LAENNEC - Trois-mâts carré, Société des armateurs nantais

Memgam
Messages : 3682
Inscription : lun. nov. 23, 2009 1:00 am

Re: LAENNEC - Trois-mâts carré, Société des armateurs nantais

Message par Memgam »

Bonjour,

En 1902, la Société des armateurs nantais qui possédera 10 voiliers long-courriers, fait construire le trois-mâts carré Laënnec, du nom du médecin René Laënnec.
Le navire est réalisé par les Chantiers de la Loire à Penhoët (Saint-Nazaire).
C'est un type E, trois-mâts carré à coffre avec deux roufs sur le pont, dont l'un très long, pris dans le gaillard d'avant. Il aura 8 frères en construction.
2299 tjb, 3100 tpl, 96,60 (ht), 80,12 (pp) x 12,26 x 7,29 (cr) x 6,35 (te) m. Voilure à perruche simple et cacatois de perruche d'un total de 2807 m2 ; équipage d'un capitaine et 22 hommes.
Le bâtiment est lancé le 8 août 1902, francisé le 16 octobre.
A son neuvage, il prend la mer aux ordres du captaine Louis Turbé (Le Croisic, n° 51) quittant Saint-Nazaire le 23 octobre, en remorque du White Rose, britannique, à destination de Cardiff pour y charger du charbon. Le 26 octobre, en remorque au large de Barry Island, il a un abordage avec le cargo britannique Penzance de W. J. Tiller & Co (construit en 1878, n° 96 par Schlesinger, David & Co, 1392 tjb, 79,9 x 10,1 x 6,4 m ; 179 nhp). Le cargo, chargé de charbon de Cardiff à Brest, coule. Laënnec est jugé responsable car estimé peu manoeuvrant, safran insuffisamment immergé par manque de lest. Après réparations, le trois-mâts quitte Cardiff, chargé de charbon, pour Iquique (Chili). Il revient avec du nitrate à Nordenham (près de Brême, en Allemagne) où l'équipage se rebelle, quatre marins débarqués par les gendarmes. Le navire est ramené à Anvers avec un équipage réduit à 14 hommes. le capitaine Turbé fera un deuxième voyage, pour la côte ouest américaine.
C'est le capitaine Louis Allaire (Saint-Briac) qui effectue le troisième voyage, pour l'Australie et le Chili. Au quatrième voyage, la suite est prise par le capitaine Achille Guriec, de nouveau pour la côte ouest américaine. Il va effectuer à son bord les autres voyages de Laënnec, jusqu'au 12 ème, décédant en mer le 12 avril 1916 à 1 h 30 du soir, par 56° 06' sud et 93) 52' ouest, au large du cap de Bonne Espérance (Afrique du Sud), de retour d'Australie.
A l'issue du 8 ème voyage, à Santander (arrivée le 4 décembre 1911), aux trois-quart déchargé, dans un coup de vent, le navire se couche sur le wharf et heurte de l'arrière le cargo Rhenania. Les réparations sont menées par Louis Lacroix, alors capitaine d'armement de cette compagnie (et futur auteur de livres sur les grands voiliers où il relate cette réparation) et le navire quitte le port le 1er février, sous les applaudissements de la population.
