Frontenay sur Dive 14-18

Parcours individuels & récits de combattants
regis 79
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Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans, jour pour jour, le 03 avril 1918……

Voici des nouvelles de Léonel Tiffeneau, né en 1891 et habitant Frontenay. C'est le seul Frontenaisien qui reste au 32ème RI, originaire de Châtellerault. Les autres soldats de Frontenay qui en ont fait partie sont tués au combat, blessés ou mutés.
Nous avons quitté Léonel Tiffeneau le 07 octobre dernier, en Lorraine, participant à l'instruction de l'Armée américaine. Mis au repos pour une période indéterminée, alors que l'ennemi est relativement calme sur toute la ligne de front en cette période hivernale 1917-1918, le 32ème RI s'attend à être sollicité à tout moment, selon l'historique du régiment.
La défection russe laisse le champ libre aux Allemands pour mettre toutes ses forces vers la France.
le 32ème RI stationne dans les Vosges par moins 15 à moins 20 degrés en décembre 1917-janvier 1918 avant d'embarquer le 24 janvier pour la Haute-Marne et le plateau de Langres, aussi froid que la Lorraine. Le 32ème RI remonte de 100km, péniblement à cause de la neige, début mars, dans les Vosges à Neufchâteau puis se déplace encore de 100 km après la mi-mars vers Baccarat (54), pour organiser des centres de résistance (parallèle boyaux, abris, mise à disposition au service télégraphique, etc...). Les Allemands attaquent peu, mais envoient toutefois quelques obus toxiques qui font mouche.

C'est de cette ville que le 32ème apprend l'attaque allemande de la Somme du 21 mars 1918 avec des Anglais qui reculent de 80 km et des Français qui font tout pour ralentir l'avance ennemie. "Courage, les camarades arrivent " leur annonce Pétain. Et les renforts, dont le 32ème RI de Léonel Tiffeneau, affluent vers la Somme.
Le 24 mars 1918, le régiment reçoit l'ordre d'embarquer, mais localement, les Allemands attaquent, il faut les contenir.
Enfin, le 29 mars 1918, le 32ème RI part des Vosges et débarque dans l'Oise, à Gannes, ce 03 avril 1918.

Tous les jours jusqu'au 17 avril 1918, les 3 bataillons changent de cantonnement et doivent se tenir prêts à l'attaque, finalement engagée le 18 avril à 4h50 à Castel-Moreuil (Somme).

Le destin de Léonel Tiffeneau va basculer ............
regis 79
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Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans moins 1 jour, le 05 avril 1918……

J'ai évoqué Germain Jamet, figure de Frontenay après guerre, le 27 avril dernier ainsi que son parcours jusqu'à ce mois de mars 1918. On le retrouve toujours avec le 408ème RI à Vauquois (Meuse) ce 05 avril 1918 où il vient de passer l'hiver et non au Chemin des Dames comme je l'ai écrit l'an passé.

Ce 05 avril 1918, à Vauquois donc, la 3ème Compagnie du régiment de Germain Jamet doit exécuter un coup de main. D'après l'historique du régiment, au cratère de la crête de Vauquois, pendant quatre mois, nos guetteurs fixent la sentinelle qui tient l'autre lèvre dudit cratère. Les Boches essaient quelques tentatives de fraternisation, tandis que, d'autre part, ils réagissent violemment à chaque coup de main sur le V de Vauquois. Ce V, c'est leur position avancée qui devient le lieu commun des raids français. Et les Français cherchent ainsi, en faisant des prisonniers, à connaître les intentions allemandes.

C'est la raison pour laquelle environ 45 hommes de la 3ème Compagnie s'engagent dans les lignes ennemies à 5h15 du matin. Parmi eux figure Germain Jamet, qui n'a peur de rien, comme me l'a raconté récemment sa fille Bernadette, 90 ans passés aujourd'hui.Le V de Vauquois est tellement retourné que sa défense n'est plus continue.Deux Allemands isolés sont rapidement faits prisonniers et lorsque l'ennemi commence la riposte 9 minutes plus tard, l'ordre de repli est déjà donné. 1 minute plus tard encore, tous les soldats français sont de retour dans leur camp, sans perte aucune.
Pour cet acte, Germain Jamet reçoit deux jours plus tard une citation: "Pendant l'exécution du coup de main du 05 avril 1918, s'est élancé vaillamment à l'attaque des lignes ennemies et a fait preuve d'un entrain remarquable ; Croix de Guerre avec étoile de bronze"

