Reichackerkopf

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florence
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Reichackerkopf

Message par florence »

Bonjour. Voici une petite contribution à l'histoire des combats pour le Reichackerkopf. Extrait du Journal de Marche de la 1ère Batterie du 2e Régiment d'Artillerie de Montagne, 6 au 20 Mars 1915.
Cordialement,
Florence

:gun:
Samedi 6 Mars Attaque du Reichackerkopf.
Dans la matinée, l'artillerie lourde, ainsi que les batteries de 75, règle son tir sur le Reichackerkopf. De 10h ½ à 11h10, tir d'efficacité de l'artillerie lourde. De 11h à 11h10, tir d'efficacité du 75.
11h. A 11h10, l'attaque est déclenchée. L'artillerie de montagne ouvre le feu. La 4e pièce, avec laquelle se tient le sous-lieutenant Peyrard, ouvre le feu sur une mitrailleuse placée sur les pentes sud-ouest du petit Reichacker et la réduit au silence. Mais l'artillerie ennemie bombarde violemment le col du Sattel et les tranchées voisines ; la 4e pièce doit cesser le feu après avoir tiré 15 obus.
La batterie exécute d'abord un tir de barrage sur les pentes sud du petit Reichacker, à 300m environ du sommet.
11h45. Puis elle reçoit l'ordre d'allonger le tir, les chasseurs ayant occupé la colline.
Distance du petit Reichackerkopf : 1800-2200
Distance du grand Reichackerkopf : 2400
Elle exécute alors des tirs de barrage dans les mêmes conditions sur les pentes sud du grand Reichackerkopf.
13h. A 13h, les chasseurs du 23e bataillon ont occupé les deux Reichacker mais sans dépasser la crête vers le sud.
L'artillerie allemande commence à bombarder les positions que nous venons d'occuper et l'infanterie revient à la charge.
La 1ère batterie exécute pendant tout l'après-midi des tirs de barrage sur le petit Reichackerkopf (notamment sur le boyau venant de Stocke), sur le grand Reichacker et dans le vallon intermédiaire.
Vers 15h ½, le commandant Fabry, du 23e, qui commande les troupes d'attaque, est blessé. Il est remplacé par le commandant Lançon du 6e.
A la nuit, la contre-attaque allemande est repoussée.
Vers 21h, une nouvelle attaque semble se produire. La batterie tire quelques obus sur les pentes du Reichacker. L'attaque est repoussée.
Pendant la nuit, la 4e pièce est retirée de la tranchée et amenée à Almatten.
Un canonnier est évacué pour maladie.

Dimanche 7 Mars Vers 8h, le bombardement de nos positions commence. A ce moment, la batterie exécute un tir de quelques obus pour permettre au lieutenant Carenco, qui s'est rendu au Reichacker, de rectifier la direction.
A 11h, une attaque allemande est facilement repoussée. Dans l'après-midi, une nouvelle et très violente attaque se produit. Une tranchée sur le flanc ouest du petit Reichacker est enlevée par l'ennemi et reprise à la baïonnette.
15h40, la batterie exécute à partir de ce moment une série de tirs de barrage dans les mêmes conditions que la veille.
23h, une nouvelle attaque allemande est repoussée. La batterie tire encore quelques obus.
Deux canonniers sortant de l'hôpital rejoignent la batterie.
Pendant la nuit, une pièce, mise en batterie à la lisière du bois du TannleyKopf, reste en surveillance sur Mulbach.

Lundi 8 Mars L'infanterie organise les positions conquises au Reichackerkopf.
Désormais, les batteries de montagne n'auront plus à exécuter, en principe, que des tirs de barrage en avant de nos tranchées. La 1ère batterie flanque le front sud de nos positions du Reichackerkopf.
Un homme est évacué pour maladie.

Mardi 9 Mars La batterie reste en position à Almatten et tire, à diverses reprises, quelques obus sur l'ordre du commandant de l'artillerie (tirs de barrage).
Le personnel est employé à construire des abris.
Un mulet meurt.
Les allemands lancent des bombes sur le petit Reichackerkopf.
Le froid augmente. La neige tombe en abondance.

Mercredi 10 Mars Une tranchée abandonnée pendant la nuit par suite du bombardement est reprise dans la matinée (petit Reichackerkopf). Dans la soirée, les Allemands contre-attaquent sans succès.
La batterie exécute, pendant la journée et pendant la nuit, une série de tirs de barrage, sur l'ordre du commandant de l'artillerie.

Jeudi 11 Mars 3 hommes évacués pour maladie.
Pendant la journée, fusillade intermittente au Reichackerkopf.
Une attaque allemande est facilement repoussée.
La batterie exécute un certain nombre de tirs de barrage.
Chute de neige.

Vendredi 12 Mars Fusillade intermittente au Reichackerkopf.
Tirs de barrage pour la batterie, dans la direction des lance-bombes.