Le 11 ème voyage de Laënnec se fait avec un chargement de charbon, de Swansea (Grande-Bretagne), départ le 13 mai 1914. L'arrivée à Antofagasta (Chili) a lieu le 9 octobre 1914. Après avoir chargé du nitrate, le trois-mâts repart le 18 décembre et arrive à Seattle (Etats-Unis) le 2 février 1915. Chargé de blé, il repart le 15 mars et arrive à Limerick (Irlande) le 7 octobre, après une escale à Belle-Ille. Le douzième voyage est pour l'Australie, partant le 8 novembre 1915, arrivant à Albany le 2 février 1916, puis à Geelong. Il en part le 4 mars. C'est lors de ce retour que le capitaine meurt de maladie, à l'âge de 43 ans, remplacé par son second Emile Delanoë, qui gardera le commandement de Laënnec pour les quatre derniers voyages sous pavillon français. Le navire arrive le 23 juillet 1916 à Bristol. Pour son treizième voyage, Laënnec part le 3 septembre pour charge du blé à Bahia Blanca (Argentine), arrivée le 26 octobre, départ le 14 novembre et arrivée à Rochefort le 23 janvier 1917.
Le 14 ème voyage est pour l'Australie, départ le 27 février, arrivée à Sydney le 26 juin 1917. Il en repart pour Montevideo le 7 août, y arrivant le 9 octobre.
Dans le cadre des consignes de guerre pour les grands voiliers prises au cours de l'année 1917 :
Août 1917, Dakar comme port de transbordement,
Septembre 1917, interdiction par les Etats-Unis, de la navigation des voiliers dans l'Atlantique, Interdiction par la France de la navigation de retour en Manche aux voiliers long-courriers français
Octobre 1917, obligation de rompre la charge à Dakar pour les voiliers venant d'Australie et d'Amérique du Sud
Novembre 1917, armement des navires de commerce
Laënnec, venant de Montevideo, arrive à Dakar le 7 janvier 1918, pour y décharger son blé.
le navire est alors équipé de deux canons de 90 mm et embarque quatre canonniers. Il part sur lest pour charge du manganèse à Rio de Janeiro à destination de Baltimore (Etats-Unis) où il passe sous juridiction américaine, faisant du cabotage, dans le cadre d'un accord avec la mission Tardieu, qui à disposition des armateurs américains, des grands voiliers, en échange du prêt de vapeurs. C'est au cours de cette période que Laënnec subit un ouragan au large des Bermudes, le 4 septembre 1918. Il est de retour à Rochefort le 17 juillet 1919.
Le 16 ème et dernier voyage de Laënnec, sous pavilon français, donc toujours avec le capitaine Delanoë, est pour l'Australie, partant le 4 novembre 1919 et retour à Limerick (Irlande) le 9 octobre 1920. Pour le retour à Saint-Nazaire, le capitaine est accompagné de sa femme et de sa fille, arrivant au port le 1er décembre 1920.
Laënnec est alors désarmé au bassin de Saint-Nazaire, à couple de son frère en construction Maréchal de Castries. Les deux navires vont échapper aux chalumeaux des démolisseurs, achetés en novembre 1922 par Hans Hinrich Schimdt de Hambourg, comme navire-école, tout en restant navire de charge. Il prend le nom d'Oldenburg. En 1930, il sera acheté par la Marine de guerre finlandaise qui en fera un navire-école pur, équipé de moteurs rebaptisé Suomen Joutsen. Il retrouvera la vie civile en 1960, servant d'école à la Marine marchande, puis sera musée en 1991 à Turku, en Finlande, où il est toujours, étant ainsi le dernier voilier français long-courrier à flot dans le monde.

