Camp de prisonniers Allemands dans le sud

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Martin
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Re: Camp de prisonniers Allemands dans le sud

Message par Martin »

Bonjour à tous,
Un copain Alsacien qui fait de la généalogie ''est tombé'' sur un de ses aieux prisonnier dans un camp qui aurait été situé sur la commune de Saint Rémy de Provence dans les Bouches du Rhône.
Ma question est: est ce que quelqu'un aurait des infos sur ce camp ? a t il réellement existé ? si oui; ou le localiser sur cette commune ?
Merci pour votre aide.
Bien cordialement.
Yves
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rohmer
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Re: Camp de prisonniers Allemands dans le sud

Message par rohmer »

Bonjour Yves,

Effectivement il semblerait que l'ancien hôpital, où fut interné Van Gogh, situé à proximité des sites antiques de Glanum, ait servi de camp pour des prisonniers.

Ce camp est enregistré au 15 novembre 1915, pour la commune de Saint Rémy de Provence
Ce camp était un dépôt surveillé.

Il est mentionné dans le livre:

"Les alsaciens lorrains internés en France
Besançon 1914 - 1919"

de Jean-louis Pillat edition Do Bentzinger


Bien cordialement

Evelyne et Marc
claude chanteloube
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Re: Camp de prisonniers Allemands dans le sud

Message par claude chanteloube »

Bonjour,

Comme Evelyne et Marc vous le laissent entendre, il y avait des camps dans le sud...mais si je comprends bien il s'agit probablement des "otages" enlevés par nos troupes dans les vallées de Saint Amarin et Massevaux, un nombre assez importants d'hommes d'enfants et de femmes déportés dans le sud de la France et qui ont vécu dans des conditions épouvantables dans des "camps de concentrations" dont le pire était installé à Saint Maximin dans le Var.
Il faut croire que les pratiques romaines de la détention d'otages pour s'assurer de la fidélité des régions occupées étaient encore en cours chez nos grands chefs...Cette idée n'avait pas germé dans la tête des civils. A titre d'information je vous précise que 1500 arrivèrent à Marseille et furent détenues, ça ne s'invente pas, pendant plusieurs semaines, au château d'if et sur l'île du Frioul.
Les mots entre " " sont repris du vocabulaire officiel de l'époque. Saint Rémy de Provence était un camp dont la vocation était de fournir de la main d'oeuvre à bon marché en remplacement des hommes de la région partis au front.


.... Pour les amateurs de lecture, voici à peine romancé, le début de l'opération.....


