12 juin 1917 : Caporal Dauphin fusillé pour l'exemple

garance.
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Re: 12 juin 1917 : Caporal Dauphin fusillé pour l'exemple

Message par garance. »

Bonjour
c'est poignant
que savez-vous exactement des faits reprochés à Brugière ?
Apparemment il a fait part à sa hiérarchie de son refus car familier de Dauphin
mais un ordre reste un ordre...
Même si c'est facile à écrire, confortablement installé en 2021 derrière son clavier,
si j'avais été lui j'aurais sans doute accepté mais j'aurais tiré à côté sans rien dire !

avis bienvenus
"Il pleuvait en cette nuit de Noël 1914, où les Rois Mages portaient des Minenwerfer."
alaindu512010
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Re: 12 juin 1917 : Caporal Dauphin fusillé pour l'exemple

Message par alaindu512010 »

Bonsoir
Voici le dossier de ces accusés
trois sont condamnés a mort et trois écopent de 10 ans de réclusion
on ne voit pas le nom de celui qui a refusé de tirer Brugière
https://www.memoiredeshommes.sga.defens ... 16&debut=0
cordialement
alain
alaindu 512010
garigliano1
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Re: 12 juin 1917 : Caporal Dauphin fusillé pour l'exemple

Message par garigliano1 »

Bonjour à tous

Son ami, François Brugière, originaire du même village, est désigné pour faire partie du peloton d'exécution !
Il refuse de tirer : Pour ça, il sera envoyé au bagne où il mourra peu de temps après !


Mythe familial ou réalité ?

Certaines divisions comme la 47e DI n’ont plus d’archives judiciaires néanmoins on retrouve ici et là des documents originaux comme la minute du jugement de Dauphin, Renault, Libert, Minodieu, Colléon et Bellanger jugés le 6 juin 1917. On trouve le recours en grâce de 3 d’entre-eux puisque Minodieu, Colléon et Bellanger ont été condamnés à 10 ans de travaux publics.

A noter que le recours en grâce a été de nouveau suspendu du 9 juin au 14 juillet 1917 mais uniquement pour : « réprimer les crimes concertés ou collectifs d’abandon de poste (article 213 du code de justice militaire), de refus d’obéissance (article 218), de révolte (article 217) ou de provocation à passer à l’ennemi (article 208).

Le jugement pouvait recevoir son exécution dans les conditions visées par les articles 145 et 146 du code de justice militaire sauf dans les cas suivants :
1°) si l'autorité qui a délivré l'ordre de mise en jugement estime devoir recommander le ou les condamnés à la clémence du Chef de l'Etat.
2°) si un ou plusieurs des juges ont signé un recours en grâce.
3°) si le Président de la République a demandé communication du dossier.

Dans ces trois hypothèses, il devra être sursis à l'exécution du jugement jusqu’à ce que je vous aie donné l’avis de la décision du Président de la République.

Ce qui signifie que le général de Pouydraguin a envoyé le dossier de Dauphin, Renault, Libert au président de la république ou qu’un des juges a signé une demande de recours en grâce ou à la demande du PR . Ce qui a permis à Libert d’échapper au peloton d’exécution. Si le général Blazer avait toujours été à la tête de la 47e DI, nul doute que les choses auraient été différentes vu la sévérité du personnage.

Pour Brugière, sa fiche de matricule nous apprend qu’il a été jugé le 10 juin 1917.
brugière françois 1.JPG
brugière françois 1.JPG (166.92 Kio) Consulté 2308 fois
pour « révolte à main armée en réunion de personnes » c’est donc l’article 225 du code de justice militaire qui a été appliqué.

Son dossier étant manquant, on ignore les faits exacts mais peut s’en faire une bonne idée à la lecture du chapitre III, sous-chapitre "Beuvardes" de l’excellent ouvrage de Denis Rolland « La grève des tranchées » éditions IMAGO paru en 2005 .

L’article 225 renvoie à l’article 217 alinéa 3 ou 5 si les auteurs étaient armés et au nombre de huit donc à la peine de mort ou à 5 à 10 ans de travaux publics si les auteurs n’ont pas fait usage de leurs armes. Selon la fiche de matricule, les juges ont accordé les circonstances atténuantes et ont condamné Brugière à une peine de 7 ans de travaux publics. Ce qui signifie que Brugière a été condamné pour avoir participé à une rébellion avec violence d’au moins huit militaires armés mais qui qui n’ont pas fait usage de leurs armes selon l’alinéa 5 mais cela n’exclut pas un 217 alinéa 3 où Brugière n’aura pas été reconnu comme l’instigateur ou le chef de révolte ce qui lui permettait d’échapper à la mort.

