Au détour d'un JMO (4) – 9e bataillon d'un régiment [MàJ]

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clery
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Re: Au détour d'un JMO (4) – 9e bataillon d'un régiment [MàJ]

Message par clery »

Rebonjour Arnaud,

Concernant votre nouvelle question, je pense que les soldats en subsistance au 9ème bataillon étaient déjà affectés à leur futur régiment.
Au détour du JMO, une phrase m'a interpellé. "Le soldat Untel de la 36ème compagnie du 279ème RI est renvoyé à son dépôt. "
Lorsque le rédacteur parle de la 36ème compagnie du 279, c'est en fait la 36ème du 9 bataillon mais le soldat appartient au 279ème.
Pour les inscriptions au registre matricule, s'ils étaient en subsistance, je ne pense pas.
Bien que pour mon grand père, en subsistance au 9ème bataillon, la mention 141ème et un numéro matricule y figure mais ils sont barrés.

Cordialement
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armand
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Re: Au détour d'un JMO (4) – 9e bataillon d'un régiment [MàJ]

Message par armand »

1. Décision ministérielle du 25 janvier 1915 prévoyant la constitution de 40 bataillons de marche en France, soit deux par région militaire
exemple :
-Février 1915, à partir de renforts de tous les régiments de la place de Belfort formation d'un bataillon de marche, à la caserne Bechaud, portant le numero 171. Le 24 mars 1915, les trois BM des 63e RI, 107e RI et 171e R.I sont mis à la disposition du 6e corps d'armée. Le BM du 171e R.I sert à reconstituer le 132e R.I. Source carnet d'un poilu du 132
...
Vos remarques me poussent à poser une nouvelle question : les périodes au 9e bataillon d'un régiment furent-ils inscrits sur les registres matricules ? Sujet vraiment difficile par la diversité des cas !
Merci beaucoup pour vos remarques, les recherches continuent !
Amitiés,Arnaud
Bonjour Arnaud et pour contribuer à ta question
J'ai compris par ailleurs que tu as une fiche matricule d'un gars qui a suivi ce parcours : mobilisé au 172e RI (Belfort), passé au 171 RI le 30 janvier 1915 et passé au 132e RI le 24 mars 1915. La fiche ne porte pas la mention Bataillon de Marche. (Ce bataillon de marche n'est pas un 9eme bataillon point de depart de ton post)


Amicalement
Armand
Sur les traces du 132ème RI " Un contre Huit " et du 294ème RI (le "29-4")
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Arnaud Carobbi
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Re: Au détour d'un JMO (4) – 9e bataillon d'un régiment [MàJ]

Message par Arnaud Carobbi »

Bonjour à tous,

Comme promis, suite de ma tentative de synthèse sur le 9e bataillon, et plus généralement sur la formation des troupes.
Dans le poste précédent, j'ai étudié l'organisation entre avril et novembre 1915.
Tout ce qui va suivre provient de l'étude de l'année 1915-1916 dans 2 JMO de la Ve Armée :

E.M. des bataillons d'instruction : J.M.O. • 24 août 1915-5 février 1919 • 26 N 38/8
Bataillons d'instruction, centre n° 1 : J.M.O. • 5 décembre 1915-22 avril 1919 • 26 N 38/9

Une fois encore, il convient de prendre avec prudence ces conclusions qui ne portent que sur un seul centre d'instruction et qui ne reposent pas sur une étude statistique exhaustive. Il s'agit, par l'étude d'exemple, d'avoir une idée générale du fonctionnement.

¤ L'organisation de l'instruction des troupes à partir de décembre 1915 :
Le 22 novembre 1915 est mis en place un centre d'instruction à la Ve Armée (il existait un embryon de centre avec trois bataillons auparavant) composé du 11 bataillons, puis rapidement 14. L'objectif est clairement d'instruire la classe 1916 (c'est même le nom donné à ces bataillons : « Bataillons d'instruction de la classe 1916 »). Dès le premier décembre, deux centres d'instructions sont formés, chacun regroupant 7 bataillons dans un même secteur géographique (voir carte infra). Les bataillons arrivent sur zone dans la première quinzaine de décembre 1915.

Cela donne l'organisation suivante :
Image

Cette répartition des troupes (comme celle visible sur la carte) n'est valable que pour les premiers mois de fonctionnement. Ensuite, les localisations vont changer et certains bataillons vont être affecté à d'autre centres d'instruction, et inversement.

¤ L'instruction des troupes :
Je ne rentre pas dans le détails des dates d'arrivée des recrues de la classe 1916. Ce sujet pourrait faire l'objet d'une étude à elle seule, une fois encore on a déjà vu la variété des situations sur le sujet sur le forum.
La formations des troupes est complétées dans les 9e bataillons après leur passage en caserne. Elle est toutefois plus poussée car il est mentionné la possibilité de suivre des enseignements complémentaires : signaleurs, mitrailleurs, équitation pour officiers et sous-officiers, cours d'instruction et de perfectionnement des chefs de section, grenadiers sont mentionnés en 1916.
Des « bataillons de marche de travailleurs » sont mis en place de manière régulière afin de fournir à différents corps d'armée 4 compagnie de travailleurs utilisés souvent pour aménager les positions de 2e et 3e ligne.

