Octave Noir : Les tribulations d'un corps

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Pax et labor 51
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Octave Noir : Les tribulations d'un corps

Message par Pax et labor 51 »

J'ai essayé de retracer les différentes étapes des tribulations du corps d'Octave Noir, identifié par Monte-au-créneau comme étant probablement l'"Inconnu Capitaine au 294ème R.I." de la tombe 1927 à la nécropole de Maurepas dans la Somme, en m'appuyant en particulier sur deux documents trouvés dans les papiers de famille, différents J.M.O. et les fiches Mdh.

Comme je ne suis pas historienne, j'espère que mes recoupements n'ont pas été hasardeux et que je ne me suis pas trompée en ce qui concerne les réalités militaires et historiques.

Merci de rectifier ou de compléter. Toutes vos remarques sont les bienvenues.

La constatation du décès


Octave Noir est mort durant l'assaut le 7 octobre 1916 sur la tranchée Marburg au nord est de Morval dans le Pas-de-Calais. En mai 1917 Xavier, son frère jumeau, reçut enfin la copie du procès-verbal de constatation de décès, après avoir sollicité un de ses amis travaillant au Ministère de la Guerre.

"Ministère de la Guerre, 4 mai 1917

Mon cher Xavier

Mes recherches sur Octave ont donné un premier résultat. J’ai retrouvé aux Archives de la Guerre une pièce dont je t’envoie la copie :

Procès verbal de constatation de décès, parvenue aux Archives le 6 avril 1917.

L’an 1916, 25 octobre, Rozières Maurice Louis, sous-lieutenant de détail au 125e d’infanterie, faisant fonction d’officier d’Etat Civil :

Avons sur (?) le champ de bataille de Morval, Nord Est (Pas de Calais), en présence de Giraudeau Joseph, soldat brancardier, 1re Cie de mitr. du 125e infanterie constaté le décès de

Noir Octave Philippe Louis, capitaine adjudant-major, 5e bataillon, 294e infanterie, trouvé sur le terrain, tranchée de Marburg. N’a pu être inhumé


La copie authentique de cette pièce parviendra sans doute sous peu à la Mairie de Champagne.1
Il en résulte comme tu le vois que le 125e a repris le terrain où était tombé Octave le 25 octobre2, a pu identifier son corps, mais ̶ j’ignore pourquoi ̶ sans doute la proximité de l’ennemi ? ̶ n’a pu lui assurer une sépulture définitive et reconnaissable.
J’ai d’autres enquêtes en cours auprès de prisonniers du 294e en Allemagne. Quand les réponses parviendront (1 mois 1/2, deux mois) je te les ferai savoir, naturellement.
Il y a eu un avis de décès établi par le 294e le 27 octobre 1916, sur un état de pertes 157.04.9, n° 34, que je vais faire rechercher. Peut-être obtiendrai-je d’autres renseignements."

Notes
1 L’avis de décès était d’abord envoyé au maire, qui transmettait ensuite à la famille.
2 Il faut comprendre « le 125ème a repris le terrain le 25 octobre ».

Les fiches Mémoire des hommes

Pour Octave, on trouve quatre fiches différentes (voir documents en pièces jointes).

La fiche O. Noir

Il faut en effet croiser la lettre de l’ami de Xavier avec la fiche de Mémoire des hommes établie au nom de Noir O. Capitaine Adjudant Major au 294ème Infanterie 5ème Bataillon, qui précise qu’il y a eu procès-verbal de décès et signale : Décès constaté le 25 octobre 1916 sur le champ de bataille, Tranchée Marburg, Secteur de Morval Nord est (Pas-de- Calais).
1 Fiche O. Noir.JPG
1 Fiche O. Noir.JPG (368.93 Kio) Consulté 1426 fois
Cependant sur cette fiche l’absence du numéro matricule, du lieu de recrutement et de la classe laisse à penser que le corps n’avait pas sa plaque d’identité (Octave écrit à sa mère qu'il l’avait perdue le mois précédent), et l’indication de la seule initiale pour le prénom suggère que les soldats n’avaient pas trouvé de preuves d’identité plus explicites que peut-être une signature (sur son bréviaire ?) ou le marquage d’un vêtement, effacé ensuite quand le corps fut abandonné sur le champ de bataille.

