A propos du Colonel Xavier Desgrées du Loû, Cdt le 65e RI (+1915)

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henri-p
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Re: A propos du Colonel Xavier Desgrées du Loû, Cdt le 65e RI (+1915)

Message par henri-p »


Bonsoir Joël, bonsoir a tous et toutes
C'est exact, j'ai le n° de paris match sous les yeux. La photo apparait p64 du n° 801 du 11 août 1964.
Il y a 4 numéros dédiés à la Grande Guerre : N° 800 du 4 août, la grande guerre. N° 801 du 11 août, les tranchées, hommage aux combattants. N° 802 du 18 août, Verdun et N° 803 du 24 août, la victoire. Plusieurs articles sont signés par Raymond Cartier.
Bonne soirée
Henri Pérocheau
Henri Pérocheau / 77e R.I.
pierreth1
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Re: A propos du Colonel Xavier Desgrées du Loû, Cdt le 65e RI (+1915)

Message par pierreth1 »


Bonjour,
Je vais déclencher des polémiques et paraitre iconoclaste.
La photo me semble être reconstituée apres les faits MAIS se basant sur des faits incontestables: le colonel Desgrées du loü a bien repris le drapeau a la suite de la mort de son porte drapeau et a lui même été tue quelques instants plus tard.
Pourquoi ai je ces doutes: d'abord du fait de nombreux autre exemples (ce n'est pas une preuve mais..) ainsi le drapeau plante a Iwo Jima, le drapeau hisse sur le Reichstag en 1945 par les russes furent des cliches pris après l'événement mais bases sur un fait réel d e même il me semble le fameux cliche du milicien espagnol tue pendant la guerre civile.
Ensuite un sergent qui monte a l'assaut (surtout en 1915), et qui se trouve si j'en crois les textes déjà dans la tranchée de première ligne allemande (ou au pied de celle-ci) porte normalement un lebel et entraine son escouade, qu'il ait eu la présence d'esprit, le temps et la possibilité de prendre un tel cliche : splendide! mais franchement peu crédible ensuite le plan de la photo est dégagé donc le colonel à la tète du 2eme bataillon n'a autour de lui que les deux hommes qui devaient escorter le lieutenant possible mais.. , de plus sur un cliche plus complet on voit en arriere plan sur la meme ligne un soldat a priori debout (cela tire vraisemblablement de partout) et de plus il parait avoir son lebel a l'épaule mais baïonnette au canon! Un bataillon comprenant approximativement 1000 hommes il devrait y avoir plus de monde dans le champ
Il est dit que le sergent Charreau a pris de nombreuses photographies du colonel, les appareils étant théoriquement interdit (mais tolérés) ce sergent devait donc être le photographe officieux du chef de corps et du régiment, si nous admettons que durant l’assaut il faisait fonction de correspondant de guerre et n’était arme que de son appareil il a donc du aussi prendre des photos de son chef tue car d’après tous les textes relatant les faits le colonel et les soldats l’entourant sont tues quasiment immédiatement après que le chef se soit élancé, ces photos ont-elles été (si elles existent) censurées ?
Personnellement je possède de très nombreuses photos faites par mon grand père sur le front de l'est en 1915-1917 toutes sont semi posées du fait des temps de poses que la technique nécessitait , Sur le front occidental les appareils utilises étaient généralement des appareils photo du type Kodak Vest Pocket appareil de « poche » a soufflet donc malgré tout assez encombrant a l’utilisation et le film photographique (400 , 800 , 16000 ASA n’existant pas) nécessitait une exposition en mode pose, 1/25 ou 1/60 de secondes autrement dit en cas de mouvement un certain flou ce qui n’est pas le cas ici et si l’on regarde la photo attentivement tout est net du premier plan a l’arrière plan or avec une pellicule moderne 64 ASA on obtient une image nette entre 2,5 m et l’infini avec une ouverture de diaphragme de 16 au 1/60 et de 1,8m a l’infini avec une ouverture de 22 au 1/30 de secondes performances il me semble techniquement non réalisables par un appareil de ce type
Sur le plan technique le cadrage est remarquable, fusil et drapeau quasiment dans la diagonale de la photo, personnages centres, on ne voit pas le visage du colonel mais celui des soldats, par contre la moitie de la photo représente le ciel ( ce qui est logique si l’on veut avoir le drapeau) problème: dans ce cas la il doit y avoir sous exposition des sujets a moins que d’utiliser un flash (impossible sur le terrain de l’assaut) ou d’utiliser une vitesse lente pour obtenir un sujet net ( au détriment de l’arrière plan) helas dans ce cas la photo devrait etre encore plus floue car il est inimaginable d’envisager que l’assaut se soit arrété le temps d’une pause .
Dans l'article du magazine incrimine le lieutenant auteur n'affirme pas qu'il s'agit d'un cliche fait a la suite de l’événement mais le suppose, je pense qu’il est justement bon d’avoir l’esprit critique, a aucun moment par contre il ne remet en cause les événements qui conduiront a la mort dans des conditions glorieuses du colonel Desgrees du Lou ce qui est a mon sens le principal : ces faits ne sont pas contestables ni contestes ! Si il est possible de voir les cliches pris durant l’assaut avant l’événement et immédiatement après (car le film de plusieurs vues existait pour ce type d’appareil) je serai heureux d’admettre que j’étais suspicieux sans raison, mais par contre tous les témoignages de l’action d’éclat du colonel et de ses hommes (qu’il ne faut pas oublier dont le lieutenant porte drapeau Lebert mort en portant cet emblème ainsi que sa garde et que les 41 tues, 420 disparus et 330 blesses ) ne prouveront jamais que la photo n’a pas été faite après .
Je ne cherche pas a vous convaincre de la justesse de mon raisonnement mais juste de la possibilité qu’il y ait que cette photo n’ait pas été faite pendant l’assaut, et je maintiens que je ne conteste par contre pas la relation des faits qui ont eu lieu durant l’assaut du 25 septembre 1915 à Mesnils les Hurlus
Comme je le disais celle montrant les russes fixant le drapeau rouge a Berlin est faite après l’événement et il me semble que c’est les soldats ayant accompli cet acte qui sont photographies et pendant au moins 20 ans elle a été utilisée comme original et en couverture de nombreux livres
Cordialement
Pierre
pierre
Yves Desgrees du Lou
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Inscription : jeu. juil. 05, 2007 2:00 am

