remerciements pour votre accueil et début d'explications

[mireille salvini]

bonjour à toutes et à tous

j'ai du mal à en croire mes yeux:vous avez été une quinzaine à me répondre de façon si chaleureuse que j'en ai été émue...la "maison" étant si accueillante,je pense que je ne suis pas prête d'en partir....
je veux donc tous vous remercier du fond du coeur pour vos paroles:femmes et hommes,vous avez été parfaits et je vous rejoins tout à fait dans votre vision des choses

je souhaiterais maintenant vous éclairer un peu sur l'origine de ma passion-presque obsession sur 14-18

1er constat : sans la Grande Guerre je ne serais pas de ce monde...ce n'est pas une vue de l'esprit: comment,sans cela,mon grand-père ,petit paysan des montagnes au-dessus de Grenoble aurait-il pu rencontrer et désirer épouser -au point de faire toutes les démarches auprès des autorités militaires-ma grand-mère,petite jeune fille d'un village des Vosges ,et ce en aout 1917 (date du mariage) dans ce village vosgien oû le régiment était en repos habituellement...?

2ème constat:mon autre grand-père ( paternel),alsacien,est parti faire la guerre,mais du côté allemand évidemment.....si cela se trouve,en 1918,mes 2 grands-pères se sont affrontés

3ème constat:ces 2 grands-pères sont revenus vivants et entiers de la guerre (heureusement pour moi)....apparamment....
et pourtant ces 2 hommes,qui resteront intégrés normalement dans la société,feront vivre un genre d'enfer à leur famille,à la mesure sans doute de ce qu'ils avaient dans leur tête : troubles de l'humeur,colères dévastatrices oû ils cassaient tout, "taiseux" autrement, abord froid et distant,problème d'alcool pour finir, à la fin de leur vie....
aujourd'hui,on parlerait de syndrome post-traumatique avec dépression grave...
mes parents ont donc grandi chacun avec un père absent et présent à fois,un père qui les aura fait souffrir par un caractère impossible...dans l'intimité...

en ce qui me concerne,je ne les ai pas connu;mais la coïncidence des faits m'interpelle:si j'extrapole cette histoire particulière à l'ensemble de la société,combien ont-ils été à souffrir du même mal de vivre? et par ricochet,combien de familles ont souffert de cette guerre jamais finie dans la tête de l'ancien combattant ?

maintenant,de tous les descendants (nombreux) de mes grands-parents,je suis la seule à réfléchir sur tout cela et à chercher toujours plus à savoir sur cette guerre dont l'ombre n'a pas fini de nous hanter.

sans doute,le fait que toutes les souffrances des hommes de 14-18 résonnent en nous,correspond ,chez les passionnés de la Grande Guerre,à une douleur plus intime...mais là,c'est une autre histoire...

je vous remercie de m'avoir lue,je suis très bavarde, n'hésitez-pas à me dire ce que vous en pensez

à la mémoire de :
-mon grand-père Alfred Mermond,soldat français au 357è R.I,puis 297è R.I
-mon grand-père Alphonse Hausherr,soldat dans l'armée allemande
-mon grand-oncle Joseph Eugène Antoine,disparu dans la tourmante,personne n'a su ce qu'il était devenu....j'ai retrouvé sa trace dans l'ossuaire d'Abreschwiller, mort le 20 aout 1914 à l'âge de 21 ans,soldat au 158è R.I

amicalement à tous ..... mireille

[Eric Mansuy]

Bonjour à tous,
Bonjour Mireille,

Si cela vous intéresse, Abreschviller a déjà été brièvement évoqué ici : http://www.pages14-18.com/ForumCollecti ... eschviller

En outre, êtes-vous sûre que le dénommé Antoine, dont le nom seul figure sans prénom sur l'un des deux ossuaires de La Valette (Abreschviller) entre Eugène Aimé et Pierre Andrad est bien celui que vous cherchez (sachant qu'Antoine est un nom de famille extrêmement courant dans les Vosges, et que toutes les unités ayant combattu autour d'Abreschviller entre le 19 et le 21 août 1914, hormis les 5e et 6e RIC, venaient des Vosges !).

Bien cordialement
Eric Mansuy

[gerard mathern]

Bonjour Mireille,

Les régiments créent des liens ... 90 ans plus tard. Mon GP, ancien du 158è RI a survécu à la tourmente. Né en 1994, on devine sa classe, de même que mon père né en 19! On retrouve l'historique de ce régiment sur le net.
En ce qui concerne le "vécu" de votre famille, on parle ssez peu (à ma connaissance), des traumatismes familiaux liés aux troubles du comportements secondaires aux traumatismes de la vie au front. Actuellement, après une campagne (qui n'a sans doute rien à voir avec ce qu'ont vécu nos poilus), les combattants subissent un débriefing psy. Cela n'a pas dû être le cas après le 11 novembre 18. Peut-être serait-il intéressant de survoler la littérature psychiatrique de l'après-guerre.

Cordialement.

