Bonjour à tous,
Voici une courte page d’histoire illustrée par quelques artefacts mis à jour récemment.
Le 16 avril 1917, suivant le barrage au-dessus de Vendresse, le RTM progresse rapidement et descend dans le ravin de Chivy, où des tirs de mitrailleuses lui causent des pertes.
L’intervention des postes de la compagnie Schilt 22/6 permettent de réduire celle située dans un abri souterrain: « les appareils Schilt entrent en action, mais leur emploi est rendu dangereux par le retour de flammes ; le nettoyage est fait à l’aide de grenades incendiaires. 200 à 250 Allemands se rendent et sont renvoyés à l’arrière en détachements ; un grand nombre est tué sur place, quelques-uns brûlent en véritables torches vivantes ».
Le 9e Zouaves, en soutien, prend cette photo qui illustre le retour des blessés et des prisonniers de ce sous-secteur :
Dans les semaines qui suivent le 16 Avril, les lieux sont réaménagés et deviennent un des points de soutien pour la bataille qui continue à quelques centaines de mètres de distance, autour de Cerny, des aménagement souterrains sont poussés activement à l’aide de perforatrices et sont dotés de d’électricité.
2021, des ravinements récents dans le sable, proche de l’abri souterrain ci-dessus mentionné, ont mis à jours quelques artefacts-témoins que voici :
Un casque, percé de part en part par un gros projectile qui a emporté des pans de métal et fêlé la coque.
Un reste de cartouchière allemande au marquage peu lisible d’un fabricant de Brême (Bremen). Les quelques cartouches de Mauser présentes couvrent la période de 1914 (sur lame en laiton) à 1916 (sur lame-ressort en acier).
Quelques artefacts-témoins
Quelques artefacts-témoins
Dernière modification par air339 le ven. août 27, 2021 6:07 pm, modifié 1 fois.
Re: Quelques artefacts-témoins
suite
La présence française est illustrée par les restes de deux cartouchières et une cartouche de Lebel, fabriquée par les établissements Remington, datée de 1916.
Enfin, une modeste boîte de conserve, un bouton de culotte en faïence et un morceau de drap brun.
Quel a été le sort de leur possesseurs, pourquoi ces équipements ont été rejetés, on ne peut que laisser place à l’imagination…
Enfin, qui saurait dire à quel usage est destiné ce type de câble gros comme le pouce ? Il est constitué de brins ressemblants à de l’aluminium, et entouré de papier brun sentant fortement le pétrole.
Cordialement,
Régis R.
La présence française est illustrée par les restes de deux cartouchières et une cartouche de Lebel, fabriquée par les établissements Remington, datée de 1916.
Enfin, une modeste boîte de conserve, un bouton de culotte en faïence et un morceau de drap brun.
Quel a été le sort de leur possesseurs, pourquoi ces équipements ont été rejetés, on ne peut que laisser place à l’imagination…
Enfin, qui saurait dire à quel usage est destiné ce type de câble gros comme le pouce ? Il est constitué de brins ressemblants à de l’aluminium, et entouré de papier brun sentant fortement le pétrole.
Cordialement,
Régis R.
Re: Quelques artefacts-témoins
Bonjour,
Merci pour ces photos et la page d'histoire qui les accompagne !
Je trouve toujours émouvant de voir ces "reliques" de champs de batailles.
Toujours étonné également de constater que du cuir est toujours présent après tant d'années.
Merci pour ces photos et la page d'histoire qui les accompagne !
Je trouve toujours émouvant de voir ces "reliques" de champs de batailles.
Toujours étonné également de constater que du cuir est toujours présent après tant d'années.
Re: Quelques artefacts-témoins
Bonjour,
Sur le casque Adrian modèle 1915 la visière et la nuquière étaient deux pièces différentes.monte-au-creneau a écrit : ↑mar. août 31, 2021 11:19 am On trouvait aussi des morceaux de casques français, tel qu'un pourtour de casque français qui constitue en une seule pièce la visière et la nuquière du casque*.
C'est le casque modèle 1926 qui était embouti en une seule pièce.monte-au-creneau a écrit : ↑mar. août 31, 2021 11:19 am NOTA* : ce qui m'avait surpris car je pensais que le casque français était fait en une seule pièce, mais non.