Re: A propos du Colonel Xavier Desgrées du Loû, Cdt le 65e RI (+1915)

Message par Yves Desgrees du Lou »

Tout d’abord merci aux nombreux internautes qui ont si rapidement répondu à mon message du 5 juillet. Merci à Stéphane pour le lien internet qu’il m’a communiqué. Merci à Annie, à Sophie, à Mireille , au « ch’ti » Alain, à Renaud et à Gérard, au Vannetais Jean-Yves, à Joël, Henri, à tous ceux qui m’accueillent aimablement dans leur tranchée…
Merci aussi à Pierre le sceptique pour son analyse critique que je vais me faire un plaisir de contredire… Voulant en premier lieu lui indiquer qu’il ne s’agit pas ici de réhabiliter la mémoire de mon grand-oncle, le Colonel Desgrées du Loû, qui n’en a évidemment nul besoin. Il s’agit pour moi simplement de couper court à une polémique, inutile à mes yeux parce que née d’une supposition, pure invention de l’auteur d’un article mettant gratuitement en doute l’authenticité d’une photo devenue célèbre.
Pour ne pas être trop long, je ne donnerai ici que quelques éléments de réponse :
1. Contrairement à une autre légende, les appareils photos n’étaient pas interdits sur le front. De nombreux appelés étaient correspondants de « L’Illustration » : la société leur confiait un appareil Kodak américain « VestPocket » à petit soufflet, comme son nom l’indique de très petite taille, très peu encombrant. J’en possède un que j’ai conservé en souvenir.
2. A la fin de l’année 1958, j’ai eu le plaisir de rencontrer M. Baschet que j’avais été voir rue Saint-Georges à Paris, descendant des responsables de la revue et conservateur de la magnifique collection de clichés. M. Baschet m’a alors montré la pellicule originale où se trouvait non seulement celle de la couverture de novembre 1915, mais, de la même bobine, une photo du colonel dans sa tranchée, et une photo de la messe dite le matin même de sa mort où on voit le colonel agenouillé, de dos. M. Baschet m’a d’ailleurs offert un tirage agrandi d’après l’original, photo que j’ai précieusement conservée, plus nette encore que la reproduction de l’Illustration. Je ferai suivre ces autres photos à la suite de cette note avec d’autres documents.
3. S’il s’était agi d’une photo reconstituée, il n’y a pas de doute que plusieurs clichés auraient été pris durant une « reconstitution » pratiquement impossible à réaliser sur le front…
4. Plus important encore : comment la famille du colonel, son épouse qui lui a survécu plus de quarante ans, son frère, son fils et sa fille, la famille du sous-lieutenant Lebert, reconnaissable su la photo, qui fut tué pratiquement au même moment, celle de l’officier (barbu) reconnaissable du premier plan (que je crois être l’aumônier, également tué), n’ont-ils jamais eu de doute quant à l’identité de leurs si proches ? S’il s’était agi d’une « reconstitution », il est difficile d’imaginer une scène macabre au cours de laquelle on aurait « relevé les morts », ou même un « montage » de têtes, impossible à réaliser à cette époque sans laisser de traces…
5. Le personnage visible à gauche est le capitaine de Corta, adjoint du colonel, blessé ce même matin, mais qui a survécu, mort plus tard au Champ d’Honneur, en septembre 1932, au Tonkin. Il est plus que douteux que l’adjoint du colonel Desgrées du Loû auquel il était très lié se soit prêté à une telle supposée reconstitution…
6. Plus tard, le photographe, le sergent Charreau, était venu rendre visite à la veuve du colonel, lui disant que cette belle photo était un « coup de la chance », prise très rapidement comme c’était le cas dans de telles circonstances. Elle n’eut jamais de doute sur cette image prise sur le vif.

Après ces réponses nées de la polémique, voici les documents que certains d’entre vous réclament, et qui permettront j’espère à Mireille de ne plus piaffer d’impatience, et à Jean-Yves le Vannetais pour lui dire qu’à Nantes aussi, une rue porte le nom du colonel ainsi qu’un quartier militaire :










Photo du Colonel Desgrées du Loû
extraite de son livert matricule




Insigne du Colonel Desgrées du Loû
65e R.I.