Quatre heures trente.
Penché sur ses binoculaires, l’officier observe Houppach dont les feux se raniment au loin. Les premières fumées montent, droites, paisibles. Le soleil gagne le versant opposé.
Depuis le dix neuf août, le capitaine Dufournet a reçu l’ordre de s’emparer du bourg le moment venu et d’y maintenir une force armée.
Un civil se tient debout derrière lui.
-«Les vignes rougissent, l’hiver sera froid ! »
-«Qu’est ce que vous dites Schultz ? »
-«Rien ! Je ne dis rien ! »
Schultz est las, il a passé la nuit debout, franchi les lignes à travers bois et il sait qu’il ne reviendra pas avant longtemps dans son village.
Le vingt juin, il a été réactivé par le deuxième bureau français. L’opération qui doit suivre la prise des bourgs et des agglomérations importantes, a été organisée par Dufournet qu’il rencontrait, en secret, dans une maison close de Belfort. Depuis, il attend le déclenchement de la manœuvre d’occupation de la région.
Une liste de personnes francophiles sûres a été dressée. On s’appuiera sur elles. Le carnet noir des germanophiles notoires permettra une rapide mise hors d’état de nuire des opposants.
-«Schultz, les Allemands se doutent-ils de quelque chose ? »
-«Non ! Cette nuit Houppach était désert ».
-«Vos informations ? Fiables ? »
-«Je pense, à quatre vingt pour cent ! »;
Un long silence coula, rompu par le Capitaine.
-«Nous n’avons plus besoin de vous. Disparaissez. Vous êtes affecté comme traducteur à Lyon. Vous vous appelez désormais Meyer. Officiellement vous avez été fait prisonnier ce matin. Ne revenez pas dans la région avant la fin de la guerre. Voici vos papiers. Bonne chance».
Le capitaine Dufournet ne tend pas la main.
Un éclair révèle le triangle gravé sur le couvercle de la montre à répétition qu’il fait sonner à son oreille.
Cinq heures.
Derrière lui, sortant du bois, des cavaliers se rassemblent. Les chevaux piaffent.
D’un signe de tête il appelle un lieutenant.
-«Faites-les taire bon Dieu. Qu’ils tiennent ferme. En colonne double, en silence, suivez l’herbe »
L’ordre, répété, remonte la file qui se dédouble.
-«En avant ! »
De layon en layon, parfois sous le couvert du bois, les cavaliers progressent jusqu’en bordure de route.
-«A terre ! Eclairage. Pas de casque ! »
Trois silhouettes, d’arbre en arbre, de talus en talus, s’avancent jusqu’à l’entrée sud du village. Les coqs chantent. Au fond des étables tintent les seaux à lait. La traite du matin commence.
Le moment a été bien choisi.
-«Même pas un poste de garde. Signale qu’ils peuvent avancer ».
Cinq minutes plus tard, avant-garde déployée, au pas lent des chevaux, le capitaine Dufournet entre dans Houppach endormi, à la tête de son détachement. Sur son passage les volets claquent, dévoilant des visages ahuris. Les Français arrivaient.
Les hommes mettent pied à terre.
Six heures sonnent. Le capitaine Dufournet sort sa belle montre, lève les yeux vers le clocher. Son ordre de marche prévoyait qu’à six heures il prendrait contact avec les autorités civiles. Il est à l’heure.
Du beau travail, pas un coup de feu ! Mais ce que je vais faire maintenant ressemble beaucoup à ce que les Allemands ont fait dans les villages occupés. Y a pas de quoi être fier.
-«Bon ! Maintenant à la Mairie ! »
A la surprise de ses subordonnés, il se dirige sans hésiter vers la demeure du Maire.
Un lieutenant l’accompagne.
-«Vous semblez surpris. Une opération comme celle-ci, ça se prépare ! Remarquez qu’ici, ça ne se passe pas tout à fait comme dans les journaux. Personne ne se montre. Ce n’est pas comme à Mulhouse ou à Thann. L’heure matinale explique peut-être cela. Ces Alsaciens, à mon avis, se trouvaient très bien sans nous. Si trois ou quatre anciens combattants ne viennent pas, tout à l’heure, saluer le drapeau, de quoi aurons-nous l’air ? ».
Il se donna le temps de penser.
Ca m’arrange sans m’arranger que ce vieil homme comprenne le Français. Bah ! Rien ! Je ne vais rien lui dire du tout, simplement qu’il fasse ouvrir la Mairie.

En marche.

Le neuf septembre au matin, des affiches placardées dans la nuit, refroidirent l’enthousiasme tiède des rares habitants qui avaient manifesté leur joie de revenir au sein de la mère patrie.
L’administration militaire provisoire, informait la population, qu’en raison de la situation, certaines personnes seraient déplacées.
Chacun traduisit qu’en prenant des otages, l’armée libérait des locaux qu’elle allait pouvoir occuper, et s’assurait du loyalisme des familles qui restaient sur place.
Toutes s’attendirent à être touchées. Un attroupement se forma devant la Mairie.
Le Capitaine, expliqua que seuls les Français de souche resteraient sur place.
-«Sont considérés comme Français, tous ceux qui l’étaient avant le traité de Francfort de 1872, et ceux nés depuis dont les deux grands parents paternels au moins étaient français en 1872».
Il insista sur grands-parents paternels, fit traduire en Alsacien.
Dans le brouhaha, il poursuivit :
-«Sont exclus de cette mesure les instituteurs, les professeurs, tous les fonctionnaires ayant perçu un salaire de l’Allemagne, les Romanichels, toutes les personnes exerçant un métier ambulant, et ceux dont les noms seront affichés tout à l’heure. Attention, si vous entrez dans la deuxième catégorie, vous devez immédiatement rentrer chez vous. Un délai de trois heures vous est accordé pour préparer quelques effets personnels et un repas froid».
Quatre Dragons dispersèrent, sans violence, les petits groupes qui discutaient.
Le délai écoulé, gendarmes et soldats exécutèrent les consignes. Le curé, bien que ses sentiments fussent connus, échappa à la règle. Comme l’ensemble du clergé alsacien bien choisi par le Vatican, le Père Molder, monarchiste et pro-Viennois, haïssait la République. Les ordres étaient les ordres, le Capitaine s’y soumit, à contrecœur, se disant qu’après tout, le curé serait facile à surveiller sur place.

