SEQUANA ― Paquebot — Compagnie de navigation Sud-Atlantique, Bordeaux.

marpie
Messages : 1985
Inscription : lun. mars 22, 2010 1:00 am

Re: SEQUANA ― Paquebot — Compagnie de navigation Sud-Atlantique, Bordeaux.

Message par marpie »

Image


Bien amicalement
Marpie
Rutilius
Messages : 16777
Inscription : mar. avr. 22, 2008 2:00 am

Re: SEQUANA ― Paquebot — Compagnie de navigation Sud-Atlantique, Bordeaux.

Message par Rutilius »


Bonjour à tous,


■ Le dernier commandant du paquebot Sequana.


— PRUDENTI Ernest Antoine Hippolyte, né le ... à ... (...) et décédé le ... à ... (...). Capitaine au long-cours, inscrit à La Ciotat, n° 76 ; lieutenant de vaisseau auxiliaire. En 1919, second à bord du paquebot Malte, de la Compagnie maritime des chargeurs réunis.


Cité en ces termes à l’ordre de l’armée (J.O., 16 juill. 1917, p. 5.520) :


Image


Par décret du Président de la République en date du 3 mai 1919 (J.O., 7 mai 1919, p. 4.718), nommé en ces termes au grade de chevalier dans l’Ordre national de la Légion d’honneur :


Image
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Candide
Messages : 5
Inscription : lun. mai 12, 2014 2:00 am

Re: SEQUANA ― Paquebot — Compagnie de navigation Sud-Atlantique, Bordeaux.

Message par Candide »

Bonjour à tous et merci beaucoup pour vos brillantes interventions et perspicacités ! :)

Nouveau venu, je remonte ce fil car je viens de retrouver quelques infos dans les archives de la Marine à Brest sur un grand-oncle vivant en Argentine, et dont j’essaye de retracer les errances et parcours dans la marine. Voilà en quelques mots car je suis bredouille et en cale sèche !

Né en 1889, il s’était engagé volontaire à l’âge de 18 ans en 1907 pour 5 ans, au 2ème dépôt des équipages de la Flotte à Brest, comme apprenti marin, mais a été porté déserteur en décembre 1909. Il a rejoint l’Argentine où il s’est marié et a eu quatre filles.

Engagé comme volontaire durant la première guerre mondiale, il a embarqué d’après les indications fournies par le Consulat français à Buenos-Aires le 27 avril 1917 sur le Sequana (— peut-être en faisant escale pour quelques jours via Dakar ou directement vers son port d’attache à Bordeaux —). Mais il ne s’est présenté que le 27 juin 1917 au 2ème dépôt à Brest, où il a retrouvé son statut d’apprenti marin. Passage en Conseil de guerre dont il a écopé d’une peine relativement clémente d’un an de prison pour « désertion en temps de paix ». Peine commuée en service militaire, direction le 58e R.I. à Avignon puis le front de l’Armée d’Orient, d’où il reviendra en mars 1919 pour rejoindre sa famille et son travail en Argentine.

D’après les mouvements présumés des navires de la Compagnie de navigation Sud-Atlantique en 1913, les voyages transatlantiques ne se faisaient pas durant les mois d’hiver en 1913, mais seulement à partir de la mi-mai jusqu’à mi novembre. De Buenos-Aires en Argentine, les escales se faisaient à Montevideo en Uruguay, Rio-de-Janeiro au Brésil, Dakar au Sénégal, pour remonter vers Lisbonne au Portugal, puis Pauillac et Bordeaux en France :

Image
Au printemps 1917, un trajet normal : Buenos-Aires/Bordeaux en 20 jours, Bordeaux/Dakar en 7 jours, aurait dû ou pu se dérouler ainsi :
  • escale présumée et départ officiel à Dakar le 28 mai 1917, avec arrivée prévue à Bordeaux le 4 juin (et voyage qui aurait dû se faire en théorie vers Buenos-Aires au lieu de Bordeaux), le navire ayant coulé le 7 juin 1917 au large de l’île d’Yeu.
Deux mois de voyage de Buenos-Aires à Brest parait très long. Mais à l’évidence les carnets de routes commerciales, dates et parcours, étaient tenus secrets avant et durant les trajets pendant la guerre. Les navires avaient pris l’habitude de voyager en convoi et de nuit dans les zones à risque et pas forcément en ligne droite pour échapper aux champs de mines et meutes de sous-marins allemands en constante maraude.

Se pourrait-il que mon grand-oncle ait été passager de l'avant dernier trajet Dakar/Bordeaux ou un des naufragés sur le dernier trajet, tout comme en coïncidence cet autre passager français cité venant aussi d’Argentine ?

Existe-t-il :
  • une liste de la ou des routes prises par le Sequana entre le 27 avril à Buenos-Aires et Dakar le 28 mai 1917,
  • et éventuellement la liste complète des passagers ?
Candide
Messages : 5
Inscription : lun. mai 12, 2014 2:00 am

Re: SEQUANA ― Paquebot — Compagnie de navigation Sud-Atlantique, Bordeaux.