Le régiment de Germain Jamet va quitter Vauquois fin mai 1918, pour participer à la seconde bataille de la Marne, puis effectuer différentes missions jusqu'à la fin de la Guerre.Germain Jamet est démobilisé le 19 septembre 1919. Il se marie à Massognes (86) avec Marie Guillon, aura 8 enfants et habite ensuite Frontenay jusqu'à son décès dans ce même village, en 1961. Il repose dans le cimetière communal aux côtés de son épouse Marie décédée en 1949.

Deux autres malheurs, que Germain Jamet ne connaîtra pas, vont frapper sa famille:
- un de ses petits-fils, Jacky Jamet, convoyeur de fonds, fils de Paul, est assassiné le 14 décembre 1966 par deux voyous.
- un de ses fils, Pierre, se tue à l'Armée lors d'un saut en parachute vers 1968.
regis 79
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Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans et 2 jours, le 15 avril 1918……

"Ce 15 avril 1918, Joseph Depoys, mon grand-père, envoie une carte postale. Il écrit:
Lundi 15 avril 1918
Ma chère Marie
Je prend un instant pour t'envoyer quelques nouvelles malgré que tu les
reçois en retard pourvu qu'elles arrivent cela fait toujours plaisir.
Par le fait, je n'ai rien a* te faire savoir de nouveau depuis ma dernière
lettre, toujours en lignes et bien tranquilles comme nous sommes en pleine forêt la
verdure commence a* paraître les feuilles poussent ainsi que les fleurs je t'en
joins quelques unes que je viens de ceuillir* puissent elles te faire plaisir
autant que je le souhaite conserves-les vu qu'elles viennent du sol que tu sais
mais ce même sol est un des principux qui fait continuer la guerre ne l'oublions
pas. celui qui t'aime tendrement Joseph Bons Baisers
"

Dans cette carte postale, le grand-père Joseph respecte scrupuleusement la censure militaire qui ne veut pas qu'on donne sur un courrier le lieu où l'on combat.

* = conforme à l'original
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Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans et 1 jour, le 17 avril 1918……..

Ce 17 avril 1918, Gaston Thiollet, né en 1899 à Frontenay, le plus jeunes des 5 frères Thiollet, est incorporé au 135ème RI d'Angers (49). Trois de ses frères, Samuel, Frédéric et Joseph sont toujours mobilisés. Le 4ème, Onésime, est mort de ses blessures en août 1917 à Brocourt-en-Argonne (55).
Gaston Thiollet ne connaît pas le front puisqu'il est déclaré "aux Armées" seulement en février 1919.
Son parcours serait anodin s'il n'était pas muté au 2ème groupe d'aviation le 14 juin 1919 dans l'Aube, à Romilly-sur-Seine, ville où il rencontre une jeune fille, Marie-Thérèse, qu'il épouse dans ce même lieu le 04 févier 1922.
Il participe au préalable à l'occupation des pays rhénans du 07 mai au 1er juillet 1921.
Gaston Thiollet fait carrière à Montreuil-sous-Bois (actuel 93) où il décède le 30 juillet 1973.
Il vient passer régulièrement ses vacances d'été à Frontenay où habite toujours sa fille Gisèle, historienne locale.

Ce 17 avril 1918 aussi, Georges Métais, né au Verger-sur-Dive (86) en 1898 et personne remarquable de Frontenay après guerre, puisqu'il en sera le maire pendant près de 30 ans, se retrouve au front avec le 49ème RA.
Il est démobilisé en juin 1920 après un passage au 235ème RA et au 38ème RA, tout en intégrant l'Armée d'Orient d'avril 1919 à juin 1920. Impossible d'en savoir plus sur son parcours d'Artilleur.
Conseiller municipal en mai 1929, premier adjoint en mai 1935, il se retrouve logiquement maire de Frontenay en octobre 1938, 6 semaines après le décès de son prédécesseur, Pierre Ernest Thomas.
Révoqué fin décembre 1944 après une plainte de 3 administrés, ce que la famille va considérer comme une humiliation injustifiée, Georges Métais est réélu aux élections suivantes d'avril 1945 et réinstallé maire de Frontenay à l'unanimité des 9 conseillers présents.
Il meurt le 02 octobre 1967 à Frontenay, alors qu'il occupe toujours le fauteuil de maire. Il est inhumé dans le cimetière communal.
regis 79
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Re: Frontenay sur Dive 14-18

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Il y a cent ans, jour pour jour, le 18 avril 1918……...