Samedi 13 Mars Les Allemands bombardent le Reichackerkopf avec des mortiers de 210, en plus des pièces de 105, 77, 74, déjà employées. Les mortiers de 210 semblent placés dans l'axe de la vallée ; les autres batteries sur les pentes, de chaque côté de la vallée. Tous les obus convergent sur le Reichackerkopf et le Col du Sattel.
Le bombardement par les bombes continue également. Les minenwerfer, placés d'abord sur les pentes du petit Reichackerkopf, sont maintenant dans le vallon entre les deux collines. Au moyen de renseignements fournis par l'infanterie, le commandant de l'artillerie fait rectifier les tirs de barrage de la 1ère batterie de façon à les diriger sur la région où se trouvent les lance-bombes.

Dimanche 14 Mars Le bombardement par les obus et les bombes redouble d'intensité. La fusillade continue par intermittences.
La batterie exécute des tirs de barrage sur le grand Reichacker et le ravin de Tiffenbach.
Pendant la nuit, les Allemands s'introduisent dans une tranchée évacuée par suite du bombardement, sur le pente ouest du grand Reichackerkopf.
La batterie exécute plusieurs tirs de barrage pendant la nuit.

Lundi 15 Mars Vers 8h, un peloton de chasseurs tente sans succès de reprendre la tranchée perdue.
11h15. Une attaque plus sérieuse est ordonnée pour 11h ¼. De 11h10 à 11h15, la 1ère batterie couvre de projectiles la position ennemie. Mais notre infanterie, qui n'est pas encore en place, ne débouche pas. Un nouveau tir d'efficacité est ordonné pour 11h ¾ mais n'est pas exécuté, l'infanterie préférant agir par surprise.
A 11h ¾, les chasseurs se portent en avant. Les Allemands entassés dans la tranchée sont tués ou pris (75e régiment de réserve).
La batterie exécute encore quelques tirs de barrage.
Durant l'après-midi, elle est prise à parti par une batterie de 105 et une batterie de 74 placées de l'autre côté de la vallée. Le canonnier Gaillard Emile est blessé. 2 mulets sont blessés. La batterie continue de tirer.
Le bombardement sur le Reichacker a presque complètement cessé. Les mortiers de 210 se taisent.

Mardi 16 Mars Le bombardement sur le Reichackerkopf reprend.
La batterie exécute des tirs sur les lance-bombes, d'après les indications du commandant de l'artillerie. Elle reçoit des obus de 74 et de 105. Le canonnier Novis est blessé. 2 mulets sont blessés. 3 hommes sont envoyés en détention à la prison de la 66e division.

Mercredi 17 Mars Le bombardement du Reichackerkopf continue.
A 5h, la batterie tire quelques obus et fait partir un marron à lueurs [artifice imitant la lueur de départ des canons] sur la lisière du bois de Tannleykopf. Elle est encore bombardée par une batterie de 105 pendant une heure.
Un cheval meurt. Deux mulets laissés à Bitschwiller ramenés par une corvée partie le 14.

Jeudi 18 Mars Le bombardement du Reichackerkopf continue.
La batterie tire quelques obus et fait partir des marrons à lueur.
Dans l'après-midi, elle est prise à parti par une batterie de 77.
Le maréchal des logis Coulomb et le canonnier Declinand sont envoyés au Reichackerkopf pour y faire partie de l'équipe de servants d'un canon de tranchée de 58 mm, en attendant qu'une équipe de chasseurs soit en état de servir ce canon.

Vendredi 19 Mars Le point d'attaque allemand sur le Reichackerkopf s'est déplacé progressivement vers l'est. Les lance-bombes sont maintenant installés sur la face est du grand Reichackerkopf d'où ils bombardent violemment nos positions (244 bombes en un jour).
Dans la matinée, le 62e bataillon de chasseurs attaque la partie nord du bois du Reichackerkopf. Il progresse vers la gauche mais ne peut déboucher à droite.
Le canon de 58 bombarde avec succès les positions ennemies du petit Reichackerkopf (il est sous les ordres du lieutenant Maury). La batterie ne tire pas.
A plusieurs reprises durant cette période, la batterie fournit de fortes corvées (15 à 30 mulets) pour aller chercher à Segmat les munitions de la batterie de 90 installée depuis le 15 à Nuda Sud.