En Capitaine (1892)

Le Colonel Desgrées du Loû (1915)








L’article paru dans l’Illustration du 11 fdécembnre 1915, écrit par l’écrivain Henri LAVEDAN, auteur des « Grandes Heures » de l’Illustration pendant la grande guerre :


LES GRANDES HEURES - LE COLONEL PORTE DRAPEAU

L'émouvante photographie par laquelle L'IlIustration du 20 novembre nous montrait le colonel Desgrées du Loû, le drapeau à la main, entraînant son régiment à l'assaut, quelques minutes avant de tomber mortellement frappé, est encore présente aux yeux et à la pensée de tous. Mais on n'ait pu alors que relater ¬en peu de mots l'admirable fin de cet officier ; aussi n'est il pas trop tard pour rendre aujourd'hui à sa mémoire, avec plus d'ampleur, le reconnaissant hommage qui lui est dû.
Des renseignements puisés à bonne source et fournis par des témoins permettent de reconstituer, presque sans interruption, dans leur sim¬plicité militaire, les dernières heures et l'acte héroïque de ce chef intrépide.
* *
*
Le 24 septembre, au soir, le colonel Desgrées du Loû, commandant le 65e d'infanterie, est en train de lire, allongé sur une couchette, dans son abri creusé en tranchée à 100 mètres des premières lignes, quand on lui annonce le téléphoniste chargé d'assurer, pendant la prochaine attaque, sa liaison avec un groupe d'artillerie de campagne. Il le reçoit aussitôt et, une fois renseigné sur le but de sa visite, il lui donne rendez vous pour le lendemain matin à 6 h. 1/'2. Quand ce dernier le rejoint, le lendemain à l'heure dite, il le trouve aussi maître de lui qu'il l'avait laissé la veille, et distribuant ses ordres avec un calme parfait. À 7 h. 1/2, le commandant Godat, dont ce jour doit être aussi le dernier, vient au poste de commandement rendre compte au colonel de certaines choses urgentes, et, si,je rappelle à dessein les allées et venues, les, entretiens de métier courant de ce 25 septembre, c'est qu'ils revêtent, après la mort de ceux qui en ont été jusqu'au bout les tranquilles et consciencieux personnages, un aspect particulièrement profond d'importance morale et d'humble beauté.
Vers 8 h. 1/2, le téléphoniste étant revenu aviser le colonel de plusieurs points qui étaient de son ressort, celui ci lui donne de nouveaux ordres, et il ajoute: « Je veux voir tout mon régiment défiler devant moi. L"attaque est pour 9 h, je serai donc en première ligne à 9 heures. Restez ici, vous me rejoindrez derrière le bataillon de queue. »
Et tout de suite il se met en tenue. Il portait une grande capote bleue de troupe, sans signes apparents de grade d'officier, avec la seule croix de guerre épinglée sur la poitrine ; en plus, son revolver et un havresac contenant des objets personnels. Il se coiffe de son casque, pareil à ceux des soldats, assujettit la jugulaire sous le menton, puis il vient dans un autre abri où se préparaient également son adjoint, le capitaine de Costa, et le porte drapeau sous lieutenant Lebert. Là, il s'assoit sur les marches de l’escalier qui donnait à l'extérieur, quelques secondes à peine, car le moment approche... L'aiguille est tout près de marquer aux montres 9 h.4. Le colonel se lève, il prend des mains du sous lieutenant le drapeau, et monte sur la piste de départ, bien en vue de l'ennemi, à niveau même du terrain déjà balayé par la mitraille,... superbe mouvement de courage, instinctif et réfléchi, destiné, dans l'esprit du chef, à doubler l'élan des soldats en leur montrant la voie. Ce geste ne sera t il pas fixé pour l’histoire? Va t il fondre, s'amollir, se perdre, sans laisser sur l'écran de la guerre sa trace nette et hardie, authentique, officielle? Non. Il est si éloquent et si généreux, d'un symbolisme si pur, qu'un sergent, à quelques pas, avec un petit appareil, le prend, le happe, au vol, au jugé... Le joli sang froid! Quel heureux à propos!.... Tout marche ensemble dans une harmonie logique et sublime... La main de l'un brandit l'étendard, celle de l'autre braque 1'objectif ; et aucune ne tremble. Mais le colonel, au moment où est lâché le déclic, tourne. la tête. On ne v erra pas son visage. Le sait il ? Non. Il ne dit rien. Il ne se doute même pu qu'un de ses sous oïficiers, à cette seconde, inscrit, pour l’avenir, son dernier « mouvement », le plus beau de tous ceux qu'il aura faits sur la terre. Il restera donc désormais le visage détourné de nous, des vivants, dans la stoïque attitude du renoncement volontaire et du sacrifice accepté. On saura que c'est 1ui, on le reconnaîtra, mais ses traits nous échapperont, depuis cet instant où, par une modestie inconsciente et mystérieuse, il avait déjà cessé de nous regarder... Et c'est beaucoup mieux ainsi.

Debout, tout droit, sur la tranchée, le colonel Desgrées du Loû demeure immobile, en tenant le drapeau, un drapeau strict et rigoureux, roulé autour de sa hampe et comme sanglé pour la lutte et les corps à corps. Il flottera plus tard. Planté lui même en terre, le vaillant officier ne bronche pas, il ne voit que le but à atteindre, il le désigne en le fixant. Les balles, sifflant par centaines, le provoquent sans l'émouvoir ; et ceux de la garde du drapeau sont tassés à ses pieds, plus bas que lui, moins par précaution que par déférence, pour ne pas le masquer, et afin de laisser au contraire à l'attitude du chef toute la liberté de son envergure.

