Rossignol, 3eme chasseurs d'Afrique,22/08/1914

jean-francois
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Re: Rossignol, 3eme chasseurs d'Afrique,22/08/1914

Message par jean-francois »

Bonjour à tous,

Il y a quelques temps j'avais demandé sur le forum des renseignements concernant Paul et Gabriel Feunette.

Comme promis, voici l'article paru dans notre revue d'histoire locale "Le vivier aux joyaux" (nom d'un lieu-dit).

Rossignol, petit village belge de la province de Luxembourg, 22/08/1914, c'est la bataille! Les 1, 2 et 3 RIC, 2 RAC, 3 Chasseurs d'Afrique et Dragons rencontre l'armée allemande. L'armée française prise au dépourvu devant l'importance des forces allemandes, se fait massacrer. La population belge du petit village a aussi lourdement payé en vies humaines cette victoire allemande.

Après guerre, à cause du sang coulé, un lien d'amitié familiale a uni plusieurs familles françaises et belges. Aujourd'hui la magie du lien s'estompe avec la disparition des derniers acteurs. C'est grâce à ces liens que nous avons pu retracer l'histoire d'un drame.

Voici notre article:

"Paul et Gabriel Feunette. Double drame à Rossignol

Le lundi 9 février 1914 à 2 heures du matin le soldat Charles Gabriel Feunette, dit Gabriel, débarque dans le port algérien de Philippeville. Pour la première fois ce jeune homme de 19 ans originaire de Lunéville pose le pied sur le continent africain. Il avait quitté Marseille 38 heures plus tôt à bord du « Ville d’Oran ».
Après quelques heures de repos au fort des isolés de Philippeville, Gabriel Feunette se rend à la gare ferroviaire où le train de 8 heures 20 pour Constantine est prêt au départ. Il effectue un voyage de 80 km, par une chaleur torride, sous un ciel bleu sans nuage et à travers des paysages montagneux époustouflants dont la célèbre gorge d’El Kantara… Gabriel est encore tout impressionné quand il se présente à la porte du Quartier Mansourah qui domine Constantine à 1800 mètres d’altitude. C’est la caserne du 3ème régiment des Chasseurs d’Afrique, une unité d’élite de l’armée française et dont la devise « Tant qu’il en restera un » rappelle le courage des Chasseurs lors de charges légendaires du régiment en Afrique et au Mexique… Présenté au colonel Costet dès le lendemain, Gabriel Feunette est désigné pour le 1er escadron du capitaine Le Gorrec présentement à Sétif, à 200 km à l’ouest de Constantine. (Les quatre escadrons du régiment permutent deux par deux entre les garnisons de Constantine et de Sétif). En train, Gabriel rejoint Sétif pour y prendre ses ordres auprès du capitaine Le Gorrec. Dans le passé, celui-ci avait connu le père de Gabriel, Paul Feunette, militaire lui aussi, qui était alors brigadier maréchal-ferrant au 18ème Chasseurs à cheval. En souvenir de ce vieux camarade et d’accord avec le lieutenant vétérinaire, le capitaine affecte Gabriel à la forge du brigadier Laroudé.


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Charles Gabriel Feunette (alors au 8eme dragon)

Dans sa nouvelle caserne, le chasseur d’Afrique Gabriel Feunette fréquente de bons gars, des durs à cuire appréciant la vie aventureuse des colonies. L’ambiance entre les hommes est bonne. Au réfectoire la nourriture est acceptable. Le mouton rôti servi avec des pois et des pommes de terre et le gâteau de figues sont souvent au menu. Le vin n’est pas mauvais et à 8 sous le litre, il est plutôt bon marché. Le point négatif est le manque de travail à la forge et le faible espoir d’avancement. Gabriel Feunette est vite submergé par le cafard et le mal du pays. C’est dans cet état que dès le 10 mars 1914, il demande sa mutation pour le Maroc d’où il espère pouvoir rentrer plus rapidement en France auprès des siens à Lunéville, son père et sa belle-mère, Marthe, ses frères et sœurs, Jeanne, Renée, Robert et la petite Marcelle.
Mais pourquoi donc avait-t-il quitté Lunéville et le régiment du 8ème Dragons où il s’était engagé le 1er février 1913 ? La lecture de ses lettres d’Algérie nous donne l’explication. Gabriel était une forte tête, un soldat rétif, peu complaisant avec l’ordre militaire. Son goût pour la fête avait irrité son père qui avait organisé sa mutation dans une unité africaine réputée pour former les plus récalcitrants. Et maintenant après un mois à Sétif, Gabriel regrettait ses fautes de jeunesse, demandait pardon à ses parents et aspirait à retrouver sa famille.

