Les condamnés du 368th infantry

garigliano1
Messages : 816
Inscription : dim. nov. 18, 2007 1:00 am

Les condamnés du 368th infantry

Message par garigliano1 »

Bonjour à tous

Nouvel article de Prisme dans la continuité des 2 précédents. https://prisme1418.blogspot.com/2021/09 ... i-des.html

Fin septembre 1918 : l’offensive Meuse-Argonne bat son plein. Le moins que l’on puisse dire est qu’une part non négligeable des troupes américaines engagées se trouve confrontée à des difficultés de tous ordres et que les objectifs assignés ne sont pas atteints avec la facilité escomptée, voire pas atteints du tout. Au cœur de ce marasme, toutes les unités ne sont pas logées à la même enseigne, et c’est un euphémisme : si certaines échappent à une légitime critique quant au rendement qui est le leur, un régiment, constitué d’Afro-Américains, le 368th infantry, se retrouve pointé du doigt et est offert à la vindicte populaire sans que les raisons de son échec soient réellement scrutées. Avant que cela soit le cas, ce qui coûtera après guerre bien du temps et de l’énergie, des officiers de ce régiment vont subir les conséquences de la recherche effrénée de coupables et être condamnés à mort pour leur « lâcheté face à l’ennemi ». Au cœur de cette sinistre affaire où se cumulent préjugés, dissimulations et dysfonctionnements, la vérité triomphera, mais seulement après que des victimes expiatoires auront payé le prix fort de l’opprobre subie.
368th infantry.jpg
368th infantry.jpg (140.5 Kio) Consulté 2061 fois
Cordialement
yves

https://prisme1418.blogspot.com/
Avatar de l’utilisateur
Eric Mansuy
Messages : 4986
Inscription : mer. oct. 27, 2004 2:00 am

Re: Les condamnés du 368th infantry

Message par Eric Mansuy »

Bonjour à tous,

La sensation d'un "deux poids, deux mesures" face aux condamnations infligées aux officiers du 368th infantry trouve un écho dans celle à laquelle a fait face le sous-lieutenant Blatchford Sherman. Ce dernier, condamné le 2 mai 1919 à la destitution et à un emprisonnement de 10 ans assorti des travaux forcés à Leavenworth, a vu sa peine réduite à 5 ans d'emprisonnement en octobre 1919, et a finalement été gracié par le président américain en juillet 1921. Ce pour quoi il a été poursuivi et condamné : "désertion, désobéissance volontaire et lâcheté".

Le Brattleboro Daily Reformer du 28 juillet 1921 a relaté les faits, qui sont pour le moins édifiants : "Washington - 27 juillet. Le président Harding a accordé une grâce pleine et entière à Blatchford Sherman, ancien sous-lieutenant du 312th infantry de la 78th division, reconnu coupable par une cour martiale des faits de désertion et de lâcheté, et condamné à une libération de l'armée sans certificat de bonne conduite et à un emprisonnement de 10 ans. La grâce comprend la restitution des droits de citoyenneté. Il semble que Sherman habite New York.
Il apparaît que la désertion s'est produite en Argonne le 11 octobre 1918, et s'est poursuivie jusqu'à l'arrestation de Sherman à Paris, le 16 novembre. La "désobéissance volontaire" semble avoir été constituée par le refus d'obéir à l'ordre d'aller de l'avant à la tête d'une patrouille et d'effectuer une reconnaissance en direction de l'ennemi. L'accusation de "lâcheté" a été portée suite à l'abandon de sa patrouille. La défense de Sherman a été fondée sur son incapacité physique à être tenu pour responsable de ses actes.
Ses amis n'ont jamais relâché leurs efforts envers Sherman. En octobre 1919, le président Wilson a réduit sa peine d'emprisonnement à 5 ans et en mars 1920, le reste de sa période d'emprisonnement était remis. Il avait refusé de procéder à une demande de grâce, mais celle-ci vient de lui être accordée par le président Harding."

