Au détour d'un JMO (10) - Tir ami

alain13
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Re: Au détour d'un JMO (10) - Tir ami

Message par alain13 »


Re,

C'est vrai qu'Arnaud, dans son message qui ouvrait ce fil, a par son exemple, été parfaitement clair sur ce qu'il entendait par tir ami, ce qui pourrait se traduire par tir "par accident" sur des personnes de son propre camp.
Tous les autres cas pourraient faire l'objet, chacun d'eux, de sujets particuliers, sachant que souvent les limites sont dures à discerner.
Mais puisque ce sujet a des prédispositions pour devenir un peu fourre-tout, ce qui d'ailleurs accroît son intérêt, je me permet d'en rajouter une couche.
Celà concerne le soldat Jules Arrio (du 15ème corps) condamné à mort sur la foi d'un certificat du médecin-major de 1ère classe Cathoire qui le considère comme blessé volontaire par cartouche dépourvu de balle tirée à courte distance. Trop faible pour être exécuté, il est réexaminé par un autre médecin qui découvre dans sa blessure une balle de Shrapnell. Sauvé de justesse... peut-être par un tir ami !!! :)

Bonne journée,
Alain


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Arnaud Carobbi
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Re: Au détour d'un JMO (10) - Tir ami

Message par Arnaud Carobbi »

Bonjour à tous,

Pfiou, effectivement la question de départ a été largement dépassée mais je regrette quelques échanges qui auraient pu être évités si j'avais été plus clair dès le départ. En ce sens, j'ai fait une erreur que je ne reproduirai pas, d'autant plus qu'elle est méthodologique (ça y est, il recommence avec sa méthodologie !) : définir le sens des mots. Je ne l'ai pas fait avec assez de précision. D'où ma rectification de votre phrase Sylvain : "Si Arnaud Carobbi avait été bien clair sur ce qu'il entendait par "tir ami"" Je l'avais sous-entendu avec mon expression "tragique méprise", mais je n'avais pas été assez clair, ne souhaitant pas non plus cloîtrer le sujet dans un espace trop restrictif. Au final, j'apprécie les interventions et j'ai plaisir à les suivre. Cependant certaines remarques auraient pu être évitées si, comme avec le cas Chapelant, l'histoire et le lien avec le sujet avait été précisé dès le départ, sachant que si on ne connaît que la conclusion de l'histoire, il est facile de se méprendre sur les intentions.
Par contre Alain, le cas du blessé par balle de shrapnell, là c'est plus que limite... :heink:

Merci beaucoup pour le nombre d'exemples fournis qui montrent les circonstances de ce type d'accident. Souvent involontaires, parfois volontaires mais ce n'est pas le sens que je souhaitais donner à ce sujet. Les assassinats, voir le sujet sur les JMO n° 9 ;) . Sinon le risque est grand de partir dans toutes les directions et que nous nous perdions dans des échanges décousus.

Cependant, et ce n'est une fois encore qu'un avis personnel, la discussion sur les tirs volontaires de l'artillerie m'intéresse vivement.

Est-il utile que je reprenne une énième fois mon argumentaire sur les témoignages ? Oui, semble-t-il vu que la question m'a été posée.
Mais avant toute chose, je n'ai rien dit sur les carré blancs placés dans le dos des hommes, aucune insinuation ; de toute manière je ne fonctionne pas à l'insinuation.

Jean-Claude, je n'ai jamais écrit ou sous-entendu que vous êtes ignare. Le fait est que votre réponse est une fois encore frustrante : les propos entendus auprès des vétérans concordent avec ce que vous avez lu dans les livres. Je ne le conteste pas vu que vous ne dites jamais avec précision ce que vous ont narré ces anciens combattants, encore moins avec quel titre vous rapprochez ces témoignages. Donc il est facile de dire "j'ai entendu et j'ai croisé les infos" si vous ne dites rien de plus, rien qui puisse être vérifié par d'autres. Nous ne partons donc pas avec les mêmes armes. Je vous propose des faits concrets, vous apportez des insinuations. Vous pouvez facilement critiquer et préciser ce que j'écris (ce n'est pas un reproche, plutôt une invitation) ; l'inverse ne l'est pas puisque vous ne délivrez rien de précis. Juste qu'on vous l'a dit.