Sources : Daniel Le Corre, Le Laënnec, trois-mâts carré de Nantes, chasse-marée n° 106, avril 1997.
Brigitte et Yvonnick Le Coat, Cap Horn, une vie, un mythe.
Jean Randier, Grands voiliers français, 1880-1930, Editions des quatre seigneurs, 1974
Louis Lacroix, les derniers grands voiliers, Peyronnet, 1937.
Louis Lacroix, L'âge d'or de la voile, Horizons de France, 1949.
Alan Villiers & henri picard, The bounty ships of France, Patrick Stephen limited, 1972.
Henri Picard, La fin des cap-horniers, edita-vilo, 1974.
Harold A. Underhill, Sail training and cadet ships, Brown, Son & Ferguson, 1956-1973.
Jürgen Meyer, Hamburg Segelschiffe 1795-1945, Verlag Egon Heinemann, 1971.
Charles Hocking, Dictionnary of disaster at sea, Lloyd's Register of Shipping, 1969.
Henri le Masson, Flottes de combat 1954, société d'éditions géographiques et coloniales, 1954.
Larousse 1913.
Collectif, Le cap Horn, une épopée briacine, Cristel éditions, 2001.

Cordialement.

Image

Image

Image

Image
Memgam
olivier 12
Messages : 4143
Inscription : ven. oct. 12, 2007 2:00 am

Re: LAENNEC - Trois-mâts carré, Société des armateurs nantais

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Quelques autres images du LAENNEC

A Penarth en 1902

Image

Naviguant dans les glaces des mers australes, dans les parages du Horn (collection Forgeard. Le capitaine était alors Allaire, de Saint Briac) A noter une petite correction concernant l'ouvrage publié en 2011 à Saint Briac et qui s'intitule "Le Cap Horn, une épopée briacine").

Image

Image

Enfin le SUOMEN JOUTSEN, aujourd'hui à Turku (source wikipedia)

Image

Image

Cdlt
olivier
Memgam
Messages : 3682
Inscription : lun. nov. 23, 2009 1:00 am

Re: LAENNEC - Trois-mâts carré, Société des armateurs nantais

Message par Memgam »

Bonjour,

Laënnec, sous pavillon allemand, et avec le nom d'Oldenburg, poursuit ses voyages long-courriers.

Le premier voyage, capitaine Dietrich Ballehr, départ en mars 1923, est un voyage au nitrate du Chili qui a été raconté par Rudolf Viol, matelot léger à bord. Un homme sera perdu à la mer, malgré une tentative de sauvetage mettant un canot à la mer.Le passage du Horn durera trois semaines. Pour le second voyage en février 1924, également pour le nitrate du Chili, le second est devenu capitaine, Otto Lehmberg. Au voyage suivant, le 15 mai 1925, au large du cap Horn, dans un coup de vent, le grand-mâts de hune s'effondre, entrainant le mot de perroquet et des avaries au mât de misaine. Le navire fait relâche pour Montevideo seize jours plus tard. Le 9 juillet, partiellement réparé, il rentre à Hambourg le 25 septembre. Les deux voyages suivants, au nitrate et au guano sont conduits par le capitaine J.H. Volquarsden. Pour les trois derniers voyages, le capitaine Otto Lehmberg reprend le commandement. Au dernier, il perd un homme, tombé de la mâture, un matelot léger de 16 ans. Au retour, dans l'Atlantique nord, se fait dans la tempête et la cargaison ripe, engageant le navire avec 55° de gîte. L'équipage, en travaillant d'arrache-pied le redresse et le navire arrive à Bremerhaven le 14 mars 1930.

Sources : Daniel Le Corre, opus cité et Jürgen Meyer, opus cité et photo page 191.

N.B. Rectification faite pour briacine (correction automatique en briochine ! non remarquée). Cependant, il semble que cet ouvrage aurait pu, plus justement, s'intituler : "Une épopée briacine au Cap Horn", plutôt que l'inverse.

Cordialement.

Image
Image
Image
Memgam
Memgam
Messages : 3682
Inscription : lun. nov. 23, 2009 1:00 am

Re: LAENNEC - Trois-mâts carré, Société des armateurs nantais

Message par Memgam »