Notons que selon le J.M.O. du 294ème régiment, Octave est mort à la tête du 4ème bataillon, suppléant au Commandant Terriou blessé et mis hors de combat, alors que le 5ème Bataillon ne monta en première ligne qu’à la nuit du 7 au 8 octobre. La création du 4ème Bataillon ne datait en effet que du 1er juillet 1916, avec l’adjonction d’éléments du 354ème R.I. Mais il est naturel que 17 jours plus tard les choses soient un peu confuses pour les hommes du 125ème, venus ensuite sur le terrain, pas forcément au fait des dernières modifications dans un régiment qui n’était pas le leur.

(Un tampon a été apposé sur la fiche : « Notification individuelle ». Quelle est la signification de cette mention ? En bas à droite on lit « double », écrit au crayon à papier et souligné. Il existait donc un premier exemplaire original ? Était-ce celui qui avait été envoyé au bureau des archives, comme le voulait la procédure ?)

Cette fiche a sans doute été remplie par le 125ème après la constatation du décès le 25 octobre, et envoyée au 294ème régiment, qui établit alors deux jours plus tard, soit le 27 octobre, un avis de décès sur l’état de pertes 157.04.9, n° 34, comme indiqué dans la lettre de l’ami de Xavier.

La fiche « Signalé disparu »
2 Fiche Signalé disparu.JPG
2 Fiche Signalé disparu.JPG (325.75 Kio) Consulté 1426 fois
On trouve sur Mémoire des hommes une autre fiche détaillée pour Octave Noir, remplie en plusieurs fois : sont indiqués le nom, les trois prénoms, le grade et le numéro du régiment, tous exacts. Le même scripteur a mis des points d’interrogation pour le matricule, le lieu de recrutement et la classe, parce qu’il ne les connaissait pas. Il a écrit au-dessus, dans la marge du haut : « Signalé disparu le 7 octobre 1916 à l’est de Morval Somme 157/35-/ ». (Morval est administrativement dans le Pas-de-Calais, mais se situe à la limite du Pas-de Calais et de la Somme.)

Un deuxième scripteur a recouvert les points d’interrogation en écrivant le matricule, le lieu et la classe de recrutement, tous exacts. Il a noté, en partie à la main, en partie au tampon encreur, la date du décès : « du 6 au 10 octobre 1916 », avec un point d’interrogation pour le lieu. La cause est imprimée au tampon encreur : « Tué à l’ennemi ». Les dates du 6 au 10 octobre correspondent à la présence sur le terrain du 294ème régiment, relevé dans la nuit du 9 au 10 octobre par le 32ème R.I.

Cette fiche est donc probablement la fiche remplie au 294ème par le premier scripteur dès le 7 octobre, et complétée par un deuxième scripteur qui avait connaissance de l’avis de constatation de décès établi le 25 octobre par le 125ème.

En bas de la fiche est noté au tampon encreur le numéro de l’état de pertes 157.04.9, et à la main le numéro de liste, n° 34. Cette fiche a été définitivement complétée après la guerre par la notification du Jugement déclaratif de décès rendu le 29 juillet 1921 par le tribunal de Confolens. Cependant la date indiquée, celle du 6 octobre 1916, contredit le texte du Jugement qui fixe la mort d’Octave au 7 octobre, conformément à ce que rapporte le J.M.O. du 294ème. Le copiste s’est-il laissé distraire par les dates indiquées par le deuxième scripteur ?

Fiche Copie « Signalé disparu »
3 Fiche copie Signalé disparu.JPG
3 Fiche copie Signalé disparu.JPG (454.08 Kio) Consulté 1426 fois
La fiche « Signalé disparu » a été recopiée par le secrétaire du 6ème Corps d’Armée, qui l’a complétée en rajoutant le matricule au Corps 0843, qui a repris le détail « à l’est de Morval (Somme) » avec la même erreur sur le département, et qui a choisi pour la date de décès la date limite la plus reculée et la plus logique par rapport à la mention « signalé disparu le 7 octobre 1916 ».

