, avec laquelle il avait contracté mariage dans cette ville, le 29 août 1904 (Registre des actes de mariage de la ville du Havre, Année 1904, Vol. II., f° 172, acte n° 802).

Fille de Firmin François Joseph MARTINE, né le 16 avril 1849 à Souillac (Lot), employé de banque, et de Jeanne Joséphine TAILLLADE, née le 8 juillet 1858 à Gourdon (- d°-) et décédée le 3 juin 1898 au Havre (Registre des actes de décès de la ville du Havre, Année 1898, Vol. I., f° 176, acte n° 1.458) ; époux ayant contracté mariage à Gourdon, le 26 mai 1879 (Registre des actes de mariage de la commune de Gourdon, Année 1879, f° 10, acte n° 17).



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**********

Capitaine au long-cours, inscrit au quartier du Havre, n° 358 [Initialement inscrit au même quartier, f° et n° 4.116. En fin de carrière, n° 2.730 H.S.]. Classe 1897, n° 112 au recrutement du Havre. Lieutenant de vaisseau auxiliaire.

Le 25 janvier 1917, exerçait le commandement du cargo mixte Amiral-Magon, appartenant également à la flotte de la Compagnie des Chargeurs réunis, lorsque ce bâtiment fut torpillé et coulé, à 160 milles dans l’Ouest de l’île grecque de Cerigotto — autrement dénommée Anticythère —, par le sous-marin allemand U-39 (Kapitänleutnant Walter FORSTMANN), alors qu’il allait de Marseille à Salonique avec des troupes.

Fait prisonnier le 14 septembre 1917 par le kapitänleutnant Robert Wilhelm MORAHT, commandant le sous-marin allemand U-64, après que celui-ci eut arraisonné puis coulé au canon le cargo mixte Amiral-de-Kersaint. Interné le 5 octobre 1917 au camp de prisonniers de Karsruhe (Bade-Wurtemberg). Y rejoint les enseignes de vaisseau de 1re classe Georges Étienne LÉVESQUE et Gabriel Abel GUIERRE, ainsi que le matelot de 2e classe mécanicien Pierre Marie BIENVENU, du Centre d’aviation maritime de Dunkerque, faits prisonniers le 17 septembre 1917 au large des côtes hollandaises par le sous-marin allemand UC-4 (Oberleutnant zur See Walter SCHMITZ) par suite d’une panne de moteur de l’hydravion Donnet-Denhaut D. 40 qu’ils montaient. [Comité international de la Croix-Rouge, Cote P 69532].

Transféré le 22 octobre 1917 au camp de prisonniers de Blankenburg (Harz) (Saxe-Anhalt). Rejoint le même jour par Louis Mansuy DROUAILLET, commandant le cargo Minerve, de la société « Les Affréteurs réunis » (Jean Stern), fait prisonnier par le kapitänleutnant Johannes KLASING, commandant le sous-marin allemand U-34, après que celui-ci eut arraisonné puis coulé au canon le bâtiment, à 20 milles du cap Sigli (Bougie — aujourd’hui Béjaïa, Algérie) [Comité international de la Croix-Rouge, Cote P 70104]. Puis transférés tous deux le 7 novembre 1918 au camp de Torgau (Brückenkopf, Saxe) [Comité international de la Croix-Rouge, Cotes P 98958 et P 98959].

Distinctions honorifiques

□ Par décision du Ministre de la Marine en date du 31 décembre 1914 (J.O. 7 janv. 1915, p. 112), félicité pour la bonne tenue du cargo mixte Amiral-Hamelin et le bon entretien des machines de ce bâtiment dont il exerçait alors le commandement.

□ Par décision du Sous-secrétaire d’État à la Marine en date du 31 décembre 1915 (J.O. 5 janv. 1916, p. 98), félicité pour la bonne tenue du cargo mixte Amiral-Magon et le bon entretien des machines de ce bâtiment dont il exerçait alors le commandement.

□ Après le torpillage du cargo mixte Amiral-Magon, cité à l’ordre de l’armée dans les termes suivants (J.O. 15 mars 1917, p. 2.073), citation emportant concession de la Croix de guerre avec palme :

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□ Après le torpillage du cargo mixte Amiral-de-Kersaint, à nouveau cité à l’ordre de l’armée dans les termes suivants (J.O. 11 déc. 1917, p. 10.051), citation ayant entrainé l'adjonction d’une seconde palme à sa Croix de guerre :

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J.O. 11-XII-1917 - .JPG (33.87 Kio) Consulté 1303 fois

□ Par décision du Ministre de la Marine en date du 20 janvier 1919 (J.O. 25 janv. 1919, p. 996), inscrit au tableau spécial de la Légion d’honneur dans les termes suivants :

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J.O. 25-I-1919 - .JPG (33.35 Kio) Consulté 1303 fois

□ Par décision du Sous-secrétaire d’État des Ports, de la Marine marchande et des Pêches en date du 27 avril 1920 (J.O. 30 avr. 1920, p. 6.524), félicité pour la bonne tenue du cargo mixte Amiral-Ponty et le bon entretien des machines de ce bâtiment dont il exerçait alors le commandement.

□ Par décision du Ministre de la Marine marchande en date du 15 février 1933 (J.O. 8 mars 1933, p. 2.311 et 2.312), lui fut conférée la Médaille d’honneur des marins du commerce, instituée par la loi du 14 décembre 1901 au bénéfice des marins français comptant plus de 300 mois de navigation (J.O. 16 déc. 1901, p. 7.777).
Bien amicalement à vous,
Daniel.
sdaguet
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Re: AMIRAL DE KERSAINT - Compagnie des Chargeurs Réunis

Message par sdaguet »

Bonjour,

J'ai récemment découvert ce forum et l'histoire du torpillage de l'AMIRAL DE KERSAINT en 1917.