Bonjour,

En août 1930, Oldenburg, ex Laënnec, est visité par la Marine finlandaise, à la recherche d'un voilier école. il est acheté le 29 septembre et part pour la Finlande.
Cette fois-ci, la transformation est importante car le navire perd sa capacité de chargement au profit de logements pour un équipage nombreux et des cadets;
30 officiers, 40 officiers-mariniers et 110 cadets. Il y avait 23 hommes sur le Laënnec.
Les logements sont dans l'entrepont, en hamac pour les cadets, la coque est percée d'une ligne de hublots, le franc-bord est rehaussé, un rouf à l'emplacement du panneau central abrite la descente vers les cabines d'officiers et le navire est motorisé, deux moteurs Scandia de 200 cv chacun pour une vitesse de 6 noeuds.
Sous le pavillon de la marine de guerre finlandaise, Suomen Joutsen (cygne de Finlande) effectue 8 croisières transocéaniques, avec quelques évènements de mer, dont le navire se tirera toujours.
Avarie de gouvernail et remorquage à Hull (Grande-Bretagne) par un chalutier en décembre 1931, à sa première croisière.
Avarie de moteur en 1932 et relâche à Vigo (Espagne).
En détresse dans le golfe de Gascogne en 1938.
Le 24 novembre 1938, à 4 heures du matin, le cuirassé Dunkerque, au mouillage à Penfret, reçoit une demande d'assistance du voilier-école finlandais Suomen Joutsen. La préfecture maritime, avisée fait appareiller le remorqueur Champion (1938, 1000 cv, 37,5 x 8,9 x4,6 m) à 6 h 30. Le remorqueur d'assistance Abeille 22, avait également perçu l'appel, et revenant de La Pallice sur Brest, avait proposé ses services. Le Suomen Joutsen fait savoir : "Si tout n'allait pas bien à bord, le navire ne courait aucun danger immédiat, mais craignait, en raison du gros temps, de ne pas pouvoir gouverner en arrivant près des côtes et y être drossé par le vent". Finalement, le voilier refuse l'offre de l'Abeille 22 et celui-ci rentre à Brest. Quant au Champion, il rallie le voilier à 250 milles de Brest et l'escorte jusqu'à Royan. (d'après la Dépêche de Brest des 25 et 26 novembre 1938). Utilisé en ponton-caserne pendant la guerre, il repart en mer en 1947, mais uniquement pour de courtes croisières en mer Baltique. Désarmé en 1958, destiné à la ferraille, il est repris pour devenir navire-école stationnaire de la marine marchande à Turku, qu'il rejoint en 1960 avec l'aide d'un brise-glace. Il subit de nouvelles modifications, surtout des emménagements et accueille près de 4000 apprentis-marins jusqu'en 1988 à la fermeture de l'école. Le navire est alors transformé en musée, centré sur sa période finlandaise, de 1930 à 1988. Les deux cercles de cuivre de la double barre à roue d'origine y sont conservés, avec leur gravure d'époque.

Sources : opus cité plus haut, photo flottes de combat, Brigitte et Yvonnick Le Coat. Les activités sous pavillon français ont fait l'objet de recherches récentes dans les archives de l'Inscription maritime (AD de Loire Atlantique) et à Turku, un des descendants du premier second de Laënnec, Chedodal, en faisant partie.

Cordialement.

Image

Image

Image
Memgam
Memgam
Messages : 3682
Inscription : lun. nov. 23, 2009 1:00 am

Re: LAENNEC - Trois-mâts carré, Société des armateurs nantais

Message par Memgam »

Bonjour,

Le capitaine Achille Guriec, capitaine au long cours, Saint-Nazaire n° 51, né le 2 février 1873 à Pénestin (56), après avoir commandé Grande Duchesse Olga et Maréchal de Castries, a commandé Laënnec de son quatrième voyage, en 1906, à son décès à bord le 12 avril 1916. Il avait gardé le même second, Joseph L'Alexandre (Auray n° 666, né le 1 avril 1876 à Baden (56) jusqu'en 1913, auquel succédera, pour le 10 ème voyage, Henry Lohro (Auray n° 4896, né le 13 novembre 1889 à la Trinité sur mer (56). Il était opposé à cette nomination par l'armateur, n'ayant pas apprécié Lohro qui avait été lieutenant à bord au voyage précédent. Emmanuel Rousseau (Noirmoutier n° 140, né à Pornic (44) le 11 novembre 1918) fera le 11 ème voyage comme second. C'est Emmanuel Delanoë (Saint Malo n° 772, né à Saint Lunaire le 9 mai 1879) qui prend la suite, remplaçant donc Achille Guriec à sa mort et gardant ensuite le commandement de Laënnec.

