16e section d'infirmiers militaires

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martinez renaud
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Re: 16e section d'infirmiers militaires

Message par martinez renaud »

Bonjour Eric, content de vous retrouver pour nous parler de la 16ème SIM
Merci encore pour votre patience à retranscrire de tels lignes
Amicalement
Renaud
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ae80
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Re: 16e section d'infirmiers militaires

Message par ae80 »

Bonjour à tous,


Voilà quelques semaines, Jérôme BUTTET de l’Association Soissonnais 14-18 attirait mon attention sur la découverte par les membres de cette association de graffitis en rapport avec la 32e Division d’Infanterie et plus particulièrement du G B D 32 dans la région de Soissons.
Entre temps, j’achetais le superbe livre de l’Association Soissonnais 14-18 : « Le Graffiti des tranchées » où figure, à la page 223, un graffiti sous forme d’une maisonnette du Groupe de Brancardiers Divisionnaires de la 32e Division en date du 11 – 2 – 16.
Le prêtre brancardier aveyronnais consacre plusieurs pages dans son 6e carnet de guerre à ce séjour :

Mercredi 26 janvier (1916) : Bruys – Ploizy (1)
[…]
Départ à 8 h. Nous traversons Branges, et nous revoyons des lieux et des routes connus, c’est ainsi que nous repassons à Maast et Violaine où nous faisons la grande halte sur le bord de la route, de 11 heures à 1 heure. Puis nous revoyons Nampteuil, Chacrisse et Septmonts. Qui aurait prévu que 15 mois plus tard nous serions de nouveau dans cette région de l’Aisne ? A Septmonts, autre grand halte pour la soupe du soir puis on repart vers 5 h. à la nuit tombante tous feux éteints car nous avons à passer sur une crête bombardée par les Allemands quand ils y voient des troupes ou des soldats ! Nous arrivons sans accident ni incident à Ploizy par Noyant et Berzy-le-Sec : 25 kilomètres au moins.
A Ploizy, nous venons remplacer la 63e Division, XIIIe Corps de réserve dont les brancardiers sont cantonnés là depuis 11 mois. Ils nous cèdent la place à regret car ils étaient si bien et sans grand travail. En effet le secteur est très tranquille depuis le mois de janvier dernier. Les brancardiers ont été occupés à divers travaux la relève des blessés ls occupant assez peu. Nous logeons provisoirement pour la nuit dans une grange, en attendant de prendre la place des brancardiers de la 63e qui partent dans la nuit à 3 heures.

Jeudi 27 janvier : Ploizy

Pas de messe ce matin, n’étant pas installés pour cela.
Au réveil, nous recevons l’affectation de notre cantonnement. (2) Il est très confortable : lits suspendus en fils de fer, réfectoire en sous-sol, avec poêle, etc., etc. La succession est bonne. Cela promet.
Ploizy est un petit village sans église, avec une grande ferme ou château pour le compte duquel travaillent les autres habitants, ce qui est une des particularités du pays et de beaucoup de villages. Le village est situé entre plusieurs collines. Soissons n’est pas loin, à quelques kilomètres.

Vendredi 28 janvier . Ploizy

Messe que nous célébrons dans une cave souterraine voûtée, une sorte de catacombes.

[…]

Dimanche 30 janvier : Ploizy

[…]
Dans la soirée, je vais visiter près du village des carrières profondes et curieuses, comme on en trouve beaucoup dans la région.

[…]
Mardi 1er février : Ploizy

Messe. Délicieuses veillées dans le souterrain chauffé.

[…]

Dimanche 13 février : Ploizy

Pas d’alerte la nuit. A 9 h. je chante la messe militaire dans un vaste sous-sol voûté à 7 ou 8 mètres sous terre. Les obus se rapprochent du village, l’un tombe dans les jardins pendant la corvée des épluchures ( ?). Un autre pendant la messe tombe à 50 mètres environ de l’endroit où nous sommes et ébranle les bâtiments. Pas de mal mais on construit des blockhaus […]
La canonnade persiste. Le soir, elle augmente d’intensité. Les fusils et mitrailleuses s’entendent de nouveau. Décidément avec nous la tranquillité du secteur a disparu. Les civils nous le reprochent. Ils s’alarment, vont habiter aux carrières où certains couchent même. […]

