Nouvel article de Prisme sur les cours martiales américaines
3 novembre 1917 au matin : le caporal James B. Gresham, et les soldats Thomas F. Enright et Merle D. Hay, du 16th infantry, viennent d’être tués au cours d’un coup de main allemand sur leur point d’appui, pendant qu’une douzaine de leurs camarades étaient capturés. Une fois passée la stupeur, au niveau de l’état-major, il s’agit de trouver des responsables de ce qui est vécu comme un échec doublé d’une humiliation. Ainsi s’enclenche un engrenage ciblant tout particulièrement ce régiment, dans lequel des victimes expiatoires vont être trouvées « pour l’exemple » et condamnées à mort, pour un fait de guerre auquel elles n’ont même pas pris part. La lutte sera âpre entre les différentes instances décisionnelles pour statuer sur leur sort, et ce à quoi s’attelle la dernière publication en date de Prisme est l’étude du fonctionnement de cet engrenage mortifère et de ses arcanes.
Prisonniers US 3 novembre 1917.jpg (501.08 Kio) Consulté 1858 fois
Bonjour.
Il conviendrait sans doute de préciser : " les premiers militaires du Corps expéditionnaire des Etats-Unis ", car les premiers citoyens américains morts dans ce conflit sont les 128 qui ont été noyés lors du torpillage du Lusitania ( qui transportait aussi de la contrebande de guerre mais c'est une autre histoire ) le 7 mai 1915.
Au revoir.
PML
Bonjour.
A mes yeux et sans jouer sur les mots il ne s'agit pas d'un soldat américain mais d'un soldat français ( la Légion étrangère étant une partie de l'Armée française ) de nationalité américaine.
Je crois me souvenir que de nombreux citoyens américains ne supporteront pas la discipline des formations de la Légion ( ni la promiscuité avec certains légionnaires directement issus de la pègre ) et se plaindont ; je ne sais plus auprès de qui ni dans quelles conditions et seront transférés dans des régiments classiques .
Mais, bien sûr, il y aura des Américains engagés dans la Légion jusqu'à la fin de la guerre.
Salutations
PML
PS: j'ai retrouvé les références concernant l'affaire du transfert de citoyens américains primitivement engagés dans la Légion vers des unités de la Régulière ( dont le 170 ° RI ), les voici:
" France et Etats Unis, Août 1914, avril 1917 " pages236 à 240. par Yves Henri Nouailhat, édition de la Sorbonne.
Ayant été contacté à propos du contenu originel de l'article de Prisme, à savoir les cours martiales de la 1st division et du 16th infantry en particulier, j'en profite donc pour revenir audit sujet originel.
En ce qui concerne le soldat Albert E. Beauregard, de la compagnie H du 16th infantry, déjà connu de sa hiérarchie pour ses nombreux écarts de conduite, il est intéressant de consulter le contenu des "Abstracts of Opinions in Review of Courts-Martial Records". En l'occurrence, les conclusions de l'appel soulignent qu'il a, antérieurement à sa condamnation à mort, fait l'objet de poursuites pour une série d'absences illégales, et non de désertions, ce qui minore donc ses antécédents. En outre, ces mêmes conclusions portent sur son "inconduite et sa fuite en présence de l'ennemi" ; je traduis : "Là où la compagnie de l'accusé est arrivée, à un mile des tranchées ennemies, des obus ennemis tombant à sa proximité, faisant halte dans une ville avant de reprendre sa progression, l'accusé n'a pu être trouvé nulle part ; il a été arrêté 20 jours plus tard près du P.C. Ces faits constituent une violation de l'article 75 des Articles du Temps de Guerre, mais pas sous sa forme la plus aggravante au regard des circonstances retenues. Il est recommandé que la peine de mort soit commuée en emprisonnement à perpétuité."
Hors la possibilité d'accéder aux pièces de l'instruction, il serait hasardeux de conclure hâtivement sur ce cas. En revanche, il est clair que les "circonstances retenues", ici évoquées, n'ont pas manqué de lui être extrêmement favorables en considération du passé, voire du passif, qui était le sien, et de sa longue absence au sein de sa compagnie. Une chose est sure : les "Abstracts of Opinions" portent pour le cas Beauregard la date du 17 mai 1918, qui semble donc être celle de l'arrêt définitif, autrement dit au cours du mois durant lequel les autres condamnés du 16th infantry - Sebastian et Cook, Fishback et Ledoyen - ont échappé à la peine de mort, ce qui fait songer à une mesure de "grâce collective" à laquelle le sort de Beauregard a été lié.
Bien cordialement,
Eric Mansuy
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
Je viens de consulter mon historique de la 1st Division US et celui du 16th Infantry... mais, rien n'est dit sur les comportements d'Albert E. BEAUREGARD, et si nous sommes en face du même homme, sur Find a Grave il serait décédé "tranquillement" chez lui en 1978.
BEAUREGARD Albert E. Pvt Co H 16th Inf 1st Div..jpg (20.68 Kio) Consulté 1384 fois
alvin17
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Je te le confirme, puisque cet homme n'a pas été exécuté. D'ailleurs, les registres des effectifs des régiments de la 1st division regorgent de cas de cours martiales pour des chefs d'accusation plus ou moins graves, mais qui n'ont pas mené à l'exécution de la peine capitale.
Amicalement,
Eric
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
Une découverte récente, concernant deux soldats - Lavato et Manzanares - d'une unité que je n'ai pas encore identifiée, montre à quelle point l'appréciation, en lieu et place de la stricte application, du contenu d'un article des Articles du Temps de Guerre aurait pu, dans leur cas, avoir des conséquences tragiques si une commission de révision n'avait finalement conclu à leur sujet : "Quitter son poste et musarder à son poste ne font pas partie du délit de sommeil en faction, et il est illégal de poursuivre pour avoir « quitté son poste » sous la charge d’accusation de « sommeil en faction »." De toute évidence, l'un de leurs zélés supérieurs avait ici tenté de faire condamner pour "sommeil en faction" deux hommes qui ne s'étaient pas endormis, sans trouver pour entamer cette procédure un article qui lui convienne. Voilà qui rappelle comment en France, en début de guerre, l'article 213 a pu devenir un "article fourre-tout"...
Bien cordialement,
Eric Mansuy
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