On notera que le maître d'équipage Francis Puren (Auray n° 4974, né à Locmariaquer le 1er avril 1876) a effectué avec le capitaine Guriec, les voyages 4, 5, 6, et 8, 9, 10.

Sources : Daniel le Corre, opus cité (photo) et Brigitte et Yvonnick Le Coat, Yvon Chédodal, Jean-Yves Le Blévec, Jean-Marc Le Clainche.

Cordialement

Image
Memgam
Memgam
Messages : 3682
Inscription : lun. nov. 23, 2009 1:00 am

Re: LAENNEC - Trois-mâts carré, Société des armateurs nantais

Message par Memgam »

Bonjour,

Un cliché des cercles métalliques des barres à roues de Laënnec, portant le nom du navire, la date et le chantier de construction, telles que conservés à Turku (cf le message ci-dessus de Memgam du 08/04/2014 in fine).

Ils seront visibles dans le cadre d'une exposition "Nantes, port cap-hornier" de septembre à décembre 2014 à la MHT de Nantes.

Source : Communication n° 26, juin 2014, Association Cap Horn au Long Cours.

Cordialement.

Image
Memgam
l'amiral
Messages : 249
Inscription : jeu. déc. 25, 2008 1:00 am

Re: LAENNEC - Trois-mâts carré, Société des armateurs nantais

Message par l'amiral »

Bonjour à tous,
Puis-je actualiser le sujet en plaçant ces 2 images prises récemment à Turku (Finlande) ?
Maritimement vôtres et belle journée,
L’amiral.ImageImage
Memgam
Messages : 3682
Inscription : lun. nov. 23, 2009 1:00 am

Re: LAENNEC - Trois-mâts carré, Société des armateurs nantais

Message par Memgam »

Bonjour,

Merci à l'amiral pour ces clichés récents du dernier survivants de la flotte des grands voiliers long-courriers.

Pour la photo de la double barre à roues, ce n'est plus celle d'origine, mais comme signalé plus haut, les deux cercles métalliques originels sont visibles en France pour les trois prochains mois à la Maison des Hommes et Techniques à Nantes. Cette maison possède encore des plans d'un trois-mâts carré frère en construction du Laënnec, le Charlemagne dont vous trouverez ci-dessous la coupe longitudinale de l'appareil à gouverner.

Cordialement.

Image
Memgam
Rutilius
Messages : 16757
Inscription : mar. avr. 22, 2008 2:00 am

LAENNEC — Trois-mâts carré — Société des armateurs nantais.

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,

Achille GURIEC, capitaine du trois-mâts carré Laënnec de 1906 à 1916

[Voir ci-après la mise à jour du 28 juin 2018 ]
Dernière modification par Rutilius le jeu. juin 28, 2018 8:20 pm, modifié 4 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
Messages : 16757
Inscription : mar. avr. 22, 2008 2:00 am

LAENNEC — Trois-mâts carré — Société des armateurs nantais.

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,

XIIe voyage du trois-mâts carré Laënnec

Rôle de désarmement


Bâtiment immatriculé à Nantes, f° 210, n° 625 ~ 2.299 tx jb et 2.011,48 tx jn. Armé administrativement à Nantes, le 13 novembre 1915, n° 431 ; désarmé administrativement à Nantes, le 30 juillet 1916, n° 287.

[Archives départementales de Loire-Atlantique, Quartier de Nantes, Rôles d’équipage des navires désar-més à Nantes, Cote 7 R 4/772.]

—> https://www.archinoe.fr/v2/ad44/visuali ... =440663317


Traversées

— Limerick (Irlande) ~ Albany (Western Australia, Australie) : 8 novembre 1915 ~ 2 février 1916.

— Albany ~ Geelong (Victoria State, Australie) : 4 ~ 14 février 1916.