Quoique ne connaissant pas le contenu de la procédure, il nous suffit de consulter le contenu des Articles du Temps de Guerre pour découvrir des faits tombant dans le spectre de trois "articles punitifs" :
"Article 58. Désertion : toute personne soumise aux lois militaires, qui déserte ou tente de déserter le service armé des Etats-Unis, sera, si le délit est commis en temps de guerre, punie de mort ou de toute autre peine décidée par la cour martiale. Si le délit est commis hors du temps de guerre, il sera puni de toute peine à la discrétion de la cour martiale, à l’exception de la mort."
"Article 64. Agression ou désobéissance envers un officier supérieur : toute personne soumise aux lois militaires qui, sous quelque prétexte que ce soit, frappe son officier supérieur, dégaine une arme contre lui, lève une arme contre lui, ou fait montre de quelque violence que ce soit à son encontre, dans l’exercice du service, ou désobéit de son plein gré à un ordre légitime de son officier supérieur, sera punie de mort ou de toute autre peine décidée par la cour martiale."
"Article 75. Inconduite devant l’ennemi : tout officier ou soldat adoptant une mauvaise conduite devant l’ennemi, prenant la fuite, ou abandonnant ou livrant un fort, un poste, un camp, une garde, ou tout autre commandement dont il a le devoir d’assurer la défense, ou incitant quiconque à y procéder, ou abandonnant ses armes ou ses munitions, ou quittant son poste ou son uniforme en vue de mise à sac ou de pillage, ou étant à l’origine d’une fausse alerte dans un camp, une garnison, un quartier, sera puni de mort ou de toute autre peine décidée par la cour martiale."

Des faits pouvant être punis de mort en temps de guerre, donc, mais qui ne l'ont pas été, dans une affaire qui a bien moins attiré les projecteurs que celle des officiers du 368th infantry.

Bien cordialement,
Eric Mansuy
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
alaindu512010
Messages : 3593
Inscription : dim. janv. 10, 2010 1:00 am
Localisation : vienne le chateau

Re: Les condamnés du 368th infantry

Message par alaindu512010 »

Bonjour
Merci Eric pour ce cas d'exemple en Argonne ;en effet deux poids deux mesures pauvres officiers afros du 368
la photo de l'officier blanc
https://catalog.archives.gov/search?q=B ... %20Sherman
le jmo de la 78 dius en argonne est pour le moins 'bref'
https://www.memoiredeshommes.sga.defens ... em_zoom=34
cordialement
Alain
alaindu 512010
Avatar de l’utilisateur
Eric Mansuy
Messages : 4986
Inscription : mer. oct. 27, 2004 2:00 am

Re: Les condamnés du 368th infantry

Message par Eric Mansuy »

Bonsoir à tous,
Bonsoir Alain,

Parfois, le sort s'acharne sans relâche. Il suffit pour s'en convaincre, si besoin était, de se pencher sur la vie d'Horace R. Crawford, l'un des condamnés à mort du 368th infantry, entré après-guerre dans la police.

Crawford, traduit en cour martiale en 1918 donc, se retrouve à nouveau devant un tribunal en février 1921 pour ce motif inattendu : avoir fait usage de sa matraque lors d'une interpellation (comparution conclue par un acquittement). En octobre 1923, au cours d'une intervention contre des contrebandiers d'alcool, Crawford est grièvement blessé par balle : le 20 novembre 1931, il meurt de ses blessures au Walter Reed Hospital qu'il n'avait plus quitté. Tragique destin, et une symbolique "consolation" : Crawford est enterré au cimetière national d'Arlington.

Bien cordialement,
Eric Mansuy
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
Avatar de l’utilisateur
Eric Mansuy
Messages : 4986
Inscription : mer. oct. 27, 2004 2:00 am

Re: Les condamnés du 368th infantry

Message par Eric Mansuy »

Bonsoir à tous,

Une sensation de "deux poids, deux mesures" toujours, juste à l'Est des positions du 368th infantry, avec un cas édifiant.

