Décision du corps 041031

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Jean-Claude Poncet
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Re: Décision du corps 041031

Message par Jean-Claude Poncet »

Bonsoir,
Oui, calme plat si l’on peut dire car la décision de la veille de la Toussaint 1916 fourmille d’informations intéressantes...
Il y a mieux mais, si ce n’est pas plus cher, il faut attendre...

31 octobre 1916. Décision du colonel.
*Bataillon MD. – Par modification à la décision d’hier, les hommes à passer au bataillon MD. devront être rendus à Trigny, au lieu de Muizon, le 3 avant midi.
En conséquence, le point de rassemblement sera Montbré, au lieu de Chigny et les intéressés devront y être rendus le 2 à 16 h. et se présenter au bureau de la 6e Cie. ; le repas du soir et le couchage seront assurés par les compagnies correspondantes (paires ou impaires). Le commandant de la 6e Cie. fera assurer le départ toujours fixé au 3 à 5 h. du matin ; il recevra en temps opportun l’ordre de mission à remettre au chef de détachement. Le commandant du 2e bataillon commandera une voiture, rendue à Montbré le 2 au soir, pour accompagner le détachement. Compte rendu d’ exécution sera adressé au colonel, par téléphone, le 3 avant 14 h.
*Inscriptions à porter sur les livrets individuels. – Les mentions à porter sur la couverture du livret individuel, relatives au séjour aux armées, ne pourront vraisemblablement, pour les hommes ayant fait l’objet de mutations, être toutes inscrites à l’endroit indiqué faute de place. Les compagnies ne devront pas hésiter à ajouter un papillon solidement collé, de manière à pouvoir mentionner tous les renseignements prescrits par le ministre.
*Postes. – Les commandants de quartier examineront si, en présence de la baisse continuelle des effectifs, ils pourraient réduire encore le nombre des sentinelles, plantons, etc. et diminuer les postes existants. Ils rendront compte pour le 3 au matin et fourniront un tableau indiquant : 1°/ le nombre de postes existants – 2°/ le nombre de sentinelles fournies par ces postes et leur emplacement – 3°/ réduction s’il y a lieu – 4°/ nombre de plantons, leur emploi, leur réduction.
*Permissions pour Paris. – Le certificat du commissaire de police exigé pour les permissionnaires pour Paris doit être envoyé au bureau du colonel au minimum 48 h. avant la date fixée pour le départ en permission. Ce certificat sera joint au titre de permission ; les intéressés devront le réclamer à la gare où ils s’embarquent.
*Homme détaché. – Le soldat Borel Joseph cl. 1896, 7e Cie., désigné pour être détaché jusqu’au 15 janvier 1917 à la sucrerie d’Orange, sera mis en route le 2 novembre, directement sur cet établissement. Il se présentera demain à 16 h. au bureau de l’officier des détails, aligné en solde et vivres jusqu’au 3 inclus et sera rayé des contrôles et passé au dépôt, le 4 novembre.
*Fourrages. – A date du 20 octobre 1916, le taux de substitution du son au foin sera de 0,850 kg de son pour 1 kg de foin.
*Téléphone. – Le général en chef rappelle la nécessité absolue qu’il y a de prendre des précautions indispensables ( notamment usage du code spécial chiffre ) pour éviter la capture par l’ennemi de nos conversations téléphoniques.
*Citations. – Le général en chef fait connaître que les motifs qui accompagnent les décorations par ordre « D » ne peuvent être en aucun cas être considérés comme une citation ; ils ne peuvent donc en aucune façon conférer une annuité supplémentaire pour la retraite.
*Punition. – Niederberger Toussaint cl. 1893, de la CM. 1, 15 jours de prison % du lieutenant-colonel commandant le régiment : Etant légèrement pris de boisson, a frappé un de ses camarades, en jouant, avec un couteau qui a provoqué une grave blessure. » Cet homme rentrera immédiatement à son ancienne compagnie. Mutation à la date de demain.
Le lieutenant-colonel commandant le 118e RIT.
Signé : Nanta.

Pour le chiffre, par nature nous n'en saurons pas plus et j'en suis fort marri.
Nous verrons la suite demain.
Bonne soirée.
JCP.
Anthony Verove
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Re: Décision du corps 041031

Message par Anthony Verove »

Bonjour,

Merci pour vos travaux de numérisation. C'est au début assez rébarbatif à lire mais petit à petit l'intrusion dans le quotidien de cette unité devient vraiment intéressante.

On constate que l'alcool est souvent la cause de punitions.

On s'étonne de décisions qui paraissent dérisoires au coeur du massacre. Ah, les papillons à coller sur les livrets individuels ! (Dérisoires à l'époque mais précieuses aujourd'hui : sans cet activisme paperassier nous serions bien frustrés dans nos recherches aux archives...)

Deux questions :

- Que sont les "décorations par ordre D" ?
- Comment avez-vous fait pour vous procurer ces documents ? C'est le rêve pour tous ceux qui recherchent des traces de leurs ancêtres.

Cordialement

Anthony
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Jean-Claude Poncet
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Re: Décision du corps 041031

Message par Jean-Claude Poncet »

Bonsoir,

*Oui, un peu rébarbatif à lire au début mais peu à peu, nous nous habituons au style du rédacteur et il est possible de suivre les préoccupations de l'unité et des niveaux hiérarchiques au dessus...

