Bonjour
Un envoi du 4 juin 1918, 68 sur les cols, casque avec grenade d'infanterie, mais équipement avec mousqueton Berthier.
Si le Berthier est appelé a remplacer le Lebel, a quelle période doit on considérer comme le remplacement effectif dans les RI?
A noter le joli petit chien qui accompagne le groupe.
Bonjour
un détail m'avait échappé et apparait une fois le scan réalisé
Sur le fanion figure 2 canons croisés et aucun insigne de spécialité.
Aurions nous affaire à une Cie de Mitrailleuses? Cela expliquerait la présence des mousquetons.
Capture68RI.JPG (107.47 Kio) Consulté 2575 fois
En attente de votre avis
Cordialement
Jérôme Charraud
Le mousqueton modèle 1892 arme dans l'infanterie de 1918 d'après les TEA:
Au niveau Compagnie:
-à la Compagnie d'infanterie: seul, officiellement, le cycliste est armé d'un mousqueton mais voir la remarque en fin de texte.
Au niveau du Bataillon d'Infanterie:
-à la Compagnie de Mitrailleuses: presque tous les personnels puisque 110 mousquetons y sont attribués.
Au niveau du Régiment d'Infanterie:
-à la Section d'engins d'accompagnement (canon de 37 mm, mortier Stokes ou Jouhandeau-Deslandres), 31 personnels reçoivent le mousqueton.
L'armement principal des autres personnels, non servants d'armes automatiques (armés de P.A), demeure le fusil Lebel modèle 1886, remplacé dans les unités de nouvelle formation ou réarmée, le fusil modèle 1907-15. Chaque Section possède aussi officiellement un tireur armé d'un fusil automatique modèle 1917 dont le manque de fiabilité sera constaté à l'été 1918, amenant son retrait en attendant le fusil automatique modèle 1918 qui n'apparaît que très tardivement.
En principe, les Divisions changent d'armement en une seule opération lors d'un séjour à l'arrière car le passage du fusil Lebel (alimenté par des cartouches en vrac) au fusil modèle 1907-15 (alimenté par chargeur de 3 cartouches) impose une adaptation du ravitaillement en munitions au sein des Sections de Munitions.
C'est pourquoi, ce sont essentiellement les unités des Divisions nouvellement créées en cours de guerre qui ont reçu d'abord le fusil modèle 1907-15.
En 1918, le problème du passage au fusil modèle 1907-15 M 16 (alimenté par chargeur de 5 coups) pose les mêmes problèmes. C'est pourquoi, ces armes à chargeur de 5 coups arment en priorité les petites unités de cavalerie et d'artillerie (escadrons et batteries). Rares par contre, sont les grandes unités d'Infanterie ayant effectué leur changement d'armement en fusils à 5 coups en 1918.
Votre photographie montre des fantassins armés de mousquetons modèle 1892 (chargeur de 3 coups).
Ils appartiennent donc théoriquement plutôt à une Compagnie de mitrailleuses ou à une Section d'engins d'accompagnement. Toutefois, il est souvent prescrit dans les Divisions d'armer en priorité les grenadiers de mousquetons, on ne peut donc exclure ces spécialistes même si les textes officiels n'évoquent pas expressément cet armement. A noter d'ailleurs que le "Manuel du Chef de Section", édition de 1918 affirme que le mousqueton modèle 1892 arme les grenadiers-lanceurs à raison de 16 par Compagnie. Je n'ai pas trouvé la DM qui modifie les TEA des unités d'infanterie en ce sens mais qui doit exister puisque le Manuel du Chef de Section y fait allusion.
Cordialement,
Guy François.
Bonsoir
Grand merci de cette réponse. Je n'en attendais pas tant et me voilà combler.
Le fait remarquable du cliché est au final l'absence d'insignes de spécialité, de chevrons d'ancienneté, mais tout concorde avec une des compagnies de mitrailleuses du 68e RI. L'usage de la toile de tente en bandoulière est aussi peu ordinaire dans les multiples clichés que j'ai.
Voici des mitrailleurs du 68e RI en avril 1918. Tous les insignes sont présents
RI068_19180424_MitrailleursRepos_recto.jpg (88.34 Kio) Consulté 2538 fois
Dans un cliché de 1919 à Ems, pour la décoration du drapeau du 68e, le Lebel est encore présent, ne serait ce dans la garde au drapeau
Decoration Drapeau1.jpg (31.24 Kio) Consulté 2538 fois
Concernant l'armement en fusils, l'Infanterie est toujours majoritairement armée du fusil modèle 1886-93 en 1918:
Ainsi en janvier 1918, on compte pour les unités du front (Armée d'Orient comprise):
-902.537 fusils Lebel modèle 1893-96.
-234.759 fusils modèle 1907-15.
-25.255 fusils automatiques modèle 1917.
Pour les mousquetons:
-337.522 mousquetons modèle 1892.
-93.852 carabines de Cavalerie et mousquetons de Gendarmerie modèle 1890.
Les armes stockées ou dans des unités en service en AFN représentent 575.384 fusils mle 1886-93, 780.654 fusils mle 1907-15 et 7.000 fusils automatiques mle 1917. Les Armes stockées représentent l'écrasante majorité de ces derniers chiffres.
Pour les mousquetons et carabines, les chiffres des matériels stockés ou en service en AFN sont de 144.889 mle 1892 et de 28.400 mle 1890.
La France ne manque donc pas d'armes individuelles en 1918!
Le Lebel sera encore en service en 1940 même si les armes de système Berthier sont en majorité à cette époque.
On admirera la précision des chiffres de 1918!
Cordialement,
Guy François.
Le Lebel 1886M93 est encore d'actualité bien après 1940, guerre d'Indochine, reconditionné pour la balle N1932. Je possède un exemplaire de la MA Tulle 1951, N sur le tonnerre et N sur le canon, en superbe état.
Cordialement.
Phil.
Bien sûr, le "Lebel" a continué sa vie opérationnelle bien après la Seconde Guerre Mondiale.
On le voit couramment distribué dans les "Groupes d'autodéfense" des Douars en Algérie.
Il figure toujours dans le très gros et détaillé manuel "Catalogue des Armes légères et des affûts en service dans l'Armée", classé MAT-1000 puis MAT-1191, édition 1958. Il y figure dans la fiche de nomenclature 153/94, il est classé avec les 07-15, 07-15 M 16 et de bien d'autres modèles français, américains et allemands de prise!
Cordialement,
Guy François.
