Lieutenant CHAPELANT Fusillé pour exemple MPF

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Jean RIOTTE
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Re: Lieutenant CHAPELANT Fusillé pour exemple MPF

Message par Jean RIOTTE »

Bonjour à tou(te)s,
Abstraction faite des remarques "techniques" pertinentes de Eric, je pense, comme Jean-Michel qu'il faut se garder de juger des faits qui se sont passés il y a 100 ans voire plus, avec nos yeux, notre mentalité et notre mode de vie d'homme du XXIème siècle.
Cordialement,
Jean RIOTTE
garigliano1
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Re: Lieutenant CHAPELANT Fusillé pour exemple MPF

Message par garigliano1 »

Bonjour à tous

Pour ne rester strictement que sur les faits (rendre la justice n’appartient qu’à ce corps de l’état) ce qui a été écrit précédemment n’est pas très rigoureux.

Il importe de toujours se référer aux sources « primaires » et d’exclure les recopies d’informations qui peuvent être interprétées par les uns ou par les autres.

En feuilletant le dossier de ce militaire qui est très épais (cartons 11 J 3189 bis et 11 J 3189 ter entre autres) ou les arrêtés de la chambre criminelle et de la cour spéciale de justice militaire, en résumé, on apprend ceci.

Dans un premier temps, le sous-lieutenant Chapelant n'a pas été blessé mais fait prisonnier, il n'a pas rampé vers les lignes.

Les faits sont clairs: il a suivi une partie de sa compagnie qui se rendait. Il était alors indemne. Sommé par l'officier allemand d'inciter les autres défenseurs à se rendre, il a agité une pièce d'étoffe blanche en se montrant et a été atteint par une balle française à la cuisse. Il est resté 24 heures étendu dans le no man's land et on l'a trouvé sur le terrain lors de la reprise de l'offensive française.

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Il n’y a aucune raison de le stigmatiser pour cela, mais cette transformation de la vérité est gênante quand on imagine que, lors de la cérémonie, la version présentée n'aura, peut-être, que peu de rapport avec la réalité.

Pour information, après les rejets de la chambre criminelle du 3 août 1923 et du 9 novembre 1927, la cour spéciale de justice militaire composée de 3 conseillers de la cour de cassation et 3 anciens combattants ( De Barral lieutenant de réserve, Morin sergent réformé, Randon soldat réserviste) pourtant assez disposée dans ses rendus à profiter d’un doute pour prononcer un acquittement, a rejeté la requête présentée (cartons 11 J 3215 et 3216).

Après, chacun peut s’interroger sur plusieurs aspects de cette dramatique affaire, par exemple, sur l’action du sergent-major Girodias, sur la capacité de cet officier à être en mesure de remplacer le capitaine Rigault qui venait d’être tué.

Au-delà des sentiments qui sont propres à chacun sur cette affaire et sur d’autres, il importe de respecter la réalité historique.


cordialement

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Jean RIOTTE
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Re: Lieutenant CHAPELANT Fusillé pour exemple MPF

Message par Jean RIOTTE »

Bonjour à tou(te)s,
Mon intervention visait seulement la remarque " j'ai un peu de mal à comprendre une telle cruauté".
J'aurais effectivement du préciser.
Pour le reste, entièrement d'accord avec Garigliano: revenir aux textes et ne pas se contenter de recopies.
Cordialement,
Jean RIOTTE
chanteloube
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Re: Lieutenant CHAPELANT Fusillé pour exemple MPF

Message par chanteloube »

Bonjour à toutes et à tous, bonjour "Garigliano",

Vous nous dites:
Les faits sont clairs: il a suivi une partie de sa compagnie qui se rendait. Il était alors indemne. Sommé par l'officier allemand d'inciter les autres défenseurs à se rendre, il a agité une pièce d'étoffe blanche en se montrant et a été atteint par une balle française à la cuisse. Il est resté 24 heures étendu dans le no man's land et on l'a trouvé sur le terrain lors de la reprise de l'offensive française.
et, à l'appui de vos propos, vous avancez des copies des orginaux de "documents du procés"

cette version des faits est celle établie par la justice militaire qui n'allait certainement pas construire un dossier qui aurait introduit un doute dans les esprits.