En attendant une hypothétique mutation, Gabriel Feunette doit bien s’adapter à sa nouvelle vie de Chasseur d’Afrique. Il participe aux activités avec bonne volonté et est bien noté par son sous-officier de peloton. Fin mars il a fallu travailler dur à la forge pour ferrer tous les chevaux des 1er et 2ème escadrons avant la tournée d’inspection du vétérinaire principal. En avril et mai, Feunette participe aux grandes manœuvres de Aïn M’Lila où se retrouvent les tirailleurs, les zouaves, les artilleurs et les chasseurs. Les évolutions de la cavalerie sont impressionnantes.

De retour à Sétif, les Chasseurs d’Afrique bénéficient d’ un régime d’entraînement plus souple. Il fait trop chaud pour faire travailler les chevaux et il n’y a rien à ferrer à la forge qui tourne au ralenti. Un nouveau capitaine commande le 1er escadron. C’est un bon chef. La troupe peut sortir en ville et ne s’en prive pas. A Sétif on trouve du cidre et de la limonade à six sous le litre, une quarantaine de dattes ou de figues pour un sou, six oranges pour deux sous… Les rues de la ville sont ombragées, certains quartiers sont très coquets et il existe dans les environs des possibilités de baignades.

Fin juin les chasseurs commencent les préparatifs du défilé du 14 juillet dont le temps fort est la charge des escadrons sur la place de la ville. Tous pensent déjà aux manœuvres suivantes en août et septembre puis au changement de garnisons avec les 3ème et 4ème escadrons et au retour à Constantine.

Rien de cela n’aura lieu…Fin juillet, les rumeurs de guerre s’amplifient jusqu’à Sétif. Le samedi 1er août à 16 heures, les Chasseurs d’Afrique reçoivent l’ordre de mobilisation. Le 3ème régiment est rattaché au corps colonial qui relève de la 4ème armée française. Sans désemparer tous les chevaux sont ferrés et le paquetage est bouclé. Le lundi 3 août à 16 heures Gabriel Feunette et ses camarades embarquent à Alger. Le surlendemain ils débarquent à Sètes et commencent à remonter la France sans recevoir la moindre indication sur leur destination finale. Gabriel espère que son itinéraire passera par Lunéville et qu’il pourra saluer sa famille.
Le 9 août, les Chasseurs d’Afrique campent à Lyon Vaise. Les chevaux sont parqués dans le marché à bestiaux. Le moral de la troupe est parfait. Tout comme ses copains, Gabriel Feunette est persuadé que cette fois « ce n’est plus 1870 et que l’on va leur foutre une sacrée raclée, les salops » (lettre du 2 août à son père) et que « les Allemands vont prendre une purge quelque chose de bien » (lettre du 9 août à son père).

Précisément à ce moment, son père, Paul Feunette a rejoint la garnison du 18ème Chasseurs à cheval à Vitry-le-François. Agé de 46 ans il n’est pas prévu qu’il parte au front.

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Paul Feunette lors de son mariage, avant 1900.

Les 13 et 14 août les Chasseurs d’Afrique débarquent à Dugny près de Verdun sans être passés ni à Vitry-le-François, ni à Lunéville. Gabriel n’a pas eu l’occasion de revoir ses proches.