La fiche a été ensuite complétée par un autre scripteur avec la notification du Jugement du 29 juillet 1921, qui ne mentionne pas la date de décès retenue par le tribunal. Le copiste ne s’est sans doute pas rendu compte qu’elle n’était pas la même que celle indiquée au-dessus par le secrétaire du 6ème Corps.

Fiche synthétique
4 Fiche synthétique.JPG
4 Fiche synthétique.JPG (345.67 Kio) Consulté 1426 fois
C’est la fiche la plus récente. Un seul scripteur l’a remplie de bout en bout, après le jugement rendu en 1921 par le Tribunal de Confolens.

Il reproduit la même erreur de date pour le décès que dans la copie « Signalé disparu », en écrivant « 6 octobre 1916 ». Il n’avait sans doute pas la copie du jugement de Confolens sous les yeux, ou alors n’a pas pris la peine de la relire, faisant confiance à son prédécesseur.

Cependant il a choisi pour le lieu du décès la mention beaucoup plus précise, et exacte quant au département, de la fiche « O. Noir » : « sur le champ de bataille, Tranchée Marburg, Secteur de Morval Nord est (Pas-de- Calais). »

Ces deux éléments prouvent qu’il avait sous les yeux la copie de la fiche « Signalé disparu », mais aussi la fiche « O. Noir ». Cette fiche constitue donc une sorte de mise au net des deux autres.

C’est probablement cette fiche à laquelle se sont référés les historiens qui ont établi la liste alphabétique, toutes nationalités confondues, des seuls soldats déclarés morts dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais, liste inscrite sur le fameux Anneau de mémoire édifié pour le centenaire de la Grande Guerre. « Noir Philippe Octave Louis » n’aurait pu y trouver sa place si l’on s’était fié aux autres fiches qui le donnent mort ou disparu dans la Somme.

Le cadavre abandonné

Suite aux informations reçues de son ami, Xavier sollicite le 125ème R.I. (152ème Division du 9ème C.A.) et reçoit cette réponse de l’Officier des Détails / Officier payeur de ce régiment au mois de juillet :

"L’Officier des Détails
125e Régiment d’Infanterie
à Monsieur le Lieutenant Noir
9e Groupe du 87 Régiment d’Artillerie Lourde à Vincennes

Le 17 juillet 1917

Monsieur

En réponse à votre lettre j’ai l’honneur de vous informer que le corps de Mr le Capitaine Noir a été trouvé et fouillé par des militaires de la 3e Compagnie du Corps : par le sergent-fourrier Durbin encore présent et le caporal Toussaint affecté au 176e Régiment d’Infanterie à Béziers « Armée d’Orient ».

Le régiment qui a remplacé le 125e dans le secteur est le 66e Régiment d’Infanterie

Recevez, Monsieur, mes sincères salutations

Chantel… L’Officier Payeur 125ème Régiment d’Infanterie"

L’officier payeur, ou l’officier de détail qui pouvait en tenir lieu, était chargé du paiement de la solde, et c’est donc lui qui signait les avis de décès envoyés aux mairies, qui devait ensuite les transmettre aux familles concernées. Le sergent-fourrier et le caporal (fourrier) étaient chargés de l’intendance et de la comptabilité dans une compagnie. Ce courrier complète les informations données par le procès-verbal de constatation de décès.

Ainsi, 17 jours après sa mort, signalée au 7 octobre par le J.M.O. de son régiment, le corps d’Octave avait été trouvé là où il était tombé, tranchée de Marburg, et fouillé par le sergent-fourrier Durbin et le caporal Toussaint, avant que Maurice Louis Rozières, le sous-lieutenant de détail faisant fonction d’officier d’Etat-Civil au 125ème R.I., établisse le procès-verbal, assisté comme témoin de Joseph Giraudeau, soldat brancardier.

Le corps d’Octave, qui avait été frappé par les balles aux jambes et à la tête, était resté 17 jours dans la boue, sous la pluie et les bombardements incessants, et n’a pu être inhumé le 25 octobre. Ceux qui l’ont fouillé ont dû cependant récupérer ses papiers, voire ses effets personnels.

Pourquoi les soldats qui ont relevé son identité n’ont-ils pu lui donner de sépulture ?