On ne dit pas, dans ce que vous nous avez montré, à partir de quelles témoignages ces faits ont été établis ni comment ils ont été recueillis. Mais je pense que vous avez ces précisions!

Ensuite dans ce que vous écrivez:

la cour spéciale de justice militaire composée de 3 conseillers de la cour de cassation et 3 anciens combattants ( De Barral lieutenant de réserve, Morin sergent réformé, Randon soldat réserviste) pourtant assez disposée dans ses rendus à profiter d’un doute pour prononcer un acquittement, a rejeté la requête présentée (cartons 11 J 3215 et 3216).

ce que j'ai souligné en rouge relève d'une appréciation subjective qui reste à prouver!


Mes remarques n'ont d'autre but que d'introduire dans cette discussion tout à fait passionnante un égal niveau de méthode scientifique.

Il me semble que nous manquons encore d'informations pour nous rallier tout à fait à votre position et surtout pour conclure qu'il existe sur ce sujet une réalité historique qui serait celle du TM.

Bien entendu je n'ignore rien des tentatives actuelles de réhabilitations collectives.....cordialement.
CC

Je reprends pour Eric qui nous dit avec prudence:

Toutes les comparutions et condamnations ne se ressemblent pas, mieux vaut donc se garder d'aboutir à des généralités.

Je suis absolument d'accord..... MAIS...MAIS le travail de l'historien veut, une fois un épais corpus de faits bien établis et bien fiabilisés, que des constantes soient dégagées, OU qu'il soit énoncé, au risque d'être démenti, que dans l'état actuel de la recherche, on ne perçoit pas de traits communs, ou qu'il n'y en a probablement pas.

Ce qui signifierait:
qu'il n'y a pas eu, suivant les périodes que l'on envisage, de consignes particulières données aux officiers siègeant dans les tribunaux militaires
ou que, si on en trouve la trace, elles n'ont pas été suivies d'effets.
A cet effet, il me semble qu'une analyse sémantique des attendus des jugements, en écartant le vocabulaire propre de la justice, donnerait quelques résultats...
mais ceci est une autre histoire. ( celle des mentalités )

Cordialement

CC
Rutilius
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Re: Lieutenant CHAPELANT Fusillé pour exemple MPF

Message par Rutilius »


Bonjour à tous,


Pour cette affaire comme pour celles de même nature, il importe de s’en tenir exclusivement aux faits exposés dans le dossier dont furent successivement saisies les juridictions compétentes, faits qui furent discutés contradictoirement par les parties devant elles, puis appréciés collégialement par chaque formation de jugement selon la règle de droit alors en vigueur. Ce qui, sauf à tomber dans l’anachronisme, exclut nécessairement toute subjectivité personnelle contemporaine.

Pour mémoire, demeure d’usage en droit le vieil adage : « Da mihi factum dabo tibi jus », soit « Donne-moi le fait, je te donnerai le droit » (Henri Roland & Laurent Boyer, « Adages du Droit français », 3e éd., Litec, 1992, n° 71, p. 139). En bref, il appartient au demandeur de produire les éléments concrets de la cause et au juge de dégager la règle de droit applicable à l’espèce ; il lui incombe donc de prouver ceux des faits nécessaires au succès de sa prétention. Et toute action contemporaine en « révision » – et non pas en « réhabilitation », comme il est trop souvent écrit ici même –, si elle se trouve un jour autorisée par le législateur, sera nécessairement soumise à cette exigence fondamentale.

Au cas présent, il doit être ajouté qu'une nouvelle demande en révision introduite devant la Cour spéciale de justice militaire au nom du lieutenant Chapelant fut une nouvelle fois rejetée par une décision prononcée par cette formation en Juillet 1934.

