Hartmannswillerkopf, acte 1

[Eric Mansuy]

Bonjour à tous,
Le début d’une tragédie en trois actes : voilà 92 ans, le 21 décembre 1915 marquait le début d’une attaque française de grande envergure sur l’Hartmannswillerkopf. Voici ce qu’en a écrit le docteur Georges, médecin divisionnaire de la 66e D.I., dans son JMO.
La suite demain, 22 décembre, après la contre-attaque allemande, puis après-demain, 23 décembre, pour le troisième « acte », celui du bilan, tout provisoire, hélas.


Mardi 21 décembre [1915].
Blessés de guerre transités sur Bussang : 15
Blessés de guerre entrés dans For. Sanitaires : 13
Congélation des pieds : 0

9 h. Tournée Willer, Bitschwiller, Moosch.
Visité à Bitschwiller poste-relai de transbordement. Placé les brancardiers et fait faire écriteaux éclairés la nuit par lanterne.
Donné instruction de détail à Chef de Poste.

A Willer, trouvé chef des automobiles du G.B.C. 51 et prescrit mise en place des automobiles poids lourds pour blessés assis, à midi.

L’action projetée sur l’Hartmannswiller se déclanche à 9 h. par préparation artillerie. L’attaque d’infanterie doit avoir lieu vers 14 heures.

La température change. Le sol était légèrement gelé ces jours derniers. Ce matin, le temps se couvre. La neige commence à tomber.
Les brancardiers sont en route pour rejoindre leurs postes – d’après l’ordre de déclanchement que j’ai donné hier soir vers 18 h. 45 au Médecin Chef du Groupe de Brancardiers Divisionnaires 66, après avoir reçu les instructions du Chef d’Etat-Major et du Général.
La répartition des brancardiers, moyens de transport, a été préparée d’avance suivant un programme étudié d’avance et maintenant porté à la connaissance de tous les intéressés.

A 11 h. ½, arrivée du Méd. Général Capus envoyé par Méd. Inspecteur pour se rendre compte des disponibilités en lits dans les ambulances et pour traiter la question de l’éventualité de l’envoi d’une ambulance chirurgicale automobile actuellement à Belfort.
Le Médecin Inspecteur me fait savoir que cette ambulance est au Thillot, je suggère qu’en cas de besoin, cette ambulance pourrait s’installer à côté de l’Amb. 16/7. Elle fonctionnerait là, si nécessaire. Ou bien encore, j’en prendrais les chirurgiens pour les envoyer renforcer ceux de l’Amb. 3/58 de Moosch ou ceux de l’Hôp. Mob. Alsacien.

Départ à 14 h. du Méd. Gal Capus qui emporte les plans, croquis des postes de brancardiers du secteur H.W.K. visités par le Médecin Inspecteur hier, ainsi qu’une copie du travail de préparation des évacuations visé plus haut.

14 h. – 24 h. Tournée montagne – Secteur H.W.K. avec M. Lovering Hill, Cdt la S.S.A. Américaine n°3.

1° A Bitschwiller, je vois poste-relai prêt à fonctionner.
2° A Moosch, je prescris à Médecin Chef d’évacuer rapidement sur Bussang tous ses petits blessés. Je confère avec S.S. auto anglaise n°2. 10 voitures resteront à Moosch pour le trajet sur Bussang.
Toutes les 6 heures, l’Ambulance 3/58 enverra une note à l’HoE de Bussang pour le renseigner sur chiffre approximatif des évacuations.
3° A Turenne, tout le monde en place. Quelques blessés sont déjà passés à 16 heures.
4° A Herrenfluh (Jean Perrin) : idem (17 h.).
5° A Bains Douches : idem. Les évacuations s’engagent bien.
6° A Camp Renié : poste médical du 23e Inf. (Méd. M. Manaud), le mouvement de blessés est régulier, relativement minime.
7° Je rentre à Turenne pour en repartir à 20 heures. Tourmente de neige. La route de Pastetenplatz est devenue un miroir. Nos voitures sont bloquées. Nous en débloquons successivement 4 et transbordons les blessés.
Je fais venir équipe de sableurs et remonte par Turenne, la route de Pasteten étant impraticable.
Nous finissons par arriver vers 23 h. 30 à Moosch. J’expédie toutes les voitures automobiles disponibles dans la montagne.
A ce moment, il est passé à Moosch environ 250 blessés. Tout le monde travaille. M. Violet en est à sa huitième grande intervention.
8° A St-Amarin (Hôp. Mob. Alsacien) : 15 grands blessés sont arrivés. M. Massabuau opère.
Le Général Villaret est venu visiter cet hôpital ainsi que l’Ambulance 3/58 dans l’après-midi, accompagné du Capitaine d’Etat-Major de Varay de la 66e Division.
9° A Wesserling, à 1 h. du matin, je trouve ce Capitaine qui est de service et j’insiste pour que des compagnies de sableurs aménagent tout le circuit des évacuations. Il me répond que les ordres sont donnés et en voie d’exécution.

Au cours de ma tournée, j’ai croisé ou doublé environ 800 prisonniers allemands. J’en ai même ramené jusqu’à Bains Douches une quinzaine qui avaient semé leurs sentinelles.

Je vais m’étendre à 2 h. du matin. Je me lève à 4 h. 30 pour écrire ce journal, signer un volumineux courrier et préparer les ordres pour amener à pied d’œuvre tous les traîneaux disponibles (Mittlach, G.B.D., etc.)