Le 16 août le 3ème RCA est concentré à Chauvency-Saint-Hubert, petit village entre Montmédy et Stenay. Durant les jours suivants, ayant mission d’éclairer la 3ème division d’infanterie coloniale, les Chasseurs d’Afrique patrouillent en Gaume, vers Limes, Gérouville, Jamoigne… Le 21 août tout le régiment se porte vers Valansart et bivouaque à la lisière de la forêt de Merlanvaux. Le 22 août à 5 heures et demie, le sort du régiment est scellé. Il a reçu l’ordre d’avancer sur Rossignol par Jamoigne, Les Bulles et Termes, et d’y attendre la 3ème division coloniale dans les rangs de laquelle il devra s’intercaler pour traverser la forêt vers le nord, vers Neufchâteau, où il logera le soir. Dès 6 heures, en colonnes par quatre, les 600 Chasseurs d’Afrique se mettent en route vers Rossignol et leur destin tragique. Au moment où les premiers fantassins traversent Rossignol tous les Chasseurs d’Afrique, coiffés de leur chéchia rouge sont massés dans une prairie à la sortie nord du village. Gabriel Feunette est parmi eux. Ils doivent laisser passer l’avant-garde de la 3ème division infanterie coloniale, soit un escadron de dragons et deux bataillons de coloniaux, avant de s’engager dans la forêt. On connaît la suite. L’avant-garde est arrêtée dans la forêt. Les renforts engagés ne parviennent pas non plus à percer et sont refoulés hors du bois puis encerclés et anéantis dans le village. Les Chasseurs d’Afrique ne sont d’aucun secours dans des combats pour lesquels ils ne sont ni préparés ni armés. Un escadron, le 3ème, est pourtant engagé à l’est du village, sur la route d’Orsinfaing pour freiner l’avance ennemie. Il combattra tout l’après-midi à côté des Marsouins rescapés et sera anéanti dans la plus grande confusion parmi tous les restes d’unités mélangés. En fin de matinée les trois autres escadrons du 3ème RCA quittent Rossignol par la route de Breuvanne qui est déjà pilonnée par l’artillerie allemande et encombrée par le train de la division coloniale qui, victime d’un bombardement extrêmement meurtrier tant pour les soldats que pour les chevaux, ne sait plus avancer. Dans une cohue indescriptible, les Chasseurs franchissent in-extremis le pont de Breuvanne qui est quasiment impraticable et, sous le feu de l’ennemi, ils se dirigent vers Saint Vincent par la seule route encore disponible, celle de la ferme du Mesnil. Le colonel désigne le 1er escadron, celui de Gabriel Feunette, pour couvrir la retraite du régiment. Les Chasseurs s’installent de part et d’autre de la route Breuvanne – Tintigny et au prix de lourdes pertes retardent l’avancée des Allemands qui progressent de tous côtés pour encercler les Français. Leur devoir accompli, les survivants du 1er escadron remontent en selle et tentent de s’échapper du piège de Breuvanne en chargeant au sabre les lignes allemandes. Bien peu réussiront cette sortie désespérée. On peut penser que Gabriel Feunette est tombé à Breuvanne dans ce combat de retardement. Ou alors, peut-être est-il resté avec le train de combat du régiment qui était paralysé sur la route Breuvanne – Rossignol et qui était soumis à un bombardement effroyable. Gabriel Feunette est enterré à Rossignol avec plus de trois mille frères d’armes.

Cela peut sembler cruel à dire, mais au fond, Gabriel Feunette l’a échappé belle. Quand on songe aux souffrances endurées par les soldats alliés durant les quatre années de guerre, les tranchées et abris écrasés par d’interminables pilonnages d’artillerie, les attaques à la baïonnette en face de mitrailleuses, les corps déchirés dans les fils de fer barbelés, les gaz irrespirables et brûlants, les mutilations, les gueules cassées, les amputations, la folie et les pertes de mémoire et encore le froid, la faim, la boue et la peur, oui finalement, le sort a été sans doute plus indulgent pour les morts de Rossignol que pour les millions de morts tombés durant les mois suivants.


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Tombe de Gabriel Feunette dans l'un des trois cimetières de Rossignol, tombe augjourd'hui englobée par une tombe collective.

Quand on délivre à Paul Feunette la pénible nouvelle de la mort de son fils, il est écrasé de douleur et saisi par le remords… Bien que soldat lui-même et grand patriote, Paul Feunette ne se remettra jamais de la disparition tragique de son fils au combat de Rossignol se reprochant sans cesse d’avoir poussé Gabriel chez les Chasseurs d’Afrique. Dès 1919, il est en contact avec l’instituteur de Suxy, monsieur Jean Dieu, pour être renseigné sur la région et obtenir des informations sur les combats. Il se rend régulièrement à Rossignol pour honorer la mémoire de son fils. Durant ses séjours au village, il réside à la rue des Ecoles, chez Ernest Godfrin, qui devient son ami. En parcourant le champ de bataille, il nourrit le projet de construire à Rossignol un monument à la gloire du corps colonial. Il fonde et préside le comité franco-belge du Monument aux soldats français tombés à Rossignol. Il approche, pour obtenir leur patronage, les plus hautes personnalités de l’époque : le Roi Albert 1er, le président du conseil français R.Poincaré, les Maréchaux Foch et Lyautey, le général Gouraud…. et bien sûr les autorités locales, le gouverneur de la province, monsieur le comte de Briey, le bourgmestre Hinque, le curé Joseph Hubert qui devient secrétaire du comité…. Tous répondent positivement à ses sollicitations. La souscription connaît un grand succès. Le monument est construit à l’entrée de la forêt, au nord du village, à l’intersection des routes de Suxy et de Neufchâteau par l’entreprise Jeanmart et fils, sculpteurs à Sainte-Marie-sur-Semois. La date de l’inauguration est fixée au dimanche 21 août 1927, treizième anniversaire de la bataille.