[…]

Lundi 21 février : Ploizy

Messe à 4 h. A 5 h. ½ je pars de Ploizy avec 20 brancardiers et un caporal pour aller à Buzancy, à l’ambulance 11/16 remplacer autres 20 de nos brancardiers qui sont restés là en subsistance plus de 15 jours. Comme le secteur est tranquille et que les autos transportent elles-mêmes les qq blessés qu’il peut y avoir, ce qui réduit à rien notre rôle de brancardier, on nous disperse ça et là pour faire qq petits travaux ou corvées. 6 brancardiers sont à Soissons, 20 à Buzancy il y a 5 ou 6 kilomètres. Nous passons à Berzy-village, Berzy-gare, et à 8 h ; nous arrivons tout doucement au château de Buzancy où est installée l’ambulance. Nous revoyons tout près Villemontoire où il y a plus de 15 mois nous cantonnions qq jours.
Les brancardiers que nous remplaçons ont été occupés à monter des baraquements pour blessés, ou à entretenir les routes, à les mettre en état. Nous allons continuer ce travail. Nous cantonnons dans une immense carrière, vrai labyrinthe, à une grande profondeur sous le roc. Il y a là des lits en bois en châlits qui seront nos couchettes. Des lampes à acétylène nous éclairent nuit et jour ; un brasero où brûle du coke réchauffe et assainit (… ?) caverne remplie d’humidité. […]

(1) Ploisy
(2) Cantonnements : GBD (32) Ambulance 5/16 : Ploisy ; Ambulance 11/16 : Buzancy [JMO de la 32e DI 26 janvier 1916 – 26N322/3 p.28]

Cordialement
Eric
Cordialement
Eric ABADIE
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Ferns
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Re: 16e section d'infirmiers militaires

Message par Ferns »

Bonsoir Eric,

Un grand merci pour ce témoignage ! On va "creuser" le secteur et essayer de trouver d'autres traces. C'est vraiment un témoignage précieux qui livre un grand nombre de détails très importants.

Cordialement,

Ferns
L'homme en campagne a les mêmes besoins qu'en temps de paix ; ces besoins deviennent même plus impérieux, étant exacerbés par une existence plus active et plus énervante.(Henry Mustière)
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martinez renaud
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Re: 16e section d'infirmiers militaires

Message par martinez renaud »

Bonjour Eric, bonjour à tous
Eric, content de vous retrouver, ainsi que notre prêtre aveyronnais
Merci encore pour la mise à disposition de ce précieux document
Amicalement
Renaud
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ae80
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Re: 16e section d'infirmiers militaires

Message par ae80 »

Bonjour à tous,
Deux citations tirées du Bulletin des Armées n° 88 du Dimanche 11 au Mercredi 14 avril 1915 avec attribution de la Médaille militaire :

Adjudant DURANTON, 16e Section d'Infirmiers : au combat du 20 août, au moment de l'évacuation de l'ambulance, évacuation qui a eu lieu dans des circonstances très périlleuses, où plusieurs brancardiers ont été blessés, a, par son sang-froid, ramené un convoi de blessés en bon ordre.

Infirmier MARITAN, 16e Section d'infirmiers : blessé, a continué son service toute la nuit et n'a signalé sa blessure, qui a motivé une hospitalisation immédiate, que le lendemain.

Une nomination dans l'ordre de la Légion d'Honneur au rang de chevalier dans le Bulletin des Armées n° 97 du Jeudi 13 au Samedi 15 mai 1915 avec cette citation :

Aumônier BIROT, groupe de brancardiers de la 31e Division : a fait preuve de courage, de dévouement et d'esprit d'abnégation remarquables en assistant les blessés depuis le début de la campagne et particulièrement les 18 et 22 août, 4 et 27 septembre ; est allé assiter, au milieu des obus, un général grièvement blessé.

Une citation du Bulletin des Armées n° 98 – Dimanche 16 au Mercredi 19 mai 1915 avec attribution de la Médaille militaire :

Sergent MALGLOIRE, 16e Section d'Infirmiers, groupe de brancardiers d'une division : cité déjà à l'ordre du jour de la division pour son zèle, son courage et son dévouement inlassable depuis le début de la campagne. S'est fait remarquer en de nombreuses circonstances. Vient encore de forcer l'attention par sa conduite admirable au cours de plusieurs journées de combat, ne cessant, malgré son état de santé, de marcher jour et nuit à la tête des équipes de brancardiers.