Cinq minutes, cinq longues minutes, il resta là, dressant haut l'emblème inviolé sur lequel pleuvait le feu attiré par le fer de lance, ainsi que la foudre qui se jette, excitée, à la pointe des paratonnerres. Pendant ce temps les « vagues » passaient, déferlaient ; les hommes couraient à l'assaut précédés et emmenés par les baïonnettes,. poussant à plein coeur avant même d'avoir vu le colonel et tout à coup rebondissant, galvanisés, dès qu'ils l'apercevaient... Au fur et à mesure que, par grappes, par trombes, ou un par un ils arrivaient à son niveau, ils attrapaient en passant le plus qu'îls pouvaient de son geste, de son regard, du fluide et de l’'exhortation de toute sa personne et ils l’emportaient avec une ardeur farouche et magnifique, électrisés à distance, réchauffés d’avoir traversé la zone des trois couleurs invisibles et repliées, mais dont l'éclat toujours présent leur mettait aux yeux des lueurs de victoire. Sans dévier ils « inclinaient » pourtant un peu vers « le père du régiment », ils le, frôlaient, ils auraient tous voulu le toucher au passage, ris¬quer un bout de phrase, un mot,... lui prouver, dans l'élan de leurs muscles et de leur pensée, qu'ils le comprenaient, et qu'ils étaient avec lui, comme lui avec eux... la même chose... et ils ne trouvaient rien à dire, si rapide, si torrentueuse était la ruée qui les entraînait,. ah.! le temps, la minute, la seconde ne permettaient pas le moindre arrêt, la plus petite causette... il fallait aller... aller... Quelques uns néanmoins ne pouvaient retenir un juron, un hurlement, une clameur d'admiration, de joie, de tendresse guerrière... un cri de soldat comme ils n'en avaient jamais poussé et dans lequel ils savaient mettre et mêler, sans les confondre, toute leur fureur et tout leur amour. Un d'eux, perdu d'émotion, avait pris la main de son chef... il n'avait pas pu ' s'empêcher... et il la secouait, criant: « Oh! mon colonel! mon colonel!... » d’une voix étranglée, comme quand on va pleu¬rer et qu'on ne veut pas.
Lui, cependant, recevait avec un indicible bonheur cette rafale de sentiments qui ne l'ébranlait pas plus que l'autre, celle de la bataille. Roidi contre toute faiblesse, il prononçait par instants: « Ah! les braves!... les braves!... »
Enfin, pris bientôt et entraîné à son tour, content d'avoir vu son régiment bien parti: « Allons v maintenant, crie t il à ceux de son groupe. En avant ! Vive la France! » Il franchit la zone neutre sous les rafales d'obus et fonce sur la première tranchée allemande dont il se rapproche de plus en plus, suivi des braves qui l’entouraient et ne le quittent pas. Il y touche, quand, à cinq mètres, une décharge de mitrailleuse à bout portant, faite par l'ennemi qui se repliait en abandonnant ses positions, vient le faucher lui et les siens. Il tombe face contre terre... Le capitaine adjoint s'abat sur le rebord de la tranchée, tandis qu'au fond de celle ci roule le lieutenant porte drapeau, la prenant, la conquérant de ses forces inanimées à la minute où il expire ; ... quatre sapeurs sont aussi mitraillés... Un cri déchirant retentit en même temps dans le vacarme affreux : « Mon colonel est mort! Je vais le sauver! » C'est le soldat Fortin, son ordonnance, qui l'a poussé, affolé de rage et de douleur. Mais comme il se précipite, il chancelle, massacré près de son chef aux pieds duquel il s'étend, avec fidélité. Alors un cycliste et l'ordonnance du capitaine qui ont échappé à la mort bondissent, ramassent le drapeau et se replient sur nos lignes, car les Allemands pour s'en emparer surgissent aux angles de la tranchée... C'est fini. La position est prise. L'avance est obtenue, la bataille gagnée, le drapeau sauvé... Mais le chef exemplaire et les vaillants qui formaient sa garde ont payé de leur vie ces cruels succès.
La glorieuse conduite du colonel a été hono¬rée par la citation suivante à l'ordre de l'ar¬mée: Colonel Desgrées du Loû, commandant le 65e régiment d'infanterie, chef de corps d'un magnifique courage. Déjà blessé au cours de la campagne, était revenu, incomplètement guéri,sur le front. A vaillamment succombé, au pre¬mier rang, en entraînant son régiment à l'as¬saut d'une position ennemie garnie de fils de fer. 25 septembre 1915.
Quelle plus large oraison funèbre que ces lignes dans leur poignante sécheresse ! Elles font penser et admirer pendant des heures... Notre esprit remué les développe, les creuse, et puis rêve longuement sur elles...
Courbés et grandis à la fois dans leur fière douleur, la veuve et les enfants du héros peuvent aujourd'hui contempler avec orgueil sa dernière image, Ils la reçurent après sa mort quand elle leur fut envoyée par le sergent qui l'avait fixée en pleine bataille, à l’instant radieux et définitif. En regardant l'époux et le père aimé qui, tout au drapeau, ne les regarde plus ici bas, ils répètent les lignes admirables qu'il écrivit peu de temps avant son dernier départ. Testament d'une âme sainte, achevée, anxieuse de perfection: « Combien ne faut il pas prier pour qu'à ce moment suprême rien ne vienne troubler votre conscience! On sent alors que rien ne compte plus que Dieu. Suis-je prêt? Si on l'est, la mort n'est rien. Malgré les regrets, quels que soient les êtres chers que l'on abandonne, on se dit que l'honneur est engagé, que le devoir français vous oblige et que Dieu n'admet pu que l'on se refuse à son accomplissement.
Henri LAVEDAN.
(L’Illustration, 11 décembre 1915)



Photo du Colonel Desgrées du Loû (sur la même bobine que la photo de couverture de l’Illustration, prise le matin de la mort du Commandant le 65e d’Infanterie. Le colonel avait fait dire une messe
à environ six heures du matin, avant l’assaut, après s’être adressé à son Régiment (de dos, à droite de l’aumônier)







Récit du capitaine de Corta, adjoint du Chef de Corps du 65e R.I. :