Cordialement
Yvonnick
Yvonnick
Re: Quelques artefacts-témoins
Bonjour,
Sur le casque Adrian, le cimier pourtour n’est pas soudé à la bombe mais serti dans une gorge. C’est ensuite le rivetage entre le deux moitiés du cimier pourtour qui maintient celui-ci fermement à la bombe. J’ai déjà observé des casques sans cimier pourtour, je suppose qu’un choc très violent sur ce cimier pourtour a pu les désolidariser…
Pour revenir au sujet initial, j’ai déjà posté des sujets ce plateau au-dessus de Vendresse, tant sur l’attaque du 14 septembre 1914 par le 1er Corps britannique, que sur l’attaque du 144e RI à la Noël 1914, à la partie sud du plateau (bois du Tordoir), mais je suis bien incapable de les retrouver dans le forum…
Après ces deux affaires, le secteur devient calme, les unités tiennent le rebord est du plateau et renforcent leur organisation par des terrassements régulièrement mis à mal par les intempéries et les rafales d’artillerie. De 1914 à fin 1915, le secteur est tenu par les 6e, 123e et 144e RI.
En novembre 1914, la défense est renforcée d’un mortier de 15 cm, dont on retrouve des éclats de bombe ; en janvier 1915 explose la première mine allemande, la guerre souterraine se poursuit jusqu’en 1916 et là aussi on peut deviner dans les champs de larges dépressions dues aux explosions. En février 1915, le génie installe des mortiers Aasen, un de ces engins éclate lors d’un des premiers essais… En septembre apparait la première mention des mortiers de 58 T au 144e RI, au 123e RI sont utilisés des mortiers Cellerier.
L’année 1916 s’écoule de la même manière : bombardements fréquents par rafales, coups de mains, dont un par les galeries de mine qui finissent par communiquer. Et toujours des travaux pour relever les tranchées éboulées soit par les bombardements, soit par les intempéries. Viennent en relève les 33e, 8e, 110e RI, 63e 224e RI.
En 1917, ce sont des unités de la coloniale qui occupent le secteur : 5e RIC (lire Tézenas du Montcel, « L’heure H »), 6e, 52e, 53e RIC.
Enfin, ce sont le RTM, 1er RMZT, 418e RI et 9e Zouaves qui prennent les lignes pour l’attaque du 16 avril.
La préparation d’artillerie donne de bons résultats sur les premières lignes adverses, anéantissant ses défenses accessoires, obligeant l’adversaire à ne laisser que quelques postes.
Partant dans un ordre parfait, le RTM traverse le plateau en 15 minutes et descend la pente ouest, dont l’extrémité nord se termine par une pente très abrupte - que j’ai descendu plus vite que prévu ! – là où un ruisseau a creusé un large sillon dans le sable cuysien, jusqu’à une espèce de talus où se trouvaient divers objets.
Sur la droite du plateau, le 418e RI avance vers la sucrerie de Cerny, et c’est une toute autre affaire, car si les 3 premières lignes sont vite conquises, la sucrerie est organisée en vrai place forte, entourée de tranchées à contre-pente et d’épais réseaux de barbelés peu démolis.
Cette photographie est prise approximativement de la première ligne allemande traversée par le RTM (tranchée de Bautzen), à 100 mètres des lignes françaises. Le bouquet d’arbre à gauche correspond à la tête du ravin (jonction boyau de la Drave / boyau de Graz), atteint au bout d’1/4 d’heure par le 1er RMZT. Sur la droite, les bâtiments sont à l’emplacement de la sucrerie, là où, à 6h45, le 418e va rester bloqué à la tranchée de Munster.
Dans les sillons, il est facile de retrouver les anciennes lignes, ici un barbelé allemand du réseau franchi le 16 à 6 heures et quelques.
Cordialement,
Régis R.
Sur le casque Adrian, le cimier pourtour n’est pas soudé à la bombe mais serti dans une gorge. C’est ensuite le rivetage entre le deux moitiés du cimier pourtour qui maintient celui-ci fermement à la bombe. J’ai déjà observé des casques sans cimier pourtour, je suppose qu’un choc très violent sur ce cimier pourtour a pu les désolidariser…
Pour revenir au sujet initial, j’ai déjà posté des sujets ce plateau au-dessus de Vendresse, tant sur l’attaque du 14 septembre 1914 par le 1er Corps britannique, que sur l’attaque du 144e RI à la Noël 1914, à la partie sud du plateau (bois du Tordoir), mais je suis bien incapable de les retrouver dans le forum…
Après ces deux affaires, le secteur devient calme, les unités tiennent le rebord est du plateau et renforcent leur organisation par des terrassements régulièrement mis à mal par les intempéries et les rafales d’artillerie. De 1914 à fin 1915, le secteur est tenu par les 6e, 123e et 144e RI.
En novembre 1914, la défense est renforcée d’un mortier de 15 cm, dont on retrouve des éclats de bombe ; en janvier 1915 explose la première mine allemande, la guerre souterraine se poursuit jusqu’en 1916 et là aussi on peut deviner dans les champs de larges dépressions dues aux explosions. En février 1915, le génie installe des mortiers Aasen, un de ces engins éclate lors d’un des premiers essais… En septembre apparait la première mention des mortiers de 58 T au 144e RI, au 123e RI sont utilisés des mortiers Cellerier.