D’après le J.M.O. du 125ème R.I., les 20 et 21 octobre le 1er Bataillon du 125ème avait relevé en première ligne un bataillon du 32ème « Tranchée Cicet, de Marburg et tranchée ébauchée au Nord Est, entre la ligne passant par le point 91.02 – tranchée Cicet et la piste passant par le point 189 », sous les rafales des mitrailleuses allemandes qui sévissaient toujours, solidement installées. Le régiment entreprend le 22 octobre de créer une nouvelle tranchée. Au 25 octobre, il est noté : « Continuation des travaux dans la tranchée avancée et les boyaux de liaison avec l’ancienne ligne. A 9 h 30 bombardement allemand avec du 77 et du 88. Nouveaux bombardements vers 17 h 30 et 21 h… »

Le 1er Bataillon du 125ème se trouvait donc à l’emplacement où le 4ème Bataillon avait combattu et où Octave était tombé On peut penser qu’en menant leurs travaux de terrassement les soldats découvrirent le cadavre d’Octave demeuré là depuis le 7 octobre.

Le sergent Durbin et le caporal Toussaint le trouvèrent et le fouillèrent. Alertés le sous-lieutenant de détail Rozières et le brancardier Giraudeau constatèrent le décès avant d’emporter le corps. C’était hélas aussi la tâche des brancardiers d’évacuer les morts…

Cependant les circonstances étaient difficiles. Non seulement il pleuvait, mais surtout le 125ème subit dès le matin un bombardement allemand, qui reprit en fin d’après-midi vers 17h30. L’abandon du corps d’Octave pourrait donc s’expliquer soit par la pluie qui faisait s’effondrer les tranchées, si bien que la boue aurait pu à nouveau engloutir le cadavre, soit par la menace des obus allemands qui aurait interrompu le transfert du corps vers le poste de secours, à proximité duquel souvent avaient lieu les inhumations.

Les troupes franco-britanniques n’avaient pas beaucoup progressé depuis le 7 octobre, jour de la mort d’Octave, et il fallut encore attendre le 1er novembre pour que le 125ème s’empare enfin du fameux nid de mitrailleuses au point 94.04, dans des conditions épouvantables, car la pluie avait transformé le terrain en bourbier et inondé les tranchées, qui s’éboulaient tellement le terrain est détrempé.
Le 2 novembre le 125ème R.I. est relevé sur le secteur par le 66ème R.I.

Cependant le cadavre d’Octave dormait dans son linceul de boue, méconnaissable et désormais anonyme, avec pour seule marque d’identification son uniforme portant le numéro de son régiment et l’insigne de son grade… S’il y avait une autre marque sur ses vêtements (l’inscription « O. Noir »?), elle fut sans doute déchirée ou délavée par la pluie et la boue.

Les conditions climatiques empirent à partir du 18 novembre, avec une pluie glaciale, de la neige et du blizzard, qui empêchent les offensives prévues. Sur le terrain, c’est la fin de la bataille de la Somme. Les Britanniques abandonnent officiellement le 21 novembre, les Français le 18 décembre.

Que devint le corps d’Octave ?

Consultons d’abord ce qu’écrit Louis Galvaire, l’instituteur et secrétaire de mairie de Morval, qui consigna les événements dans son journal intime, du 26 août 1914 jusqu’au 29 août 1918, et que le site de la mairie de Morval résume ainsi :
« Après le départ des habitants, évacués par les Allemands en juillet 1916, le village de Morval fut bombardé et complètement détruit.
Il fut repris par les Français le 25 septembre 1916 et perdu à nouveau le 1er mars 1918 et reconquis définitivement le 29 août 1918.
Morval ressemblait alors à un désert, plus un pan de mur n’existait, les chemins étaient introuvables au milieu des terres retournées et des innombrables trous d’obus. Plus un arbre n’était debout et les haies étaient tellement hachées qu’il était difficile de retrouver les propriétés de chacun.
En 1919, quelques habitants se décidèrent à visiter les ruines du village, des baraquements furent construits et la résurrection de Morval commença.
En 1920 le retour des habitants continua et le 1er octobre, dans un baraquement élevé sur la place publique, l’école fut ouverte.
En 1921 commença le nivellement des champs. Si bien que trois ans après le terroir de Morval était recultivé. Mais tous les habitants ne revinrent pas. »

Par ailleurs, le sort du lieutenant de réserve au 66ème R.I., Marie Joseph Gaspard Xavier François de Charette de la Contrie, porté disparu aux combats de Sailly-Sallisel le 18 octobre 1916 et dont on retrouva la tombe à Morval plusieurs mois plus tard, donne une indication précieuse : on peut en effet en conclure que les corps ramassés sur le champ de bataille étaient rassemblés dans un cimetière provisoire à Morval, peut-être dans le périmètre du cimetière communal.