Hélas, aucun témoignage n'est parole d'évangile, fut-elle celle de vétérans de ce conflit (et ce n'est pas un manque de respect vis-à-vis des personnes qui vous ont parlé). Ce n'est que mon humble point de vue. Le temps, la vie, les choix personnels font que tout souvenir est une construction. Plus ou moins fidèle à la réalité et à la réalité que l'on veut donner. Je vais me permettre un petit hors sujet pour illustrer ce fait au quotidien (datant de la semaine dernière) : avec un collègue, nous avons demandé à des élèves de 4e d'interroger les personnes les plus âgées possibles sur leur vie au même âge, en racontant une journée type. Au final, une personne a présenté son après-midi ainsi : "De retour en classe, cours d'instruction civique : cours pour apprendre le respect des règles, des supérieurs et des autres." 60 ans après, la personne se souvient de ce cours ce jour là ? Non, évidemment ; il s'agit d'une construction consciente ou non, un message passé à cet adolescent. Je ne nie pas qu'elle a eu ce cours ; je dis simplement que dire cela dans le cadre de la description d'une journée type n'est pas innocent. Je tiens à votre disposition l'adresse du blog où vous pourrez lire le travail si vous êtes intéressé (même là, je cite mes sources et donne à les voir).

Alors me demander si je fais plus confiance en la littérature ou dans le témoignage, je pense que c'est, une fois encore, plus complexe. Il n'y a pas un qui dit vrai et l'autre qui dit faux, pas de manichéisme. Je vais tenter une approche de la question.
Qu'entendez-vous par littérature ?
Le témoignage publié d'un ancien combattant ? Les mêmes précautions sont à prendre qu'avec un témoignage oral. Le travail d'un historien (avec pour moi toujours une absence de différence entre le professionnel et l'amateur, dès lors qu'ils respectent la même rigueur méthodologique) ? La base du travail d'histoire est de faire un travail critique sur sa source, ne pas la prendre pour argent comptant, la recouper avec d'autres sources. Travail sur la source ne veut d'ailleurs pas dire trouver des témoignages identiques, mais arriver à le mettre dans un contexte, vérifier d'une manière ou d'une autre sa fiabilité et sa véracité. Paradoxalement, ce n'est pas ce que je fais avec les JMO dans cette série de sujets vu que je me contente de cette source (qui ne montre que la réalité vue par son rédacteur, dans une structure codifiée et un certain état d'esprit souvent illustré par des exemples sur le forum et pas plus tard que dans ce sujet) pour montrer sa richesse et la pluralité des thèmes d'études possibles ; cependant en l'absence de certitude j'émets des hypothèses présentées comme telles. Pour revenir au travail des historiens, elle est aussi marquée par son époque, par la vision des choses de chacun, par les thématiques "à la mode", les écoles historiques. Quand on voit la "vivacité" de certains échanges ici, on peut facilement comprendre les paroles féroces entre les deux écoles actuelles sur 14-18... L'avantage est que, respectant certaines règles, le débat qui peut naître de ces publications fait avancer la connaissance par l'argumentation qu'il oblige à développer pour réfuter une thèse ou au contraire apporter une vision nouvelle qui va offrir de nouvelles perspectives. Or les affirmations gratuites sont à l'Histoire ce que les rumeurs sont au journalisme. Elle ne permettent pas d'avancer, elles ne font que permettre à de vieilles lunes de perdurer : la Marne, ce sont les taxis, et j'en passe.
Et derrière ce discours qui peut paraître pompeux et agressif, il n'y a rien d'autre que la volonté d'en savoir plus. Jean-Claude, vous avez lancé ce propos sur les tirs amis volontaires de l'artillerie. Et bien soit, on va au bout : je suis prêt à vous croire dès l'instant que vous démontrez ce fait aussi incroyable. Les pièces produites par Sylvain sont pertinentes pour étayer votre idée, là on avance, même s'il ne s'agissait que d'une intention. L'idée que je me fais de la question est que les erreurs de tir furent nombreuses, tirs trop courts ; volontaires c'est autre chose. Que les anciens combattants aient eu cette impression, c'est fort probable ; qu'ils en aient parlé des décennies après, c'est un fait ; que ce fut une réalité c'est autre chose (attention, je ne dis pas qu'ils n'ont pas pris d'obus français sur la figure, c'est l'intention qui pose problème).
Que vous croisiez les informations, je vous crois sur parole ; que vous ayez trouvé de telles preuves pour des tirs d'artillerie, je demande à voir après ce qu'a écrit Guy après de nombreuses années à dépouiller des archives sur l'artillerie.

A suivre donc.
Bien cordialement,
Arnaud

alain13
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Re: Au détour d'un JMO (10) - Tir ami

Message par alain13 »

Bonsoir Arnaud, bonsoir à tous,

Mon exemple n'était effectivement pas bien sérieux, mais c'était plutôt voulu.
Je voulais montrer qu'un tir ennemi à priori malveillant pouvait dans certains cas devenir bienveillant ( un des nombreux synonymes d'ami adjectif ). Dans ce cas bien précis le tir "ennemi" s'est transformé un tir "ami".
Bon, là, j'arrête de ......
Pour Sylvain, je ne connais pas Cathoire, mais Jules Arrio était un petit gars d' chez moi (Saint-Raphaël ) qui l'a échappé belle.