Nota. : Les chambres de la Cour de cassation, et notamment la Chambre criminelle, rendent des « arrêts » et non des « arrêtés », actes réservés à l’autorité administrative.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
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Eric Mansuy
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Re: Lieutenant CHAPELANT Fusillé pour exemple MPF

Message par Eric Mansuy »

Bonsoir à tous,

De toute évidence, je me suis exprimé avec encore trop peu de prudence, puisqu'il y a à redire : "Je suis absolument d'accord..... MAIS...MAIS le travail de l'historien veut..." Pour la énième fois, je ne suis pas historien. S'il faut l'être pour participer sur ce forum, les rangs vont s'éclaircir. A commencer par moi. Se faire reprendre de volée chaque fois que l'on tente de faire un pas sur le domaine des fusillés, c'est vraiment trop usant. Yves s'y collera sans moi (bon courage).

Bien cordialement,
Eric Mansuy (qui sort sans remords ni regrets)
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
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Charraud Jerome
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Re: Lieutenant CHAPELANT Fusillé pour exemple MPF

Message par Charraud Jerome »

Bonsoir
Je découvre les débats sémantiques qui ont eu cours aujourd'hui.
Au risque de choquer, je me pose la question suivante:
Quels sont les nouveaux éléments qui ont permis de déclarer en 2012 le lieutenant Chapelant Mort pour la France, chose que même le Cours de Justice Militaire n'a pas fait à l'époque?
Plus qu'une opération de Justice, j'ai surtout l'impression qu'il s'agit là d'une action politique.

Si j'ai bien compris l'attribution de la mention MPF ne supprime pas la condamnation de l'époque et n'est pas donc pas une "réhabilitation".

Cordialement
Jérôme Charraud
Les 68, 90, 268 et 290e RI dans la GG
Les soldats de l'Indre tombés pendant la GG
"" Avançons, gais lurons, garnements, de notre vieux régiment."
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Tanker
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Re: Lieutenant CHAPELANT Fusillé pour exemple MPF

Message par Tanker »

Bonsoir,

Aujourd'hui au Bois des Loges.

La cérémonie au Hameau des Loges à 14 h 30.

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Dans l'Oise, à l'Est du bois des Loges, sur la commune de Crapeaumesnil.
La cérémonie a eu lieu le matin à 10 heures 30.

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Le site des monuments dans l'Oise, installés à l'époque de l'affaire de la décharge

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Bon week-End - Michel
Email - [email protected]

Liens sur les sujets Artillerie Spéciale de "Pages 14-18" :
viewtopic.php?f=34&t=52768
chanteloube
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Re: Lieutenant CHAPELANT Fusillé pour exemple MPF

Message par chanteloube »

Bonsoir Eric,

Vous prenez, hélas, en mauvaise part, ce que je dis pourtant avec modération...
Vous ne pouvez/devez pas me répondre: " je ne suis pas historien donc je peux dire des choses qui laissent place à des interprétations"

et j'ajoute: qui risquent de dévaluer vos travaux.

Je n'ai pas l'outrecuidance de vous reprendre, je ne connais, qu'un peu 14-18 et un petit peu l'histoire de la région R6 à laquelle ma famille a été mêlée, mais, à ce qu'il me semble, vous jouez, que vous le vouliez ou non, dans la cour des spécialistes et à ce titre vos propos ne doivent pas être sujet à discussion sur le fond.

Je vous ai simplement dit qu'accumuler les cas pour finalement dire: "les choses sont compliquées", ne peut être qu'une étape dans la réflexion......et ne doit pas tout bloquer.
Je vous pousse dans vos retranchement pour que, finalement, vous nous disiez ce que vous pensez .......pas uniquement: "c'est complexe pour l'instant"
ou alors nous pouvons parfaitement vous entendre dire : "pour l'instant, je ne vois pas de lignes directrices"
Pourquoi vous froissez-vous?
Je ne vous reprends pas....j'essaie de dialoguer avec vous. Dialoguer n'est pas critiquer! Ne soyez pas aussi vif! Je n'ai qu'un but: que le sujet avance. Vous n'êtes en aucune façon mis en cause personnellement.
Vous nous dites: "chaque fois que l'on tente de faire un pas" ....mais c'est précisément ce pas qui manque: faire un pas!
Empilez les cas, je le redis, ne suffit pas. D'autant que vous nous invitez à la prudence: "attention, vous risquez de généraliser" donc......que devons nous en conclure?