Message par Candide »

Suite aux recherches effectuées au SHD de Vincennes, mon grand oncle ne faisait pas parti du voyage du Sequana de Dakar à Bordeaux.
D'après le journal de bord du croiseur-cuirassé Kléber consignant les entrées et sorties du port de Dakar, ce n’est que le vendredi 18 mai 1917, que le vapeur français Sequana est entré à la remorque du vapeur français Champlain. Retenu pour réparation de moteur pendant 10 jours, le Sequana n’est donc reparti que le 28 mai.

Mon ancêtre n’a pas dû attendre et prendre un autre navire civil ou, en tant que marin porté déserteur en 1909 à Buenos Aires, s’est plutôt présenté au commandement de la marine française à Dakar.
Il a plus probablement voyagé en tant que voyageur de subsistance sur le Kléber, rapatrié à Brest le 16 juin 1917 et destiné à être désarmé (en v'là autre chose en temps de guerre !) et son équipage réaffecté sur d’autres navires. Il fut coulé lui aussi mais (décidément) par une mine allemande au petit matin du 27 juin 1917, en vue de Brest. Sur 568 hommes, 38 disparus, dont trois officiers parmi lesquels le commandant en second.
Les marins rescapés du Kléber ont débarqués à Brest et ont été conduits au deuxième dépôt des équipages de la flotte où l'on a procédé à un appel général (liste de l'équipage indisponible à ce jour).

Il est intéressant de noter qu’à l’époque, en pleine guerre sous-marine, les gens, jeunes vieux, en famille… prenait des risques à voyager outre-mer.
De nombreuses errata d’écriture sont susceptibles de survenir dans les noms et prénoms dans la liste tapuscrite. Grosso-modo :

Image Image Image Image

Liste de l’Equipage et de l’Etat-Major des survivants du "SEQUANA" ; sur 99, 93 sauvés.

Nom & Prénoms Grades
Commandant PRUDENTI
BERRETTI Jérôme Contrôleur Poste
ETIENNE Félix 2nd Capitaine
BAUDON Octave 1er Lieutenant
SEVRAIN Jules 2nd Lieutenant
BARREAU Albert Télégraphiste
ACHET Firmin Chef Mécanicien
PLACHOT Etienne 1er Mécanicien
VOLTZENLOGEL Charles 2nd Mécanicien
CHEVRAUT Marius 3ème Mécanicien
DELBURG Léonard Commissaire
DESIRAT Alexandre Docteur
- PONT-

PICART Louis 1er Maître
RABERE Charles Capitaine d’Armes
PEUVEN François 2ème Maître
DANALIN Louis 2ème Maître
DUMATIN François Charpentier
PINSART Théodule Matelot
ROPELIT Joseph "
LE CREN Pierre "
HENAF Auguste "
HENRI Alexandre "
RENE Paul "
LINPALER Théophile Matelot
GANIS Leyss "
GUNZUNGARD Germain "
GICQUEL Toussaint "
GUNZUNGARD Jean-Marie "
GUILLOU Jean "
KERLOC Jean "
L’HEVEDER Jean "
LE BARBU François "
BALESTRE Jean "
GUEILLAIN Albert "
CARNAC Charles "
DEBAYLE Henri Pilotin
GOURVILLE Jean Canonniers Etat
BARIERE Jean " "
THANAS Alexandre " "
- MACHINE -
TUCOULET Martin Chauffeur
ROUAULT Félix "
PANTALEON Jean "
COUVERT Jean "
CREACK Jean-Louis "
DORANZORO Joseph "
LARRERE Hector "
COY Pierre Graisseur
OLANO Joseph Chauffeur portugais
JULIO Auguste Chauffeur
ORGOGOZO Rémy "
KALMENTY Silva Soutier
BAUDAGOU Sinoko "
DUBREUIL Jean Chauffeur
MAMADOU N’Diase Soutier
POUTRIC Alexis "
BOBA Philibert Chauffeur
BARARY Siga "
DEYDI Oro "
AMADOU Cyni "
SAMBA Mara "
- RESTAURANT-
TABUTEAU Jacques Ecrivain
BERTIN Gaston Chef cuisinier
ESCOFFIER Albert 2ème Maître d’hôtel
GUILLAOUIQUE Jeanne Femme de chambre
DUCOURNEAU Jean 3ème Maître d’hôtel
JESUS Tella Garçon
MAGGIERI Eugène "
JEANNOTO Jean-Baptisite "
LECOINTRE François "
PLECHOT Maurice "
PARIS Camille "
BIERRESNARD Henri "
BUCHY Robert "
GARCIES Gaston "
BUHAUT Jean "
DOUGART Jean "
MARTY Jean "
MARS François "
JOAQUIN Dias Garçon
JULAICA Eugène Boucher
CREVILLARD Jean 1er Boulanger
LAFITTE Raoul 2ème Boulanger
MACATZACA Joseph 2ème Cambusier
HERAULT Guillaume 2ème Cuisinier
MEYNIS Alexandre 2ème Cuisinier
RAMBEAU Ablel Cuisinier
CHERIF Tasnalt "
SAINT MEZARD Raoul "
JOSE do Santos "
LAGO Nestor Infirmier
LAPRIC Daniel Maître d’hôtel
VIDAL Bidot Mousse
Candide
Messages : 5
Inscription : lun. mai 12, 2014 2:00 am

Re: SEQUANA ― Paquebot — Compagnie de navigation Sud-Atlantique, Bordeaux.