Bonne soirée à tous,
Alain
GdeJ
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Re: Au détour d'un JMO (10) - Tir ami

Message par GdeJ »

Bonsoir,
Au moment du voyage d'Arnaud Carrobi avec ses élèves aux Eparges, je lui avait transmis la relation de mon GP, lieutenant d'artillerie, lors d'un bref séjour en 1ère ligne aux Eparges. Il semblait que les lieutenant de sa division y passait à tour de rôle. Il avait pu faire rectifier un tir dont l'ordre avait été mal interprété. Il semble aussi qu'une des difficultés était les liaisons téléphoniques souvent coupées dans le feu de l'action entre les observatoires et les batteries ou entre les lignes de fantassins et l'artillerie.
Je peux retrouver des cittations dans ses carnets si besoin.
Cordialement.
Guillaume
Guillaume
chanteloube
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Re: Au détour d'un JMO (10) - Tir ami

Message par chanteloube »

Bonjour Arnaud,
J'apprécie vos propos sur le travail de l'historien, se sont de vraies paroles de bon sens, encore que l'on puisse travailler sur le thème des choix signifiants, choix de faits j'entends. A mon avis, un humble avis, il ne s'agit jamais de croire ou de ne pas croire tel ou tel historien, d'aimer telle ou telle interprétation, mais plutôt d'empiler les visions des uns et des autres et de se faire sa propre opinion. Si vous enseignez, vous enseignez probablement que rien n'est jamais fini, en histoire, comme en bien d'autres matières.
Pour en revenir à '"'artillerie" il est, à mon sens, beaucoup plus important que de savoir si oui ou non on peut avoir ordonné de tirer sur ses propres troupes....ce qui n'est pas impossible et peut se justifier , par exemple, par l'obligation de bloquer une contre attaque..... certains bombardements aériens américains du débarquement en Normandie restent inexpliqués mais ont été efficaces....beaucoup plus important de comprendre pourquoi les Hommes en ligne avaient ce sentiment.
Par ailleurs je vous renvoie au combien excellent Callies pour savoir ce que cet artilleur à la langue bien pendue pensait de ses confrères.
Bonsoir
CC
chanteloube
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Re: Au détour d'un JMO (10) - Tir ami

Message par chanteloube »

Bonjour,
Vous avez tout à fait raison Sylvain, ma formulation peut laisser planer un doute, quoi qu'à mon avis les Poilus ne se posaient pas tant de questions.
Dans la mémoire collective des Anciens de 14-18 s'est installée, mais je peux me tromper, bien qu'ayant l'âge d'en avoir rencontré beaucoup, l'idée que l'artillerie tirait parfois "mal" ( comprendre court ) mais aussi qu'on leur tirait dessus pour les "faire avancer" ou sortir de la tranchée -je pèse mes mots pour être précis-. Il se peut, aussi, que des historiens de "tempérament" pacifiste ou des mémorialistes qui n'aimaient pas beaucoup les militaires, aient, peu à peu, fait entrer dans l'inconscient collectif des contemporains et des survivants l'idée que des Généraux avaient été capables de formuler des ordres de ce type : " Si le Xème régiment n' est pas sorti à l'heure H+8mn on tirera sur les parallèles de départ".
Pour qu'une idée semblable puisse se fixer dans les têtes il faut qu'elle ait toutes les apparences de la probabilité....là est la question: d'où vient cette idée qu'une telle éventualité n'était pas impossible? Sauf à penser qu'ils (les Poilus) en avaient vu bien d'autres (des choses incroyables).
Par exemple d'attaquer droit sur des nids de mitrailleuses et des barbelés dont "on" savait parfaitement qu'ils n'étaient pas détruits (les conséquences sont alors bien pires qu'un tir de barrage court, où pour prendre un exemple, bien connu, côté Allemand, en août 14, de charger à cheval dans la rue principale de LAGARDE alors qu'il y avait au bout une mitrailleuse et de l'infanterie française.
Un excellent livre de Paul RICOEUR traite de ces questions de mémoire et de témoignage.
A ce soir.
CC
A propos de bombardement de camp, je dis bien de camp de concentration, pas d'usines, pouvez vous préciser? Dans mon inconscient "collectif" il y a l'idée que ce n'est jamais arrivé avant les trois derniers mois de la guerre. Pour ne pas encombrer le forum vous pouvez me répondre sur mess.
GdeJ
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Re: Au détour d'un JMO (10) - Tir ami

Message par GdeJ »

Bonsoir,
Plutôt que de discourir, je vous propose de lire ce que dit un artilleur sur les fantassins et leurs conditions de vie, sur les tirs amis et les difficultés entre infanterie et artillerie.
C'est un peu long, mais cela devrait vous intéresser.
Cordialement
Guillaume

