jmo du 143ème RI

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Roger
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Re: jmo du 143ème RI

Message par Roger »

bonjour a tous

je recherche un extrait ou une partie du JMO du 143 ème RI notamment la période de l'attaque du 9 mars au bois sabot ,je fais une recherche sur un officier de Mongeon de Confevron
merci pour votre aide
cdlt Roger
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Eric de Fleurian
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Re: jmo du 143ème RI

Message par Eric de Fleurian »

Bonjour Roger

Vous pouvez le consulter en ligne : http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... 7f1c32d2bb

Cordialement
Eric
Roger
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Re: jmo du 143ème RI

Message par Roger »

Merci Eric je n'y avais pas pensé
cdlt Roger
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ununtel501
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Re: jmo du 143ème RI

Message par ununtel501 »

Bonjour Roger,
En plus, je me permets de vous donner l’avis du biffin Adrien Amalric, agent de liaison au 143e RI. J’ai écrit un livre dont le fil conducteur a été son journal de guerre (de 14 à 17, mort pour la France)…
Si cela peut vous servir, j’en serais heureux… (c'est une transcription intégrale, absolument mot pour mot, il était enseignant, inspecteur des écoles primaires).
Cordialement
Adrien

8 mars 1915, lundi. Bois Carré.
La nuit a été très froide. On s’est serré dans la tranchée et il a plu un moment. Au matin, la fusillade se fait fort entendre. Avant que le jour arrive on nous porte un peu de café avec presque une ration de pain et un bout de viande sèche. Nous mangeons de bon appétit car nous avons faim. Le canon tonne, nous ne recevons point d’obus. La neige se met de la partie mais heureusement, elle disparaît dans la matinée. Le temps reste très froid. Le vent crible la face quand on lève la tête au-dessus de la tranchée. Sur la droite, l’artillerie française donne fort. La journée passe lentement, on chante, on lit à haute voix, on mange du pain et du chocolat, ainsi le temps passe. Ce soir, on va en troisième ligne. On monte les sacs. Les fusils et les hommes sont très sales. On porte la soupe, il y a seulement un demi-quart de café et un morceau de bœuf sec. Des camarades vont à la corvée d’eau et ne reviennent que pour partir en troisième ligne. Les deux bataillons attaqueront ; nous devrons les renforcer dans leurs anciennes tranchées demain matin après avoir relevé le 15e (15e RI). Nous partons en sous-bois à travers les pins dans la nuit noire rendue plus sombre par les arbres noirs. Les fusées viennent vers nous ; les balles également. La relève commence. Nous allons lentement à cause des longs boyaux. On doit rester couchés des heures entières sur la terre gelée, ces moments sont lamentables et les hommes s’en plaignent. On arrive enfin aux tranchées couvertes de branchages de pins et à moitié démolies. On se couvre avec les couvertures et on essaie de dormir.


9 mars 1915, mardi. Bois Sabot (bois situé à deux kilomètres à l’est de Souain-Perthes-lès-Hurlus et à quatre kilomètres à l’ouest de Perthes-lès-Hurlus).
Peine inutile, on ne peut pas dormir car nous devons constamment nous tenir prêts à partir. Il fait un froid de loup (se dit d’un froid vif et piquant). Sur la ligne, le crépitement des coups est continu. Les côtés de la tranchée sont de glace. On porte le café, il gèle dans le seau pendant qu’on casse la croûte. L’eau des bidons et des gourdes est gelée, c’est la première fois qu’il nous arrive une pareille aventure. Au jour, l’artillerie commence l’attaque, nous allons vers les premières lignes. Les deux bataillons occupant ces dernières les quittent pour se porter plus en avant. Nous allons renforcer dans le cas où il y aurait une contre-attaque. On suit les boyaux. L’artillerie ennemie dirige un feu violent sur le bois ; nous en souffrons et cela ralentit notre marche. À un moment quelqu’un donne l’ordre de faire demi-tour, on regarde puis on revient aux positions du matin mais après un ralliement nous suivons de nouveau les boyaux profonds et parfois défoncés en rencontrant souvent des cadavres. Les obus ennemis ne cessent de tomber, on arrive aux premières tranchées, ayant à notre droite le 309e de réserve (comme le 109e RI d’active, ce 309e Régiment d’Infanterie, dit de réserve, vient des casernements de Chaumont [Haute-Marne] et de Clairvaux [Aube]. Il fait partie de la 71e DI qui va devenir DAL [Détachement de l’Armée de Lorraine] à la date du 11 mars 1915). Nous prenons place dans des forteresses plutôt que dans des tranchées enlevées aux ennemis la veille par les gars du 15e (15 RI). Les blockhaus sont sains et modèles, on s’y repose pendant que bien inutilement les projectiles ennemis sont lancés vers nous. Vers midi, le temps se fait moins froid. L’après-midi, le bombardement est général. À la tranchée et à côté de nous, un obus tue douze hommes. Ce matin, le 1er Bataillon a fait une forte attaque ; l’artillerie n’avait pas très bien préparé le coup lors de la sortie des tranchées. À l’arrivée à la tranchée de l’ennemi, les Boches nous reçoivent à coups de bombes ; on rentre quand même dedans, le capitaine Vignes (Joseph Vignes, 35 ans) y est tué ainsi que trois autres officiers. Nous avons un nombre important de blessés, il en est de même à la 1ère Compagnie. Enfin on ne peut garder qu’un bout de l’ouvrage conquit car on manque d’ensemble. Lors de l’assaut on n’a point tiré mais on a pratiqué la marche continue. Le soir maigre ordinaire. Vers dix heures (vingt-deux heures) on va soutenir le génie qui fait des boyaux entre les deux bois.