Message par Candide »

Image Image Image

LISTE NOMINATIVE DES CIVILS SURVIVANTS DU "SEQUANA"

BARDOUILLET Félix Français 46 ans
GRANDPERRIN Aubin d° 53 "
THENOUX Justin " 43 "
THENOUX Gabrielle " 32 "
GILBERT Louis " 61 "
BESSON Evariste " 42 "
BESSON Gertrude " 42 "
BESSON Maurice " 11 "
BESSON René " 9 "
BESSON Jeanne " 2 "
BESSON Suzanne " 18 mois
LIMPALAER Jean Marie " 42 ans
FRECHET Paul " 19 "
RUINA Joseph " 56 "
CALLUCAUD Arsène " 45 "
CALLUCAUD Marie " 40 "
CALLUCAUD Maurice " 10 "
CALLUCAUD Suzanne " 6 "
CALLUCAUD Georges " 4 "
CALLUCAUD Pierre " 4 "
HIRECKS Adelaîde " 62 "
MATHIEU Marius " 37 "
GASQUET Madeleine " 30 "
GASQUET Paul " 6 "
PENEL Ernest " 42 "
Eugénie sa femme " 40 "
FAURE Henri " 40 "
VENTRE Paul " 42 "
MOUILLON Paul " 47 "
MARC Emmanuel " 33 "
Hélène sa femme " 25 "
BOUILLON Raymonde " 31 "
BOUILLON Charles " 6 " 1/2
BOUILLON René " 3 " 1/2
CANNONES Alphonse " 19 "
SUBILE Louis " 13 "
MASSIES Henri " 18 "
DEVAUX Victor " 37 "
DIDIER Jeanne " 31 "
DIDIER Suzanne " 12 "
MATEO Beuson " 23 "
LASSERRE Léonie " 35 "
LASSERRE Venture " 12 "
LAROQUETTE Marie " 72 "
BARDIL Victor " 51 "
COSSE Paul " 35 "
Marie sa femme " 32 "
COSSE Denise " 6 "
BAQUE Paul " 50 "
LAPLACE Firmin " 53 "
TANGHUE Henri " 40 "
GLAUD Raymond " 15 "
CHAMPAGNE Léon " 50 "
CHEVOLLEAU Sophie " 73 "
CASTEX Madeleine " 41 "
BOYER Laur Français 32 ans
PROLARD Charles " 32 "
BIJARD Louis " 19 "
BOUGEON Lucien " 49 "
BOURGEON Marguerite " 44 "
Madame TRIOREAU " Restée à l’Ile d’Yeu
sa bonne Marey d°
PORQUET Georges d°
PORQUET Emilié d°
GUOGELY André Français 27 ans
LISNIER Etienne " 36 "
MARQUIS Sébie Daniel " Resté à l’Ile d’Yeu
MARQUIS Sébie Henriette " d°
BOYER Cyprien " 48 ans
BARADUC René " 18 "
PAISOT Amanda " 38 "
DE RAFFIN Marguerite " 35 "
MAIRE Andrée " 22 "
MAILLARD Germain " 25 "
COLEUX Auguste " 58 "
CARGEMEL Eugénie " 43 "
CARGEMEL Louis " 17 "
CARGEMEL Amélie " 11 "
CARGEMEL Eugénie " 10 "
CARGEMEL Aimé " 6 "
THIBAU Alex " 64 "
THIBAU Louise " 22 "
DUPUY Georges " 64 "
PAUL Henriette " 40 "
PAUL Paul " 16 "
HURIALDE François " 52 "
PERROT Alex " 50 "
PERROT Louise " 54 "
LERISTEAU Elise " 33 "
LERISTEAU Marcel " 10 "
LERISTEAU Renée " 6 " 1/2
LAMBERT François Luxembourgeois 46 "
MOLINA Eva Espagnol 26 "
RICARDO Molinaire "
BATALLA Ramar " 23 "
ROBERTO fils Argentin 17 "
POURCHET Rafael " 25 "
LUGUES Georgers " 27 "
SALAME Selamar Libanais 23 "
VERNAUT Famif Brésilienne 62 "
GAMINGO Armagnaque Argentin 20 "
VIMOT Bavide " 19 "
FRECHIS Salvador " 20 "
LECONTE Charles Belge 42 ans
Elise sa fille " 2 "
BELCOURT Adolphe " 32 "
STENACKEN Louis " 43 "
STENACKEN Emma " 40 "
STENACKEN Luiza " 15 "
STENACKEN Aïda " 9 "
STENACKEN Armando " 7 "
STENACKEN Eruma " 13 "
STENACKEN Maria " 5 "
VITAL Bidot Belge 15 "
GANEREC Louis " 46 ans
GANEREC Lucie " Restés à l’Ile d’Yeu
GANEREC Firmin "
GANEREC Maurice "
SALDAGNE Louis Canté Uruguay 32 ans
JERISHAN Jean " 20 "
ABRAHAM Malhamé Syrien 23 "
ALVES Antonio Portugais 31 "
VINAGRE Antonio " 41 "
BAININGO Pennedo " 37 "
JOSE Leal " 41 "
ALVES Antario " 47 "
PERNAIRDO Tadare " 23 "
ADEBERTO Bagués " 21 "
VINAGRE Manuel " 41 "
ROCCO Lotito Italien 75 "
PICCO Fransisco " 49 "
YOUNG Pearson Nord Américain 27 "
GOUKNONSKY Iona Russe 32 "
MAZAS Nieng Dakar
DIABO Mieng "
Candide
Messages : 5
Inscription : lun. mai 12, 2014 2:00 am

Re: SEQUANA ― Paquebot — Compagnie de navigation Sud-Atlantique, Bordeaux.

