La décision du corps

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Jean-Claude Poncet
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Re: La décision du corps

Message par Jean-Claude Poncet »

Bonjour à tous et toutes,
Merci à tous pour les méritoires efforts récents. Afin de marquer mon entrée sur ce forum, j’ai le plaisir de vous offrir la décision du 18 octobre 1916.
Il y est largement question des épreuves terribles que ce régiment de territoriaux a subies un an auparavant, dans le secteur La Pompelle-ferme d’Alger, lors d’une attaque aux gaz.
Ces décisions ne sont pas toujours passionnantes mais elles sont le reflet d’une partie de ce que les soldats entendaient lors du rapport journalier lors d’un des rassemlblements.

18 octobre 1916. Décision du colonel.
*Ordre du régiment n° 265
Le lieutenant-colonel cite à l’ordre du régiment :
-Le caporal Giraud Pascal, cl. 1894 de la 2e Cie. : « Le 19 octobre 1915, s’est présenté comme volontaire pour aller en première ligne au secours de ses camarades blessés, sous un violent bombardement ; le 20 octobre a assuré le ravitaillement de sa section en munitions, en transportant seul sous un violent bombardement un sac de cartouches qu’il était allé chercher au train de combat. »
-Le caporal Polge Pierre cl. 1895 de la 3e Cie. : « Modèle de courage et de sang-froid ; tué à son poste de combat le 19 octobre 1915. »
-Le sergent Gobet Louis cl 1896 de la 3e Cie. : « Sous-officier modèle ; s’est fait remarquer par son attitude ferme et énergique au cours des attaques des 19 et 20 octobre 1915, alors sa section était décimée par un violent bombardement accompagné d’émission de gaz. »
-Le sergent-fourrier Guis Jules cl. 1895 de la 3e Cie. : « A fait preuve au cours des attaques des 19 et 20 octobre 1915, des plus belles qualités de courage et de sang-froid. »
-Le sergent Féraud Henri cl. 1895, de la 4e Cie. : « Chargé de porter sous un violent bombardement des renseignements du PC. du capitaine au PC. du secteur, a fait preuve au cours de ces missions, qu’il a accomplies avec beaucoup de célérité, de beaucoup d’initiative et de sang-froid ; sa mission terminée a servi de guide aux troupes venant relever celles qui étaient en première ligne. »
-Le sergent Rainaud Marius cl. 1894 de la 4e Cie. : « A l’attaque du 20 octobre 1915, a pris le commandement de sa section après l’évacuation de son chef blessé et a su, par son calme et son sang-froid maintenir la confiance dans sa section ; depuis et en toues circonstances a fait preuve des plus belles qualités militaires. »
--Le sous-lieutenant Usclat Edouard, adjoint au commandant du 2e bataillon : « Le 20 octobre 1915, resté seul officier valide, a assuré, dans une situation très pénible, le commandant de la compagnie, fortement éprouvée par une émission de gaz asphyxiants. »
-Le sergent Brive Gustave, cl. 1895 de la 6e Cie. : « Très bon gradé ; le 20 octobre 1915, quoique fortement éprouvé par les gaz asphyxiants, a montré les plus belles qualités de courage et de sang-froid en allant obstruer les boyaux conduisant au poste d’écoute et en assurant seul avec une énergie farouche le service de son escouade. »
-Le sergent Reynard Victor cl. 1897 de la 6e Cie. : « Sous-officier exemplaire ; a fait preuve de beaucoup de sang-froid et de dévouement dans les circonstances les plus difficiles, notamment dans les journées des 19 et 20 octobre 1915 où il fut un précieux auxiliaire pour son chef de section lors des attaques allemandes avec gaz asphyxiants et bombardements violents. »
-Le soldat Ader Jules cl. 1894 de la 6e Cie. : « Soldat modèle et courageux. Ayant été blessé une première fois, est revenu sur le front où il a toujours fait preuve de dévouement. Blessé mortellement par éclats d’obus à la tête le 7 juillet 1916. »