Je pratique la généalogie et j'étais en train d'étudier Alexandre LEPAYTRE chef mécanicien de l'AMIRAL DE KERSAINT :
https://gw.geneanet.org/stephanedaguet_ ... n=lepaytre

J'étais tombé depuis longtemps sur des articles de journaux locaux ou du journal officiel d'avant guerre (39-45) relatant les décorations reçues par Alexandre LEPAYTRE en relation avec le torpillage de 1917. Ce nom m'a tout de suite interpellé car ce patronyme n'est pas de la région (Manche, Granville) mais vient à l'origine d'Auvergne (son grand père étant venu d'Auvergne et ayant épousé dans les environs de Granville la fille d'un couple de mes ancêtres), a ma connaissance tous les LEPAYTRE de la Manche sont de la même famille. Grâce à sa fiche matricule militaire j'ai pu trouver sa naissance qui m'avait échappée quelques années plus tôt puisqu'il est né dans une autre commune proche différente de ses frère et sœurs.

Sur ma page geneanet lui étant consacrée, j'ai mis les liens vers sa fiche matricule militaire et les journaux en question.

A noter qu'avant la marine marchande, il a été engagé volontaire pendant 5 ans dans les équipages de la flotte à Cherbourg en tant que mécanicien, de même que son frère décédé jeune.

Voila c'était juste pour apporter ma pierre a cette histoire.

Je suis en relation avec un de ses descendants, son petit fils, qui vient de commencer sa généalogie et m'a contacté il y a peu.

Cordialement.
olivier 12
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Inscription : ven. oct. 12, 2007 2:00 am

Re: AMIRAL DE KERSAINT - Compagnie des Chargeurs Réunis

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

3 autres CP de AMIRAL DE KERSAINT

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olivier
mantelme
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Re: AMIRAL DE KERSAINT - Compagnie des Chargeurs Réunis

Message par mantelme »

Chers amis,
Je vais être un peu en-dehors de la période concernée avec ma requête, mais je cherche les noms d'une partie de l'équipage de l'Amiral-de-Kersaint de la compagnie des Chargeurs Réunis, qui a appareillé de Saigon le 10 mai 1906 et qui est arrivé à sa destinatiion, Marseille, le 11 juin 1906, en transportant le roi Sisowath du Cambodge et sa suite.
Thiounn, le ministre de palais a fait une relation de voyage qui n'a été publié qu'un siècle plus tard quand on a retrouvé le manuscrit. Thiounn donne le nom du commandant, de son second, des trois lieutenants, de l'officier mécanicien, du médecin de bord, du commissaire de bord, du maître d'équipage et du chef de chauffe. Si l'on est arrivé à retrouver le nom du commandant : Le Cerf, tous les autres noms sont sujets à caution, car ils ont été écrit phonétiquement en caractères khmers et le khmer ne distingue pas les /k/ des /g/, et les /s/, /sh/, /j/ et /z/ de l'autre. D'autre part, on ne peut avoir qu'une consonne en finale, s'il y en a plus le ministre n'a pas pris la peine de les noter. Enfin, ses notes (sûrement sous forme de pattes de mouches écrites à la va-vite) ont été remises à un scribe qui a tout recopié sans comprendre ces noms français et qui a probablement confondus des lettres qui se ressemblent : le k, un autre k (qui peut rendre le /g/ du français) et le t sont graphiquement très proches. Le p, le b et le m se ressemblent si ce n'est pas un diacritique souvent oublié.
Je me retrouve avec la liste suivante :
1- Commandant du navire : Le Cerf
2- Commandant en second : "Salong", probablement pour Salaün
3- 1er lieutenant : Yanaing, pourrait correspondre à Janin, Jannin, Janain, etc.
4- 2e lieutenant : Lepénet (avec la consonne finale prononcée), mais ce pourrait être Le Bénet, Le Pennec, Le pénègue, Le Ménèque (?)...
5- 3e lieutenant : Kamada (?)
6- Officier mécanicien : Vialat (avec le "t" audible sinon il n'aurait pas été noté), Vialade, etc. ?
7- 2e mécanicien : Moussé, Moussay Moucher, Mouchet, Mouger ?
8- 3e mécanicien : Bouet (avec t final audible) ? Mais pourquoi pas "Mouette" s'il y a eu confusion entre les lettres p et m en khmer.
9- Médecin de bord : Bissa -> pourrait correspondre à Bissat, Bichat, Bichart, Bizard, etc.
10- Commissaire du bord : Tillaire, Tillères ?
11- Maître d'équipage ou quartier-maître : Saklaing → Jaclain, Saclain, etc.
12- Chauffeur : Komang, Gaumant, Gomont, Comment, etc.
+ 17 matelots dont il ne donne pas les noms.
Si certains noms vous disent quelque chose, je suis preneur !
Cordialement
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markab
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Re: AMIRAL DE KERSAINT - Compagnie des Chargeurs Réunis

Message par markab »

Bonjour,

Voici un article des Annales du sauvetage (1 juillet 1906) où il est fait mention du don du souverain lors de son voyage :

AMIRAL DE KERSAINT - 1906
AMIRAL DE KERSAINT - 1906
Capture d’écran 2022-09-03 144520.jpg (40.69 Kio) Consulté 312 fois

A bientôt.
Cordialement / Best regards
Marc.

A la recherche des navires et des marins disparus durant la Grande Guerre.
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