Récit du cycliste Maurice Aubin :








Photo du Colonel Xavier Desgrées du Loû, prise par le sergent Charreau
Photo sur la même bobine de l’Illustration :





Lettre adressée par un ennemi allemand présent lors de la mort du
colonel Desgrées dyu Loû, en 1920 :













Rapport sur la mort du colonel Desgrées du Loû
(Musée du Souvenir de Saint-Cyr-Coëtquidan) :







Extrait du journal « L’Ouest-Eclair »,(aujourd’hui « Ouest-France »)
reproduisant avec autorisation
l’article paru dans « L’Illustration »









Memento édité après la mort du colonel Desgrées du Loû
(fin 1915)



Dernière lettre du colonel DdL à son frère Emmanuel
Quelques jours avant sa mort :




Voici donc, chers amis, ce que je vous avais promis. J’ai été un peu long peut-être, mais je ne me sens pas propriétaire de tous ces éléments, me devant de vous les faires partager, pour faire en sorte qu’ils servent à l’Histoire, la véritable histoire de ces héros, en vous faisant, avec grand plaisir, partager des souvenirs qui vous intéressent…

Bien à vous.

Yves Desgrées du Loû

[email protected]






Puis-je profiter de cette circonstance pour ajouter à ces documents la mémoire de son seul fils, Jacques, mort dans les mêmes circonstances que son père, à la tête de sa Compagnie, à Semeïd (Syrie),, à l’âge de 27 ans ,le 8 nàvembre 1926 :










Yves Desgrées du Loû
Yves Desgrees du Lou
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Inscription : jeu. juil. 05, 2007 2:00 am

Re: A propos du Colonel Xavier Desgrées du Loû, Cdt le 65e RI (+1915)

Message par Yves Desgrees du Lou »

Tout d’abord merci aux nombreux internautes qui ont si rapidement répondu à mon message du 5 juillet. Merci à Stéphane pour le lien internet qu’il m’a communiqué. Merci à Annie, à Sophie, à Mireille , au « ch’ti » Alain, à Renaud et à Gérard, au Vannetais Jean-Yves, à Joël, Henri, à tous ceux qui m’accueillent aimablement dans leur tranchée…
Merci aussi à Pierre le sceptique pour son analyse critique que je vais me faire un plaisir de contredire… Voulant en premier lieu lui indiquer qu’il ne s’agit pas ici de réhabiliter la mémoire de mon grand-oncle, le Colonel Desgrées du Loû, qui n’en a évidemment nul besoin. Il s’agit pour moi simplement de couper court à une polémique, inutile à mes yeux parce que née d’une supposition, pure invention de l’auteur d’un article mettant gratuitement en doute l’authenticité d’une photo devenue célèbre.
Pour ne pas être trop long, je ne donnerai ici que quelques éléments de réponse :
1. Contrairement à une autre légende, les appareils photos n’étaient pas interdits sur le front. De nombreux appelés étaient correspondants de « L’Illustration » : la société leur confiait un appareil Kodak américain « VestPocket » à petit soufflet, comme son nom l’indique de très petite taille, très peu encombrant. J’en possède un que j’ai conservé en souvenir.
2. A la fin de l’année 1958, j’ai eu le plaisir de rencontrer M. Baschet que j’avais été voir rue Saint-Georges à Paris, descendant des responsables de la revue et conservateur de la magnifique collection de clichés. M. Baschet m’a alors montré la pellicule originale où se trouvait non seulement celle de la couverture de novembre 1915, mais, de la même bobine, une photo du colonel dans sa tranchée, et une photo de la messe dite le matin même de sa mort où on voit le colonel agenouillé, de dos. M. Baschet m’a d’ailleurs offert un tirage agrandi d’après l’original, photo que j’ai précieusement conservée, plus nette encore que la reproduction de l’Illustration. Je ferai suivre ces autres photos à la suite de cette note avec d’autres documents.
3. S’il s’était agi d’une photo reconstituée, il n’y a pas de doute que plusieurs clichés auraient été pris durant une « reconstitution » pratiquement impossible à réaliser sur le front…
4. Plus important encore : comment la famille du colonel, son épouse qui lui a survécu plus de quarante ans, son frère, son fils et sa fille, la famille du sous-lieutenant Lebert, reconnaissable su la photo, qui fut tué pratiquement au même moment, celle de l’officier (barbu) reconnaissable du premier plan (que je crois être l’aumônier, également tué), n’ont-ils jamais eu de doute quant à l’identité de leurs si proches ? S’il s’était agi d’une « reconstitution », il est difficile d’imaginer une scène macabre au cours de laquelle on aurait « relevé les morts », ou même un « montage » de têtes, impossible à réaliser à cette époque sans laisser de traces…
5. Le personnage visible à gauche est le capitaine de Corta, adjoint du colonel, blessé ce même matin, mais qui a survécu, mort plus tard au Champ d’Honneur, en septembre 1932, au Tonkin. Il est plus que douteux que l’adjoint du colonel Desgrées du Loû auquel il était très lié se soit prêté à une telle supposée reconstitution…
6. Plus tard, le photographe, le sergent Charreau, était venu rendre visite à la veuve du colonel, lui disant que cette belle photo était un « coup de la chance », prise très rapidement comme c’était le cas dans de telles circonstances. Elle n’eut jamais de doute sur cette image prise sur le vif.

Après ces réponses nées de la polémique, voici les documents que certains d’entre vous réclament, et qui permettront j’espère à Mireille de ne plus piaffer d’impatience, et à Jean-Yves le Vannetais pour lui dire qu’à Nantes aussi, une rue porte le nom du colonel ainsi qu’un quartier militaire :
[img]






Photo du Colonel Desgrées du Loû
extraite de son livert matricule




Insigne du Colonel Desgrées du Loû
65e R.I.