Dans l’enfer des Eparges 7-8 avril 1915
un artilleur en premières lignes avec les fantassins du 106e RI
Hubert de Richemont, lieutenant au 31e RAC



[7 avril 1915.
Les lieutenants de l’AC6 sont envoyés à tour de rôle comme observateurs d’artillerie sur la Crête des Eparges. C’est le groupe qui commence. Germain y a été avant-hier. C’est mon tour. Vers 6 heures, je passe à l’AC6. Guilmet établit de tête un plan des tranchées, d’ailleurs faux, et me le remet. Je demande une consigne. D’Izarny me dit : « Regarder les tirs, donner courage aux fantassins en montrant que l’artillerie s’occupe d’eux », c’est vague !

Comme je suis seul à dîner à Mont, de ma batterie, Merlin m’invite à dîner à l’Etat Major ; après quoi, vers 8 heures, je pars, en compagnie du trompette Richard, à cheval jusqu’au village des Eparges, lesté de mon cuir, mon manteau bleu, jumelles, revolver et musette aux repas, sans oublier le bâton indispensable dans la boue des Eparges. Au village, je laisse Richard s’en retourner avec mon cheval et je m’adresse au poste téléphonique lui demandant un guide jusqu’au Colonel du 106e .

Il fait tout à fait nuit sauf les fusées boches et les éclatements de 77, plus loin sur les positions du 132. Nous prenons d’abord la route de Trésauvaux défoncée par les trous d’obus. Nous passons au petit pont de sinistre renommée que balayent les mitrailleuses du bois de Combres. Comme il fait noir, inutile de se défiler derrière la claie qui y a été déposée. Puis c’est le bled, raviné et glissant.

Voici l’abri du Colonel. Accueil frais : « Je ne sais pas pourquoi on m’envoie des artilleurs, jamais les mêmes, aucune mission spéciale à vous donner ». C’est gai, si on se fait casser la g…, cela n’aura aucune utilité et personne ne vous en saura gré. C’est « l’obscur devoir » !

Un nouveau guide me conduit auprès du Commandant Bord, une vieille connaissance de la Tranchée de Calonne. Il est au bataillon de 2e ligne et en un point d’où se fait l’aiguillage des unités dans la direction qui convient. Il me dit que c’est la « Gare régulatrice des tranchées ». La sape est une sorte de galerie haute d’1m50 sur autant de large, profonde de 8 à 9 mètres. Au fond, retour en angle droit débouchant dans une autre sape parallèle, dégagement en cas d’obstruction de la première. Les parois et le plafond sont en madriers soutenus par des poutrelles. A l’entrée, il faut faire le pas par-dessus une entretoise horizontale s’opposant à la compression de la sape, et comme le sol est formé par 20 cm de boue cette entrée est plutôt pénible. Le Commandant Bord maintient un certain ordre dans sa sape et en interdit l’accès à ceux qui n’ont rien à y faire. Des toiles de tente tendues au plafond, dans la partie du fond, recueillent l’eau qui filtre à travers 2 à 3 m de terre recouvrant la sape. Dans ce fond relativement sec, le commandant s’est réservée une place où il peut s’allonger, chose rare là haut.Je l’y trouve lisant un journal, car la nuit et le jour ont le même emploi du temps. On dort par bribes quand on peut, spécialement pendant les bombardements, et la nuit quand il fait plus calme, on tâche de retrouver sa tête pour lire ou faire sa correspondance.

Bien que mon poste officiel : point A, soit au voisinage de son abri, le Commandant Bord me fait conduire au Commandant Bestain au bataillon de 1ère ligne. Je le connais aussi, depuis mes séjours au Central Calonne. Mais ici c’est l’encombrement. Sape de modèle uniforme, sans table ni place réservée à l’officier cette fois. Le Commandant est comme tous les autres « habitants » assis ou plutôt accroupi le long d’une planche, à peine une banquette, qui court le long d’un des murs. Il est éreinté, aux Eparges depuis 7 jours et les forces humaines ont une limite. A côté de lui, le Commandant Dubois du 67e, atone. Au fond, étendu le Capitaine de Vidrorge du 67e, cavalier passé fantassin, pas entraîné à cette vie, il repose. J’attends 5 minutes avant que le Commandant B ne puisse être réveillé et m’indiquer une consigne. Il me dit de passer la nuit là. Je me tasse sur place dans un
petit espace de banquette, les pieds dans la boue jusqu’aux chevilles, les genoux au menton.
Mon paquetage pourtant réduit m’encombre passablement. Mon manteau déjà enduit de boue me protège cependant un peu contre la pluie par dessus mon veston de cuir sur lequel sont passés et ramenés vers l’avant pour moins gêner et servir de suite mon revolver et ma jumelle. La musette contenant mes provisions se case sur mes genoux. Enfin, mon précieux bâton reste à mes côtés. Les voisins m’apprennent que la nuit d’avant, les Boches sont venus à 30 m. de là, un instant.