10 mars 1915, mercredi. Bois Sabot.
La nuit a été très froide on ne peut dormir que par moments. Pour nous rendre du bois de Sabot (bois Sabot) pris ces derniers jours par le 15e (15e RI), on traverse les anciennes lignes françaises qui sont jonchées de cadavres et malheureusement nous devons passer dessus, les enjamber alors que d’autres ont été mis sur les parapets. Les fusées et les obus viennent nous saluer. Le ciel est étoilé jusqu’à la voie lactée qui apparaît. À cinq heures, l’attaque est annoncée par une forte salve de notre artillerie. Les obus tombent sur les tranchées ennemies ; tout n’y est que fumée. À six heures, le régiment aidé de quelques unités du 15e (15e RI), est sur la lisière ou sur les emplacements de première ligne. L’artillerie ennemie nous bombarde, il n’y a pas beaucoup de blessés. Nous mettons baïonnette au canon et nous chargeons l’arme. Le moment est critique car on va monter à l’assaut. Les chefs se pressent mais le 15e (15e RI) n’est pas prêt. Après la grande salve d’artillerie, une compagnie 15e (15e RI) et la 7e de notre régiment (7e Compagnie du 143e RI) partent courageusement. Malgré les balles et les bombes à main, elles arrivent au but et prennent chacune un élément. Nous allons ensuite renforcer la 7e (7e Compagnie). Les pertes quoique fortes sont assez supportables. Nous occupons maintenant une grande partie du penchant et un point de la crête, la plus dure est faite (le point le plus stratégique est conquis), point magnifique comme emplacement dominant. Sur nos anciennes lignes règne presque la mort. C’est entre ces dernières prises de positions et celles que nous venons de prendre qu’il faut voir le travail effectué cette nuit, plus d’un kilomètre de tranchées de boyaux multiples nous joignent. Les fils de fer et racines ont été abattus. Mais malheureusement, dans cette plaine, plus de trois cents cadavres gisent, plus de trois cents comptables à l’œil nu et parmi tous ces morts de deux jours quelques-uns bougent encore ; ils lancent leurs cris de vie à ceux qui sont morts ou agonisants à côté de nous. Il faut voir le bois conquis pour avoir l’idée du carnage. Les tranchées occupées, plutôt des forts tant elles sont défendues, sont bondées de cadavres ennemis ; à certains endroits ils sont en tas de huit ou de dix avec aussi des cadavres de soldats français tués pendant l’assaut mal réussi d’hier. Les Allemands ont l’art de faire des ouvrages fortifiés, les tranchées sont flanquées et bastionnées (avec des protections et saillies). Les créneaux faits de sacs de terre et de boucliers sont vite tournés contre ceux qui les ont construits. Le coup de rage tenté par l’ennemi contre nous n’a donc point réussi, il avait miné les positions avec des sacs de dynamite, des fils électriques et des régulateurs (détonateurs mécaniques ou autres systèmes retardants et/ou déclanchants pyrotechniques) que nous découvrons avant qu’ils n’aient éclaté. À mesure qu’on avance dans le boyau allemand on déterre les fils dangereux. Nous trouvons le fameux pain KK, il est noir mais mangeable (un pain de rationnement assez horrible pour un Français qui vit en temps de paix. C’est généralement celui de l’ordonnance des armées germaniques qui est réalisé avec du son et des pommes de terre [kleie und kartoffeln]). À l’entrée de la nuit, nouveau bombardement et nouvelle attaque de notre part, nous nous emparons d’un autre bout du terrain avec un boyau de cent mètres. On établit un barrage afin de ne point nous trouver nez à nez avec un Boche égaré et qui croirait toujours sien le terrain conquis. La nuit arrive vite, on veille. L’ennemi tire fort et lance des centaines de fusées ; on voit qu’il craint d’être attaqué.


11 mars 1915, jeudi. Suippes.
Le 15e (15e RI) viendra nous relever cette nuit. Comme nous occupons des positions mal définies, nous ouvrons l’œil et tirons ferme. Enfin, voilà la relève. On part à travers les interminables boyaux ; nous avons souvent peine à marcher quand nous rencontrons des camarades mal en point ou des brancardiers emportant des blessés. Nous devons piétiner des centaines de cadavres, en un mot, tous ceux amis et ennemis tombés dans les chemins creux. L’artillerie bombarde notre mouvement qui se fait quand même sans qu’il y ait de blessés. La marche dans la terre des boyaux étroits est pénible, on baisse la tête quand le fossé est peu profond ; les haltes sont nombreuses, mais ici on n’y languit cependant point car nous ne sommes pas en sûreté. Nous arrivons sous le grand bois de pins d’en face où on fait une halte et où on touche les vivres qu’on n’avait pas eu depuis deux jours. Les pertes pour le régiment sont supérieures à six cents. Nous prenons le chemin de Suippes où nous restons (à environ six kilomètres à l’arrière du front). Le soir une très bonne soupe nous réconforte puis on s’endort sur une paille complètement pourrie et sous laquelle la vermine ne dort pas.

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