En Capitaine (1892)

Le Colonel Desgrées du Loû (1915)








L’article paru dans l’Illustration du 11 fdécembnre 1915, écrit par l’écrivain Henri LAVEDAN, auteur des « Grandes Heures » de l’Illustration pendant la grande guerre :


LES GRANDES HEURES - LE COLONEL PORTE DRAPEAU

L'émouvante photographie par laquelle L'IlIustration du 20 novembre nous montrait le colonel Desgrées du Loû, le drapeau à la main, entraînant son régiment à l'assaut, quelques minutes avant de tomber mortellement frappé, est encore présente aux yeux et à la pensée de tous. Mais on n'ait pu alors que relater ¬en peu de mots l'admirable fin de cet officier ; aussi n'est il pas trop tard pour rendre aujourd'hui à sa mémoire, avec plus d'ampleur, le reconnaissant hommage qui lui est dû.
Des renseignements puisés à bonne source et fournis par des témoins permettent de reconstituer, presque sans interruption, dans leur sim¬plicité militaire, les dernières heures et l'acte héroïque de ce chef intrépide.
* *
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Le 24 septembre, au soir, le colonel Desgrées du Loû, commandant le 65e d'infanterie, est en train de lire, allongé sur une couchette, dans son abri creusé en tranchée à 100 mètres des premières lignes, quand on lui annonce le téléphoniste chargé d'assurer, pendant la prochaine attaque, sa liaison avec un groupe d'artillerie de campagne. Il le reçoit aussitôt et, une fois renseigné sur le but de sa visite, il lui donne rendez vous pour le lendemain matin à 6 h. 1/'2. Quand ce dernier le rejoint, le lendemain à l'heure dite, il le trouve aussi maître de lui qu'il l'avait laissé la veille, et distribuant ses ordres avec un calme parfait. À 7 h. 1/2, le commandant Godat, dont ce jour doit être aussi le dernier, vient au poste de commandement rendre compte au colonel de certaines choses urgentes, et, si,je rappelle à dessein les allées et venues, les, entretiens de métier courant de ce 25 septembre, c'est qu'ils revêtent, après la mort de ceux qui en ont été jusqu'au bout les tranquilles et consciencieux personnages, un aspect particulièrement profond d'importance morale et d'humble beauté.
Vers 8 h. 1/2, le téléphoniste étant revenu aviser le colonel de plusieurs points qui étaient de son ressort, celui ci lui donne de nouveaux ordres, et il ajoute: « Je veux voir tout mon régiment défiler devant moi. L"attaque est pour 9 h, je serai donc en première ligne à 9 heures. Restez ici, vous me rejoindrez derrière le bataillon de queue. »
Et tout de suite il se met en tenue. Il portait une grande capote bleue de troupe, sans signes apparents de grade d'officier, avec la seule croix de guerre épinglée sur la poitrine ; en plus, son revolver et un havresac contenant des objets personnels. Il se coiffe de son casque, pareil à ceux des soldats, assujettit la jugulaire sous le menton, puis il vient dans un autre abri où se préparaient également son adjoint, le capitaine de Costa, et le porte drapeau sous lieutenant Lebert. Là, il s'assoit sur les marches de l’escalier qui donnait à l'extérieur, quelques secondes à peine, car le moment approche... L'aiguille est tout près de marquer aux montres 9 h.4. Le colonel se lève, il prend des mains du sous lieutenant le drapeau, et monte sur la piste de départ, bien en vue de l'ennemi, à niveau même du terrain déjà balayé par la mitraille,... superbe mouvement de courage, instinctif et réfléchi, destiné, dans l'esprit du chef, à doubler l'élan des soldats en leur montrant la voie. Ce geste ne sera t il pas fixé pour l’histoire? Va t il fondre, s'amollir, se perdre, sans laisser sur l'écran de la guerre sa trace nette et hardie, authentique, officielle? Non. Il est si éloquent et si généreux, d'un symbolisme si pur, qu'un sergent, à quelques pas, avec un petit appareil, le prend, le happe, au vol, au jugé... Le joli sang froid! Quel heureux à propos!.... Tout marche ensemble dans une harmonie logique et sublime... La main de l'un brandit l'étendard, celle de l'autre braque 1'objectif ; et aucune ne tremble. Mais le colonel, au moment où est lâché le déclic, tourne. la tête. On ne v erra pas son visage. Le sait il ? Non. Il ne dit rien. Il ne se doute même pu qu'un de ses sous oïficiers, à cette seconde, inscrit, pour l’avenir, son dernier « mouvement », le plus beau de tous ceux qu'il aura faits sur la terre. Il restera donc désormais le visage détourné de nous, des vivants, dans la stoïque attitude du renoncement volontaire et du sacrifice accepté. On saura que c'est 1ui, on le reconnaîtra, mais ses traits nous échapperont, depuis cet instant où, par une modestie inconsciente et mystérieuse, il avait déjà cessé de nous regarder... Et c'est beaucoup mieux ainsi.

Debout, tout droit, sur la tranchée, le colonel Desgrées du Loû demeure immobile, en tenant le drapeau, un drapeau strict et rigoureux, roulé autour de sa hampe et comme sanglé pour la lutte et les corps à corps. Il flottera plus tard. Planté lui même en terre, le vaillant officier ne bronche pas, il ne voit que le but à atteindre, il le désigne en le fixant. Les balles, sifflant par centaines, le provoquent sans l'émouvoir ; et ceux de la garde du drapeau sont tassés à ses pieds, plus bas que lui, moins par précaution que par déférence, pour ne pas le masquer, et afin de laisser au contraire à l'attitude du chef toute la liberté de son envergure.

