"incidents" de 1917 : un témoignage

[JM-Ch]

Bonjour à tous.
La correspondance de 2 frères Alfred et Roger VERNET, respectivement soldat et caporal Fourrier au 221è et 21è RI a été récemment sauvée de la destruction par une association historique de l' Ain.

Parmi les dizaines de lettres en cours de lecture, tri et classement, en voici une que je vous propose :

"Le 30 juin 1917

Mon cher papa
Comme je tel l’ai promis hier, je vais te raconter un peu les incidents qui se sont passés chez nous. Depuis le mois de juillet dernier toujours l’on nous avait promis du repos, mais jamais nous n’avons rien eu et encore par-dessus des secteurs très mauvais.
Avocourt et surtout Mort Homme 304 Chattancourt qui est très mauvais en bonne saison, nous y avons passé les 4 mois les plus durs de l’hiver. Quand nous avons été relevé nous comptions aller au repos mais comme repos on a été nous faire massacrer au Maison de Champagne, toujours en nous promettant du repos et toujours nous remontions en ligne. Relevés du Four de Paris, ce fut encore la même chose et même pire l’on nous promet du repos et l’on nous envoie au massif de Moronvillers le plus mauvais point du secteur français du moment.
Depuis longtemps l’orage grondait les bons hommes ne voulaient plus rien savoir. Quand nous reçûmes l’ordre d’occupation du Mont Haut cela mit le comble a leur fureur et 1200 quittèrent le camp où nous étions près de Mourmelon le Grand sans armes en chantant l’internationale et certains groupes même (XXX) un peu la veille sillonnèrent Mourmelon avec des drapeaux rouges. Mais la plus grande partie restèrent tous au terrain à 1km du camp ou des officiers vinrent parlementer avec eux . Leur refus de monter ne fut pas catégorique mais il n’en avaient guère l’intention. Deux ou trois officiers plus malins allaient les amener a bien quand d’autres pendant ce temps faisaient une grosse bêtise ayant entendu les premières paroles et par conséquent refus ils s’empressèrent d’aller trouver le colonel qui lui s’affola demanda a des bicos ( ?) et de la légion étrangère de venir réprimer la révolte , cela alors allait mal tourner , le noirs tirèrent sur les types et paraît-il il y en aurait eu des tués et des blessés mais le plus grand silence a été fait la-dessus. Les officiers qui étaient resté se (XXX) a la tête des noirs et les firent retourner. Et non sans peine parviennent à ramener les manifestants et le lendemain nous montions pour 4 jours en lignes. Mais le plus terrible se fut le 217 Je ne sais s’il il a eu vent de ce qui était arrivé au 221è ( car c’est nous qui avions embarquai les 1er a Ste Menhould ) Ils tirèrent dans les rues de Ste Menehould avec fusils mitrailleurs mitrailleuses de tout le long du parcours dans la gare enfin blessèrent pas mal de monde et paraît il en tuèrent. Arrivés à Mourmelon refus catégorique de monter même installation de mitrailleuses. Alors la division fut mise au repos aux alentours de la Veuve et le 217 gardé a vu. Le 358 a fait un peu comme nous. Aussitôt arrivé a la Veuve nos permissions furent portées a 25% et pas ennuyés du repos comme jamais nous n’en avions eu. Sauf le 217 les permissions leur furent supprimés et au lieu d’être dans des pays, ils furent mis dans des camps au milieu de bois. 15 jours de repos et nous remontons en ligne a Auberive. … (la suite de la lettre est purement familiale) "

Lettre d’ Alfred VERNET , 221è RI à son père Jean VERNET épicier en gros à Dijon , 8 rue Marceau. Orthographe et ponctuation respectées


Il y a quelques mots difficiles à lire (XXX) et je ne sais pas ce qu'est "la Veuve" .

Ce témoignage m'interpelle : répression violente par des troupes noires et la Légion et le 217ème RI qui utilise ses armes, on est au bord de l'insurrection ! Avez vous d'autres indications ? (je n'ai pas en ce moment le temps de plonger dans les JMO) ?

Merci d'avance

Jean Michel

[Alain 57]

Bonjour Jean-Michel

La Veuve est un village qui se situe près de Châlons en Champagne

Cordialement

Alain

[Arnaud Carobbi]

Ce sujet a été déplacé de la catégorie Forum Pages d'Histoire vers la categorie Pages vécues : récits & témoignages par Arnaud Carobbi

[zephyr joyeux]

Bravo,mon arriere grand père du 221eme RI était dans le lot et a ecope de 10 ans de detention a Clairvaux.Il en est sorti pour integrer le 6eme Groupe Special des suspendus de peine du 6eme corps d armee auquel était rattachee la 71eme DI de Langres.Ils sont passes au 1er BMILA qui s est couvert de gloire a Reims.Les engagements EVDGBILA etaient signes a la mairie de Troyes(Aube).On les a libere a Mascara pendant l été 1919.Les procédures de rehabilitation ont dure jusqu en 1922 et ont été appuyes par le lieutenant colonel Du Guiny.

[zephyr joyeux]

Apres sa rehabilitation en 1922,il a appris que son fils,ne en 1905,et donc de la classe 25, devrait effectuer son service militaire au 173eme RI qui comptait une grosse section speciale repartie sur Calvi,Corte,Entrevaux et Saint Florent.Au BILA,il avait connu Carbone;son fils allait rencontrer Charriere dit"papillon".