Nous avons quitté Léonel Tiffeneau, né en 1891 et habitant Frontenay, le 03 avril dernier. Il vient de rejoindre le front dans la Somme avec le 32ème RI.
Ce 18 avril 1918, la bataille de Castel-Moreuil dans la Somme est engagée depuis 4h50. Léonel Tiffeneau et le 32ème RI participent à l'attaque. Selon le JMO, le 1er bataillon est mis en réserve, les tanks doivent assister les 2ème et 3ème bataillons dans la progression, mais il ne fait pas encore jour, la neige et le brouillard rendent l'attaque plus difficile encore, les liaisons sont quasi impossibles.
Le 3ème bataillon est toujours cloué au sol au petit lorsque, soudain, les tanks arrivent et renversent la situation, anéantissant de nombreux foyers de mitrailleuses ennemies. Il progresse ce 18 avril 1918 de 1200 mètres et capture une centaine de soldats allemands.
Le 2ème bataillon ne peut atteindre, lui, son objectif, figé au sol d'un terrain plat que les mitrailleuses allemandes arrosent de balles meurtrières.
Les 19 avril et 20 avril 1918, le régiment doit repartir à l'attaque, mais aucune progression n'est possible, on se "contente" d'organiser le terrain conquis, sous un déluge d'obus.
Le bilan des 3 jours de combats est lourd: 44 tués, 102 blessés et 13 disparus

Parmi les blessés figure Léonel Tiffeneau, atteint le 18 avril d'une balle dans la mâchoire, occasionnant la fracture du maxillaire inférieur et la perte de 22 dents.

Comme pour tous les soldats, la guerre bouscule sa vie. Cette blessure va changer son destin.

J'ai souvent entendu ma mère raconter cette histoire avec sa part de vérité et de légende: laissé pour mourant, on lui aurait fait boire du Champagne, une dernière faveur avant de le voir trépasser. Et miracle, ce liquide piquant, dans cette la bouche meurtrie par une balle, "réveille " notre soldat et révèle aux soigneurs qu'il faut s'occuper de lui.
Léonel Tiffeneau est évacué vers l'arrière et va être soigné à l'hôpital de la Timone à Marseille, entre autre par une infirmière venue de Lorraine, Mathilde Plessy.
Léonel Tiffeneau est démobilisé le 23 mars 1919 et se marie le 28 avril suivant avec ............. Mathilde, car comme le raconte son petit-fils que je rencontre chaque année, "le temps presse".
Léonel Tiffeneau reprendra son métier de maçon et aura 2 enfants. Il deviendra le président local des Anciens Combattants.
Léonel Tiffeneau s'éteint le 08 juillet 1973 à Poitiers et repose depuis dans le cimetière communal, auprès de son épouse décédée en janvier 1971.
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Re: Frontenay sur Dive 14-18

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Il y a cent ans et 2 jours, le 18 avril 1918……...

Ce 18 avril 1918, c'est le début de campagne contre l'Allemagne d'Antoine Naudin, né à Frontenay le 29 mars 1899.
Voici ce que j'écrivais le 29 mars 1915:
"Ce 29 mars 1915, c'est l'anniversaire d'André Naudin, né en 1899 à Frontenay-sur-Dive. Trop jeune lui aussi pour partir à la guerre en 1915, il y sera appelé en avril 1918, au 8ème Régiment du Génie, apparemment basé à Suresnes près de Paris. Pas d'information sur ce 8ème Régiment concernant notre concitoyen. Selon sa fiche matricule, il sera sur le front du 1er novembre au 11 novembre 1918. C'est court et long à la fois.....
Il fera une brillante carrière dans l'Education Nationale, non comme professeur, mais comme économe de collège ou lycée, en passant par Clermont-Ferrand en 1919, Nancy en 1924, Versailles en 1925, Tours en 1928, Lons le Saulnier en 1934.
La seconde guerre a dû lui causer pas mal de soucis, car son parcours semble soudainement plus tumultueux.
A ma connaissance, il ne se marie que le 04 décembre 1973 avec Emilienne Bernoux à Antibes où il décédera le 23 janvier 1988. Je ne sais pas s'il a de la descendance, mais je vais entreprendre quelques recherches à ce sujet, pour en savoir un peu plus sur ce petit gars de Frontenay au parcours un peu particulier pour l'époque.
"

