Récit de 3 poilus tres émouvant a lire.

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Roger
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Re: Récit de 3 poilus tres émouvant a lire.

Message par Roger »

Bonjour

Lors d'un nettoyage de ma bibliotheque (poussiere ect.....ceux qui on une bibliotheque savent ce que je veux dire) .Suis tombé sur le livre de GASTON GUILLOT "LA NUIT CASQUEE" Editions Spes 1931.
Je l'avais lu il y a tres longtemp et en le feuilletant comme ca au hasard j'ai ete tres emu par ce récit qui va suivre.Il me semble que l'auteur était dans les chasseur a pied ,peut etre le 1er BCP ,mais Stephan peut confirmer..... :wink:
C'est l'histore de 3 permissionnaires qui finalement sera la derniere;

Le train des permissionnaires va partie.Il s'en va ira comme il est venu,,toutes lumieres eteintes.Il y a eu l'embarquement clandestin,comme honteux,avec des gestes prudents, des murmures assourdis.Un avion a dessiné des ronds inquietants au-dessus de la gare.On redoute soit un jet de bombes ,soit un arrosage a longue portée.
Les hommes entassés dans les wagons voudraient descendre.cette attente les ronge.Cette immobilite forcée leur nerfs en pelote.Ils sont silencieux.
Un grincement......
le train démarre.
Il s'en va!
Il est parti....enfin!
Une clameur s'eleve ,s'enfle se prolonge,clameur de delivrance qui subitement s'etouffe, comme si elle venait d'etre absorbée,annihilée,sous un éteignoir géant.Quelque chose de plus fort que la pauvre joie humaine vient de passer;la detresse.Ceux qui sont la ne savent pas de quelle nature est la menace qui rodent sur eux.Ils la sentent,informulée,et ils se taisent,la gorge seche.
le mecanicien que des coups de sifflet ont alerté,interroge de l'oeil la miniscule lanterne que balance un bras sur le quai.le convoi patine sur les rails rouillés et s'immobilise,dans un gémissement.
500 tetes se penchent avidement par les portieres.Un cycliste parlemente avec le chef de gare.Que vient il faire ,ici ce messager de malheur?
Un mot court au long des wagons.
-Attaque!
Cette fois ,il y a une affreuse minute de révolte dans les coeurs.Quoi le bonheur tend les bras a tous ces infortunés !Ils vont le saisir et voila que ,non seulement il les fuits ,mais qu'on va les replonger dans la plus attroce des fournaises! Ils ont prevenu chez eux qu'ils arrivaient.Leur chambre est prete.Ils ont une mere,une fiancée ,une femme, des gosses a embrasser.Ils ont soif de cette douceur qui seule peut les empecher de devenir des brutes.Ils leur est necessaire de savoir que le monde est fait d'autres chose que la boue et de sang,qu'il y a encore quelques part des champs,des maisons,des lits,des baignoires,des serviettes de table;que la tendresse ne sont pointbannis de la terre! ils se dressaient de toutes leurs forces vers l'azuret on les rejette affreusement au plus profond de la misere....
les reprendra-t-on en bloc?quelques -uns d'entre eux ne seront -ils pas épargnés?Indifferent ,le cycliste accomplit sa mission;
-Les permissionnaires du 4/1 ....en bas!
Ceux que l'ordre ne touche pas ne peuvent se rejouir tant le désespoir des autres est visible.
Personne de bouge.Le coup est trop rude.Il faut qu'un officier penetre dans les compartiments et fasse la chasse aux ecussons.un a un ,les appelés descendent et s'agglomerent en une masse amorphe,sans vie.Trois d'entre eux pleurent a chaudes larmes;
GOBERT, SOUMAGNE et DESFARGES.


GOBERT fut tué en montant en ligne.sans histoire .
SOUMAGNE ? On sut plus tard l'affaire....Son escouade progresse dans le boyau.Six hommes le précedent.Le 1er peste contre un caillou qui a failli le faire tomber.Soumagne se moque de lui.Le 2eme passe.Le 3eme .Le 4eme.Le 5eme.le 6eme c'est le railleur.....s'ecroule en plein rire déchiqueté.L'objet que son camarade avait heurté dans l'ombre etait une genade.Il l'a amorcée du bout du pied sans le savoir.....
DESFARGES?......Lui il semblait avoir toutes les chances d'en rechapper.une balle lui sectionne l'index droit a la hauteur de la 2eme phalange.La blessure ideal,celle qui vaut la reforme ou le versementdans l'auxilliaire.On n'en sautait souhaiter de meilleure.Desfarges exulte .Il se bande le doigt comme il peut et détale comme un lapin dans la direction du poste de secours.Il ne sent pas sa douleur...On l'examine,on lui accroche sa fiche d'evacuation a un bouton de sa capote.Et comme il est valide,merveilleusement valide,il n'aplus qu'a filer par ses propres moyens
vers les ambulances americaines ,sous pression ,derriere un rideau d'arbres ,a la Grenouillere , a 3 cents metres de la.
La route est intacte.les artilleurs ennemis l'ignorent.Desfarges s'elance.Un infirmeier l'arrete un de ses pays;
-Ton pansement se defait ...Viens ,je vais t'arranger ca.
Le pansement est confectionné selon les regles .Desfarges remercie et bondit vers le salut ,tenant sa main bandee en l'air....
Un sifflement...le seul obus de la journée
-il n'y en aura pas d'autre sur ce coin.Et cet obus ,arrivant de plein fouet ,coupe Desfarges en deux troncons.Son pansement est intacte,le beau pansement qui , retardant son départ de cent vingt secondes, fut l'unique cause de sa mort.
Gobert, Soumagne,Desfarges....trois permissionnaires pour le grand voyage,le dernier ,celui dont on ne revient jamais!

cdt Roger
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