Puis le calme se fait, c'est-à-dire qu’on s’habitue aux bruits du lieu : le 75 des Hures qui tire toutes les 5 minutes par-dessus nos têtes dans le col de Combres : double départ sec : pepan, sifflement très court, zzz et explosion un peu masquée par la colline. Puis les balles allemandes : l’entrée de notre sape est repérée ; par intervalles, des claquements secs à quelques mètres de l’entrée dirait-on, métalliques sur la pierre ou grésillants dans la boue.

Mais on va, dans la nuit, tenter une attaque par surprise du fameux point C, avec la seule compagnie a peu près intacte. Le Sous-Lieutenant Favatier la commande. Jolie tête fine et soignée, calme et naturel, il vient aux ordres. Le Commandant manifestement n’y est guère. Le Commandant Dubois trouve que ce n’est pas à lui à commander, si bien que ce pauvre F. en est réduit à se donner des ordres à lui-même. Cette atmosphère de dépression physique me peine, quelque explicable qu’elle soit.
D’autre part, vient le Capitaine Baret avec une compagnie de Sapeurs. Ils devaient organiser le fameux point C et ses abords qu’on ne savait pas encore être reperdu. Ils déclarent n’avoir plus rien à faire du moment qu’ils ne peuvent travailler en C et s’en vont malgré qu’on les presse de travailler à la réfection des boyaux. Une fois partis, le Commandant B. les traite de c…

On se préoccupe de savoir si les lance-fusées peuvent marcher, en vue de demander des tirs de barrage à l’artillerie si l’attaque échoue. On apporte une caisse de grenades pour la compagnie F. et on la lui fait monter. Mais F. fait dire - au bout de combien de temps ? – qu’il n’a pas d’outils pour l’ouvrir ! Il faut que ce soit le chef de Bataillon qui lui conseille de la démolir avec des pelles-bêches ou des pioches, en lui répétant les ordres de prudence du Colonel qui ne veut pas sacrifier inutilement sa dernière compagnie.

Puis on attend, en somnolant, le résultat de l’attaque. Cela se passe à 300 m. de nous mais on n’entend rien, on ne sait rien. Le temps se passe, on est abruti, on dort presque malgré l’engourdis-sement, l’humidité, le froid. Enfin des nouvelles. Les préparatifs ont tellement retardé l’attaque qu’elle s’est presque faite avec le jour. La compagnie a été éventrée, a du précipiter deux sections dans un vieux boyau à ½ bouché reliant notre ligne au point C (ancienne tranchée allemande). Les hommes y sont restés : c’est tout ce qu’on a pu faire. Coût : 4 blessés légers : on est heureux d’en être quitte à si bon compte.

Décidemment le jour vient, et avec eux des ordres du Colonel Gramat annonçant une attaque générale pour 9 heures. Le 25e Chasseurs donnera à gauche, mais il faut que ce qui reste du 106e et du bataillon du 67e prenne le point C. Un bombardement d’artillerie de 45 minutes précédera l’attaque.

Je profite de ce que le Commandant B. parait à peu près réveillé pour lui demander de me préciser ma mission ou du moins mon observatoire, mais il n’en sait rien non plus. « Aux environs de ma sape, vous avez des vues sur le point C, mais de chez le Commandant Bord vous embrassez mieux toute la crête. Voyez entre lui et moi ». Il revient toujours à des lamentations, efforts surhumains que l’on demande à lui, à ses hommes. « C’est l’heure des sacrifices, nous le savons, mais la machine est à bout. Voyez mes hommes, pas de sommeil, pas de fusils, plein de blessés qu’on ne peut évacuer, compagnies squelettes, etc… ». Au fond, est-ce à cause de ce triste état de la troupe, il parait désirer que je ne reste pas près de lui.

Livré à moi-même, je commence mon inspection. A quelques mètres de la sape, bonnes vues sur C, mais un tout petit coin 50 à 75 mètres. De plus, le téléphone est chez le Commandant Bord. Comme je conserve encore un vague espoir de rendre des services et que je n’ai pas accepté l’idée que ma mission n’avait d’autre but que de faire coexister les artilleurs dans les mêmes conditions de vie que les fantassins, je descends de là (x ou x-13) vers le Commandant Bord (sape 4). C’est d’ailleurs de ce côté que se trouve le point A où je suis censé observer. La crête forme un croissant et en gagnant vers l’une des pointes, je verrai mieux le secteur XKC reliant l’autre au milieu (point C) de l’arc. Près du Commandant Bord, il y a un boyau perpendiculaire au « boulevard » 4-x d’où j’ai de bonnes vues. Je décide donc finalement de m’installer là. On est en train de refaire le pare-éclats de la sape du Commandant. Par-dessus lui et à demi masqué ainsi, j’aurai un bon champ visuel.