-Le soldat Martinique Jean cl. 1892 de la 7e Cie. : « Très bon soldat, très dévoué, très courageux ; ayant du sang-froid. Le 10 avril 1916 au cours d’un violent bombardement par torpilles et obus, a fait preuve d’un absolu mépris du danger dans l’accomplissement de ses fonctions d’agent de liaison. »
-Le sergent Boniol Nestor Louis cl. 1896 de la 8e Cie. : « Sur le front depuis le mois de novembre 1914, sous-officier d’une conscience parfaite et d’un dévouement absolu. A déjà été proposé pour une citation pour sa belle conduite pendant les journées des 19 et 20 octobre 1915 ; par son calme et son sang-froid a évité l’intoxication de ses hommes et par son attitude énergique les a maintenu au poste de combat. »
-Le caporal Analdo Vincent cl. 1892 de la 8e Cie. : « A toujours donné l’exemple du sang-froid, s’imposant à ses hommes par un mépris absolu du danger, particulièrement lors des attaques des 19 et 20 octobre 1915. »
-Le caporal Largeau Théodore, cl. 1892 de la 9e Cie. : « Soldat de 2e cl., lors des attaques des 129 et 20 octobre 1915, s’est précipité à son poste de combat et par son attitude résolue a contribué à raffermir le moral de ses camarades. »
-Le sous-lieutenant Vache Joseph de la 10e Cie. : « Ancien sous-officier de l’armée coloniale, comptant de brillants états de service et de nombreuses campagnes, a été lors du 20 octobre 1915, tué d’un éclat d’obus sur le parapet même où affichait un mépris absolu du danger, il maintenant sa troupe sous un violent bombardement. »
-Le capitaine Eymard Henri de la 11e Cie. : « S’est trouvé lors des attaques du 19 octobre 1915 sur l’un des points les plus éprouvés, a eu tous ses chefs de section et les deux tiers de son effectif mis hors de combat, blessé lui-même n’a consenti à se laisser évacuer que lorsqu’il a été certain que l’attaque était repoussée ; a succombé à ses blessures. »
-Le caporal Durand Pierre cl. 1892 de la 11e Cie. : « Soldat de 2e classe, lors des attaques des 19 et 20 octobre 1915s’est appliqué à remonter le moral de ses camarades très éprouvés par une violente émission de gaz asphyxiant. »
-Le soldat Thomassin Auguste cl. 1893 de la 11e Cie. : « Soldat très énergique, a par son attitude puissamment contribué à relever le moral de ses camarades lors des attaques des 19 et 20 octobre 1915. »
-Le capitaine Etienne Marius, commandant la 12e Cie. : « Sur le font depuis le 4 novembre 1914, a, malgré son âge, demandé à y être maintenu, n’a cessé de donner l’exemple du devoir notamment lors des attaques du 20 octobre 1915 en maintenant son unité à son poste de combat, sous un violent bombardement et une épaisse nappe de gaz asphyxiants. »
Le 18 octobre 1916. Le lieutenant-colonel commandant le 118e territorial. Signé : Nanta.
*Félicitations. – Le colonel adresse l’expression de toute sa satisfaction aux soldats Tixier Léon, Vernaz Maurice, Ripert Pierre, Dayre François et au caporal Laraignou-Magendié jean de la 9e Cie. qui, en présence d’une patrouille allemande de 3 hommes et un sous-officier, engagés dans les fils de fer, ont fait preuve du plus grand sang-froid et sans tirer un coup de fusil ont fait prisonniers les quatre Allemands. Ce gradé et ces quatre hommes bénéficieront quand ils le voudront d’une permission de huit jours exceptionnelle.
*Ordre du régiment n° 266
Citations. – Le lieutenant-colonel cite à l’ordre du régiment :
Le caporal Laraignou-Magendié Jean, cl. 1893 et le soldat Vernaz Maurice, cl. 1896, de la 9e Cie. qui, par leur sang-froid et leur attitude énergique ont permis de faire prisonnier quatre Allemands armés composant une patrouille venue jusque dans le réseau de fils de fer français, près d’un poste d’écoute.
Le 18 octobre 1916. Le lieutenant-colonel commandant le 118e territorial. Signé : Nanta.
*Couchage. – Contrairement à la note de la décision du 16 courant, les sacs de couchage distribués aux compagnies seront la propriété des compagnies qui les laisseront au repos dans leur magasin en descendant des tranchés.
Le lieutenant-colonel commandant le 118e territorial.
Signé : Nanta.