Samedi 20 Mars Perte du Reichackerkopf.
Le bombardement de nos positions continue dans la matinée.
Vers 11h ½, une violente attaque se produit à l'angle nord-est de nos positions du Reichackerkopf. Les Allemands pénètrent dans nos tranchées et tournent la compagnie placée sur le grand Reichackerkopf.
12h ¾. De l'observatoire de la batterie, on aperçoit l'infanterie allemande sur le grand Reichackerkopf. La batterie ouvre le feu sur elle et l'oblige à se dissimuler. Peu après, une mine fait explosion dans le col entre les deux collines.
13h ¾. L'infanterie ennemie arrive sur le petit Reichackerkopf où elle cherche à s'installer. La batterie ouvre le feu sur elle et l'oblige à se dissimuler.
Au moment de la brusque irruption des Allemands dans nos lignes, l'équipe du 58, qui devait être relevée le jour même, se trouvait rassemblée au blockhaus du petit Reichacker. Les hommes partirent pour prendre leurs paquetages et le maréchal des logis Coulomb resta seul avec le canonnier Delayer (batterie 41/1). Ils tirèrent quelques coups de mousqueton ou de revolver sur les fantassins ennemis puis démontèrent le canon et en jetèrent les morceaux dans le bois. Comme ils traversaient le col pour regagner le Sattel, le maréchal des logis Coulomb fut tué d'une balle au cœur. Le canonnier Declinand fut tué au col également, par un éclat d'obus à la tête.
Dans l'après-midi, nous avons repris nos anciennes positions au Satel.
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Gilles ROLAND
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Re: Reichackerkopf

Message par Gilles ROLAND »

Bonjour,

Merci pour cette transcription du JMO

En juillet 1915 des lance-flammes ont été utilisés au Reichacker

Voici un rapport de l’adjudant Gallais, 1er Régiment du Génie, Compagnie spéciale 22/5 (22e Bataillon, 5e Compagnie)

le 20 juillet 1915

Trois postes de deux réservoirs étaient installés dans une tranchée dite tranchée d’Amfersbach secteur de gauche du petit Reichacker occupée par la 7e Cie du 47e bataillon de Chasseurs. Nos réservoirs étaient disposés en pleine tranchée sans abris, les sapes prévues pour la manœuvre n’avaient pu être faites pour y remédier dans les meilleures conditions possibles, j’avais donné l’ordre d’amarrer les lances à des perches de 3m pour permettre par ce fait de gagner un peu de terrain et de dégager la tranchée. La tranchée allemande était distante d’environ 20m au poste no 1 et 30m en face des postes 2 et 3. Les postes étaient composés de la façon suivante : Poste no 1 Chef de poste Sergent Quinton, grenadier Tellier, porte lance Hotte, mécanicien Lebon. Poste no 2 Chef de poste Caporal Papineau, grenadier Cottet, porte lance Villeneuve, mécanicien Devillers Poste no 2 Chef de poste Sergent Finck, grenadier Ambroise, porte lance Masseboeuf, mécanicien Gauduchon J’occupais moi-même un créneau du centre de la tranchée, surveillant toute la manœuvre. A la réception de l’ordre j’ai fait remarquer au Commt Voiriot et au Commt Nicolas Commt le 24 Baton de Chasseurs, sous les ordres duquel nous nous trouvions, que le vent était plutôt contraire, la manœuvre pouvait non seulement n’avoir aucune efficacité mais peut-être même devenir dangereuse. Après mes explications, le commandant ayant maintenu son ordre formel de manœuvre, il a été décidé que le signal de commencer serait donné par une première grenade lancée exactement à 10 h 46. A l’heure dite, les grenades étaient habilement lancées et les trois lances crachaient. Un vent Nord-Est soufflait légèrement, mais toutefois suffisamment pour dévier la direction utile des flammes, qui n’ont pas tardé à gagner notre tranchée sur le point occupé par le poste no 2, ce que voyant j’ai fait arrêter la manœuvre. 2 réservoirs restaient à vider 1 au poste no 1 et 1 au poste no 3. Aucune panique n’est venue troubler la fin de la manœuvre, le feu ayant été éteint au moyen de 3 extincteurs par les sapeurs Ambroise et Devillers qui dans la circonstance ont fait preuve d’initiative et de sang froid. La tranchée allemande a été atteinte en face du poste no 1 mais immédiatement dégagée par le vent Nord-Est. La manœuvre terminée nous nous sommes repliés en bon ordre, ne laissant sur place que les réservoirs. J’ai été immédiatement rendre compte au CommtVoiriot que ma mission était terminée. La manœuvre s’est heureusement effectuée sans accidents. Malgré un très violent bombardement avant pendant et après la manœuvre, et une fusillade très nourrie déchaînée par notre opération les hommes ont tous fait preuve d’un grand dévouement pour accomplir cette mission délicate dans des conditions particulièrement difficiles. La rentrée au bivouac n’a pas été sans difficultés un bombardement de grosses pièces étant dirigé sur le seul boyau praticable. Aucun de mes hommes suffisamment espacés n’a été touché. Fermant la marche de la colonne un obus m’a renversé me touchant très légèrement au sommet de la tête sans du reste, la moindre gravité. Il serait injuste d’oublier l’infirmier Martin qui n’a jamais quitté la section même à la manœuvre.

Cordialement

Gilles ROLAND
-Ca sent le macchab, dit Le Moal. -J’te crois, y en a plein par ici. Jean Berthaud « 1915 sur les Hauts-de Meuse en Champagne »
VESTIGES.1914.1918 MAJ le 10 novembre 2015
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