L’année 1916 s’écoule de la même manière : bombardements fréquents par rafales, coups de mains, dont un par les galeries de mine qui finissent par communiquer. Et toujours des travaux pour relever les tranchées éboulées soit par les bombardements, soit par les intempéries. Viennent en relève les 33e, 8e, 110e RI, 63e 224e RI.
En 1917, ce sont des unités de la coloniale qui occupent le secteur : 5e RIC (lire Tézenas du Montcel, « L’heure H »), 6e, 52e, 53e RIC.
Enfin, ce sont le RTM, 1er RMZT, 418e RI et 9e Zouaves qui prennent les lignes pour l’attaque du 16 avril.
La préparation d’artillerie donne de bons résultats sur les premières lignes adverses, anéantissant ses défenses accessoires, obligeant l’adversaire à ne laisser que quelques postes.
Partant dans un ordre parfait, le RTM traverse le plateau en 15 minutes et descend la pente ouest, dont l’extrémité nord se termine par une pente très abrupte - que j’ai descendu plus vite que prévu ! – là où un ruisseau a creusé un large sillon dans le sable cuysien, jusqu’à une espèce de talus où se trouvaient divers objets.
Sur la droite du plateau, le 418e RI avance vers la sucrerie de Cerny, et c’est une toute autre affaire, car si les 3 premières lignes sont vite conquises, la sucrerie est organisée en vrai place forte, entourée de tranchées à contre-pente et d’épais réseaux de barbelés peu démolis.
Cette photographie est prise approximativement de la première ligne allemande traversée par le RTM (tranchée de Bautzen), à 100 mètres des lignes françaises. Le bouquet d’arbre à gauche correspond à la tête du ravin (jonction boyau de la Drave / boyau de Graz), atteint au bout d’1/4 d’heure par le 1er RMZT. Sur la droite, les bâtiments sont à l’emplacement de la sucrerie, là où, à 6h45, le 418e va rester bloqué à la tranchée de Munster.
Dans les sillons, il est facile de retrouver les anciennes lignes, ici un barbelé allemand du réseau franchi le 16 à 6 heures et quelques.
Cordialement,
Régis R.
Dernière modification par air339 le mar. sept. 07, 2021 11:09 am, modifié 1 fois.
Re: Quelques artefacts-témoins
Bonjour Sylvain,
Vous avez tout à fait raison, et vous avez corrigé de vous-même !
Cordialement,
Régis R.
Vous avez tout à fait raison, et vous avez corrigé de vous-même !
Cordialement,
Régis R.
Re: Quelques artefacts-témoins
Bonjour,
Pour ces fragiles épaves, il ne restera à plus ou moins brève échéance, selon leur lieu (humidité, acidité du sol), que 4 les rivets fendus, en aluminium, de fixation du cimier :
Et les 4 plaquettes (aluminium) de calage de la coiffe.
Les futurs archéologues auront peut-être du mal à interpréter ces restes !
Cordialement,
Régis R.
Pour ces fragiles épaves, il ne restera à plus ou moins brève échéance, selon leur lieu (humidité, acidité du sol), que 4 les rivets fendus, en aluminium, de fixation du cimier :
Et les 4 plaquettes (aluminium) de calage de la coiffe.
Les futurs archéologues auront peut-être du mal à interpréter ces restes !
Cordialement,
Régis R.
Re: Quelques artefacts-témoins
Bonjour Sylvain,
Je me souviens de que vous aviez raconté cette trouvaille, ce casque pourrait être un témoin des combats d'août 1918 dans la vallée du ru d'Hozier, et pourrait illustrer le récit du capitaine Terrasse, "Avant l'oubli". Le marquage de cartouches aurait pu aider à une datation.
L'acier du casque allemand semble effectivement mieux résister au temps, mais, à, nouveau, cela dépend du milieu dans lequel l'objet repose.
Cet exemplaire vient des environs de Douaumont, c'est le genre de vestige qui se retrouvait encore au début des années 1980. Posée sur le sol, la partie bombée a fait cuvette, et les alternances d'hygrométrie ont déterminé sa corrosion.
Cet autre exemplaire, trouvé non loin du précédent, ne touchait le sol que par quelques points et s'est donc peu dégradé : les partie de métal manquantes sont le seul fait des éclats.
Ces deux épaves aux rebords déchiquetés témoignent des violents bombardements de la grande bataille, ayant peut-être été pris et repris dans les gerbes d'éclats sur plusieurs mois.
Au cours du temps, le métal ferreux finira par se dégrader totalement, il ne restera alors que l'attache en laiton de la jugulaire.
Cordialement,
Régis R.
Je me souviens de que vous aviez raconté cette trouvaille, ce casque pourrait être un témoin des combats d'août 1918 dans la vallée du ru d'Hozier, et pourrait illustrer le récit du capitaine Terrasse, "Avant l'oubli". Le marquage de cartouches aurait pu aider à une datation.