Né à New York en 1889, metteur en scène et producteur de théâtre avant guerre, Maurice S. Revnes rejoint Plattsburg en septembre 1917 et y est affecté à une section de mitrailleuses au sein de la 78th division. Muté à la 77th division, il embarque pour la France, crée une troupe qui se fera connaître sous le nom des « Argonne Players », et intègre le 306th machine gun battalion, y prenant le commandement d’une section sous le commandement du lieutenant Peabody au sein de la compagnie D.

Robert H. Ferrell, qui a si soigneusement décrit l’engagement de la 92nd division dans l’offensive « Meuse-Argonne », mais également celle de la 77th division en cette même occasion, révèle dans son « Five Days in October. The Lost Battalion in World War I » les circonstances ayant amené Maurice S. Revnes à être traduit en cour martiale. Je le cite :

« C’est durant l’un des jours du week-end, le samedi ou le dimanche, que le sous-lieutenant Maurice S. Revnes a flanché. Deux dates figurent dans le dossier de procédure de cour martiale, le 5 et le 6 octobre. Une audience de la cour martiale s’est tenue le 27 décembre, et l’accusation – nécessaire en cas de poursuite par une cour martiale – mentionnait que le délit avait eu lieu « en forêt d’Argonne, le 5 octobre 1918 ou aux environs de cette date » ; une autre partie de la procédure portait la date du 6 octobre. Les faits concernaient ce que la cour qualifiait de « manque de jugement », dont on peut se demander s’il ne s’agissait pas d’un symptôme de la fatigue de l’ensemble de la chaîne de commandement. Pour Revnes, la défense de la poche de résistance était un sacrifice collectif sans espoir de l’arrivée de secours. Cela n’avait aucun sens. Il avait été blessé, et continuer à s’accrocher sans un médecin et sans soins apparaissait comme inhumain. Dans bien des cas, la gangrène était survenue. Les blessés n’en pouvaient plus, et ne pouvaient souffrir plus longtemps en silence : leurs plaintes pouvaient être entendues par les Allemands, ce qui ne manquait pas d’encourager ces derniers. C’est alors que, d’après le dossier de procédure, Revnes a fait montre d’inconduite. Sa faute était d’avoir fait parvenir la note suivante à Whittlesey, à la tête du fameux "lost battalion" :
« Si nos gars ne nous rejoignent pas d’ici midi, il nous est inutile de lutter contre de tels écueils. Il est épouvantable de penser à une telle chose, mais je ne vois d’autre issue pour nous que de nous rendre – les hommes sont affamés, les blessés, dont je suis, ne sont pas uniquement affamés mais ont perdu beaucoup de sang. Si vous pensez de même, peut-être l’ennemi permettra-t-il que les blessés regagnent leurs lignes. Je ne dis cela que parce que, pour ma part, je ne puis tenir plus longtemps, et cernés comme nous le sommes, il m’est une évidence qu’il n’y a rien de déshonorant à se rendre. »
Que le sous-lieutenant ait expédié cette note ne fait aucun doute. Il plaida « non coupable » d’avoir violé l’article 75 des Articles du Temps de Guerre – l’inconduite au combat – et mérité son renvoi de l’armée. […] La cour désigna Revnes coupable. Le verdict, conforme aux réquisitions, était sa destitution. Il ne devait pourtant pas être renvoyé de l’armée, ce qui aurait entaché son passage sous l’uniforme et aurait eu un impact sur son avenir en tant que civil – il n’était pas, après tout, un soldat de l’armée régulière. C’est sans doute pour cette raison, ou à cause de la faible gravité de ce cas, que le dossier fut transmis au GQG, au Brigadier General James J. Mayes qui, le 18 février 1919, annulait le verdict. La guerre était terminée et le général Mayes pensait que la destitution ne pouvait être infligée qu’à des officiers d’active à leur retour au foyer. Mayes précisa que Revnes était le seul officier mitrailleur survivant et connaissait les difficultés auxquelles il était confronté, à savoir une raréfaction des munitions et une carence en mitrailleurs instruits. Voilà qui penchait favorablement pour une prise en considération d’une reddition. « Et au motif que, tel qu’établi par un indiscutable témoignage du service de santé, l’accusé, au regard de la nature de sa blessure, souffrait continuellement et même de plus en plus depuis le 3 octobre, et que son jugement et son moral ne pouvaient qu’y avoir été sujets. Aussi, dans l’instruction visant le sous-lieutenant Maurice S. Revnes, les preuves montrent que l’accusé a courageusement fait son devoir durant plusieurs jours dans les circonstances les plus éprouvantes, qu’il était blessé et avait jeûné depuis longtemps. »