Message par Candide »

Image Image

LISTE NOMINATIVE DES MILITAIRES SURVIVANTS DU "SEQUANA"

SENGES Marcel Sous-lieutenant Infanterie coloniale Bordeaux
RICHARD d° d° Montbrison
LUCIANI François d° d° Ajaccio
ESCOULET Maurice Sous-officier
CHAMPION Auguste d°
MASSART Léon d°
CASTEL Georges
DAMENAL Adolphe
DESTES Ernest
AMANT Louis
De LESCAZEZ Sergent 31° régiment d’infanterie
CLARISTIN Paul Soldat 15° section des infirmiers Marseille
BICHET Henri d° Agen
DUPOUY Pierre d° Agen
GUITTARD Armand Parthenay
CALLEREAU Jacques Paris
MESPEDES Raymond Marseille
CAPELLE Lucien Convoi automobile T. M. 180
COQUEREL Robert Paris
GOBEE Gustave Paris
L’ENFANT Georges Paris
MITARD Théophile La Rochelle
COSSON Roger 15° Dragon Libourne
PARRABERE Rolland Paris
CARGEMAL Aimé
LEROY Charles hôpital 59 à St-Nazaire doit rejoindre Châlons S/Marne
KIEMPUISTI André Sous-Lieutenant infanterie coloniale Oran.


En plus 202 tirailleurs noirs dont un adjudant, un sergent et quatre caporaux.

Paquebot "Sequana"
Etat des disparus par suite du torpillage
Etat-major et équipage se composant de 99 personnes sauvées à l’exception des six disparus ci-après :

LAYAS GERVAIS chauffeur
COLAS FRANCOIS chauffeur
SCATTIZZI FORTUNE garçon
ESCOURE RAOUL cambusier
BALA DIAYE soutier noir de Dakar
KORI THAMA soutier noir de Dakar

Passagers civils et militaires européens au nombre de 166 tous sauvés sauf trois qui sont :
Monsieur TRIOREAU, sous intendant de première classe dont la femme qui est sauvée se trouve à l’Ile d’Yeu.
Monsieur HALTY Pierre, passager de 2° classe.
Mademoiselle POURCHON, enfant de deux ans que la mère a laissé tomber à la mer après avoir été dans le canot dans la traversée à l’Ile d’Yeu.
Tirailleurs noirs pris à Dakar, sur quatre cents il y a eu 202, deux cents deux de sauvés, soit quatre-vingt-dix-huit de disparus.

Saint-Nazaire le 9 juin 1917,
le Lieutenant de Vaisseau commandant.
Candide
Messages : 5
Inscription : lun. mai 12, 2014 2:00 am

Re: SEQUANA ― Paquebot — Compagnie de navigation Sud-Atlantique, Bordeaux.

Message par Candide »

Pour info : concernant les renseignements des passagers à la ration ou aux tables du Kléber qui fut coulé au large de Brest le 27 juin 1917, c’est-à-dire accueilli sur le navire lors d’un séjour à titre exceptionnel et pour des raisons diverses, il est noté sur le livre de bord du Kléber (SHD de Cherbourg) et qui se trouvait à Dakar, le nom d'un passager qui ne fait pas parti de la liste du Sequana:

Foucher Alphonse Ernest, 1er maître fourrier, "4ème Dépôt"», né à Moon-sur-Aisne, le 21 janvier 1873.
Destiné au 4ème Dépôt (rap.) du 28 mai, jour de son embarquement sur le "Sequana", étant rapatrié pour raisons de santé : (0.182 P.A. du 18 mai du C.a.l cdt la 6è Dion légère).
Reste en subsistance à bord. Cesse subsistance le 28 mai AP dîner.


Image

Image
olivier 12
Messages : 4143
Inscription : ven. oct. 12, 2007 2:00 am

Re: SEQUANA ― Paquebot — Compagnie de navigation Sud-Atlantique, Bordeaux.

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

SEQUANA

Il existe un très gros dossier sur le torpillage du SEQUANA aux archives de Vincennes. Le récit du torpillage est conforme à celui mis sur le forum, ainsi que les listes des disparus et des survivants. Nous ne reviendrons donc pas dessus.

Voici seulement quelques documents complémentaires.