Tous les «otages», on appelait désormais ainsi les personnes à déplacer, furent rassemblés.
En pleine chaleur, la colonne s’ébranla. Encadrés par des gardes à cheval, hommes, femmes, enfants se traînaient, abattus. Les gendarmes, surpris de ce travail spécial, ne pressaient pas le mouvement.
Madame Hemlinger et son mari se dépensaient, regroupaient les traînards, réconfortaient les enfants. Le couple et les responsables de la Ligue nautique et de la Ligue militaire minimisaient les choses, tentant d’endiguer la panique qui montait.
-«Il y a erreur, on nous laissera rentrer dès que la situation sera éclaircie».
Ceux qui avaient connu l’exode de 70 se taisaient. Carl Hemlinger, l’instituteur, essayait d’obtenir quelques renseignements.
En rase campagne, des camions militaires bâchés attendaient.
Quelques heures plus tard, lorsqu’ils arrivaient à Belfort, deux convois les rejoignirent, l’un venait de Masevaux, l’autre de Saint Amarin.
Dufournet se fit annoncer.
Le Colonel commandant la prison militaire semblait dans un état d’extrême agitation.
-«Capitaine je ne sais pas quels étaient vos ordres et j’ignore encore combien vous et le capitaine Fébure m’amenez d’otages, mais je sais que je ne suis pas en mesure d’accueillir ici de façon décente autant de monde. Des femmes, des enfants ...Pour cette nuit, j’ai fait réquisitionner de la paille et préparer des couvertures...mais cette promiscuité, ces hommes, ces femmes, ces jeunes filles, ensemble...ça ne peut pas durer, ce n’est pas un camp de prisonniers ici. Rien n’est prévu pour les nourrir. Ils n’auront, ce soir, que du pain de guerre de trois jours ».
-«En principe, ils ont emporté un repas froid. Avec le pain, ils s’arrangeront ».
-«Faites tout de suite un nouvel appel, vérifiez vos listes, séparez les hommes, des femmes et des enfants».
Dans la cour, les familles, regroupées, s’organisaient, se juraient de rester ensemble.
L’appel commença, beaucoup ne reconnaissaient pas leur nom, prononcé à la française. Au milieu des enfants, des femmes pleuraient. Les hommes, dociles, un à un, s’alignèrent avant de quitter la cour.
Personne ne comprenait ce qui se préparait. Hemlinger et sa femme questionnaient. Ni les gardiens, ni les Dragons ne savaient répondre.
Ils avaient déjà eu affaire à des insoumis, à des espions, à des prisonniers allemands échappés, à des déserteurs, mais là, face à des civils, des femmes, des enfants, des hommes à qui l’on ne reprochait rien, que pouvaient-ils dire, sinon que cela allait s’arranger, qu’il devait y avoir erreur, que le Colonel n’était pas si mauvais, que ça ne durerait pas. Minuscules paroles, pauvres parcelles d’espoir auxquelles se raccrocher.
La paille répandue dans les locaux exigus, les couvertures dépliées, les femmes parlèrent.
Un sous-lieutenant venu contrôler l’identité d’une vieille dame affirma que des erreurs avaient été commises et qu’on allait relâcher d’autres Français.
Un faible espoir revint. Martha Hemlinger en profita pour calmer les enfants. Elle multipliait les propos apaisants, racontait des histoires.
Cette maîtrise d’elle, qu’elle se découvrait avec surprise, la surprenait, la laissant mal à l’aise. Elle ne ressentait pas d’angoisse et pensait sans inquiétude à Mathilde, sa fille, confiée à ses parents.
Etait-elle inconsciente ?
Elle s’endormit sur cette question.
Au matin, les otages furent à nouveau réunis dans la cour. On appela quelques noms...
Les autres furent informés qu’ils allaient être conduits à la gare. Ils avaient dix minutes pour se préparer.
Vingt quatre heures plus tard le train arrivait à destination.


Cordialement CC



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XSL
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Re: Camp de prisonniers Allemands dans le sud

Message par XSL »

Bonjour à tou(te)s.