Dans « Blood in the Argonne : the « lost Battalion of World War I », Alan D. Gaff fournit des détails complémentaires au sujet de cette affaire :
« Les lieutenants Marshall Peabody et Maurice Revnes partageaient un trou proche de la route, au centre de la position, pratiquement en haut de la pente menant au PC de Whittlesey et McMurty. Un obus explosa sur la lèvre de leur position et déchiqueta une partie du pied gauche de Revnes, et arracha le pied et la jambe gauches de Peabody. » Quelque temps plus tard, Revnes est dans un trou d’obus aux côtés d’un sergent et d’un soldat, à proximité d’un ruisseau, et tente de se faire obéir : « Je les arrêtais et leur disais qu’il était dangereux pour eux d’aller chercher de l’eau. J’essayais de les convaincre mais ils ne répondaient pas et la plupart des hommes continuait, quel que soit ce que j’ordonnais. Ils ne portaient aucune attention à mes ordres. Ils étaient déterminés à aller chercher de l’eau, et ils y allaient. »
Alors que la discipline a commencé à se déliter, Revnes s’entretient avec le sergent Herman Anderson et le soldat Sidney Foss, et leur demande : « Est-ce que les Allemands nous laisseraient évacuer nos blessés ? Est-ce qu’il serait déshonorant de se rendre si nous n’étions pas relevés ? » Après un bref conciliabule, Revnes sort un crayon, rédige une note et envoie le soldat Foss la remettre au commandant Whittlesey. Ce dernier, après en avoir pris connaissance et l’avoir fait lire à McMurty, descend en compagnie d’Anderson vers la position de Revnes, avec qui il s’entretient. Le contenu de leur conversation est inconnu, mais à l’issue de celle-ci, il déclare haut et fort : « Des troupes ont déjà été encerclées 40 jours. Nous ne sommes ici que depuis 5 jours, nous pouvons donc nous accrocher un bon moment. » Puis il se tourne vers le sergent Anderson et ajoute : « Si vous voyez qui que ce soit se rendre ou agiter un drapeau blanc, abattez-le ! »

Un dernier apport sur le sujet se trouve dans « To Raise and Discipline an Army: Major General Enoch Crowder, the Judge Advocate General’s Office, and the Realignment of Civil and Military Relations in World War I » de Joshua E. Kastenberg : le lieutenant-colonel Samuel M. Wilson (juge avocat de la 77th division), après acquittement initial de Revnes par la cour martiale, est destinataire du dossier de procédure ; après étude du dossier, il requiert du Major General Robert Alexander, commandant la 77th division, de désapprouver cet acquittement et de retourner le dossier à la cour martiale pour révision : en effet, Wilson a découvert que si la note manuscrite de Revnes à Whittlesey a été mentionnée à l’audience, cette pièce n’a pas été produite. Telle est la raison sur laquelle il se fonde, en conformité avec les Articles du Temps de Guerre. A ce moment, Whittlesey est déjà rentré à New York et ne peut plus venir témoigner. Le verdict initial est cependant rejeté et, une déclaration sous serment de Whittlesey par télégramme fournie à l’appui, Revnes est déclaré coupable et condamné à la destitution. Une nouvelle révision, comme il se doit, s’ensuit : le juge avocat Wilson conseille alors au général Alexander de désapprouver le verdict en prenant en compte des circonstances atténuantes, incluant le fait qu’un début de gangrène avait privé Revnes de ses moyens, et qu’il s’était montré courageux antérieurement à la rédaction de sa note à Whittlesey. C’est ainsi que Revnes a finalement quitté l’armée avec un certificat de bonne conduite.