*Relisant l’original, je pense que c’est bien la lettre D qu’il faut lire.
J’ai seulement compris qu’une citation à l’ordre (valant donc attribution de la croix de guerre) valait une annuité supplémentaire dans le décompte de retraite (éventuelle).
La langue française est très précise et il faut à mon avis distinguer décoration et citation valant attribution de la médaille..., etc.

*Origine des documents. C’est une longue histoire. Et le hasard ?
1°/ Je possède la correspondance presque complète sur 5 années d’un capitaine puis commandant du 118e qui sera ensuite affecté au 38e CA (en 17). Il écrivait à son épouse chaque jour. Cette correspondance n’a pas grand intérêt sur le plan des opérations militaires, car il respectait scrupuleusement les consignes de discrétion, mais est très précieuse sur le plan des sentiments (il aime sa femme, ils ont 9 enfants, ce qui explique son affectation en territoriale) et de la vie de l’arrière car il continue peu ou prou à diriger son usine par épouse interposée qui n’en fait qu’à sa tête mais dirige, même si l’entreprise coule).

Vous pouvez consulter l’historique du régiment sur :
http://perso.club-internet.fr/cecile_me ... IT-118.pdf

2°/ La décision du corps. Le volume que j’exploite m’a été prêté par un ami collectionneur. Il se trouve qu’en un autre lieu, un intervenant sur un forum dont hélas j’ai perdu le nom et les coordonnées m’a signalé la vente sur un site d’enchère d'un autre volume. Grâce à lui, j’ai maintenant les années 17 et 18 complètes toujours de la décision du colonel Nanta.
Le volume de mon ami, 1916, contient des documents exceptionnels en fin de recueil comme les consignes secrètes de défense de la Pompelle, des articles de journaux concernant la musique du 118e RIT. qui se produisait en concert dans les communes du coin (Bétheny, Verzenay, Verzy, etc.) et surtout des lettres de remerciements ou félicitation de généraux pour le beau 118e territorial. (A noter surtout les liens qui s’étaient tissés fin 14 début 15 entre le 118e et la Marocaine du général Blondlat, surtout avec la Légion, composante essentielle de celle-ci).

3°/ En consultant l’historique, vous constaterez que le régiment a subi d’énormes pertes lors d’une attaque allemande aux gaz en octobre 1915. Je n’ai hélas pas encore pu me rendre sur place. Ces victimes ont été enterrées dans un cimetière créé par le régiment et il s’appelait cimetière Couraux. (du nom d’une ferme près de Bétheny).

Je posterai encore 3 ou 4 décisions, ensuite je serai absent sans moyen de communication.
Je verrai comment combler ce vide dans la suite des décision, car un élément fort intéressant va apparaître : le général commandant la 97e DIT. créé une section de discipline. Le sujet n’est pas réjouissant mais il appartient à l’histoire et il faut donc s’y intéresser.

Bien cordialement.
JCP
Anthony Verove
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Re: Décision du corps 041031

Message par Anthony Verove »

Bonjour à nouveau,

Merci, Jean-Claude,pour ces précisions très intéréssantes.

Ainsi donc ces décisions de corps se vendent-elles ! ? J'imagine ou j'espère (sinon c'est inquiétant...) qu'elles sont aussi archivées quelque part. Les heureux abonnés au S.HA.T. pourront peut-être nous fournir des précisions à ce sujet.

Neuf enfants ! Cela aurait suffit, me semble-t-il pour être exempté ? Le désir d'accomplir tout de même son devoir sans doute ?

Je vais de ce pas me plonger dans l'historique...

Cordialement,

Anthony
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Jean-Claude Poncet
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Re: Décision du corps 041031

Message par Jean-Claude Poncet »

Bonsoir,

*Non, le nombre d’enfants n’exempte pas les officiers mais il leur donne une bonification, en fait cela se concrétise par une inscription artificielle sur une classe d’âge plus ancienne ; ceci est bien évidemment valable pour les simples soldats, qui eux peuvent être exemptés purement et simplement.

*Ainsi que je l’avais déjà expliqué en un autre lieu, ces documents, à mon avis n’ont pas vocation à être archivés puisqu’ils reprennent des notes, décisions d’un niveau supérieur ou nominations et punitions individuelles qui sont par ailleurs très précieusement archivées. Ceci est toujours valable actuellement, les archives sont constituées d’originaux « départ » et non arrivée. Ce que je possède est strictement personnel, il s’agit d’un ensemble ayant appartenu au colonel Nanta, chef de corps. (En passant, je n’ai aucune infos sur lui.... Est-il le père du Nanta Henri, né à Mostaganem, mort pour la France à la bataille de l’Ourcq ?).

*La décision du corps est en fait une compilation de textes faisant autorité localement et aussi individuellement sur le plan du corps de troupe ou de l’individu.

*Nous avons donc le reflet exact de ce qui est transmis par le colonel chef de corps, à ses commandants chefs de bataillon, et les officiers commandants de compagnie (S-Lt., Lt. ou Cne.). A eux de transmettre aux échelons subalternes les informations devant leur être transmises. Ceci est de leur devoir et charge. Ainsi bien évidemment les listes de permissionnaires sont affichées en diffusion générale (je ne les numérise pas car ils sont en permanence 5% de l’effectif en permission et cela serait vraiment inutile). Bien évidemment de nombreux textes sont en communication générale comme par exemple les précautions à prendre en mesure d’hygiène ou de suspicion de munitions défectueuses. Ceci se fait par affichage ou lecture au rapport lorsque cela est possible. En fait comme on dit : "Transmission par tout moyen."

Cordialement.
JCP.
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