Cordialement
Eric Abadie
Cordialement
Eric ABADIE
ACM
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Re: 16e section d'infirmiers militaires

Message par ACM »

[Bonsoir,

aurais je par hasard retrouvé la 16e section d'infirmiers militaires ?

voir cliché ci-après

Cordialement

Alain

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ACM
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ae80
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Re: 16e section d'infirmiers militaires

Message par ae80 »

Bonsoir Alain,
Quelque chose me dit que vous ne nous dites pas tout. ;)
Avez-vous des précisions au verso de cette superbe photographie ? Qu'indique la croix (X), un infirmier ou brancardier de la 16e SIM ?

Cordialement
Eric
Cordialement
Eric ABADIE
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Re: 16e section d'infirmiers militaires

Message par ACM »

Bonsoir Eric,

Collectionneur de cartes photos du premier conflit, j'essaie de relier celles-ci à des lieux ou des évenements. Profitant de ce fil j'ai voulu en échanges de la confirmation de mon intuition quant à l'unité representée offrir aux passionnés de l'histoire de ladite unité la vue d un document la concernant.
Aucune autre indication au verso de la carte que celle du photographe "Arnoux, 100 avenue du général Foy Amiens", la croix portée sur la photo devait renvoyer à une lettre qui accompagnanit ce clcihé.

Cordialement

Alain
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ae80
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Re: 16e section d'infirmiers militaires

Message par ae80 »

Re-bonsoir Alain,
S'agit-il de la 16e SIM ?
Effectivement l'architecture des maisons, la grange en torchis derrière le groupe, la grande porte en bois ajourée font penser à la Picardie et à l'Amiénois. Dans ses carnets, le prêtre aveyronnais évoque le passage de la 16e Section d'Infirmiers Militaires en Picardie après le retrait du 16e Corps d'Armée du front des Flandres avant de rejoindre la Champagne.
Le dimanche 7 février 1915 la troupe arrive à Beauval (entre Doullens et Amiens) : "A 8 h. nous partons par Bouquemaison, Haute-Visée, Doullens et Beauval où nous arrivons avant midi. Le pays est très beau toujours comme dans le Pas-de-Calais mais plus vallonné et ressemble davantage au cher pays (l'Aveyron)."
La section loge dans une usine.
Le lendemain 8 février ... le prêtre note ceci dans son journal :"A 5 h. je vais dire la messe à l'église. A 8 h la section est photographiée par un professionnel (mot barré qui devient amateur) de la ville averti la veille. On s'est vite rangé et on a promptement posé dans la cour de l'usine."
A première vue, cela colle bien mais, d'une part le bâtiment de la cour de l'usine ressemble plus à une grange avec une porte charretière, d'autre part la photographie a été prise à la belle saison (présence de feuilles sur l'arbre) et non en février (l'arbre en serait dépourvu).
Qu'est-ce qui vous fait penser qu'il pourrait s'agir de la 16e SIM ?

Cordialement
Eric
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Eric ABADIE
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ae80
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Re: 16e section d'infirmiers militaires

Message par ae80 »

Bonjour à tous, bonjour Alain,
Je n'avais pas noté qu'un des infirmiers avait inscrit sur son bidon la date 1914 au premier rang à gauche. Ainsi je daterai plus ce document photographique après la mobilisation d'août 14. L'adresse du photographe : "Arnoux, 100 avenue du général Foy Amiens" n'est pas anodine. Sur cette avenue se trouve la caserne FRIANT occupée par le 72e d'Infanterie qui jouxte la caserne GRIBEAUVAL sur son arrière. Le photographe peut compter sur ce vivier de militaires pour faire fructifier son commerce. Ne serait-ce pas plutôt, puisque nous sommes dans la région militaire appartenant au 2e Corps d'Armée, un groupe de la 2e Section d'Infirmiers Militaires sur cette photographie ?
Qu'en pensez-vous ?
Cordialement
Eric Abadie
Cordialement
Eric ABADIE
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