Acceptez la confrontation des idées? Ne progresse-t-on pas par contradictions surmontées?
Si je me suis mal exprimé à votre encontre; ce n'est pas faute d'avoir pesé mes mots.... j'en suis désolé!

Cordialement CC
jmn02
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Re: Lieutenant CHAPELANT Fusillé pour exemple MPF

Message par jmn02 »

Bonjour à tous,

eh bien, je constate que nous n'en avons pas encore fini, loin s'en faut avec cette question des fusillés, tout cela parce que j'ai ici pêché originellement par un propos peut-être un peu trop rapidement rédigé et par un langage un peu trop imprudent... Preuve qu'il subsiste encore, 100 ans après, des sujets qu'il est très difficile d'évoquer ou même d'effleurer sans risque de déclencher les réactions des plus vives et les plus passionnées... Comme si certaines "brûlures de l'histoire" ne devaient jamais s'atténuer avec le recul du temps et certaines polémiques ne jamais s'éteindre (d'où une autre question : comment écrire une histoire dépassionnée et impartiale ?)...

Pour répondre aux observations faites par Garigliano1 concernant mes propos, je n'ai pas repris de documents de seconde main, mais simplement fait appel à mes lointains souvenirs - la question des fusillés, à parler bien franchement, est très loin d'être une marotte pour moi, même si j'intègre bien ce sujet épineux dans la problématique globale de la Grande Guerre, d'autant plus qu'un certain nombre de jugements et d'exécutions ont été rendus et se sont déroulés dans mon département d'origine, celui de l'Oise... Il s'avère, à la lumière de vos commentaires, que ma mémoire m'a trahi (l'heure tardive à laquelle j'ai fait cette réponse rapide n'y est sûrement pas étrangère !) et que j'ai, bien involontairement, déformé certains faits pour n'avoir pas été assez précis... Je fais ici mon mea culpa... Que celui qui ne s'est jamais trompé me jette la première pierre...

Je n'ai pour ma part jamais consulté les dossiers de la justice militaire que dans la mesure où je m'intéressais au rôle de la gendarmerie prévôtale durant la guerre 14-18, et plus particulièrement à la manière dont cette institution l'exerçait ou exécutait les décisions de cette justice, dont les prévôtaux sont un des bras armés, lesquels dossiers ne m'ont jamais intéressé autrement que dans ce cadre strictement et nécessairement limité de cette étude.

Cette observation posée, j'ai néanmoins cru comprendre en écoutant les discours officiels prononcés devant la stèle à la mémoire du sous-lieutenant Chapelant dévoilée hier à Beuvraignes, qu'il n'y a pas eu un, mais "foultitude" de dossiers établis par la justice militaire pour inculper le sous-lieutenant Chapelant, au moment de sa mise en accusation, en octobre 1914, puis pour appuyer et confirmer sa culpabilité lors des différents débats contradictoires visant à la révision du jugement de 1914 et à la réhabilitation de cet officier, entre les deux guerres... Les éléments recueillis par la justice militaire l'auraient ainsi été, d'après ce que j'ai pu entendre hier encore, uniquement à charge, et non pas également à décharge, ainsi que le prévoit aujourd'hui le code de procédure pénale, ce que l'on peut nettement percevoir dans les extraits d'archives cités dans le post de "Garigliano1" et ce qui atteste aussi une approche forcément biaisée, puisque visant à démontrer un fait, ici celui de l'incontestable culpabilité de Chapelant... Les personnes qui se sont exprimées hier à Beuvraignes, semblaient visiblement bien (bien mieux que moi en tout état de cause) documentées sur ce sujet (ce qui n'est pas difficile, encore une fois, ce sujet n'étant pas au centre de mon intérêt pour la Grande Guerre et pour les hommes qui l'ont faite et vécue)... De fait, il est évident que je ne maîtrise pas tous les détails techniques de ce dossier pour me croire autorisé à en parler savamment... Au demeurant, mon propos n'était pas d'écrire ou de réécrire une Nième histoire de l'affaire Chapelant, mais bien de résumer en quelques lignes, forcément incomplètes et/ou imprécises, ce que fut cette affaire Chapelant, qui assurément n'a pas encore fini de faire couler salive et encre...

Cordialement,

Jean-Michel
JMN02
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