Cinq minutes, cinq longues minutes, il resta là, dressant haut l'emblème inviolé sur lequel pleuvait le feu attiré par le fer de lance, ainsi que la foudre qui se jette, excitée, à la pointe des paratonnerres. Pendant ce temps les « vagues » passaient, déferlaient ; les hommes couraient à l'assaut précédés et emmenés par les baïonnettes,. poussant à plein coeur avant même d'avoir vu le colonel et tout à coup rebondissant, galvanisés, dès qu'ils l'apercevaient... Au fur et à mesure que, par grappes, par trombes, ou un par un ils arrivaient à son niveau, ils attrapaient en passant le plus qu'îls pouvaient de son geste, de son regard, du fluide et de l’'exhortation de toute sa personne et ils l’emportaient avec une ardeur farouche et magnifique, électrisés à distance, réchauffés d’avoir traversé la zone des trois couleurs invisibles et repliées, mais dont l'éclat toujours présent leur mettait aux yeux des lueurs de victoire. Sans dévier ils « inclinaient » pourtant un peu vers « le père du régiment », ils le, frôlaient, ils auraient tous voulu le toucher au passage, ris¬quer un bout de phrase, un mot,... lui prouver, dans l'élan de leurs muscles et de leur pensée, qu'ils le comprenaient, et qu'ils étaient avec lui, comme lui avec eux... la même chose... et ils ne trouvaient rien à dire, si rapide, si torrentueuse était la ruée qui les entraînait,. ah.! le temps, la minute, la seconde ne permettaient pas le moindre arrêt, la plus petite causette... il fallait aller... aller... Quelques uns néanmoins ne pouvaient retenir un juron, un hurlement, une clameur d'admiration, de joie, de tendresse guerrière... un cri de soldat comme ils n'en avaient jamais poussé et dans lequel ils savaient mettre et mêler, sans les confondre, toute leur fureur et tout leur amour. Un d'eux, perdu d'émotion, avait pris la main de son chef... il n'avait pas pu ' s'empêcher... et il la secouait, criant: « Oh! mon colonel! mon colonel!... » d’une voix étranglée, comme quand on va pleu¬rer et qu'on ne veut pas.
Lui, cependant, recevait avec un indicible bonheur cette rafale de sentiments qui ne l'ébranlait pas plus que l'autre, celle de la bataille. Roidi contre toute faiblesse, il prononçait par instants: « Ah! les braves!... les braves!... »
Enfin, pris bientôt et entraîné à son tour, content d'avoir vu son régiment bien parti: « Allons v maintenant, crie t il à ceux de son groupe. En avant ! Vive la France! » Il franchit la zone neutre sous les rafales d'obus et fonce sur la première tranchée allemande dont il se rapproche de plus en plus, suivi des braves qui l’entouraient et ne le quittent pas. Il y touche, quand, à cinq mètres, une décharge de mitrailleuse à bout portant, faite par l'ennemi qui se repliait en abandonnant ses positions, vient le faucher lui et les siens. Il tombe face contre terre... Le capitaine adjoint s'abat sur le rebord de la tranchée, tandis qu'au fond de celle ci roule le lieutenant porte drapeau, la prenant, la conquérant de ses forces inanimées à la minute où il expire ; ... quatre sapeurs sont aussi mitraillés... Un cri déchirant retentit en même temps dans le vacarme affreux : « Mon colonel est mort! Je vais le sauver! » C'est le soldat Fortin, son ordonnance, qui l'a poussé, affolé de rage et de douleur. Mais comme il se précipite, il chancelle, massacré près de son chef aux pieds duquel il s'étend, avec fidélité. Alors un cycliste et l'ordonnance du capitaine qui ont échappé à la mort bondissent, ramassent le drapeau et se replient sur nos lignes, car les Allemands pour s'en emparer surgissent aux angles de la tranchée... C'est fini. La position est prise. L'avance est obtenue, la bataille gagnée, le drapeau sauvé... Mais le chef exemplaire et les vaillants qui formaient sa garde ont payé de leur vie ces cruels succès.
La glorieuse conduite du colonel a été hono¬rée par la citation suivante à l'ordre de l'ar¬mée: Colonel Desgrées du Loû, commandant le 65e régiment d'infanterie, chef de corps d'un magnifique courage. Déjà blessé au cours de la campagne, était revenu, incomplètement guéri,sur le front. A vaillamment succombé, au pre¬mier rang, en entraînant son régiment à l'as¬saut d'une position ennemie garnie de fils de fer. 25 septembre 1915.
Quelle plus large oraison funèbre que ces lignes dans leur poignante sécheresse ! Elles font penser et admirer pendant des heures... Notre esprit remué les développe, les creuse, et puis rêve longuement sur elles...
Courbés et grandis à la fois dans leur fière douleur, la veuve et les enfants du héros peuvent aujourd'hui contempler avec orgueil sa dernière image, Ils la reçurent après sa mort quand elle leur fut envoyée par le sergent qui l'avait fixée en pleine bataille, à l’instant radieux et définitif. En regardant l'époux et le père aimé qui, tout au drapeau, ne les regarde plus ici bas, ils répètent les lignes admirables qu'il écrivit peu de temps avant son dernier départ. Testament d'une âme sainte, achevée, anxieuse de perfection: « Combien ne faut il pas prier pour qu'à ce moment suprême rien ne vienne troubler votre conscience! On sent alors que rien ne compte plus que Dieu. Suis-je prêt? Si on l'est, la mort n'est rien. Malgré les regrets, quels que soient les êtres chers que l'on abandonne, on se dit que l'honneur est engagé, que le devoir français vous oblige et que Dieu n'admet pu que l'on se refuse à son accomplissement.
Henri LAVEDAN.
(L’Illustration, 11 décembre 1915)