Depuis, je n'ai pas beaucoup avancé sauf que j'ai une adresse et un numéro de téléphone dans le 06 où il est décédé. Et puis Internet m'a fait découvrir les mention suivantes pour Antoine Naudin: "économe (Jura) puis intendant (Algérie) de l’Éducation nationale ; syndicaliste CGT". J'ai écrit au site en question pour avoir accès à son parcours après-guerre, car Antoine Naudin, "aux Armées " pendant 11 jours, n'a probablement pas le temps de se distinguer. C'est toutefois largement suffisant pour y mourir.

Ce 18 avril 1918 aussi, Hyacinthe Bironneau, né à Frontenay en 1893, écrit une carte postale de Klbasnica (Nord-Grèce) à son cousin germain Joseph Depoys, mon grand-père. Il écrit:
" Klbasnica, le 18-4-18
Cher Cousin
Depuis deja quelque jours je n'est pas eue
de tes nouvels mais je me doute bien que tu doit
pas avoirs beaucoups le temps decrire depuis quelque
temps car on doit certainement vous dirige
aussi dans cette terrible fournaise jen est eues de
Hubert hier qui me di lui aussi que se n'est
pas la vie
Ton cousin qui t'embrasse Hyacinthe

J'imagine le grand-père Joseph Depoys recevant cette carte car outre le langage phonétique utilisé, j'ai dû faire appel à un paléographe pour la déchiffrer entièrement!

Si le grand-père Joseph est "un peu" à l'abri d'une attaque d'envergure en Sud-Alsace, Ce n'est pas le cas d'Hubert cité dans la carte postale.
Hubert, c'est Hubert Bironneau, le frère de Hyacinthe, au front dans la Somme et qui vient de subir, avec son régiment, le 76ème RI, l'attaque allemande du 21 mars précédent, la plus grande offensive de 14/18. Sur un front de plus de 80 kilomètres, d'Arras (62) à Fère en Tardenois (02), 63 divisions allemandes attaquent 26 divisions britanniques. La 125ème DI, dont le 76ème d'Hubert Bironneau venus en renfort, empêchent ainsi les Allemands de foncer sur Paris. Mais à quel prix pour le 76ème: 23 tués, 85 blessés et 498 disparus, probablement tous morts.
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Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans, jour pour jour, le 21 avril 1918……..

Ce 21 avril 1918, c'est l'incorporation pour 3 jeunes recrues de Frontenay:

- Aristide Bironneau, né à Frontenay en mars 1899, est incorporé au 135ème RI d'Angers. Ayant suivi ses parents aux chemins de fer à Huismes (37) et y habitant à ce moment-là, Aristide Bironneau fait ses classes mais ne va pas au front. Il est démobilisé le 06 septembre 1919.
Mais il ne rentre pas seul. Il rapporte avec lui une tuberculose contractée à l'armée hors guerre selon sa fiche matricule. Ce n'est pas la version de la famille qui fait rappatrier son corps à Frontenay pour l'y faire inhumer. Sa tombe existe toujours avec son portrait et l'épitaphe suivante:
Ici repose Aristide BIRONNEAU
MORT
A LA FLEUR DE L'ÂGE
PAR MALADIE
CONTRACTÉE A LA GUERRE
LE 27 FÉVRIER 1922
DANS SA 23È ANNEE
REGRETTÉ DE SES PARENTS

- Anatole Couillebault, né à Frontenay en mai 1899, flls d'Alexis, frère aîné de Daniel, Edouard, Norbert, Elisabeth et René, est aussi incorporé au 135ème RI d'Angers. Il passe toute la campagne "à l'intérieur" et est démobilisé en octobre 1919.
Il se marie le 29 avril 1922 à Frontenay avec Léa Bouthet.

