L'Affaire de Lagarde, 10-11 août 1914

[gommecourt]

Mesdames et Messieurs,
Tout d'abord, veuillez accepter mes excuses pour mon français exécrable (et pour le Brexit, contre lequel j'ai voté!).
Deuxièmement, depuis 2006, je fais des recherches et j'écris sur la bataille de la Somme et j'ai publié trois livres sur ce sujet. Depuis six ans, je travaille sur un livre (il y en a maintenant deux) sur la planification des offensives britanniques et françaises sur la Somme. Le premier volume est devenu incontrôlable et couvre la période allant de la guerre franco-prussienne à la conférence de Chantilly de décembre 1915. Il ne fait que 811 pages. Pour l'instant...
J'écris actuellement sur les premiers combats en Lorraine et en Alsace et j'ai sélectionné quatre batailles dans lesquelles je pense que les tactiques d'avant-guerre, l'entraînement et les décisions sur l'équipement coûtent cher à l'armée française. Ces actions sont: la première attaque de Mulhouse du 7 au 10 août, l’affaire de Lagarde les 10 et 11 août, le combat à Cirey le 14 août et la bataille de Morhange les 19 et 20 août.
Actuellement, je me concentre sur Lagarde. J'ai lu les comptes officiels français et allemands, les JMO des unités impliquées et les brèves histoires régimentaires françaises, toutes les histoires régimentaires allemandes disponibles et les différents sites Web qui traitent de cette action. J'ai maintenant un compte rendu de la bataille et des actions et décisions qui y ont conduit, qui compte 25 000 mots.Ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est la réponse politique après les combats et les attaques contre les troupes provençales impliquées qui, je crois, a causé des dommages à long terme entre le sud et d’autres parties de la France, car ils ont ensuite également été blâmés lorsque le 15e Corps s’est retiré à Morhange et toute l’invasion de la Lorraine s’est effondrée.
Quelqu'un peut-il m'expliquer ou m'orienter vers une explication de toute division sociale et politique entre ce que je soupçonne être principalement une zone rurale, catholique et conservatrice (à l'exception de lieux comme Marseille et Toulon) et, peut-être, plus républicain, urbain (radical?) nord représenté par des hommes politiques comme Messimy, qui, entre autres dont Clemenceau, semble avoir été impliqué dans la diffusion de rumeurs sur la conduite des hommes de Provence. J'ai des informations sur les commentaires faits et les articles écrits à l'époque et par la suite, c'est ce qui (si quelque chose) a créé une atmosphère antérieure de méfiance apparente envers les Provençaux qui m'intéresse.
Toute aide apportée serait reçue avec gratitude.

Bill MacCormick

[terrasson]

adiu Gommecourt
j ai bien lu vos attentes je vous prie si vous le désirez de vous rendre sur ce blog qui evoque bien cette tragique epoque http://lesmidi.canalblog.com/ ce blog pourrait contribuer a vous eclairer
bien cordialement
adischats
cristian terrasson

[gommecourt]

Cristian,

Merci pour ces informations. J'ai déjà visité ce site qui contient beaucoup de matériel utile et, en effet, m'a alerté sur la dimension politique de l'attitude envers la performance du 15e corps. J'ai maintenant besoin de quelques informations sur les raisons pour lesquelles certains politiciens et soldats ont adopté une attitude aussi négative envers les soldats provençaux.

Cordialement,

Bill

[b sonneck]

Bonjour,

Il ne faut pas perdre de vue qu'il y a longtemps eu en France un a priori de dédain méprisant des populations du Nord à l'égard de l'ardeur au travail, et bien sûr au combat, de celles du Sud.

Un phénomène qu'on voit déjà se manifester à la fin du XVIIIe siècle, avec le peu de considération que les chouans de Normandie et du nord de la Mayenne avaient pour ceux de l'Anjou, qu'ils trouvaient tièdes et ramollis, ce qu'ils mettaient sur le compte du climat plus doux des bords de la Loire.

Edité pour ajouter que ce dernier point est signalé par l'historienne Anne Bernet dans son Histoire générale de la chouannerie.

Cordialement
Bernard

[michelstl]

Bonjour
Un article intéressant sur le sujet
La faute aux « Midis » : la légende de la lâcheté des Méridionaux au feu
https://www.persee.fr/doc/anami_0003-43 ... 2_232_2682

Dans ce texte on mentionne l'article d'Auguste Gervais dans Le Matin du 24 août 1914
Le voici
http://58eri.canalblog.com/archives/200 ... 43450.html
Blog http://58eri.canalblog.com/archives/200 ... 43450.html

S'intéreser à partir du début de phase «De là naît l’affaire du 15ème corps...»
https://velleron-culture-patrimoine.fr/ ... de-guerre/

Autre:
https://journals.openedition.org/cdlm/5606
http://oasis.ac-aix-marseille.fr/upload ... _corps.pdf
http://www.pertuisien.fr/flash.php?flash=65192
http://www.as-lashha.com/medias/files/a ... 0-2014.pdf
Etc...