Au final – et tout en conservant une prudence de mise face à l’impossibilité de consulter les dossiers de procédure – que conclure de tout cela en comparaison de ce qui s’est produit au 368th infantry ?

L’article 75 des Articles du Temps de Guerre ne laisse subsister aucun doute quant à sa violation par Revnes : « « Article 75. Inconduite devant l’ennemi : tout officier ou soldat adoptant une mauvaise conduite devant l’ennemi, prenant la fuite, ou abandonnant ou livrant un fort, un poste, un camp, une garde, ou tout autre commandement dont il a le devoir d’assurer la défense, ou incitant quiconque à y procéder, ou abandonnant ses armes ou ses munitions, ou quittant son poste ou son uniforme en vue de mise à sac ou de pillage, ou étant à l’origine d’une fausse alerte dans un camp, une garnison, un quartier, sera puni de mort ou de toute autre peine décidée par la cour martiale. »
S’il n’y a pas eu reddition, l’incitation à ladite reddition paraît difficilement discutable. Dans un second temps, Revnes, qui aurait tout à fait pu être condamné à mort au regard du contenu de cet article, a échappé à ce verdict. Les officiers du 368th infantry, dont l’inconduite dont ils ont eu à répondre en cour martiale n’était pas aussi avérée, ont bel et bien fait face initialement à la peine de mort.

Revnes a échappé à une peine de destitution, qui aurait surtout été exemplaire pour un officier d’active, ce qu’il n’était pas. De tels scrupules n’ont pas eu cours pour les officiers du 368th infantry, qui n’appartenaient pas plus que Revnes au corps des officiers d’active, et ont pourtant subi pire encore.

Hormis la rédaction et la transmission de sa note à Whittlesey, il apparaît nettement, dans les déclarations faites par Revnes à l’audience, qu’il en est arrivé à ne plus être obéi par ses hommes. L’incapacité – supposée – à faire prévaloir l’obéissance a, là aussi, été traitée avec bien moins d’indulgence au sein du 368th infantry. Sur le terrain, devant l’attitude de Revnes, c’est d’ailleurs Whittlesey en personne qui rappelle au sergent Anderson comment, en cas de nécessité, « forcer l’obéissance »…

Enfin, en sus des éléments factuels énoncés, une ultime conclusion semble s’imposer : il était exclu d’entacher la légende de la 77th division et de son "lost battalion" par la faute d’un unique officier, amoindri par la douleur et diminué par la peur. Ce qui avait réellement eu lieu au début d’octobre 1918 dans ce secteur de l’Argonne était loin d’être totalement glorieux, mais il faudrait patienter des décennies avant que les historiens ne fassent émerger une vérité sur laquelle subsistent toujours des zones d’ombre. Si d’aucuns devaient rendre des comptes, il n’était pas difficile de les trouver : ils étaient tout à côté, dans un régiment afro-américain qui ferait bien l’affaire…

Bien cordialement,
Eric Mansuy
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
girodacle
Messages : 1731
Inscription : dim. nov. 18, 2007 1:00 am

Re: Les condamnés du 368th infantry

Message par girodacle »

Magnifique d'instruction
Merci Eric
Alain
Alain
alaindu512010
Messages : 3593
Inscription : dim. janv. 10, 2010 1:00 am
Localisation : vienne le chateau

Re: Les condamnés du 368th infantry

Message par alaindu512010 »

Bonjour Eric
Comme d'habitude tu fournis un gros travail de synthèse relatant ces aspects méconnus et restés dans l'ombre de ces dossiers enterrés qu'il faut dénicher ,et ou il ne sera reconnu pour la postérité que l'extraordinaire histoire du lost Battallion médiatisée à outrance ainsi que ,plus a l'est du massif ,celle du sergent York porté en héros exemplaire
Des 2000 nègres qui refont la route défoncée au sud de Varennes pour la 28 division ou des afros américains du 368 a l'extrême droite du 38ème corps d'armée le silence est de rigueur :on leur a volé leur victoire
En fouillant bien on s'aperçoit que les problèmes auquel ces soldats furent confrontés résultent des ordres du haut commandement tant américain que français
Liguet et Foch avaient demandé a leurs divisions de foncer droit devant sans s'occuper des voisins (c'est écrit )
il est évident que quand ça coince il faut bien trouver des responsables ,qui furent <blanchis>par la suite excusez ce jeu de mots !
bravo Eric pour ton travail
j'en profite pour demander a Alain Girod ou en est son affaire de soldat inconnu américain
amicalement
Alain
alaindu 512010
Avatar de l’utilisateur
alvin17
Messages : 143
Inscription : sam. oct. 31, 2009 1:00 am