- Pierre Proust, né en juillet 1899 à Frontenay, frère de Lucien tué à Signeulx (Belgique) en août 1914, Georges, Marguerite, Odette et Maurice entre autres, est incorporé au 77ème RI de Cholet.
Pierre Proust fait ses classes jusqu'au 28 août 1918, date à laquelle il est envoyé au front, près de ...... Verdun, à Fleury-sous-Douaumont et Beaumont-en-Verdunois.
Nous y reviendrons en temps utile.
Pour mémoire, Pierre Proust épouse en novembre 1924 à Martaizé (86) Yvonne Ernestine Blais, qui n'est autre que la fille d'Ernestine Meron, cousine germaine de Joseph Depoys, mon grand-père.
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Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans, jour pour jour, le 23 avril 1918……..

Ce 23 avril 1918, Roger Achard, né à Frontenay en 1890, frère de Maurice et Ambroise, est en poste au front avec son régiment, le 413ème RI.
Je l'ai évoqué le 04 juin dernier, le laissant en août 1917 en position au Moulin de Laffaux, sur le Chemin des Dames. Depuis, le 413ème a bien bourlingué: on le retrouve en novembre 1917 à Noyon (60), puis près de St Quentin (02), avant d'être transporté dans les Vosges en février 1918, poursuivant son périple à Luzarches près de Paris fin mars pour finalement être embarqué le 15 avril 1918 vers ............. Poperinghe, juste à côté d'Ypres en Belgique.

Et là, il faut laisser parler l'historique du régiment:
"Le 413è relève le 22 avril le 83e R.I. dans le secteur de Westoutre.
Dès le 24, il est soumis à de très violents tirs d'artillerie ; le 25, après une intense préparation par obus toxiques et explosifs, l'ennemi attaque à 4 heures 30.
Le régiment accomplit intégralement sa mission ; le 2ème bataillon, qui doit résister à tout prix, se fait hacher sur place pour s'opposer aux progrès de l'ennemi. Le 1er bataillon ( celui de Roger Achard qui appartient à la 2ème Cie) résiste lui aussi héroïquement. Une Compagnie, qui a l'ordre de garder le terrain jusqu'au dernier homme, exécute cette mission sans la moindre défaillance. Privée de munitions, elle utilise les cartouches et les armes anglaises trouvées sur le terrain et continue la lutte jusqu'au bout. Personne n'en revient.
Le 26 avril, après une attaque ennemie, le régiment contre-attaque et prend Locre, perdu et repris à plusieurs reprises. Cette position reste finalement en notre possession à la suite d'une très vigoureuse contre-attaque à la baïonnette.
Tous les efforts faits par l'ennemi pour accentuer sa pression restent vains. Le régiment ne perd pas un pouce de terrain. Dans la nuit, il reçoit l'ordre de se replier, pour réduire le saillant qu'il forme dans la ligne générale.
Les pertes subies sont lourdes. Il ne reste plus qu'environ 500 fusils. Tous les hommes, au cours de cette journée, ont fait preuve d'un courage et d'une ténacité extraordinaires.
L'ennemi a inauguré un nouveau mode d'attaque : infiltration par petits groupes, emploi intensif des mitrailleuses et tirs d'anéantissement sur zone formidables.
Les journées des 27 et 28 avril se passent sous des bombardements incessants, sans attaque d'infanterie. Le 29, à partir de 3 heures, le feu reprend avec une intensité inouïe sur tout le secteur : toutes les communications et toutes les liaisons sont momentanément interrompues.
A partir de 5 heures, l'ennemi attaque sur tout le front. L'ennemi, qui a réussi à s'infiltrer dans la brèche entre le 1er bataillon de Roger Achard et un bataillon du 414e R.I. et à pénétrer dans Locre, en est rejeté par une contre-attaque exécutée avec une grande bravoure.
A 12 heures, notre ligne est rétablie en tous points. A 17 heures, le bombardement ennemi reprend avec une extrême violence.
Le 30 avril, ce qui reste du régiment est relevé par le 86e R.I. et évacué.
La conduite du 413ème RI sauve les monts des Flandres, dont la prise aurait pu avoir des conséquences incalculables en permettent aux Allemands de séparer définitivement l'armée anglo-belge des troupes françaises et d'atteindre le but qu'ils convoitent : Calais.
"