Rapport de l’Administrateur de l’Inscription Maritime BLEGRIET au Vice Amiral Préfet Maritime de Rochefort

Je vous rends compte des mesures prises lors du torpillage du SEQUANA.
Le 8 Juin à 04h00 j’ai reçu le télégramme suivant de Saint Sauveur : « A 03h00, avons entendu dans le Sud du poste une explosion immédiatement suivie de plusieurs coups de canon paraissant éloignés. Supposons bâtiment attaqué par sous-marin ».
Ici, je crois devoir vous signaler à nouveau la nécessité d’être relié téléphoniquement aux sémaphores afin d’être averti rapidement.
Comme la veille pour SAINT ELOI, j’ai donné l’ordre aux chalutiers VIEILLE et PLIE, affectés à la surveillance de la pêche à Yeu de se rendre sur les lieux et de prendre mes ordres à l’anse des Vieilles par l’intermédiaire du sémaphore de Saint Sauveur. Je me suis rendu immédiatement à l’anse des Vieilles où j’ai reçu le télégramme suivant : « Apercevons dans SSE à 2 milles huit embarcations ayant du monde à bord et se dirigeant sur l’anse des Vieilles.
Elles contenaient 195 hommes femmes et enfants presque nus. Je leur donnai au village de La Croix des boissons chaudes et, à ma demande, les habitants prêtèrent les effets indispensables.
Après renseignements pris auprès des 2 lieutenants sauvés, je donnai l’ordre aux chalutiers de croiser dans le Sud de la Pointe des Corbeaux à 5 milles, et de recueillir tous les survivants. Je pris ensuite les mesures nécessaires pour faire transporter à Port Breton, distant de 6 km de l’anse des Vieilles, les survivants qui pour la plupart étaient incapables de marcher. Je télégraphiai à Port Breton pour réquisitionner toutes les voitures et tous les survivants gagnèrent Port Breton où ils furent placés à l’hôtel.
Les hôtels ne pouvant tous les loger, j’ai fait appel à la population et je dois vous signaler que tous les iliens n’ont pas hésité à mettre leurs logements à ma disposition.

Pendant ce temps, PLIE et VIEILLE ont recueilli tous les survivants sur les lieux du sinistre. 283 survivants, les uns ayant seulement une bouée, les autres sur des épaves ou des radeaux qui coulaient déjà, furent recueillis. Les deux petits chalutiers ne pouvaient malheureusement suffire et quelques isolés coulèrent sous les yeux de leurs commandants. Ils prirent néanmoins tous les survivants au risque de chavirer. Il y a lieu de remarquer que ces petits bateaux ne peuvent prendre plus de 50 hommes sur leurs ponts. L’un d’eux en avait 172. Tous deux ont du prendre de très grandes précautions, ce qui était extrêmement difficile avec les 210 Sénégalais sauvés.
Il y a lieu de remarquer que les baleinières ne contenaient qu’une partie de ces hommes et 210 sur 400 ont été sauvés par les chalutiers. Après avoir recueilli les survivants et croisé sur les lieux une demi heure, ils sont rentrés à Port Breton à 11h45, mais la marée ne leur a pas permis d’entrer dans le port. Le débarquement s’est effectué par des petites embarcations de pêcheurs et s’est terminé à 13h00. Tous ont été nourris à l’hôpital et logés chez l’habitant.

A 18h00, le NOMADIC est entré au port pour prendre les survivants. Mais il était impossible de les embarquer le soir même avec des repas froids, étant donné leur fatigue et j’ai décidé de ne les diriger que le lendemain matin sur Saint Nazaire. Pendant la nuit, j’ai établi avec le capitaine et le commissaire la liste des survivants.

A 04h00 du matin, j’ai commencé l’embarquement des survivants sur NOMADIC, mais beaucoup ne voulaient pas embarquer. J’ai du intervenir pour leur faire comprendre qu’il n’y avait aucun danger. Le commandant de Marine Saint Nazaire a envoyé FLANDRES et SAUTERELLE pour convoyer NOMADIC. Mais SAUTERELLE ayant une avarie de machine, j’ai donné l’ordre à FOI (de La Pallice) de convoyer NOMADIC.

J’attire votre attention sur les faits suivants :

Sans la présence sur les lieux de VIEILLE et PLIE, on aurait à déplorer 490 hommes au lieu de 207. Quand ces deux bateaux sont arrivés sur les lieux, les radeaux coulaient déjà et les secours de La Pallice ne sont arrivés qu’à 14h00. Il me semble nécessaire d’avoir toujours à Yeu ces deux petits chalutiers affectés à la surveillance de la pêche. Je tiens à signaler la belle conduite de leurs commandants et de leurs équipages qui n’ont pas hésité à surcharger leurs bâtiments, au risque de chavirer, pour secourir les malheureuses victimes.

Ces chalutiers doivent de ravitailler en charbon aux Sables d’Olonne et sont en conséquence absents 2 jours sur 6. Il serait facile de constituer un stock de charbon à Yeu et j’ai déjà signalé ce fait au commandant de la division des patrouilleurs de Gascogne.

Le télégraphiste de SEQUANA a lancé plusieurs appels très précis entendus par le poste de la pointe des Corbeaux. Je vous demande de bien vouloir leur donner des ordres pour qu’à l’avenir ils ne se conforment plus à cette consigne de ne prévenir, en cas de torpillage, que Brest. Ils doivent immédiatement s’adresser à moi.

Il est extrêmement urgent que je sois relié téléphoniquement avec les deux sémaphores de l’île, ainsi qu’avec le continent.

Voici une carte de l'île d'Yeu montrant les lieux cités

Image

(A suivre)

Cdlt
olivier
olivier 12
Messages : 4143
Inscription : ven. oct. 12, 2007 2:00 am

Re: SEQUANA ― Paquebot — Compagnie de navigation Sud-Atlantique, Bordeaux.