Le Colonel B. montant en inspection me trouve lorgnant le secteur XK. « Mais XK m’est indifférent, ce n’est pas le secteur de mon régiment ». « Mon Colonel, je suis seul artilleur aux Eparges et tout m’intéresse également ». « Enfin, enfin, vous devez savoir ce que vous avez à faire ». Mentalité !

Voilà le bombardement d’artillerie qui commence. Toute la ligne de tranchées allemandes se couvre régulièrement de paquets de fumée noire. Le roulement est continu, on ne distingue plus les départs des éclatements et la provenance des coups. Pour le moment, les Allemands ripostent peu. Notre réglage est très bon. Cependant vers C, le tir du 155 est un peu court. Je bondis au téléphone (qu’eus-je pu faire du point x ?) et je le signale : j’ai la satisfaction de constater au bout de 10 minutes qu’il s’allonge. Vers K, le 220 produit d’effrayants ravages. A plusieurs reprises, je vois des corps monter dans le nuage de fumée avec les pierres, la terre, les fusils, etc… Parfois ce sont deux boches projetés par le même coup, tout entiers, qui semblent planer bras et jambes étendues dans le vide ! Spectacle inoubliable ! Et cela dure ainsi ¾ d’heure, les nerfs tendus au paroxysme par le bruit et le spectacle. J’interviens encore deux fois au téléphone pour signaler des ….. , signaux du 25e Chasseurs à l’artillerie des Hures.

Dans cinq minutes, le bombardement va finir. Soudain, les 75 tirant encore, voilà les Chasseurs à pied qui montent sur le parapet et qui s’acheminent vers les tranchées adverses. C’est la charge : la sape s’est vidée, tous nous regardons de tous nos yeux, le corps tendu par-dessus notre parapet. « C’est superbe » entend-on de tous côtés. Superbe en effet par le calme et la régularité du mouvement. Mais combien différent de la charge historique. C’est une marche lente, au dos le sac pare-éclats, fusils en main, les yeux à terre, car il faut naviguer parmi les entonnoirs, cadavres et débris de toute sorte. On sent toute la peine de la marche même, la difficulté d’arracher l’une après l’autre ses jambes à cette boue gluante, à cette terre meuble et grasse. Le boche commence à balayer de schrapnell et marmites le terrain découvert par où se fait l’attaque. Des hommes tombent, assez peu nombreux. Impassibles, les autres continuent. Des boches s’enfuient au haut de la crête. Mais voilà les 105 fusants sur nous aussi. Le boche nous a pris nos méthodes : il fait un barrage d’artillerie sur les boyaux par où accèdent les renforts. Il faut se terrer momentanément. Lorsque je peux regarder de nouveau, je vois nos Chasseurs en train de retourner les sacs à terre, de façon à former un parapet face aux boches, sur l’emplacement des anciennes tranchées bouleversées. Ils sont relativement tranquilles, peu de fusillade. Avec un « cran » digne d’éloges, les Boches ont tiré pendant le bombardement. Des balles sont arrivées près de nous encore assez longtemps.

Mais le bombardement allemand qui répond au nôtre devient d’une intensité au moins égale. Il s’agit d’un bombardement de barrage, intense notamment entre nous et le Commandant Bord, sur le « boulevard », et sur les têtes des sapes de descente puis dans le ravin du 132e. Il y a de tous les calibres : canon revolver des tranchées de Combres, 77 du bois de Combres, 105 …, 150 de Dommartin et de la Woevre. C’est infernal ! Nombreux sont les coups qui paraissent éclater tout près projetant terre et éclats dans notre boyau d’entrée. Souvent, le vent du projectile éteint notre malheureuse chandelle, placée pourtant tout au fond de la sape. Cela dure, parait ne plus devoir finir. De mes voisins, quelques uns ont pris des journaux, mais lire est réellement impossible. Le plus grand nombre, terré sur lui-même, s’est assoupi. Paradoxe que le fracas des éclatements porte invariablement au sommeil les cerveaux fatigués. D’autres se font du paresage, c'est-à-dire qu’armés d’un couteau, ils raclent la couche épaisse de boue qui recouvre capote, jambières et souliers. Travail bien vain ; quelques pas dehors et ils se retrouvent dans le même état, car les boyaux sont des ruisseaux où coule une boue liquide parfois haute d’un mètre ; cela ruisselle en cascade, sans fin, et lorsqu’on s’y tient debout, avec de l’eau jusqu’au haut de la cuisse, l’eau se vide des 2 côtés de ces piliers. Et il faut marcher là dedans parfois sur des cadavres invisibles. Par endroit, une marmite est venue couper et remblayer le boyau ; cela fait un monticule de 2 mètres sans rempart. Pour passer, il faut se hisser hors de l’eau, passer en vitesse sur ce remblai où le tireur boche vous envoie quelques balles, puis retomber avec un flac ! dans le fleuve qui vous arrive à la fesse. La capote devient d’un poids qu’il m’est impossible de chiffrer ; quant aux fusils, ce sont des « bâtons boueux » inutilisables. Aujourd’hui sur 10 fantassins, 2 ont perdu leur arme, 7 l’ont inutilisable par la boue, le 10e seul peut tirer ayant pris la précaution d’entourer le mécanisme d’un chiffon. Mais le stoïcisme du fantassin, la … de favoriser les tirages au c… fait rester en ligne tous ces désarmés. Le contrôle est sévère.