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Paul Feunette, sa seconde épouse et un monsieur français inconnu (sans doute membre du comité)

Tout comme la cérémonie du retour des fusillés civils de Rossignol le 19 juillet 1920 et l’inauguration du monument des fusillés par la reine Elisabeth le 1er juin 1925, l’inauguration et la remise à l’administration communale de Rossignol du monument des coloniaux est une manifestation extraordinaire suivie par une assistance considérable malgré le temps détestable qui sévit tout le W.E. des 20/21 août 1927. Le quotidien d’information luxembourgeois « Les Nouvelles » à Arlon, consacre deux colonnes de sa une à la grande manifestation patriotique. Mieux encore, le journal « L’avenir du Luxembourg » relate l’événement sur toute la première page de son édition du lundi 22 août 1927, ce qui est exceptionnel. On ne saurait ici reproduire ces longs articles de presse. En bref, mentionnons les principaux événements de cette journée passée sous une pluie diluvienne. Elle commence par une revue des troupes par le général belge Constant, représentant le ministre de la défense nationale, puis par l’accueil de la délégation militaire française conduite par le général Gouraud. Après la messe présidée par le curé Hubert, toutes les personnalités sont reçues pour un banquet au cercle du patronage. Ensuite, devant le monument aux fusillés civils, la Croix de guerre avec citation à l’ordre de la nation française est décernée à la commune de Rossignol par le général Gouraud. Voici le texte de la citation : « Bourg dont la majorité des maisons a été détruite et incendiée par les Allemands le lendemain des combats du 22 août 1914, et dont les habitants ont donné des soins à de très nombreux blessés français avec un dévouement admirable. Malgré les menaces ennemies et en dépit du massacre de 112 d’entre eux, a supporté pendant quatre ans l’occupation allemande et s’est attaché à perpétuer la vaillance des coloniaux français ». La dernière mention de cette distinction annonce le point d’orgue de cette journée du 21 août 1927 : l’inauguration du monument aux coloniaux et la remise de sa garde à monsieur Hinque, bourgmestre. Sous une pluie battante, l’assistance se rend en cortège jusqu’à l’orée de la forêt. Le cortège est précédé par la musique militaire du 26ème régiment de Chasseurs de Thionville et conduit par monsieur Paul Feunette et les généraux belges et français. Devant le monument, au pied duquel d’innombrables gerbes de fleurs ont été déposées, Paul Feunette et de nombreuses personnalités, dont le président des Anciens Chasseurs d’Afrique, l’unité de Gabriel Feunette, prononcent des hommages et discours de circonstance. La journée s’acheve comme elle avait commencée, par l’exécution des hymnes nationaux. (Pour plus de détails sur cette commémoration, on peut consulter la presse locale de l’époque disponible aux Archives de l’Etat à Arlon ainsi que le livre « Rossignol » écrit par l’abbé Joseph Hubert, éd. 1938, p.77 et suivantes)

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Inauguration du monument en présence de personnalités et des soldats des armées françaises et belges.