L'acier du casque allemand semble effectivement mieux résister au temps, mais, à, nouveau, cela dépend du milieu dans lequel l'objet repose.
Cet exemplaire vient des environs de Douaumont, c'est le genre de vestige qui se retrouvait encore au début des années 1980. Posée sur le sol, la partie bombée a fait cuvette, et les alternances d'hygrométrie ont déterminé sa corrosion.
Cet autre exemplaire, trouvé non loin du précédent, ne touchait le sol que par quelques points et s'est donc peu dégradé : les partie de métal manquantes sont le seul fait des éclats.
Ces deux épaves aux rebords déchiquetés témoignent des violents bombardements de la grande bataille, ayant peut-être été pris et repris dans les gerbes d'éclats sur plusieurs mois.
Au cours du temps, le métal ferreux finira par se dégrader totalement, il ne restera alors que l'attache en laiton de la jugulaire.
Cordialement,
Régis R.
Re: Quelques artefacts-témoins
Bonjour,
Non. C'est un conducteur électrique.monte-au-creneau a écrit : ↑dim. sept. 12, 2021 11:59 am Je me demande si cet espèce de gros câble ne serait pas un cordon de mise à feu ? Les brins sont-ils métalliques ? Car cela ressemble fort à ce qu'on surnomme "les spaghettis" des cartouches qui donnaient la force propulsive à la balle.
Ça vient de l'anglais. Dans cette langue le mot "artefact" désigne les objets dans le domaine archéologique.monte-au-creneau a écrit : ↑dim. sept. 12, 2021 11:59 am Par ailleurs, je me suis questionné sur le mot "artefact". Il s'avère que le sens qu'on lui donne ici est récent.
Cordialement
Yvonnick
Yvonnick
Re: Quelques artefacts-témoins
Bonjour,
Le mot "artefact" est bien à prendre dans le sens donné par Yvonnick, soit un objet fait par l'homme. C'est un mot neutre, dégagé de toutes connotation subjective, comme "relique", "vestige", "souvenir", "reste", etc.
La tresse pour laquelle je demande de l'aide à l'identification est constituée de 17 brins d'aluminium, chacun d'un diamètre de 2 mm. En 1914 on utilisait l'aluminium comme conducteur électrique, bien que sa performance soit moindre que le cuivre. Un papier épais entoure la tresse, qui fait diamètre de 14 mm, pour une longueur de 480 mm. Je pense à un câble d'alimentation, sans en être certain.
L'intérêt de ces objets réside dans le fait que l'on peut tenter de retracer leur histoire, celle qui a conduit à leur abandon dans cet endroit. Ils illustrent donc une micro-page d'histoire, et c'est un exercice de recherche instructif et souvent concluant.
...
L'identification des objets présentés est possible, mais nécessiterait des photos de meilleure qualité et un descriptif sommaire. Sinon :
Le reste d'obus de 75 est bien d'un toxique
Le bougeoir est plutôt un encrier
La plaque d'acier percée de 6 trous est le fond d'un minen de 76 mm
L'anneau de laiton est un élément de la fusée allemande Dopp. Z. 92 ou 15
Le "trognon" de fusée peut être une HZ 05
Les isolateurs s'appelaient à l'époque "poulies"
Cordialement,
Régis R.
Le mot "artefact" est bien à prendre dans le sens donné par Yvonnick, soit un objet fait par l'homme. C'est un mot neutre, dégagé de toutes connotation subjective, comme "relique", "vestige", "souvenir", "reste", etc.
La tresse pour laquelle je demande de l'aide à l'identification est constituée de 17 brins d'aluminium, chacun d'un diamètre de 2 mm. En 1914 on utilisait l'aluminium comme conducteur électrique, bien que sa performance soit moindre que le cuivre. Un papier épais entoure la tresse, qui fait diamètre de 14 mm, pour une longueur de 480 mm. Je pense à un câble d'alimentation, sans en être certain.
L'intérêt de ces objets réside dans le fait que l'on peut tenter de retracer leur histoire, celle qui a conduit à leur abandon dans cet endroit. Ils illustrent donc une micro-page d'histoire, et c'est un exercice de recherche instructif et souvent concluant.
...
L'identification des objets présentés est possible, mais nécessiterait des photos de meilleure qualité et un descriptif sommaire. Sinon :
Le reste d'obus de 75 est bien d'un toxique
Le bougeoir est plutôt un encrier
La plaque d'acier percée de 6 trous est le fond d'un minen de 76 mm
L'anneau de laiton est un élément de la fusée allemande Dopp. Z. 92 ou 15
Le "trognon" de fusée peut être une HZ 05
Les isolateurs s'appelaient à l'époque "poulies"
Cordialement,
Régis R.