Avec la diminution d’intensité du bombardement, voilà des blessés qui redescendent. A la porte de la sape, un sous-officier les examine. Il faut faire la preuve de sa blessure : si le sang ne coule pas, montrer le vêtement percé. Ceux qui ont une simple contusion, pierres ou éclats, sont impitoya- blement renvoyés en ligne quelques soient les douleurs dont ils se plaignent, et armés ou non. Cette discipline dure est nécessaire. Voilà un petit qui parait 18 ans qui descend en pleurant comme un gosse. Il y a certainement des blessés noyés dans la boue et enterrés sans rémission. D’autres gravement atteints descendent l’air résolu, disent qu’ils ont écharpés 2, 3 Boches et sont contents tout de même. Quel affreux spectacle. Quelle horrible ambiance ! Dans quel état doivent être ces plaies imbibées de boue à l’urine et au jus de cadavre ? Les morts sont tout simplement rejetés sur le parapet. C’est ainsi que le long d’un boyau transversal, au point où j’observais, il y a un corps à demi décomposé, vieux de 15 jours au moins, les jambes à demi pendantes dans le boyau !

Le bombardement ralenti, je reprends mon observatoire… pour voir une progression de nos fantassins vers X arrêtée hélas par un tir de 75, sur un ordre mal compris du Colonel G. Dans un petit fortin, des hommes, une section, sont massés, mais il m’est absolument impossible de déterminer si ce sont des français ou des boches, et pourtant j’en suis à 300 m !

Il faut essayer de manger. Mais les mains enduites de boue collante et empestée, on n’y est guère enclin. On n’arrive pas à avaler.

A 2 heures, nouveau bombardement allemand, aussi intense, aussi abondant que le premier. Cela semble la limite de ce qu’on peut demander aux nerfs humains. Et cependant, nous sommes relativement abrités, tandis que, dans les tranchées de 1ères lignes, la casse doit être terrible. Il en est de même dans les boyaux lorsque dans ceux-ci se trouve de la troupe qui monte ou qui stationne : c’est presque la même chose car la marche d’une colonne y est si lente. Et là, le fatalisme du fantassin m’apparaît à la fois admirable, héroïque et négligent, imprévoyant. Est-ce que je me trompe ? Il me semble que nous autres, artilleurs, nous serions davantage ingéniés à faire des abris et à avoir des fusils qui tirent. Cela dure une heure encore. Les communications téléphoniques sont coupées. Impassibles, les téléphonistes vont les réparer sous le feu.



Après ce tir, les 1ères lignes rendent compte qu’elles n’ont plus d’hommes. On bat le rappel des compagnies bien dispersées pour constituer des renforts. Poussières d’unités, pas de gradés, des isolés dans tous les abris, à côté de blessés qu’on n’a pas pu évacuer depuis 4 jours ! Le commandant du 67e qui a amené 2 compagnies, rend compte à son colonel qu’il lui suffit de ravitaillement pour 20 hommes ! Les renforts montent, mais les officiers doivent reconnaître leurs emplacements : c’est long, on fait attendre les têtes de colonne… et le Boche déclenche un nouveau tir sur les boyaux. Que de victimes ! Cela dure de 4 à 5.