Calais est sauvée, mais le bilan est éloquent: pendant ces 7 jours, 66 soldats sont tués, 353 sont blessés et 744 sont portés disparus sur 2.100 environ engagés. Les rares rescapés confirment que les Allemands ne font pas beaucoup de prisonniers....
Pour son comportement héroïque au sein de la 2ème Cie, Roger Achard reçoit le 14 mai suivant la citation suivante: "excellent caporal grenadier, s'est conduit vaillamment au cours d'une contre attaque par sa bravoure et son mépris du danger, a provoqué l'admiration de ses hommes (avril 1918): Croix de Guerre étoile d'argent."

Et le 04 mai suivant, Roger Achard est nommé sergent.....
regis 79
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Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans, jour pour jour, le 24 avril 1918……..

Ce 24 avril 1918, Ambroise Achard, né à Frontenay en 1898, le jeune frère de Roger évoqué hier et de Maurice, commence sa première journée "Aux Armées" avec le 114ème RI.
Ce régiment, encore en poste en Meurthe-et Moselle le 30 mars précédent est subitement envoyé le 31 dans la Somme, près de Montdidier.
Ce 24 avril 1918, le JMO rapporte que la situation est plutôt calme à Grivesnes, au nord de Montdidier, pour le 114ème d'Ambroise Achard. L'activité de l'artillerie ennemie est faible, seule une patrouille allemande aperçue dans la nuit est vite chassée par les Français.
Les jours suivants, quelques tentatives d'intrusion de part et d'autres se soldent par des échecs. Les tirs de harcèlement ennemis sont faibles mais réguliers. On en profite pour continuer les travaux d'organisation et de défense.
Les aviations des deux camps sont par contre très actives. Plusieurs avions sont abattus sur le mois de mai 1918, les pilotes pas toujours tués étant faits prisonniers.
Chacun se cherche, ose des petits coups de main vite avortés; ça ne va pas durer, le mois de juin va être beaucoup plus dur pour le 114ème RI et Ambroise Achard ............

Pour Roger Achard évoqué hier, c'est la fin de mai 1918 qui va être difficile ...............
regis 79
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Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans, jour pour jour, ......

Pour faire suite à mon message du 18 avril dernier relatif à André Théophile Antoine Naudin, né à Frontenay en 1899, voici des éléments complémentaires retrouvés sur l'Etat-civil de Frontenay, sur les recensement de 1896 et 1901, ainsi que sur le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français et international, le Maitron.

André ou Antoine (selon les documents) Naudin est le fils de Théophile Naudin et de Marie Antoinette Genty, tous les deux instituteurs, respectivement à St Jean de Sauves et à Frontenay-sur-Dive où ils se sont mariés en novembre 1895. Ils sont inscrits sur les recensements de 1896 et 1901. Sur ce dernier apparaît aussi André Théophile Antoine Naudin, âgé de 2 ans.
Théophile est originaire d'Etables commune de Charrais (86) et Marie Antoinette de Moncontour (86). Il y a fort à parier qu'ils se sont connus à Frontenay.....ou à St Jean de Sauves tout proche.
En 1902, naît une petite soeur, Madeleine Suzette Antoinette NAUDIN, qui se mariera en octobre 1925 avec Marius Gazeau à Paris 13ème
Ensuite, plus de traces à Frontenay pour ces 4 personnes, puisqu'on les retrouve à Mazeuil (86) en 1906 et 1911. Entre temps, la famille s'est agrandie avec l'arrivée d'une petite soeur, Nelly, née à Mazeuil en 1904.

Le Maitron, a bien voulu me faire part des données concernant André Naudin, qui, même s'il n'est resté que quelques années à Frontenay, n'en demeure pas moins un enfant du pays.