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Suite des documents SEQUANA

Rapport du commandant de PLIE, le second maître COGAN

Je vous rends compte du service du groupe pendant la semaine du 3 au 10 Juin
VIEILLE est arrivée à Port Breton le 3 à 17h00. Elle a débarqué le matériel de l’équipe de réparation et a fait de l’eau, la surveillance étant effectuée par les voiliers. Le 5 à 06h00, PLIE a appareillé des Sables pour les lieux de pêche où j’ai retrouvé VIEILLE et les deux dundees. La surveillance a été faite chaque jour par les quatre bateaux. Les pêcheurs de Port Breton sortent chaque jour à heure fixée par Monsieur l’Administrateur et restent groupés sur les lieux de pêche avec les pêcheurs de Saint Gilles, Noirmoutier, Concarneau et Douarnenez, ces derniers arrivés depuis quelques jours. Rien à signaler. La zone de pêche est à l’ENE et au Sud du phare des Corbeaux entre 3 et 7 milles de terre. La pêche est bonne.

Le 6 à 02h20, nous sommes avisés par Monsieur l’Administrateur qu’un vapeur a été torpillé vers 01h00 à 4 milles dans le SSE du sémaphore de Saint Sauveur. Nous recevons l’ordre de croiser sur les lieux pour récupérer les survivants. Appareillé immédiatement, mais n’avons rien vu.

Le 8 à 04h00 sommes prévenus qu’un nouveau bâtiment a été torpillé dans la nuit et que des embarcations sont en vue de Saint Sauveur. Appareillé immédiatement et, arrivés à l’Anse de la Vieille, avons vu des embarcations accostées dans cette anse. Monsieur l’Administrateurs nous fait transmettre l’ordre par un canot de croiser à 5 milles dans le Sud des Corbeaux et de rechercher les 450 manquants du SEQUANA. Le groupe se rend sur les lieux et à 2 milles de terre je recueille un premier survivant, complètement nu et qui ne pouvait plus nager. Je l’ai fait coucher et réconforter et nous avons continué les recherches. Nous avons recueilli 283 hommes, les uns sur des radeaux qui commençaient à couler, les autres sur des épaves et dans des paniers, d’autres avec seulement leurs ceintures. Tous étaient à bout de force et, ne pouvant suffire à les recueillir, nous avons vu quelques isolés couler sous nos yeux. Nous les avons réconfortés, fait du café, du vin chaud et donné à manger.
La dépense a été :
- Sur PLIE 50 litres de vin, 2 kg de sucre, 1 kg de café, 10 kg de pain et 5 kg de viande
- Sur VIEILLE 40 litres de vin, 2 kg de sucre, 1 kg de café, 10 kg de pain et 3 kg de viande.
- Nous avons prêté tous nos effets disponibles que nous n’avons pas revus.
Après avoir recueilli ces 283 hommes, nous avons encore croisé sur les lieux une demi heure et n’avons rien vu. Nous avons fait route sur Port Breton. Les bâtiments étant surchargés, il y avait risque de chavirer et nous avons donné l’ordre aux hommes de ne pas bouger. Pendant ces opérations j’ai perdu 2 avirons et 2 seaux en bois, une plate ayant coulé. VIEILLE n’a pas eu de pertes.

A 11h45 nous sommes arrivés à Port Breton et nous avons mouillé le plus près possible de la digue. L’Administrateur a fait armer des petites embarcations et nous avons commencé le débarquement qui s’est fait dans un ordre complet, sous notre surveillance. Il s’est terminé à13h00.

Pendant le voyage de retour, un des survivants est mort à mon bord, malgré les soins donnés par le médecin de SEQUANA, que j’avais sauvé, ainsi que par le commandant du dit navire.

Je suis rentré à quai pour débarquer le mort. VIEILLE n’a pu entrer, NOMADIC étant arrivé à ce moment pour prendre les survivants. Il a pris tout le quai. A 20h00, j’ai reçu l’ordre de l’Administrateur de me tenir prêt à aider NOMADIC à sortir du port à 07h00 du matin, puis de faire de l’eau et de me rendre ensuite sur les lieux de pêche. VIEILLE partirait aux Sables pour se ravitailler, puis viendrait me relever pour que j’aille à mon tour me ravitailler.

Mais pendant le remorquage de NOMADIC, une amarre s’est engagée dans l’hélice de VIEILLE qui a été complètement immobilisée. Cette amarre n’a pu être dégagée que le soir, à marée basse. Le groupe se rendra Lundi aux Sables pour charbonner.

Nota : le CF commandant l’escadrille ajoute une mention manuscrite sur cette note, demandant que la liste des effets donnés aux naufragés soit dressée afin qu’ils soient remboursés aux marins des deux chalutiers.

Ordres affichés dans les coursives du SEQUANA au départ de Dakar le 28 Mai et exercices effectués. Extraits du rapport du capitaine.

« En cas d’attaque ennemie, tous les passagers civils se rendront munis de leur ceinture de sauvetage dans les salles à manger de 1ère et 2e classe et dans les couloirs à l’abri. Les officiers passagers se rendront immédiatement sur la dunette, au canon, et aideront de leurs conseils les canonniers pour l’efficacité du tir.