Durant les seize mois où les Français occupèrent le terrain, le corps d’Octave a-t-il fini par être ramassé et inhumé à cet endroit, avec pour seule indication « Inconnu Capitaine au 294ème R.I. » ?

C’est l’inscription qui se trouve aujourd’hui sur la tombe n° 1927 au cimetière militaire de Maurepas dans la Somme à quelques kilomètres au sud de Morval.
Selon Wikipédia, ce cimetière fut « créé en 1916, pendant la Bataille de la Somme. De 1921 à 1936, on y regroupe des corps de soldats français exhumés des cimetières provisoires de Maurepas et de Suzanne (Somme) et d'autres lieux du secteur d'Albert (Somme). »

Sur le Forum Pages 14-18, selon Monte-au-créneau dans son message du 25 janvier 2021, la recherche ne donne que 14 occurrences de capitaines au 294ème R.I. mort pour la France, dont 4 seulement sont morts dans la Somme ou dans ses environs :

- Innocent Louis COLOMBANI Mort pour la France le 05-04-1918 (Thory - Somme)
- O... NOIR Décédé le 25-10-1916. MpF. Tranchée Marbourg au nord-est de MORVAL (62)
- Georges Alfred Joseph PONSART. Mort pour la France à BEUVRAIGNES (80) le 04/10/1914
- Georges Louis Henri SALEMBIER. Mort pour la France le 05-10-1914 (Beuvraignes, 80 - Somme, France)

Ponsart et Salembier étant tombés à Beuvraignes, il est logique de considérer qu’ils y sont enterrés. De même Colombani étant mort à Thory, qui se situe à 60 km de Maurepas, mais à seulement 30 km de Beuvraignes, il a sans doute été inhumé au plus près. Il ne reste donc plus qu’O. Noir, soit Octave, pour la tombe n° 1927 du cimetière militaire de Maurepas, d’autant que Morval est à seulement 6 km de Maurepas. Et pour lever un dernier doute, si 25 dénommés "NOIR" sont inhumés en cimetière militaire, aucun ne porte de prénom qui commence par la lettre "O".

Cependant, dans son courriel à la famille du 7 juin 2021, Agnès De Backer, Responsable de l’Etat Civil Militaire sur le Secteur de Bray-sur-Somme, à l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre, Département des Sépultures de Guerre, dit avoir trouvé dans les archives militaires des Sépultures de Guerre de la Somme la fiche relative au Capitaine appartenant au 294° R.I. inhumé en qualité d'Inconnu à la Nécropole de Maurepas (80), et que cette fiche fait état d'une première inhumation à Beuvraignes (80) sans plus de précision.

Selon Wikipédia « en 1921, 1929 et 1936, les corps provenant de carrés militaires situés dans des cimetières communaux de la Somme, dont ceux de Popincourt et Beuvraignes, ont été ré-inhumés » dans la nécropole de Beuvraignes, qui se trouve à 50 km au sud de Morval.

Le corps aurait-il d’abord été transporté de Morval à Beuvraignes, avant de revenir à Maurepas, à seulement 6 km du champ de bataille ? Et selon quelle logique ?[/justify]
alaindu512010
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Re: Octave Noir : Les tribulations d'un corps

Message par alaindu512010 »

Bonsoir
Sa fiche indique que :blessé il ne s'est fait ramener en arrière que lorsque ses forces l'ont abandonné
donc pas disparu !

https://archives.var.fr/arkotheque/visi ... em_zoom=59
Cordialement
alain
alaindu 512010
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Pax et labor 51
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Re: Octave Noir : Les tribulations d'un corps

Message par Pax et labor 51 »

Merci de votre retour. Je suis allée vérifier : en fait cette précision concerne l'action du 15 mars 1915 au Bec de Canard, près de Suippes dans la Marne, action pour laquelle Octave avait reçu la Légion d'Honneur. Cette fois -là, il s'en était tiré avec des blessures qui lui valurent un séjour à l'Hôpital Militaire de Janson de Sailly à Paris.
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Re: Octave Noir : Les tribulations d'un corps

Message par Pax et labor 51 »

15 mars 1916, bien sûr!
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Re: Octave Noir : Les tribulations d'un corps

Message par Pax et labor 51 »

Merci de ce retour très éclairant.