Il existe un Forum sur le 15e Corps https://15ecorps.xooit.com/f1-Forum-sur ... -Corps.htm
Salutations
Michel

[Uschen]

bonsoir
Lagarde, Morhange et Conthil ont fait l'objet d'échanges sur ce forum en 2017.
Le sujet des Meridionaux avait son défenseur en la personne de Chanteloube membre du forum.
En entrant un des lieux sur le moteur de recherche vous découvrez pas mal de renseignements.
Amicalement

[gommecourt]

Merci à tous pour les réponses et informations. Je vais les suivre au cours des prochains jours. Je terminerai d'abord mon récit de l'action à Lagarde avant de réfléchir à ce que l'on peut dire à un public britannique sur la question nord contre sud. C'est un problème que nous avons dans ce pays, mais ici, le sud méprise le nord. Ou plutôt, les Londoniens méprisent tout le monde! Sauf moi, bien sûr. J'aime (presque) tout le monde.

Cordialement,

Bill

[SFdu57]

Bonjour
Je viens de découvrir votre publication. J’ai un grand-oncle qui est mort à 23 ans à Lagarde. Il était maréchal des logis au 19e RAC. C’est la famille de mon père, originaire du Var. Ma famille est provençale et j’habite dans le Nord Est depuis 30 ans. Je crois donc pouvoir parler des histoires « Nord contre Sud ».
Les Provençaux passent pour des gens pas trop pressés, expansifs et portés à raconter des histoires en exagérant ( les « galéjades »). Par exemple un pêcheur dira qu’il a attrapé un poisson de presque un mètre alors qu’il faisait 30 cm... C’est rarement méchant.
Les gens du Nord, notamment du Nord Est, sont fiers de leur sérieux et de leur fiabilité : travailleurs et disciplinés, organisés, c’est l’image qu’ils aiment donner. Ma belle-mère estimait qu’au Sud de la Loire, c'était déjà l’Afrique du Nord ! Depuis elle a connu ma famille et son opinion a évolué, mais il y a encore beaucoup de préjugés. Depuis que j’habite le Nord Est je me suis bagarrée contre ça.
Je suis intéressée par votre récit de la bataille de Lagarde, si c’est possible.
Bon courage pour votre travail

[kglbayrRIR2]

Bonsoir!
Belle lecture. C'est probablement le sort de tous les gens du «Sud» qu'ils ne soient pas pris très au sérieux. En Allemagne, nous, les Bavarois, devons principalement jouer ce rôle des "Méridionaux".
Dans l'historiographie prussienne, on considère que la Grande Guerre a été perdue parce que le Kronprinz Rupprecht n'a pas attiré les Français au-delà de la Sarre et les a ensuite attaqués trop rapidement. Alors que les Français étaient censés être en fuite désespérée et que la trouée des Charmes était grande ouverte, il n'a pas immédiatement emboîté le pas parce que «les chevaux étaient trop fatigués».
Depuis que j'ai suivi les traces de mon grand-père, j'ai compris de plus en plus pourquoi il était assez en colère contre les Prussiens. Tant à Arras qu'à Cléry-sur-Somme, son régiment (royal bavarois RIR 2) remplace temporairement les régiments de la garde prussienne(Gardes à pied Nr. 1 /Nr. 3). Si vous lisez leurs histoires régimentaires, vous avez l'impression que le "Frantzmann" n'a percé que lorsque le "Bayern" était de nouveau occupé à "boire de la bière".
En réalité, mon grand-père a eu le malheur que le 3 septembre 1916 à Cléry-sur-Somme il a dû endurer à nouveau en première ligne (tranchée de la Weser) parce que le remplacement prussien a été retardé. En fait, ils devraient être remplacés le 3 septembre. Son bataillon (III / RIR2) a pu tenir la tranchée de la Weser contre les «diables rouges» (plus 1 bataillon de Zouves mixte, plus 1 bataillon du 174e, parce que le 152e n'avait plus de réserves) jusqu'au 4 septembre (c'est dommage que mon grand-père n'ait jamais su qu'il avait affaire à un régiment d'élite!).

Sektor C ; "Tranchée de la Weser" (III/9 RIR2)

clery.png (1.04 Mio) Consulté 1669 fois

Autant que je sache, les fusiliers de la garde prussienne ont dirigé le 4 sept leur propre artillerie sur la tranchée de la Weser parce qu'ils étaient d'avis que les Bavarois étaient tous morts.
Ce n'est qu'alors que les restes du bataillon de mon grand-père ont dû être capturés.

Oh oui. Nous, les "Méridionaux", sommes toujours sous-estimés. Ainsi le général Taverna du 16e corps s'est trompé le 18 août 1914, lorsqu'il a rejeté les inquiétudes du général Vidal de la 31e division au sujet de l'attaque de Mittersheim en faisant remarquer que sa division ne faisait face qu'à des troupes allemandes "peu importantes". C'était un régiment d'infanterie de réserve. Le régiment de mon grand-père.
Bravo aux Méridionaux!
Cordialement
Joseph