Le lieutenant chef du détachement des soldats indigènes se tiendra sur le pont et assurera le service d’ordre.

En cas d’évacuation du navire, qui sera indiquée par trois coups de sifflet prolongés alternés par trois coups brefs, tous les passagers se rendront à leurs embarcations respectives.

Les femmes et les enfants seuls devront embarquer dans les embarcations avant qu’elles ne soient descendues. Des soldats armés auront l’ordre de tirer sur le premier homme qui voudrait embarquer avant que le canot soit descendu. Dès que le canot sera à la mer, les hommes s’y rendront par l’échelle de corde disposée à cet effet.
Je compte sur le sang froid de tous pour l’exécution des présentes prescriptions."


Voici la disposition des canots du SEQUANA

Image

Un exercice d’embarcation fut effectué le 31 Mai et plusieurs dames embarquèrent dans les canots. On se rendit alors compte que les canots n’étaient pas suffisamment descendus et on fit une installation pour faciliter aux femmes et aux enfants l’embarquement avec une forte gite. Cette disposition s’avéra très utile.
Le 3 Juin fut effectué un exercice de tir au canon en présence des officiers passagers. On tira sur un souffleur et le résultat fut satisfaisant.

Le navire devait passer à 207 milles du cap Finisterre, puis couper le parallèle 46°45 N par 11°18 W et rester sur le parallèle 46°53.

Le service de veille fut organisé en utilisant les officiers et sous-officiers passagers. Des cartouches furent distribuées aux soldats de la garde. Le second capitaine étant tombé sérieusement malade au départ de Dakar, le télégraphiste reçut la clé du code et les instructions secrètes s’y rapportant. Il prêta serment devant le commandant.

Le 7 Juin le commandant envoya le message suivant : « Serai à 03h10 heure d’été à 5 milles au S005E de la Pointe des Corbeaux de l’île d’Yeu, route au S45E à 11 nœuds.

On pense que le sous-marin a pu entendre et déchiffrer ce message et s’est alors placé en embuscade.

A 02h05 un choc violent se fit ressentir et le capitaine comprit aussitôt que le navire allait couler rapidement, étant à son maximum de charge. Il stoppa et donna l’ordre d’évacuation. Mais la côte étant toute proche, il remit en avant toute et vint toute à gauche, cap sur le feu rouge. Le 1er maître de timonerie Fernand Tallec, passager, prit la barre.

Le capitaine aperçut le sous-marin par trois quarts tribord arrière et donna l’ordre feu à volonté. Trois coups de canon furent tirés, sous les ordres du 2e capitaine qui bien que malade s’était aussitôt rendu à la pièce. C’est alors que le chef mécanicien prévint que l’on ne pouvait plus utiliser la machine.

Le 2e capitaine, le contrôleur des services postaux et le docteur se rendirent aux radeaux. Le capitaine dit au contrôleur d’utiliser le maximum de paniers vides des colis postaux pour les soldats africains et cette disposition permit de sauver au moins 60 tirailleurs.

Le navire s’enfonça rapidement et le capitaine se jeta à l’eau et fut entraîné par le remous. Remonté à la surface il s’accrocha à une épave et fut recueilli par un radeau sur lequel se trouvaient civils, militaires et soldats sénégalais.

(à suivre)

Cdlt
olivier
olivier 12
Messages : 4143
Inscription : ven. oct. 12, 2007 2:00 am

Re: SEQUANA ― Paquebot — Compagnie de navigation Sud-Atlantique, Bordeaux.

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Suite des documents du SEQUANA

Rapport du 2e capitaine Etienne FELIX (Paimpol n° 183)

Réveillé par l’explosion, je me suis rendu aussitôt sur la passerelle où le commandant venait de donner l’ordre d’ouvrir le feu à volonté. Mon poste de combat se trouvant au canon, je me suis rendu à l’arrière où un coup venait d’être tiré. Ne voyant rien, j’ai fait encore tirer deux coups au jugé.
Le navire s’enfonçait lentement et je suis revenu sur la passerelle. Le commandant m’a dit d’aller dans la machine et de donner l’ordre d’aller au maximum de puissance pour essayer de gagner la côte. Comme j’arrivais dans la coursive des officiers mécaniciens, j’ai rencontré Monsieur PLACHOT, second mécanicien, qui m’a dit qu’il n’y avait plus rien à faire, la machine étant complètement envahie par l’eau. L’eau arrivait en effet à hauteur du mât arrière.
J’ai rendu compte au commandant et demandé s’il fallait évacuer les tirailleurs. Il m’a dit de me rendre à l’avant avec le contrôleur des services maritimes postaux et le docteur et de sauver le plus grand monde possible avec les radeaux et les paniers postaux vides.

Nous avons dégagé les paniers du panneau, fait monter les tirailleurs et jeté à l’eau un radeau placé dans les haubans.qui malheureusement est passé trop rapidement le long du bord et n’a pu être utilisé. Les autres étant trop lourds pour nos faibles forces, et le navire coulant à cet instant, je me suis jeté à l’eau et j’ai rencontré une épave à laquelle je me suis accroché jusqu’à ce qu’un radeau où je retrouvai le contrôleur et le docteur me recueille. Je me suis alors rendu compte que la manœuvre effectuée par tous les trois avec les paniers avait sauvé une soixantaine de tirailleurs.