— Melbourne (Victoria State, Australie) ~ Falmouth (Cornwall, Royaume-Uni) : 4 mars ~ 10 juillet 1916.

— Falmouth ~ Bristol (South West England, Royaume-Uni) : 14 ~ 23 juillet 1916.

____________________________________________________________________________________________

Caisse de prévoyance

Rapport détaillé

Je, soussigné ROUSSEAU Emmanuel Constant (1), second capitaine du trois-mâts Laënnec, armé à Limmerick pour le long-cours, le 20 octobre 1915 sous le n° 1, étant à la mer par 56° 06’ de latitude Sud et 93° 52’ de longitude Ouest, certifie que le douze du mois d’Avril mil neuf cent seize, à une heure trente minutes du soir, le sieur GURIEC Achille Yves Marie, inscrit au Croisic, n° 51, porté sur le rôle d’équipage dudit navire en qualité de capitaine, vient de mourir. Le lieutenant CRUSSON (2) et le maître LÉCUYER (3) étaient présents.

Le capitaine ne s’était pas bien rétabli d’une attaque de paralysie du côté droit qu’il avait eue à Sydney en Décembre mil neuf cent treize. Le dix-sept mars mil neuf cent seize, à huit heures du matin, pendant un virement de bord, le capitaine GURIEC, qui avait pris la barre, s’était trouvé indisposé. Le vingt-sept mars, le capitaine avait été saisi par le froid en prenant hauteur et avait dû s’aliter ; son côté droit était de nouveau paralysé et il éprouvait de la difficulté à causer. Il usait de remèdes prescrits par les docteurs qu’il avait vus. Le onze avril, à onze heures cinquante-cinq du soir, j’entrai dans la chambre de veille avant de prendre le quart pour voir les baromètres ; le capitaine avait rendu son repas du soir et était étendu sans connaissance sur sa cabane dans la chambre de veille. J’appelai le lieutenant CRUSSON et le maître LÉCUYER de quart qui m’aidèrent à le déshabiller et à le coucher. J’essayai de le ranimer en appliquant des sinapismes, en le frictionnant et en lui faisant respirer de l’éther, mais rien n’y fit. Je lui mis des bouteilles d’eau chaude autour du corps. Le lieutenant et moi fîmes la relève pour le veiller. A six heures du matin, le douze avril, le capitaine rendait de l’écume par la bouche et le nez jusqu’à une heure de l’après-midi. A une heure, il semblait plus oppressé et à une heure trente du soir, il rendait le dernier soupir sans avoir repris connaissance.

En foi de quoi, j’ai rédigé le présent rapport dont j’ai établi en double une autre expédition.

En mer, le 12 avril 1916.

Signé : Emmanuel ROUSSEAU.

[Vu par nous, Agent consulaire de France. A Falmouth, le 15 juillet 1916. Signé : Illisible.]

___________________________________________________________________________________________

(1) ROUSSEAU Emmanuel Constant Marie, né le 11 novembre 1888 à Pornic (Loire-Inférieure – aujour-d’hui Loire-Atlantique –), quartier de Gourmalon. Capitaine au cabotage, inscrit au quartier de Noirmou-tier, n° 140. Fit fonction de capitaine du trois-mâts Laënnec du 22 avril au 15 juillet 1916.

Fils de Louis Constant ROUSSEAU, né vers 1846, marin, et de Colombe PONTOIZEAU, née vers 1857, sans profession, son épouse (Registre des actes de naissance de la commune de Pornic, Année 1888, f° 7, acte n° 35). Célibataire.

Décédé en mer le 3 mai 1917 à 17 h. 40, par environ 36° S. et 10° W., étant embarqué comme second capitaine sur le trois-mâts carré Laënnec pour le XIVe voyage de ce bâtiment. Alors commandé par Émile Marie DELANOÉ, né le 9 mai 1879 à Saint-Lunaire (Ille-et-Vilaine), capitaine au long-cours inscrit au quartier de Saint-Malo, n° 772 ; allait alors de Rochefort-sur-Mer à Sydney (Australie).