Photo du Colonel Desgrées du Loû (sur la même bobine que la photo de couverture de l’Illustration, prise le matin de la mort du Commandant le 65e d’Infanterie. Le colonel avait fait dire une messe
à environ six heures du matin, avant l’assaut, après s’être adressé à son Régiment (de dos, à droite de l’aumônier)







Récit du capitaine de Corta, adjoint du Chef de Corps du 65e R.I. :




Récit du cycliste Maurice Aubin :








Photo du Colonel Xavier Desgrées du Loû, prise par le sergent Charreau
Photo sur la même bobine de l’Illustration :





Lettre adressée par un ennemi allemand présent lors de la mort du
colonel Desgrées dyu Loû, en 1920 :













Rapport sur la mort du colonel Desgrées du Loû
(Musée du Souvenir de Saint-Cyr-Coëtquidan) :







Extrait du journal « L’Ouest-Eclair »,(aujourd’hui « Ouest-France »)
reproduisant avec autorisation
l’article paru dans « L’Illustration »









Memento édité après la mort du colonel Desgrées du Loû
(fin 1915)



Dernière lettre du colonel DdL à son frère Emmanuel
Quelques jours avant sa mort :




Voici donc, chers amis, ce que je vous avais promis. J’ai été un peu long peut-être, mais je ne me sens pas propriétaire de tous ces éléments, me devant de vous les faires partager, pour faire en sorte qu’ils servent à l’Histoire, la véritable histoire de ces héros, en vous faisant, avec grand plaisir, partager des souvenirs qui vous intéressent…

Bien à vous.

Yves Desgrées du Loû

[email protected]






Puis-je profiter de cette circonstance pour ajouter à ces documents la mémoire de son seul fils, Jacques, mort dans les mêmes circonstances que son père, à la tête de sa Compagnie, à Semeïd (Syrie),, à l’âge de 27 ans ,le 8 nàvembre 1926 :










Yves Desgrées du Loû
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Re: A propos du Colonel Xavier Desgrées du Loû, Cdt le 65e RI (+1915)

Message par Yves Desgrees du Lou »

Désolé pour les documents qui ne passent pas... Peut-être trop lourdes en numérique ? Je vais tenter de remédier à ce problème... YDdL
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Re: A propos du Colonel Xavier Desgrées du Loû, Cdt le 65e RI (+1915)

Message par Yves Desgrees du Lou »

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Stephan @gosto
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Re: A propos du Colonel Xavier Desgrées du Loû, Cdt le 65e RI (+1915)

Message par Stephan @gosto »

Bonjour !

Yves, un très grand merci pour cet ensemble de documents !

Comme il semble que certaines images ne soient pas passées, je vous ai envoyé un message perso afin de vous proposer d'héberger et de mettre en ligne ces images que vous souhaitiez partager ici.

Amicalement,

Stéphan
ICI > LE 74e R.I.
Actuellement : Le Gardien de la Flamme

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los
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Re: A propos du Colonel Xavier Desgrées du Loû, Cdt le 65e RI (+1915)

Message par los »

Bonjour
Un grand merci également pour ces documents.
Amicalement
Sophie :hello:
Recherches sur le 19eme RI, le 219e RI et le 50eme RA.
Mes deux sites: http://19emeri.canalblog.com/ et http://219eri.e-monsite.com/
Yves Desgrees du Lou
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Re: A propos du Colonel Xavier Desgrées du Loû, Cdt le 65e RI (+1915)

Message par Yves Desgrees du Lou »

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Jean-Claude Poncet
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Re: A propos du Colonel Xavier Desgrées du Loû, Cdt le 65e RI (+1915)

Message par Jean-Claude Poncet »

Bonsoir Yves,
Bonsoir tout l’monde,
Merci pour cette magnifique documentation concernant le colonel Desgrées-du-Lou.
Je ne suis pas surpris par vos apports car les appareils photos étaient largement utilisés malgré les interdictions officielles. Les Artilleurs bien sûr en faisaient beaucoup usage, les officiers en dépôt divisionnaire également lorsque ceux-ci seront créés. Cela était déjà le fait d’officiers, sous-officiers et même de soldats.
Les fantassins ne s'en privaient justement pas lors des assauts. Mais c'est tout de même rare.
Je regarde souvent les photos publiées provenant des clichés faits par le lieutenant Humbert, le fils du général, plus tard général lui-même.
Il les a faites lui-même avec son West-Pocket-Kodak. Cet appareil est visible sur des sites.
Il existait d’ailleurs un modèle quasi identique mais un peu plus grand, dans son étui il mesure 220X100X45 en mm. Il est Eastman Kodak également.
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Voici un écrit du (alors) lieutenant Humbert concernant l’attaque du 9 mai 1915 devant Souchez :
« Au Cabaret Rouge ! Le voilà, tout près, au bord de la route de Béthune. C’est une maison blanche au toit de tuiles, déjà quelque peu détériorée. Une ligne s'est reformée. A droite, BROSSAT et DESCHAMPS qui gesticule, son Kodak à la main. Cela me fait penser que j’ai oublié de me servir du mien : il va falloir réparer cela ! »
Cordialement,
Jean-Claude

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