9 mai 1915, la division Barbot attaque

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grappouille
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Re: 9 mai 1915, la division Barbot attaque

Message par grappouille »

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captailerve
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Re: 9 mai 1915, la division Barbot attaque

Message par captailerve »

Bonsoir,
une question d’importance (ou non ?), les obsèques, de qui ?
Merci?
Patrick
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Bruno Tardy
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Re: 9 mai 1915, la division Barbot attaque

Message par Bruno Tardy »

Bonjour à tous,
Merci à Jean Claude et à Patrick pour ces récits vus du coté Français et Allemand, très instructifs.
Celui de Jean Claude émane d'un officier, et voici celui fait par mon père, simple soldat dans sa lettre du 18 mai à sa mère. Il était pionnier du 159e, détaché à la compagnie 14/13 du 4e Génie.

"Depuis 3 ou 4 jours nous sommes un peu en arrière des lignes dans un chemin creux où nous logeons dans des abris faits avec des branches et de la paille, c'est de là que nous allons en première ligne faire des travaux. Voilà 10 jours que nous n’avons vu des civils et que nous n'avons pu nous laver ni nous changer, aussi sommes nous dégoûtants. D'autre part la nourriture n'est pas toujours trop abondante, aussi je voudrais que vous m'envoyiez, le plus tôt possible, chemise, caleçon, chaussettes, mouchoirs, chocolat et saucisson car il est impossible de trouver quelque chose ici.
Je vais vous raconter à peu près comment s'est passée l'attaque de Dimanche dont les journaux ont donné le compte rendu.
Primitivement, l'attaque devait avoir lieu Samedi, et dès Vendredi nous étions tous prêts, mais le mauvais temps a fait ajourner l'action. Samedi soir, d'après les bruits qui circulaient, il n'y avait plus de doute que l'affaire serait pour le lendemain. Après la soupe je monte mon sac, puis je vais voir les camarades, je fais un tour à l'église où étaient cantonnées 2 compagnies du 159 et un aumônier militaire ( qui a été tué le lendemain ) nous a donné l'absolution générale, et à 8h tout le monde était couché. Le lendemain Dimanche 9 Mai, à 1h du matin réveil en vitesse, on s'habille à la hâte et à 2h nous voilà partis sac au dos pour la direction du bois de Berthonval. Chaque section du génie était avec un régiment, nous les pionniers du 159 avec la 1ère section, étions avec le 159e. A 5h nous étions arrivés en première ligne, où les troupes d'attaque étaient déjà prêtes.
On distribua des sortes d'échelles, faites avec des branches, destinées à servir de pont pour franchir les boyaux, et voici quel était notre rôle. Au moment de l'assaut, nous devions partir après la 1ère compagnie d'attaque, franchir sans s'y arrêter la première ligne boche, disposer nos échelles sur la deuxième ligne afin de permettre aux troupes qui suivaient de la franchir, et là renverser le parapet de coté, faire des créneaux face à l'ennemi, et couper tous les fils pouvant servir de mise à feu pour faire sauter la tranchée.
Ainsi fut fait. A 6h le bombardement commence, et pendant 4h ce fut un bruit épouvantable, toutes les pièces, en nombre considérable, crachaient à la fois. On sentait la terre trembler et l'on aurait dit le tonnerre. A 10h juste, la compagnie d’assaut sort de la tranchée, baïonnette au canon. Immédiatement après nous voilà sortis, et notre échelle, nos outils et le fusil à la main, nous courrons vers les tranchées boches. Quelques coups de fusils nous reçoivent, mais ne font pas trop de victimes, nous franchissons d’un bond la première ligne, et en avant vers la 2e où je m’arrête pour faire le travail qui nous était désigné. Pendant ce temps nos troupes avancent encore, elles s’emparent successivement de la route de Béthune à Arras, vont jusqu’à un chemin creux 500m plus haut, et arrivent même jusqu’à la crête qui domine la plaine ; mais là ils ne sont pas assez nombreux et doivent se replier sur le chemin creux, où ils font une tranchée qui est encore notre première ligne. Il était à peine 11h.
Pendant ce temps, avec mes camarades, je coupe les fils électriques en nombre considérable qui garnissaient la 2e ligne boche, copieusement minée. Puis nous avons visité la tranchée, 2 de mes camarades du génie, un type du 159 et moi, le fusil à la main. Nous visitons les cagnas**, car ces messieurs ont l’habitude, pour ne pas trop souffrir des bombardements, de creuser dans leurs tranchées des tanières à 3 ou 4m au dessous du sol, où ils se réfugient en cas de bombardement, ne laissant que quelques guetteurs dans la tranchée. Quelques uns de ces abris, ceux des officiers, sont très confortables, celui du colonel était tout tapissé avec des cartes postales. Nous avons donc fait la rafle dans une dizaine de ces abris et nous en avons extrait 40 à 50 boches dont plusieurs officiers. Nous les désarmions, et je vous assure que, mon fusil aidant, ils comprenaient fort bien le peu d’allemand que je sais. Ils nous donnaient tout, couteaux, armes, porte monnaie, cigares, etc... et levaient les bras en l’air en criant Kamarad. J’ai visité la cabane d’un officier supérieur où il avait téléphone, lit, et accrochée à un râtelier, j’ai vu une superbe pipe que j’ai fourrée dans ma poche ; malheureusement je l’ai perdue depuis. J’ai désarmé le propriétaire de la maison et ai gardé son revolver, d’ancien modèle avec cartouches à broche, mais je voudrais le conserver quand même car c’est moi qui l’ai pris. J’ai aussi un poignard, je tacherais de vous faire parvenir tout cela si je peux.
Pendant ces visites 2 de mes camarades ont été blessés, et j’ai essuyé un coup de revolver (celui que je possède) mais il m’a manqué. Après avoir débarrassé la tranchée, nous avons suivi le boyau boche et avons été jusqu’à la route de Béthune où nous nous sommes mis de suite à faire des tranchées. Nous avons aussi travaillé toute la nuit en première ligne.
Le lendemain soir lundi, les boches ont essayé une contre attaque. Il s’est produit une petite panique dans un nouveau régiment et nous, qui étions en train de travailler à une sape, avons été entraînés, moi sans équipement ni sac. Nous sommes repartis à l’assaut et j’avais pour toute arme un mousqueton qui ne marchait pas, et mon revolver. Heureusement que la première ligne tenait bon et, le [canon de] 75 aidant, les boches eurent vite fait de réintégrer leurs tranchées. Depuis lors, jusqu’à samedi nous avons logé dans une vieille tranchée où nous avions creusé des trous, et depuis samedi nous voisinons ici en compagnie des poux et attendons vainement d’aller au repos.
Voilà les principaux événements de cette semaine.


Pendant cette attaque un colonel Allemand a été fait prisonnier, je pense que c'est celui dont parle mon père. Je possède encore le revolver.
Bien cordialement
Bruno
grappouille
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Re: 9 mai 1915, la division Barbot attaque

Message par grappouille »

Bonsoir Patrick, bonsoir à tous.

Excusez le retard pour la réponse mais je ne consulte pas tous les jours.
Obsèques de Barbot à Villers Chatel (62).

Cordialement à chacun. Joël.
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