Gérard Mathern

[mireille salvini]

bonjour éric

concernant le frère de ma grand-mère,joseph eugène antoine,on peut lire sur sa fiche mdh: tué à l'ennemi le 20 aout 1914 à Soldatenthal

ce lieu-dit a été francisé en "Grand-Soldat" après la guerre,et il fait partie de la commune d'Abreshwiller

effectivement il n'y a qu'un dénommé Antoine sans le prénom dans l'ossuaire no 1 oû il a été transféré le 3 juin 1925,car jusque là il était inhumé à Bébing
l'autre possibilité est un inconnu inhumé à l'ossuaire de Walsheid (source de la direction des anciens combattants)

en fait c'est un faisceau de présomptions qui me fait penser à Abreshwiller et non une certitude absolue:le lieu du décès,le fait qu'il soit inscrit dans les fichiers de "mort pour la france" qui sous-entend que quelqu'un a pris le livret militaire sur le corps et l'a dûment inscrit sur les listes de tués...même s'il a fallu attendre 1920 pour qu'il soit officiellement déclaré mort à la mairie de Ban-de-laveline...ce qui explique pourquoi sa famille n'en a jamais rien su,ayant quitté la région

pour éclaicir tout cela,il faudrait que j'aille à nouveau à Vincennes,voir le J.M.O au jour dit:peut-être aurais-je là ma certitude
cela fait partie de mes projets futurs ,à moins que quelqu'un sache déjà quelque chose

amicalement......mireille

[Eric Mansuy]

Rebonjour Mireille,
Je doute fort que le JMO du 158e RI vous apprenne quoi que ce soit sur l'emplacement de la dépouille d'Eugène Antoine.
Dans un premier temps, il a peut-être été inhumé au Bloecherplatz, col au Sud-est du Soldatenkopf (hauteur en surplomb de Soldatenthal / Grand Soldat, au Nord-est de ce hameau), où un cimetière a subsisté assez longtemps durant la guerre. Les cimetières français et allemands de Walscheid ont également été constitués très peu de temps après les combats.
D'après le registre de Ban-de-Laveline, on apprend qu'Eugène Antoine, "soldat, 158e RI, a été porté disparu à Soldatenthal (Bas-Rhin) [sic !!!] le 20 août 1914 à l'âge de 21 ans (né le 25.3.1893 à Colroy-la-Grande)". Cet acte de décès fut transcrit le 8 juillet 1920.

Bien cordialement
Eric Mansuy

[mireille salvini]

bonsoir mr Mansuy (j'étais peut-être un peu famillière en disant Eric,excusez-moi)

je ne sais pas d'où vous tenez vos informations mais alors là vous m'en bouchez un coin comme on dit......comment savez-vous que son prénom usuel était Eugène et non pas Joseph comme indiqué en 1er sur son acte de naissance ?

j'ai la certitude de son identité,frère de ma grand-mère,ayant obtenu son acte de naissance et toutes les dates que vous avez indiqué sont exactes

maintenant,pourquoi sur les registres est-il noté disparu et sur la fiche mdh "tué à l'ennemi" ?
cela voudrait dire que je suis probablement dans l'erreur en pensant qu'il est à Abreshwiller....

tant pis mais merci beaucoup pour tous vos renseignements,ils sont d'une extraordinaire précision

amicalement.............mireille

[patrick corbon]

Bonsoir à tous, bonsoir Mireille, bonsoir Eric,


Bienvenue sur le forum Mireille. Merci Eric d'avoir ressorti des abîmes le précédent fil. J'en ai raté une partie apparamment.

Pour Eugène il a du dans un premier temps être déclaré disparu puisque son corps a été relevé par les allemands. Ce fut un cas courant durant la phase de repli, d'où vraisemblablement le jugement. Le tout serait de savoir si celui-ci a été rendu suite à un témoignage ou suite à la découverte du corps ou suite à la réception des listes allemandes transmises via la croix rouge Suisse ou comme bien souvent sur la bonne fois de la liste établie par la commune du lieu du décès.
J'ai vu deux cas analogues au 17 RI et au 109 RI. Ils étaient portés disparus, leur mort a été déclarée par jugement et tous deux ne figurent pas sur les listes des nécropoles des lieux des combats et des environs. Tout simplement ils ont été retrouvés dans le cimetière de leur village natal. Lors de la création des nécropoles qui ont regroupés les différents carrés provisoires, leurs familles ont souhaité récupérer leur corps. Dans ce cas il n'y avait plus lieu de les comptabiliser dans le cimetière militaire. Il ya bien sûr des exceptions, Eric a relevé deux cas dans le secteur où certains figurent à la fois dans la nécropole et en tombe individuelle isolée.

Avant de poursuivre des recherches laborieuses voyez toujours dans le cimetière communal du lieu de naissance, ou du domicile des parents, ou du domicile de l'intéressé ou du domicile de repli de son épouse s'il était marié (le corps a peut être suivi). Vous pouvez également essayer à Abreschviller pour le cas où ils auraient dans leurs archives la liste des tombes provisoires (A Walscheidt elle existe).

Cordialement
Patrick
Amicalement Eric.

[Eric Mansuy]

Bonjour à tous,
Bonjour Mireille et Patrick,

Pour les éléments concernant Eugène Antoine, je n'ai strictement aucun mérite ; ils figurent dans le document suivant, mis en vente à la mairie de Ban-de-Laveline :
COMBEAU (André), Les Victimes de la guerre de 1914-1918 à Ban-de-Laveline, Ban-de-Laveline, A.S.C.B., 2002, 27 pages.

Patrick, tu as raison pour la liste des tombes provisoires, mais n'oublie pas à quelle type de dérive cela a pu mener à Walscheid, où le capitaine de Fontaubert est à la fois au cimetière communal et dans la nécropole française...!

Amicalement
Eric Mansuy

[mireille salvini]

bonjour à tous,bonjour Eric et Patrick

merci beaucoup pour toutes ces précisions
Eugène Antoine était originaire du village de Coinchimont où sa mère vivait encore en 1921 (sa soeur étant sur Metz après la guerre);il n'était pas marié;
je me renseignerai comme vous me l'avez indiqué,peut-être qu'un jour je le retrouverai....sa soeur,ma grand-mère,le pleurait encore à l'âge de 90 ans

amicalement........Mireille