Voici ce que j'ai reçu suite à ma demande:
"Né le 29 mars 1899 à Frontenay-sur-Dive (Vienne), mort le 23 janvier 1988 à Antibes (Alpes-Maritimes) ; économe (Jura) puis intendant (Algérie) de l’Éducation nationale ; syndicaliste CGT.
Fils de Théophile Naudin, instituteur, et de Marie, Antoinette Genty, institutrice, André Naudin, bachelier, surveillant d’internat au collège de Loudun (Vienne), mobilisé de mars 1918 à octobre 1919 dans le Génie, devint surveillant à l’école primaire supérieure (1919-1920) puis au lycée de garçons (octobre-novembre 1920) de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) avant d’entrer comme aide météorologiste à l’observatoire du Puy-de-Dôme (1920-1921). Il réintégra le lycée comme maître d’internat (1921-1923) puis devint répétiteur au collège de Brive (Corrèze). Reçu en 1923 au concours d’aptitude aux fonctions de commis, il débuta comme commis d’économat au lycée Henri Poincaré à Nancy (Meurthe-et-Moselle) en février 1924, puis aux lycées Henri IV à Paris, Hoche à Versailles (Seine-et-Oise/Yvelines). Après avoir obtenu le certificat d’aptitude aux fonctions de sous-économe, il devint sous-économe en octobre 1927 au lycée Descartes à Tours (Indre-et-Loire).
Se déclarant sous-économe à Versailles, il se maria religieusement en août 1926 à Boussy-Saint-Antoine (Seine-et-Oise/Essonne) avec Emilie, Isore, Eléonore Matet, née en 1897 à Coueilles (Haute-Garonne), fille d’un cordonnier devenu « propriétaire », ancienne maîtresse d’internat, puis répétitrice, devenue commise stagiaire d’économat au lycée de Versailles (1926-1927) puis sous-économe. Le couple eut deux enfants.
André Naudin fut nommé sous-économe du lycée de garçons Rouget de Lisle à Lons-le-Saunier (Jura) à partir de l’année scolaire 1934-1935. Son épouse occupait les fonctions d’économe du lycée de jeunes filles. Nommé économe du lycée de garçons en 1937, il s’affirmait par son sérieux et ses bons rapports avec le personnel. Au début de la guerre, affecté spécial dans le lycée, sa gestion, augmenté de celle de l’Ecole normale d’instituteurs, assura leur relatif bon fonctionnement.
Pour appartenance à la Franc-maçonnerie, André Naudin fut relevé de ses fonctions, par arrêté du17 février 1942, et réintégré « sans en avoir fait la demande », en avril 1942, comme sous-économe aux lycées de Montpellier (Hérault) puis à Lyon (Rhône), du Parc à partir d’octobre 1942, et Ampère en février 1944. Son épouse conserva son poste à Lons-le-Saunier.
A la Libération, il retrouva l’économat de son ancien lycée de Lons-le-Saunier qui avait été transformé en hôpital, puis incendié et inondé. Son action permit la remise en état de fonctionnement de l’établissement.
Après avoir participé aux activités de Résistance, il fut élu secrétaire de la section départementale du Jura lors du congrès de la Fédération générale des fonctionnaires de la CGT, le 8 juillet 1945.
Naudin avait demandé un poste double dans une ville universitaire. Il obtint le poste d’intendant, qui venait d’être créé, du lycée Gautier à Alger, sans internat, à partir d’octobre 1945 alors que son épouse occupait un emploi au lycée de jeunes filles Delacroix. Il refusa en 1949 l’intégration dans le lycée d’un collège, estimant que le maintien des effectifs à 1000 élèves était acceptable. Par la suite, en 1953, deux collèges modernes, dont il assura la gestion économique, furent annexés et les effectifs atteignirent 2 700 en 1956. Tous les rapports s’accordaient à propos de la sous-utilisation de ses capacités. Il obtint sa retraite en janvier 1958 et se retira avec son épouse à Coueilles, commune de naissance de cette dernière où ils passaient leurs vacances.
Après le décès de son épouse en décembre 1972 à Antibes (Alpes-Maritimes), il se remaria en décembre 1973 à Antibes.
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il ne me reste "plus" qu'à retrouver sa descendance, mais ça ne semble pas facile pour le moment.....
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