Re: Les condamnés du 368th infantry

Message par alvin17 »

Bonjour Eric

BRAVO, pour ton travail de recherche et toutes ces informations que je ne connaissais pas sur le "Lost Battalion"
Chapeau bas
alvin17
recherche cartes postales, photos, historiques et objets personnalisés sur les troupes Américaines en Europe de 1917 à 1919
alaindu512010
Messages : 3593
Inscription : dim. janv. 10, 2010 1:00 am
Localisation : vienne le chateau

Re: Les condamnés du 368th infantry

Message par alaindu512010 »

re Eric
Afin de ne blesser ni offusquer personne dans l'appellation nègres de mon texte précédent , je joins une capture d'écran du jmo de la 28 dius
Je retransmet ce terme marquant le peu de considérations pour les afros américains de la 92 dius de la part des gradés américains dans la rédaction du jmo
2000 nègres.jpg
2000 nègres.jpg (67.84 Kio) Consulté 1602 fois
le général Gouraud a qui la demoiselle miss Martha Gruening demandait ce qu'il pensait des afros américains répondit que le régiment noir du 369 rius s'était bien comporté pour la prise de Séchault (les poilus de Harlem) le régiment américain le plus décoré ;https://credo.library.umass.edu/view/pa ... 1/mode/1up
Le général a éludé les aventures du 368 qui arrive dans les talons du 9 ème cuirassier pour libérer Binarville
le 9 ème cuirassier a eut droit a son monument pour la libération de Binarville appuyé et protégé sur son aile droite par le 368 qui arrive dans ses talons a Binarville
la 77 dius a eut droit a deux stèles ,1 film ou deux , des livres des récits pour ses mésaventures peu glorieuses
merci au pigeon bel ami qui a droit à toute la considération due a son égard avec sa représentation sur la stèle de la 77 près de l'étang de Charlevaux
le sergent York a son parcours a Chatel Chéhéry 08.
le 369 a Plusieurs stèles érigées sur son parcours et a Séchault
le 368 <devinez ?>
amicalement
alain
alaindu 512010
Avatar de l’utilisateur
Eric Mansuy
Messages : 4986
Inscription : mer. oct. 27, 2004 2:00 am

Re: Les condamnés du 368th infantry

Message par Eric Mansuy »

Bonsoir à tous,
Bonsoir Alain,

En effet, il est bon de le recontextualiser au cas où des lecteurs ne seraient pas habitués à l'usage de ce terme à l'époque.
Il est d'ailleurs employé également par le général Piarron de Mondésir, qui l'associe à sa litanie de critiques envers la 92nd division. Je me garde de reproduire in extenso des propos parus dans ses "Souvenirs et pages de guerre (1914-1919)", qui ne grandissent pas, le mot est faible, un officier général chez lequel une autre hauteur de vues aurait été espérée et attendue, mais dont la méconnaissance de la problématique de la constitution de la 92nd division était totale.
Extrêmement peu regardant quant à ce qui s'est déroulé sur la droite de son 38e corps, il ne manque pas, lui aussi, de louer la division du "bataillon perdu" : "La 77e D.U.S. fut malheureusement retirée et remplacée par la 92e, division nègre dont un régiment nous avait déjà été donné et ne nous avait servi à rien."
Se payer de mots coûte si peu, sauf à des lampistes à portée de main.

Amicalement,
Eric
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
Répondre

Revenir à « sur le NET »