La demande est en cours, mais comme la personne contactée au Service des sépultures se montre réticente, nous devons insister, avec un dossier bien ficelé, d'où le texte que nous avons rédigé et soumis à votre critique.

J'aimerais votre avis, au sujet de la fiche Mdh au nom d'"O.Noir", que grâce à vous nous avons fait rassembler avec les trois fiches d'Octave Noir.

Serait -elle le signe qu'après le PV de constatation de décès du 25 octobre 1916, et l'abandon du corps privé de ses papiers sur le champ de bataille, le corps aurait été retrouvé une seconde fois par d'autres soldats d'un autre regiment, qui l'aurait remplie à partir du seul uniforme et d'une marque de vêtement ? Cela expliquerait qu'elle ne mentionne que l'initiale du prénom.

Le corps aurait été à nouveau abandonné, et retrouvé encore plus abîmé, donc sans marque de vêtement, et inhumé comme Inconnu Capitaine au 294e RI.

Qu'en pensez- vous ?
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Re: Octave Noir : Les tribulations d'un corps

Message par Pax et labor 51 »

Votre expérience des documents est inappréciable, merci beaucoup.

Peut-on trouver ces CCB sur le net ?
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Re: Octave Noir : Les tribulations d'un corps

Message par Pax et labor 51 »

Et existe-t-il un ouvrage portant sur la bureaucratie des morts durant 14-18 ?
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Re: Octave Noir : Les tribulations d'un corps

Message par Pax et labor 51 »

Merci pour toute cette documentation, fort intéressante. Merci aussi pour vos conseils : j'essaie effectivement de multiplier les points de vue, mais je n'ai pas encore trouvé d'historien !

Et nous vous tiendrons au courant pour la suite, bien sûr...

Très cordialement
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Re: Octave Noir : Les tribulations d'un corps

Message par Pax et labor 51 »

Rebondissement pour l'Inconnu Capitaine au 294ème R.I. qui repose à Maurepas!

l ne s'agirait peut-être pas d'Octave Noir. Suite à notre demande d'identification, voici le courrier que nous avons reçu du service de l'Etat civil militaire et relations publiques - Office national des anciens combattants et victimes de guerre - Service départemental de la Moselle :

"Après recherches, nous avons trouvé un autre militaire qui pourrait être inhumé dans la tombe 1927 de Maurepas. Il s'agit du Capitaine SALEMBIER Georges Louis Henri

(https://www.memoiredeshommes.sga.defens ... a0546066c0).

Ce dernier est décédé à Beuvraignes le 5 octobre 1914 et pourrait être le capitaine inconnu inhumé dans cette commune pour ensuite être transféré à Maurepas.

Au vue du doute entourant l'identité de ce capitaine, je vous confirme la réponse en date du 7 juin 2021 : "Vous comprendrez aisément que sans éléments plus probants, je ne peux donner suite à votre demande. Si cette sépulture a été identifiée comme telle à l'époque, il n'y avait pas suffisamment d'éléments pour permettre l'identification de cet officier."


Là encore, la logique est étrange. Pourquoi déplacer le corps de cet officier tombé à Beuvraignes au cimetière de Maurepas après l'avoir d'abord inhumé à Beuvraignes même ?

Il reste à vérifier si le Capitaine Salembier n'est pas enterré ailleurs...

(à suivre...)
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Re: Octave Noir : Les tribulations d'un corps

Message par Pax et labor 51 »

Voici la fiche Mdh du Capitaine Salembier :
archives_M280993R.JPG
archives_M280993R.JPG (513.64 Kio) Consulté 1215 fois
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