A bientôt.
Salutations.
JCP.
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Charraud Jerome
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Re: La décision du corps

Message par Charraud Jerome »

Bonjour Jean Claude
Ce type de rapport est il journalier? au vu des indications oui.
En période de montée aux lignes, continuaient ils a effectuer ce genre de rapport aux troupes?
Qui en faisait la lecture et à quel niveau? Bataillons, compagnies ou escouades?

Bref pleins de questions, afin de resituer le contexte.
Cordialement
Jérôme
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Jean-Claude Poncet
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Re: La décision du corps

Message par Jean-Claude Poncet »

Bonjour,
La décision a existe dans l’armée française depuis fort longtemps.
Il s’agit d’un document manuscrit, genre cahier d’ordres, que lisait le sergent de semaine à la compagnie (mais pas intégralement bien entendu).
Pour la décision, il s’agit d’une compilation de tous les documents intéressant la vie de l’unité avec les communications importantes : vaccinations, port du masque, consignes concernant l’utilisation des grenades, les loupés en matière d’usage des munitions.
Tout ceci est bien évidemment lu au rapport, avec une diffusion générale.
La décision, émane du chef de corps, donc le commandant d’un bataillon (de chasseurs) formant corps ou le colonel d’un régiment, quelle que soit l’arme. Ce peut être une section ou même une compagnie formant corps.
Ce document n’a pas à être archivé en théorie puisqu’il n’a pas valeur d’original : c’est une compilation des ordres de la brigade, de la division, du CA. ou de l’armée et même du GQG. Pour les décisions individuelles (félicitations, décorations, citations ou punitions, permissions, mutations diverses), l’archive est le dossier individuel et ses archives. Il s’agit donc de documents exceptionnels qui décrivent la vie au jour le jour.
Ils en existe pour tous les jours sauf exception vraiment rarissime (le 14 juillet par exemple car tout est déjà prévu le 13 et le 15 on rattrape ce qui n’a pas été diffusé le 14).
La décision donne même le détail des prix maximums des marchandises achetées, les horaires d’ouverture du camion cantine ou foyer.
Bref, on y trouve un peu de tout.
Le 118e RIT. possède 3 bataillons, 2 en ligne vers La Pompelle et la ferme d’Alger mais aussi des compagnies à Montbré et un bataillon au repos. Tous les hommes reçoivent des communications par effet de boule de neige. Et c’est évident car on leur communique les droits et devoirs... Dans les droits, la solde, les permissions, le tabac, le vin, l’eau-de-vie, les citations, les punitions et les recours. Dans les devoirs, on trouve l’entretien des effets et leur perception, les chevaux et les soins à leur apporter, l’entretien des voitures (hippomobiles) et des roues, etc.
Ce que vous découvririez si je publiais tout, c’est que certains articles à mon avis ne sont pas diffusés jusqu’au soldat : en effet, certains officiers se font remonter les bretelles...
Ceci laisse supposer que le colonel signe la décision, que le chef de Bon. diffuse ce qui concerne les compagnies, le capitaine diffuse pour les sections et le chef de section diffuse ce qui intéresse les hommes.
Je poursuivrai mon effort de numérisation, qui est assez fastidieux puisqu’il faut tout reprendre vu que c’est manuscrit.
Salutations.
JCP.
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