(2) CRUSSON Jean-Marie Léon Auguste, né le 25 mars 1880 à Pénestin (Morbihan) et décédé le 1er février 1957 à Saint-Nazaire (Loire-Inférieure – aujourd’hui Loire-Atlantique –). Inscrit le 15 avril 1898 au quartier du Croisic, f° et n° 3.997 ; classe 1900, n° 1.284 au recrutement de Vannes. Passé lieutenant le ... novembre 1915.

Fils de Jean Marie CRUSSON, né vers 1844, marin, et de Marie GOURET, « ménagère », son épouse (Registre des actes de naissance de la commune de Pénestin, Année 1880, f° 4, acte n° 11).

(3) LÉCUYER Jean-François Baptiste, né le 27 mai 1878 à Trégomeur (Côtes-du-Nord – aujourd’hui Côtes-d’Armor –). Inscrit au quartier de Saint-Brieuc, n° 3.113 ; classe 1898, n° 1.001 au recrutement de Saint-Brieuc. Était placé en sursis illimité d’appel comme « embarqué au long-cours ».

Fils de Jean-François LÉCUYER, né vers 1843, marin, et de Françoise GUILLAUME, née vers 1853, « ménagère », son épouse (Registre des actes de naissance de la commune de Trégomeur, Année 1878, f° 4, acte n° 6).

____________________________________________________________________________________________

Acte de décès

Cejourd’hui treize du mois d’Avril de l’an mil neuf cent seize, à huit heures du matin, étant à la mer par 55° 58’ latitude Sud, 91° 20’ longitude Ouest, nous, ROUSSEAU Emmanuel Constant, capitaine du trois-mâts Laënnec armé à Limerick, appelé dans l’ordre du service à remplacer Monsieur GURIEC Achille Yves Marie, capitaine du Laënnec qui est mort, remplissant à bord les fonctions d’officier de l’état civil en vertu de l’article 86 du Code civil,

En présence de M. CRUSSON Jean-Marie, lieutenant, âgé de trente-six-ans, domicilié avant son embar-quement à Pénestin, arrondissement de Vannes, département du Morbihan,

Et de M. LÉCUYER Jean-François, maître d’équipage, âgé de trente-huit ans, domicilié avant son embar-quement à Trégomeur, arrondissement de Saint-Brieuc, département des Côtes-du-Nord, appelés comme témoins,

Déclarons et attestons, après avoir identifié l’identité du cadavre, que GURIEC Achille Yves Marie, capi-taine au long-cours, fils de feu Yves Marie et de LALANDE Marie Célestine, sans profession, à Pénestin, arrondissement de Vannes, département du Morbihan, époux de LALANDE Monique, inscrit au quartier du Croisic, n° 51 C.L.C., et sur le rôle d’équipage en qualité de capitaine, est décédé à bord hier à une heure trente du soir.

En foi de quoi nous avons dressé, à la suite du rôle d’équipage dudit navire, le présent acte de décès, qui a été signé après lecture par nous.

A bord, les jours, mois et an que ci-dessus.

Signé : E. ROUSSEAU, J.-M. CRUSSON et J.-F. LÉCUYER.

[Vu pour la légalisation de la signature. L’Agent consulaire de France. Falmouth, le 15 juillet 1916. Signé : illisible.]

___________________________________________________________________________________________


La malle du capitaine au long-cours Achille GURIEC


LAËNNEC - Trois-mâts carré - Capitaine Achille GURIEC -  x - .jpg
LAËNNEC - Trois-mâts carré - Capitaine Achille GURIEC - x - .jpg (150.02 Kio) Consulté 4585 fois
[Photographie communiquée par son arrière-petit-fils]
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Répondre

Revenir à « Navires et équipages »