A 7 h, la nuit est tombée, le calme est relatif. Avant de quitter la position, je veux faire un dernier tour. Je remonte sur le piton. Au passage à nouveau chez le Commandant Bord, on me dit qu’on vient de recevoir et de transmettre par téléphone un message du Commandant Bestain qui demande un barrage, car il y a une attaque, et effectivement, on entend vers C la fusillade et on voit des fusées éclairantes nombreuses. On a demandé « Barrage sur C ». Je bondis. « Vous voulez donc qu’on bouzille vos hommes » et je rectifie de suite « barrage pour couvrir C » !!! Il n’est pas trop tard heureusement, car l’AC6 avait senti l’erreur. Je décide d’aller prendre congé du Commandant B. et me renseigner sur l’attaque. Je monte avec peine dans les boyaux encore encombrés (mouvement commencé à 4 heures non terminé à 7 !). Des balles sifflent de tous côtés. Je vois des hommes sauter en arrière des tranchées de 1ère ligne, courir dans le bled, puis ressauter dans un boyau où ils doivent se croire tout de même plus en sûreté. On sent un peu de panique ou de possibilité de panique. Notre infanterie est à bout. Heureusement, le boche qui a eu des pertes terribles (coups tombant dans des formations serrées) est aussi malade que nous. J’arrive à l’entrée d’une sape où les gens sont serrés à se toucher. Il me faut 5 minutes pour me faire un passage jusqu’au Commandant qui paraît hagard, ne comprend pas qu’il faut demander barrage « sur C », ne sait rien de ce qui se passe. Il me charge cependant de demander un nouveau tir, le précédent a été peu nourri et ses fantassins ne peuvent pas tirer. Tous les coups de fusils qu’on entend sont allemands. Je suis un peu inquiet de ce que j’ai vu. Le barrage me paraît indispensable et je le voudrais immédiat. Je repars en vitesse dans l’eau des boyaux et les balles qui sifflent. Mais le terrain ne permet guère d’aller vite et puis je croise cette fois la colonne qui monte. Je fais ranger quelques fantassins pour passer. Mais c’est seulement après avoir croisé une dizaine que je m’aperçois en me retournant de l’effet produit par mon passage. « Un officier qui s’en va vers l’arrière » se sont dit ces braves gars, et 2 ou 3 m’ont emboîté le pas. Il me faut m’arrêter et malgré l’urgence de ma besogne, leur faire un petit laïus bien tranquille pour leur dire que je suis artilleur, que je vais faire tirer le 75, que tout va bien là haut, et c’est seulement là-dessus que je peux repartir. J’avais entendu quelques : « On nous envoie à la boucherie, sans armes » qui m’avaient un peu inquiétés. J’arrive, je téléphone, j’attends 10 minutes, puis n’entendant plus rien, je dis au revoir au Commandant B. et je redescends. Un imbécile de cuisto méridional qui me conduit me fait faire un détour pour emprunter les boyaux. Les balles qui sifflent dans le bled l’inquiètent. Il se hâte aux endroits dangereux et moi avec mon paquetage, et surtout mon manteau à pèlerine = chape de terre sur le dos, je ne puis suivre. Je finis par le prendre sur l’épaule comme un sac. Je suis rendu quand j’arrive en bas sur le pont. Je croise Huet. Nous nous faisons eng… par des fantassins pour causer haut en ce point constamment balayé par les mitrailleuses de Combres. C’est avec satisfaction que dans le village en ruines, je retrouve le fidèle Richard avec ma jument. J’y hisse toute ma boue et en route pour Mont. Nous croisons tout un régiment du 2e Corps qui va relever dans la nuit aux Eparges les pauvres troupes que je viens d’y laisser. Il était temps.]


Guillaume
chanteloube
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Re: Au détour d'un JMO (10) - Tir ami

Message par chanteloube »

Bonsoir,
En effet ce texte se passe de commentaires.
Merci
CC
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henri astoul
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Re: Au détour d'un JMO (10) - Tir ami

Message par henri astoul »

Bonjour

Je partage bien sur le point de vue qu'il faut étayer avec force documents et source à l'appui une idée. Je me pose un question d'ordre géneral sur cette methode. NB : sans idée préconçue sur le sujet en réference. Si le fait n'est pas "réglementaire" et je doute qu'il le soit, il y a peu de chance qu'il figure dans les documents officiels. Pour autant, ce n'est pas pour cela que cela n'a pu arriver. Donc le débat est ici : comment établir une "verité" en l'absence de source officielle et uniquement en présence de témoignanges éparses et parfois loin du centre de décision. Le point de Guy, sur d'autres sources non-officielles, apporte bien sur un début de réponse.

Cdt
Armand
Bonjour.
C'est d'ailleur le sujet du film : Les sentiers de la gloire.
Henri
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chanteloube
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Re: Au détour d'un JMO (10) - Tir ami

Message par chanteloube »

Bonjour,
La probabilité qu'un évènement ait pu arriver fait partie de la méthode historique -si un certain nombre de faits -par exemple de tirs plus que "limite" commandés alors que l'on savait qu'ils étaient limites mais que celui qui les commandaient les jugeaient nécessaires- sont avérés.
Il me semble que Marc Bloch évoque cette question dans "Apologie pour l'histoire" mais tout ça est bien loin maintenant.
Nous n'allons pas ici nous lancer dans une discussion épistémologique.
Cordialement CC
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