Après cette grandiose cérémonie, un peu comme si l’œuvre de sa vie étant achevée il pouvait enfin lâcher prise, Paul Feunette, alors âgé de 60 ans, sombre dans la mélancolie. Il ne pourra plus s’y soustraire malgré l’attention de ses proches. Le pire survient le samedi 18 août 1928. La veille Paul Feunette et sa seconde épouse, Marthe Ogé, - (Paul Feunette avait épousé en premières noces Léonie Gerard, à Epinal en 1892)- étaient arrivés à Rossignol pour les traditionnelles fêtes du souvenir. Ils s’étaient installés chez les Godfrin comme à l’accoutumée. Le lendemain, samedi, vers 8 heures, Paul annonce à son épouse qu’il part au cimetière militaire pour réfléchir à l’aménagement des abords du monument aux coloniaux, et il la prie de l’y rejoindre dès qu’elle sera prête. Lorsqu’elle est au rendez-vous vers 9 heures, Marthe ne voit point son mari. Elle interroge le cantonnier, Joseph Marcq, qui travaille à proximité et qui lui affirme avoir bien vu passer Paul Feunette vers 8 heures et demie et avoir échangé quelques mots avec lui sur le beau temps et le but de sa promenade. De retour à Rossignol, madame Feunette fait part à ses hôtes de ses inquiétudes. Elle retourne avec eux au cimetière, mais en vain. Le dimanche 19 août le bourgmestre faisant fonction, Alphonse Farinelle (monsieur le bourgmestre Hinque était décédé le 30 mai 1928) organise durant la matinée, avec 80 hommes du village, une grande battue dans un périmètre de 6 à 7 kilomètres du cimetière. Les recherches sont hélas infructueuses tout comme celles effectuées avec l’aide de chiens policiers par la gendarmerie de Les Bulles alertée le lundi 20 août. Finalement, au cours d’une nouvelle battue, le mardi 21 août 1928 à 15 heures trois quarts, Lambert Anizet, passionné et fin connaisseur des bois de Rossignol pour y pratiquer le braconnage, découvre le corps sans vie du malheureux sexagénaire, en pleine forêt, au lieu-dit « Culot des trois fontaines ». Il a une plaie à la gorge. Immédiatement prévenus, les gendarmes René Chardome et Marcel Dimanche de la brigade de Les Bulles enfourchent leur bicyclette et se rendent sur place pour procéder aux constatations. Ils ne tardent pas à trouver à proximité du cadavre de Paul Feunette, son petit couteau de poche et, dans son porte-monnaie, un écrit de sa propre main expliquant son geste désespéré et son sentiment de culpabilité suite au décès de son fils. Mandé sur les lieux, le docteur Wavreil de Tintigny conclut au suicide et délivre un certificat de décès. Le corps est porté dans un local de la mairie où il est mis en bière. Il sera transféré à Lunéville en la résidence de la famille Feunette quelques jours plus tard, le temps d’accomplir les lourdes formalités administratives pour le transport international des dépouilles mortelles.

Quatre-vingts ans plus tard, on imagine encore sans peine l’émotion qui régna dans le village lors des cérémonies commémoratives du mercredi 22 août 1928. Même si la presse locale, par pudeur, annonça une mort naturelle, tout Rossignol connaissait bien sûr la cause exacte du décès de monsieur Feunette. On imagine aussi aisément le désarroi de madame Feunette âgée d’à peine 39 ans et mère d’un adolescent de treize ans, prénommé Jean, face à ce nouveau drame familial survenu à Rossignol. .

Aujourd’hui, le souvenir de Gabriel et Paul Feunette n’est plus présent que dans la mémoire de quelques anciens. Une modeste plaque funéraire déposée sur l’ossuaire nord du cimetière de l’orée de la forêt rappelle qu’en ce lieu gaumais repose le soldat Gabriel Feunette, un lorrain de 19 ans, chasseur d’Afrique, caserné en Algérie, qui donna sa vie pour la liberté, à Rossignol, le quatrième samedi du mois d’ août 1914. A quelques pas de l’ossuaire, une petite inscription à l’arrière du monument aux coloniaux, est là pour signaler aux générations suivantes que cette œuvre en granit fut l’initiative d’un certain président Feunette.

Clairons, fermez le ban !

Fin de l'article.


Pourvu que cette amitié continue a honorer vos soldats et nos victimes.

Un bonjour de Belgique.

Jean-François


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christophe lagrange
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Re: Rossignol, 3eme chasseurs d'Afrique,22/08/1914

Message par christophe lagrange »

Bonjour,

Bravo !
Quel article ! Je viens de terminer la lecture du livre de René BASTIN sur cette même journée. Le corps colonial y a beaucoup souffert ainsi que le 120è RI et les chasseurs des 9è et 18è, sans oublier le 147è RI. Le monument évoqué est-il à la mémoire du seul corps colonial ou de l'ensemble des troupes qui ont pris part à ces combats ?
Et merci aussi pour nous faire partager cet article.

Cordialement,
Christophe
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garnier jean pierre
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Re: Rossignol, 3eme chasseurs d'Afrique,22/08/1914

Message par garnier jean pierre »

Bonjour

Merci pour l'article.

C'est presque 12 000 hommes mis hors de combat ce 22/8/14 à Rossignol.
( Tués, blessés, disparus, prisonniers).

Un désastre, les coloniaux ne sont pas couvert à droite.
Ils sont en l'air et anéantis par une opération hasardeuse et conçue dans l'urgence.

Au GCG Joffre pensait que l'ennemi lui offrait un flanc dégarni...

Cordialement
JP
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Danny
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Re: Rossignol, 3eme chasseurs d'Afrique,22/08/1914

Message par Danny »

Magnifique article.

Merci de nous le faire partager.

Danny
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