Les infos de la fiche de matricule ne concordent pas avec le récit familial qui parle d'un refus de participer à l'exécution de Dauphin. Denis Rolland en parle à la page 108 de son ouvrage : c’est inexact [le récit familial], il était arrêté [Brugière] et condamné pour sa participation aux émeutes. Il nous semble impossible qu’il ait pu être désigné pour faire partie du peloton d’exécution.

Denis Rolland a une très bonne connaissance factuelle de ces événements, on peut lui faire confiance.

On doit le redire, tous les récits doivent être contradictoirement validés à l’instar de JN Cru, sinon ils n’ont pas de valeur sauf à servir illusoirement les mythes.

Brugière n’a pas été envoyé au bagne mais dans un atelier de travaux publics comme il en existait beaucoup en métropole. Pour les militaires impliqués dans les « mutineries », beaucoup ont été envoyés en Afrique du Nord ou outre-mer. C’est le cas de Libert dont la peine de mort a été commuée en travaux forcés à perpétuité, il a été mis à disposition du ministre des colonies. Le 05/08/1921, le restant de sa peine a été commuée en 6 ans de prison, il a été interné à Caen puis à Poissy.
libert.JPG
libert.JPG (79.44 Kio) Consulté 2308 fois
Libert a été libéré le 07/08/1922. Ce schéma est très classique parmi les graciés/commués. Autre cas, Frobert, dont la peine de mort a été commuée en 20 ans de prison, a été interné à Poissy où il est décédé le 11/11/1920.

Cordialement

Yves
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Dernière modification par garigliano1 le jeu. juin 24, 2021 12:36 pm, modifié 2 fois.
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cecmio
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Re: 12 juin 1917 : Caporal Dauphin fusillé pour l'exemple

Message par cecmio »

Bonsoir,

En collaboration avec Alain Orrière, j'avais mis, il y a 4 ans, à l'occasion du centenaire des émeutes le post suivant:

viewtopic.php?f=4&t=11314&p=496901&hili ... es#p496901

J'avais été contactée peu après par Romain Potocki qui souhaitait tourner un documentaire sur les fusillés. Pour l'occasion, après avoir rencontrer son père, je pris contact avec Joël Sepchat, petit neveu de Francois Brugière.
Nous avons retrouvé Alain Orrière à Craonne. Ce fut une journée intense. Voici le compte-rendu:

viewtopic.php?f=74&t=65898&p=487319&hil ... re#p487319

Vous pouvez visionner le film de Romain Potoki ( fin du film pour Dauphin et Brugière mais l'ensemble mérite d'être vu ) :

https://www.france.tv/france-2/13h15-le ... agrin.html

Sur le site du chtimiste, on trouve la transcription du JMO du 70 ème BCA qui relate avec une grande précision ( qui m'a toujours paru suspecte ) la soirée des émeutes.

En espérant que vous trouverez quelques éléments d'informations dans les liens ci-dessus, je vous souhaite une bonne soirée;

Bien cordialement

Cécile

PS : Je suis contente que le parcours de ces deux là continue à interroger. Puydômois comme moi, ils étaient dans le même bataillon de chasseurs que mon AGP et son frère. René et Antonin GRENIER sont morts en 1915. Joseph et François après presque trois ans de guerre, cités l'un et l'autre ont connu l'infamie d'une condamnation injuste. Leurs noms sont inscrits sur le MAM de Tauves.
Rolland
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Re: 12 juin 1917 : Caporal Dauphin fusillé pour l'exemple

Message par Rolland »

Bonjour,
Je ne vais maintenant que rarement sur ce forum. C'est pourquoi je réagi à retardement:
Bruyère est arrêté le lendemain, mis en prison, jugé puis envoyé en Algérie.
Un peloton d'exécution est désigné par tirage au sort. Il faudrait imaginer que les hommes en prison aient participé au tirage au sort. Brugière aurait été tiré au sort et on l'aurait sorti de sa cellule pour lui permettre de participer au peloton d'exécution. Puis on l'aurait remis en prison.
Cordialement
Denis Rolland
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