A 4 h. 30 (la neige ne tombe plus depuis 2 h. matin), le dégel a l’air de vouloir s’installer. Il pleut légèrement.

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Bien cordialement,
Eric Mansuy

[laurent provost]

merci Eric,
On touche vraiment au travers de ce rapport, l'organisation de la chaîne d'évacuation. On pourrait presque en tracer la carte!, si on retrouve le carte mentionnée de l'emplacement des postes de secours, on pourrait suivre non seulement dans le temps , mais dans l'espace le drame qui se noue.
merci encore

Ps cela illustre d'une façon beaucoup plus dramatique l'article de Bonnette P sur le service des brancardiers. On mesure aussi le progrès fait par le service de santé, et la prise de conscience du commandement sur cette question.

[Eric Mansuy]

Bonjour Laurent,
Je peux toujours te communiquer un scan de cette fameuse carte dont tu rêves, et tu pourras la mettre en ligne. Il te suffit de me joindre en privé, et je te donnerai mon mail.

A bientôt,
Eric

[Daniel Ruis]

Bonjour Eric,

D'autant plus touché par ce fil, que mon arrière-grand-père maternel ce jour il y a quatre-vingt-douze ans , y laissa la vie ... dans l'attaque du Hirtzstein ! tout document concernant l'attaque de ce p....n de rocher ce jour là etc etc...

Amicalement
Daniel

[laurent provost]

bonsoir,
grâce à un croquis fait par l'auteur et scanné par Eric, je vous propose des cartes pour vous reperer
la première qui va du champ de bataille au sommet a la vallée de Thann, elle était faite dans un premiers temps par de brancardier avec des brouettes et des Cacolets ( des mulets)
Puis selon , par voiture assis ou couché, il me reste a placer les autres éléments de la chaine jusqu'au Thillot.
Edit de 17h35, je viens de retrouver chez moi une carte des lieux tracée par les amis de vieil armand en 1992, et je m'apercoit que je me suis trompé sur le haut du cheminement, je reprends tout !
edit de 19 h
la premiere partie , le haut du massif

[Eric Mansuy]

Bonsoir à tous,
En complément du document mis en ligne par Laurent (merci ), un extrait du JMO du Médecin Inspecteur Hassler, de la VIIe Armée, qui accompagnait le croquis dont Laurent s'est inspiré :

ROUTE D’EVACUATION DES BLESSES VENANT DE L’HARTMANNSWILLERKOPF
Cette route comprend (voir le schéma ci-joint) :

1° Un circuit fermé reliant les postes de secours avancés.- le transport des blessés est effectué par portage à bras, brouettes porte brancards, ou mulets avec litière ou cacolet. Point de départ : au Ravin des Sources.

2° Une navette qui vient aboutir à THOMANNSPLATZ (TURENNE) qui est desservi par des voitures légères américaines, et dont le point de départ est le poste de recueil des blessés dit du « Ravin des Sources » à proximité du sommet de l’HARTMANNSWILLERKOPF.

3° Un circuit fermé, le seul accessible aux voitures des Sections Auto sanitaires Anglaises et Françaises.

4° Excellente route de la vallée jusqu’à BUSSANG ; H.O.E.

Les points reliés par le circuit fermé étaient le Camp Renié, Bains Douches, Herrenfluh, le Camp Baudot, le Camp des Dames.

La légende de ce croquis :
En rouge, circuit fermé : grosses voitures auto anglaises ; aller par Weiler, retour par Bitschwiller. Route étroite.
En vert, navette : petites autos sanitaires américaines type Ford très légères, mais puissantes pouvant transporter 3 blessés couchés ou 4 assis.
En bleu, circuit : brouettes porte-brancards, mulets, cacolets et litières.

Bien cordialement,
Eric Mansuy

[laurent provost]

La suite jusque dans la vallée,

le reste du positionnement des ambulances jusqu'au Thillot arrive...

[laurent provost]

de la vallée jusqu' a HOE de bussang et le thillot

remarquez le groupement d'ambulance a Moosch et a Bussang

[Croix de Guerre]

Bonjour,

Je viens de tomber sur un vieux fil de votre discussion sur ce forum avec beaucoup d'intérêt et je voulais vous écrire. Le poste concernait l'évacuation des blessés du champ de bataille de Hartmannswillerkopf au sommet de la montagne lors de l'attaque de fin décembre 1915. Je suis un Américain dont l'intérêt particulier est la Section Trois qui a servi la 66e Division française en Alsace d'avril 1915 à février 1916. Je suis certain que vous sont familiers, mais les ambulanciers volontaires américains ont subi leur premier décès le 25 décembre avec la mort du chauffeur Richard Hall. Je suis sur le point de publier une longue histoire du service de ces Américains basée sur des centaines de lettres originales, de photographies et de nombreux journaux. Si vous êtes toujours intéressé par le service médical en Alsace pendant cette bataille, je serais honoré de communiquer avec vous. Je m'appelle Thomas William Fife et j'habite près d'Atlanta, en Géorgie, aux États-Unis. Bonne année!

[Bart POCOCK]

Hi Tom,

Thanks for reaching out. I am vice president of the association "Les Amis du Hartmannswillerkopf".
We have been quite active over the past years with the origins of the AFS and Richard Hall's story in particular.
It has been a privilege to guide members of the AFS and his family around the site.

I very much look forward to exchanging with you and learning what other sources you have managed to research. Living at the foot of the mountain for almost 30 years now, access to local resoucres is easy for me!
You can reach me directly at [email protected]

Kind regards / Bart