J'ai trouvé ces 2 cartes postales anciennes de prisonniers allemands, à Blaye (Gironde) :

Image

et à Pauillac (Gironde aussi) :

Image

A noter que sur la première (française) les gars sont plutôt souriants alors que sur la seconde (allemande), ... Propagande ?

Cordialement.

Xavier
claude chanteloube
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Re: Camp de prisonniers Allemands dans le sud

Message par claude chanteloube »

Bonjour Evelyne, bonjour Marc, Bonjour Eric

Je ne connais pas la localisation cadastrale du camp de Saint Maximin. J'ai eu la chance de pouvoir lire "quelques archives " sur la question.....des otages........
J'ajoute que beaucoup de "gitans" avaient été, aussi, "déportés" en même temps.
Ces pages sont les premières d'une "variation personnelle" sur le thème, que j'avais écrite, il y a bien longtemps, pour montrer à des étudiants comment l'on pouvait passer de l'histoire à l'écriture en "collant" aux documents. Peu de "choses" sont inventées, on y retrouve même quelques "vrais noms propres". Cordialement CC
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mireille salvini
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Re: Camp de prisonniers Allemands dans le sud

Message par mireille salvini »

bonsoir à tous
bonsoir Claude,Eric,Evelyne et Marc

merci pour vos interventions et références de livres sur un sujet qui m'intéresse
beaucoup :jap:

on dit que l'Histoire ne fait que se répéter,mais il est vrai que les pages (très bien) rédigées par Claude m'ont évoquée un souvenir familial qui s'est passé quelques 26 ans plus tard:
c'était à Metz,à nouveau allemande malgré elle en 1940,une petite fille de 8 ans en train de déjeuner avec ses frères et soeurs,des soldats allemands faisant irruption mitraillette au poing,donnant 1 heure à toute la famille pour s'habiller et se préparer....tous expulsés car trop français (père grenoblois,mère vosgienne),direction Lyon,5 ans d'exil...cette petite fille était ma mère
je sais,je suis hors-sujet,c'était juste un apparté
amicalement,
Mireille
claude chanteloube
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Re: Camp de prisonniers Allemands dans le sud

Message par claude chanteloube »

Bonjour Eric,

Non je ne connaissais pas le livre sur les Tziganes alsaciens je vais tenter de me le procurer au plus vite.

Sur les "documents " que j'ai pu avoir en mains les Tziganes sont décrits comme " gitans " ou " romanichels " et il semble qu'ils n'avaient pas droit à un gite couvert....seulement des tentes.........un exemple ancien de discrimination négative.

Avez-vous tenté avec vos élèves ce que j'ai essayé avec des "un peu plus grand" ? ça ne marche pas si mal !!


Cordialement CC
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Martin
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Re: Camp de prisonniers Allemands dans le sud

Message par Martin »

Bonsoir ,
Un grand merci à tous pour le nombre, la qualité et la patiente mise dans vos réponses.
Yves
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Alain Dubois-Choulik
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Re: Camp de prisonniers Allemands dans le sud

Message par Alain Dubois-Choulik »

Surtout si l'on considère que les sacro-saintes instructions officielles m'imposent de les sensibiliser à la "construction par identification", la "construction par rupture", les "interdépendances voulues" et les "interdépendances imposées ou refusées" !
Bonjour;
Eric, tu peux nous le redire en anglais ???? mais je pense que si on est loin de la "victoire" de 18, on est proche de la bataille perdue de 14, mais ce sera long et difficile.......
Solidairement :love:
Alain
Les civils en zone occupée
Ma famille dans la grande guerre
Les Canadiens à Valenciennes
     "Si on vous demande pourquoi nous sommes morts, répondez : parce que nos pères ont menti." R. Kipling
2trico
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Re: Camp de prisonniers Allemands dans le sud

Message par 2trico »

Un témoignage intéressant à découvrir sur :
http//web.mac.com/graff.nicolas
Bonjour à tou(te)s.

J'ai trouvé ces 2 cartes postales anciennes de prisonniers allemands, à Blaye (Gironde) :

http://images.mesdiscussions.net/pages1 ... ye - 2.jpg

et à Pauillac (Gironde aussi) :

http://images.mesdiscussions.net/pages1 ... eloup1.jpg

A noter que sur la première (française) les gars sont plutôt souriants alors que sur la seconde (allemande), ... Propagande ?

Cordialement.

Xavier
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