Rapport du radiotélégraphiste de 1ère classe Albert BARREAU

Le 8 mai à 01h40, j’ai reçu un radio de COR en code que j’ai décodé et remis au commandant. A 01h55, il m’a remis en mains propres et en clair une réponse pour COR à mettre en code.
A 02h10, nous étions à 5 milles au S005E du feu rouge de la pointe des Corbeaux. J’allais transcrire le radio ci-dessus en code de 43 groupes lorsque l’explosion se produisit et le moteur électrique alimentant la station sur courant du bord stoppa.
- La boite de réception s’était détachée de la table et était brisée sur le plancher.
- Le bâti du moteur était cassé en deux aux points de fixations des tirefonds
- Deux fils d’antenne sur trois étaient tombés sur le pont.
Je montai sur la passerelle et informai le commandant de l’impossibilité d’utiliser la radio immédiatement.
Le commandant me répondit : » J’ai confiance en vous. Tirez le meilleur parti possible de la situation et rendez-moi compte. »

Après avoir sectionné les deux fils en pendant de descente d’antenne, j’ai réussi à mettre en marche le moteur à essence, malgré l’obscurité complète du local TSF.
A 02h16, j’ai pu transmettre 4 à 5 fois : « SOS… SOS… SEQUANA torpillé à 5 milles dans S5E Pointe des Corbeaux FSQ »
L’eau atteignant alors l’hiloire du panneau 3, j’ai prévenu le commandant de ce qu’il n’avait pas été possible de faire et sur son ordre j’ai embarqué dans le canot 3.

Caractéristiques du SEQUANA et moyens de sauvetage

Construit en 1898 à Belfast
Longueur 138 m Largeur 16 m Creux sur quille 9,4 m
Déplacement 12000 tonnes
Port en lourd 7200 tonnes Jauge brute 5557 tx Jauge nette 3497 tx

7 compartiments étanches par 6 cloisons étanches montant toutes jusqu’au pont supérieur. Deux portes étanches dans la cloison arrière.
1ère cote Véritas. Dernière visite en Novembre 1916
Deux chaudières cylindriques à 6 fourneaux avec tirage Howden
Machine à triple expansion de 600 chevaux donnant 11 nœuds en service courant

La cargaison comprenait :
- 2000 tonnes de blé
- 880 balles de peaux et laine
- 26000 sacs de haricots
- 14000 sacs de sucre
- 15000 sacs de café
- 4000 balles de tabac
Valeur totale 2 500 000 francs environ

Après l’appel du NIAGARA reçu la veille, on avait serré les tentes sous lesquelles dormaient les Sénégalais, dessaisi les radeaux et doublé la veille.
Feux de navigation éteints. Le chef de bordée faisait une ronde toutes les 2 heures pour vérifier qu’aucune lumière n’était allumée.

Il y avait 771 ceintures de sauvetage dont 52 en supplément (tout le monde avait sa ceinture), 12 bouées circulaires dont 2 lumineuses.
- 8 embarcations de 43 personnes ………… 344
- 1 embarcation de 23 personnes ………….. 23
- 8 radeaux de 24 personnes ………………..192
- 7 radeaux de 16 personnes ………………. 112
Total 671

Les 7 radeaux de 16 personnes avaient été fournis à Dakar par la Marine Nationale sur demande du commandant.

Trois radeaux furent utilisés. Le canot 1 avait été brisé par l’explosion de la torpille et le canot 3 était plein d’eau.

Description du sous-marin

Le sous-marin a pu être observé seulement par l’une des embarcations, le canot n° 3 où se trouvaient le 1er lieutenant BAUDON et l’opérateur TSF BARREAU. C’était un des nouveaux types à gaillard surélevé avec un seul canon à l’avant, de 88 ou 105 mm, les antennes TSF habituelles avec isolateurs spéciaux que le télégraphiste a reconnu comme étant employée chez Telefunken. Il a entendu fonctionner un disjoncteur automatique produisant des étincelles bleues qu’il apercevait à travers le hublot du kiosque.
Le sous-marin était gris sale, long d’environ 60 m. Il n’avait ni mât TSF debout ou rabattu, ni embarcation, ni projecteur. Trois personnes étaient sur la passerelle et un officier, paraissant être le commandant a questionné les gens du canot en anglais et en espagnol car il parlait très mal le français. Les gens du canot n’ont pas répondu dans ces langues, bien qu’elles fussent comprises par certains d’entre eux. Le commandant a eu beaucoup de mal à comprendre le nom de SEQUANA qu’il a fallu lui épeler à plusieurs reprises, ce qui indique que s’il avait reçu le message de la veille, il n’avait en fait pas pu l’interpréter. Il cherchait évidemment à savoir quel était le navire, son chargement et quels passagers il transportait, mais à cause de cette difficulté de langue il n’a pu être renseigné que de façon imprécise. Quand les embarcations se sont éloignées, le sous-marin était encore en surface sur les lieux du naufrage. Aucun numéro n’a été distingué.

Cdlt

(à suivre)
olivier
Répondre

Revenir à « Navires et équipages »