¤ Provenance des troupes et destinations :
Le lecture des JMO est à la fois instructive et décourageante : les listes d'arrivées et de départs semblent une fois encore ne répondre à aucune logique. Voici la liste des régiments d'où viennent les recrues à instruire pour la période mars, avril, mai 1916 :
1, 5, 6, 19, 21, 24, 28, 33, 34, 36, 37, 39, 49, 50, 68, 74, 78, 84, 90, 100, 107, 108, 109, 123, 126, 138, 144, 149, 152, 156, 162, 165, 168, 170.
Dans le même temps, voici les régiments de destination des renforts au départ des 9e bataillons :
1, 43, 53, 54, 67, 74, 78, 104, 108, 127, 131, 132, 143, 162, 201, 208, 233, 259, 276, 317.

En ce qui concerne la provenance, en séparant les renforts de chaque régiment on arrive à clarifier un peu les choses : chaque régiment reçoit des renforts d'une région militaire. Ainsi, le 74e RI pour lequel on dispose d'informations précises (ce qui n'est hélas pas le cas pour le 46e) reçoit la quasi-totalité de ses renforts de la 3e région militaire. C'est là qu'est le dépôt du 74e RI d'ailleurs. La règle pourrait être que la région militaire envoie des renforts à un régiment qui en vient. Ce n'est hélas pas toujours le cas. Ainsi les quelques informations sur le 46e permettent de constater que ses renforts ne viennent plus des mêmes dépôts (à l'exception du dépôt du 46e). Ils sont prélevés dans la 12e région militaire et non plus dans la 5e comme entre avril et novembre 1915, mais aussi de dépôts déplacés suite à l'occupation d'une partie du territoire français.

Pour la classe 1917, deux changements sont à noter :
- les nouvelles classes arrivent pas compagnies entières depuis la caserne.
- les nouvelles recrues d'un régiment sont affectés au 9e bataillon de ce régiment. C'est plus net que pour les classes 1915 et 1916. Cependant, ce point est à approfondir et à vérifier de manière statistique.

Comme pour la période précédente, les recrues viennent de la nouvelle classe. Cependant, une fois que la nouvelle classe est instruite, on voit que beaucoup de renforts arrivant au centre d'instruction sont des ouvriers qui ne sont plus considérés comme indispensables dans leurs usines, des personnels des COA ou d'autres services de l'arrière remplacés par des territoriaux dans le cadre de la loi Dalbiez de 1915. On constate aussi un nombre non négligeable de soldats envoyés dans les bataillons d'instruction suite à une mesure disciplinaire.

Pour la destination, le bilan est moins simple à dresser que pour la situation d'avant novembre 1915. Il n'y a clairement pas de règle pour affecter les renforts vers une Armée plutôt qu'une autre (en l'occurrence la Ve dont dépend ce centre d'instruction).
On peut toutefois, à la lecture des JMO, observer plusieurs éléments qui permettent d'avoir une vision générale de la destination des renforts :
- Le 9e bataillon d'un régiment envoie souvent des renforts vers son régiment.
- Le centre d'instruction envoie des renforts aux unités de la Ve Armée, mais ce n'est pas la majorité des cas : plus généralement, il fournit en hommes une zone qui va du secteur de la Ve Armée jusqu'au sud de Nancy. Aucun renfort plus à l'ouest ou plus à l'est.
- Il fournit des renforts aussi bien à des unités en ligne pendant une longue période que pendant les périodes de repos suivant la participation à un violent combat (ici, Verdun). Ce dernier cas est largement le plus fréquent.

Image

Le tour de la question est loin d'être fait : rien que pour la période vue ici, il existait des petits dépôts dans chaque Corps d'Armée, des dépôts divisionnaires...
Donc si vous avez des précisions à apporter sur tout ce qui concerne le sujet, n'hésitez surtout pas, ce sera bien utile car le sujet n'est pas facile.
De même, si vous avez des informations sur la composition des centres d'instruction des autres Armées (rares sont les JMO disponibles et celui de la IVe Armée ne porte que sur un centre), je suis preneur. Une carte construite avec ces informations pour la fin 1915, ce serait pas mal...

A la semaine prochaine pour un sujet plus léger... pour préparer la rentrée !
Amitiés,
Arnaud
PS : retour sur le message d'Armand.
Il semble finalement que le passages par un 9e bataillon soit marqué. Un grand merci Armand pour cette démonstration, car je te fournis le document pour autre chose et tu fournis une réponse argumentée qui plus est sur le sujet de la semaine ! Reste à savoir si le fait que ce soit noté pour cet homme est lié à son grade ou si c'est le cas pour tous les hommes. Le seul moyen d'arriver à une telle conclusion, ce serait d'avoir la liste complète de tous les 9e bataillons. Et cela permettrait d'apporter une nouvelle précision dans le parcours des hommes tel qu'on peut le lire grâce aux registres matricules.
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