Enrolement tirailleurs metropolitains 1914

savoylyon
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Re: Enrolement tirailleurs metropolitains 1914

Message par savoylyon »

Bonjour,

Je me permets de lancer un sujet et je ne sais pas s'il est possible d'y apporter une réponse. Il s'agit de l'enrôlement des tirailleurs en 1914 en métropole notamment à Lyon.

Je m'explique :

> En 1914, l'ordre de mobilisation est générale, mentionnant "y compris les troupes coloniales" sur les affiches que l'on trouve en métropole.

> En 1914, Lyon accueille une grande exposition internationale qui sera interrompue par la guerre (une exposition rétrospective vient de se tenir au musée Gadagne). Devant la nouvelle halle Tony Garnier se trouve un "village sénégalais", une des attractions pour les lyonnais (dans un bâtiment voisins se trouvent des soldats coloniaux hommage à la conquête de l'Algérie). Or les sénégalais, au même titres que les tireurs de pousse pousse de l'exposition sont payés à la journée. Un document de l'exposition relate une grève des sénégalais car leur employeur après la déclaration refuse de les payer.

> Pendant la guerre, Lyon sera un important axe de passage, pour les prisonniers de guerre mais aussi l'industrie de guerre avec la naissance de la chimie et l'armement. Il existe une main d'oeuvre étrangère (espagnole et chinoise que l'on fait venir et qui fait grève aussi pour des questions salariales (une exposition aborde ce sujet au Musée Dauphinois à Grenoble)

> Des témoignages montrent un va et vient y compris de soldats coloniaux (ci dessous un extrait de Noëlle Roger, Le Train des grands blessés, Paris, Attinger frères, ) qui rejoint les 2 données : la Halle de l'exposition et les soldats coloniaux en transit. Sur l'exposition elle même, un lien direct avec la guerre est faite puisque les ludiques pousse pousse disparaissent au début de la guerre et annoncés comme mis au service du rapatriement des blessés au front !

http://www.cairn.info/zen.php?ID_ARTICL ... 6_0025#no7
Dans les faits, comment réagissent les Lyonnais à la vue de ces ennemis honnis ? Un témoin, Mlle Roger, se trouve près de la gare ferroviaire de Lyon-Perrache, à la mi-juillet 1915. Elle observe le « va-et-vient continu des passants, familles anxieuses, permissionnaires, soldats en congé de convalescence, flux et reflux des uniformes, pantalons rouges, capotes indigo et la note claire du bleu horizon, vêtements de futaine, uniformes fauves des tirailleurs algériens, des Marocains dont les turbans encadrent les fins visages basanés[30] Noëlle Roger, op. cit., p. 17. [30] ». Voyant soudain passer les « lourdes automobiles grises, fermées, marquées de la croix rouge », elle est étonnée, car depuis quelques jours la population sait que l’arrivée des blessés français rapatriés d’Allemagne se fait par la gare des Brotteaux. Se glissant parmi une « foule considérable maintenue derrière les grilles par les agents », elle apprend que tout ce monde attend « les grands blessés allemands qui vont arriver à Lyon, pour l’échange[31] Ibid., p. 18. [31] ». La discussion des badauds porte sur l’attitude à adopter lors du passage des blessés allemands. Finalement, quand blessés et malades sont embarqués dans les ambulances, « le silence du public [es]t impressionnant, pas un sifflet, pas une apostrophe
[32] Ibid., p. 20. [32] », la foule s’approchant des brancards dans le calme.
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Les inquiétudes des autorités semblent donc exagérées, car nos sources ne font jamais état d’une quelconque agitation née de la vision de ces ennemis. Cependant leur présence est quotidienne et il faut coordonner leurs flux entre le moment de leur arrivée (souvent à la gare de Perrache, au sud de la ville) et leur départ (par la gare des Brotteaux, sur la rive gauche du Rhône, à l’est de l’agglomération). Lors du premier échange de mars 1915, les Allemands arrivant à Lyon sont isolés à côté de la gare, sous un chapiteau où un repas chaud leur est servi[33] Le Progrès, 27 février 1915. [33] , avant d’être acheminés vers leur lieu de cantonnement. Il semble que ce repas près de la gare disparaisse dès la deuxième série de rapatriements, puisque nos sources font état d’un transport immédiat des prisonniers grands blessés et malades vers leur lieu d’attente des échanges. Situés dans l’enceinte de l’Exposition internationale urbaine de Lyon de 1914, dans le nouveau quartier industriel de Gerland, ces « locaux aménagés pour eux[34] Ibid., 28 février 1915. [34] » sont vite simplement appelés « l’Exposition ».

> D'ou ma question : que font les "sénégalais" qui jouent les attractions à la foire de Lyon en 1914 ou ceux qui figurent au souk marocain/ pavillon algérien après la déclaration de guerre ? Sont ils mobilisables ou voient-ils dans l'enrôlement peut-être une opportunité de gagner une solde ? A-ton des exemples d'enrôlement de métropolitains en 1914 qui intègrent les bataillons de tirailleurs , ou peuvent-ils être versés dans des bataillons normaux voire dans des usines ?

Je pense que cette question est loin d'être neutre car le rôle des tirailleurs déjà peu reconnu est souvent mis en avant comme une aide avant tout extérieure dont certains estiment que l'on aurait peut-être pu se passer. le sort des métropolitains me semblerait très intéressant à explorer, sachant que pour certains il s'agissaient de personnes avec de vraies permissions que l'on pouvait voir à l'arrière...

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marcus
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Re: Enrolement tirailleurs metropolitains 1914

Message par marcus »


Bonsoir,

C'est une question complexe, car les colonies ne sont pas toutes logées à la même enseigne pour la conscription. Elle n'est pas immédiate, et dans certains cas, il faudra attendre fin 1915 pour qu'elle soit mise en place (Indochine). Tout dépend donc, pour ces indigènes de Lyon, de leur territoire d'origine.
Peuvent-ils s'engager et devancer la conscription? Oui, mais seulement dans des unités indigènes correspondantes (ex: un Algérien dans un bataillon algérien, un Sénégalais dans un bataillon sénégalais, etc.). L'ont-ils fait? Je pense (sans preuves à l'appui), par patriotisme ou plus prosaïquement pour manger.
peuvent-ils être versés dans des bataillons normaux
Si par bataillons "normaux" vous entendez "métropolitains", la réponse est non. Ces unités sont réservées aux citoyens français, quelle que soit la couleur de leur peau ou leur religion.

Cordialement,
Marc
Sur les traces de mes ancêtres, recherche docs & photos sur 44e RIT, 13e RI et 16e BCP. Merci.
savoylyon
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Re: Enrolement tirailleurs metropolitains 1914

Message par savoylyon »


Si par bataillons "normaux" vous entendez "métropolitains", la réponse est non. Ces unités sont réservées aux citoyens français, quelle que soit la couleur de leur peau ou leur religion.

Cordialement,
Marc
On pouvait être "de couleur" et néanmoins citoyens français comme le montrent par exemple des cas dans les arts à cette époque. Donc il devrait y avoir des cas de soldats enrôlés dans des bataillons métropolitains...
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marcus
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Re: Enrolement tirailleurs metropolitains 1914

Message par marcus »


On pouvait être "de couleur" et néanmoins citoyens français comme le montrent par exemple des cas dans les arts à cette époque. Donc il devrait y avoir des cas de soldats enrôlés dans des bataillons métropolitains...
Bonsoir,

Nous sommes d'accord. Je crois que vous avez mal lu mon message, ou trop vite: les unités métropolitaines sont réservées aux citoyens français, quelle que soit la couleur de leur peau ou leur religion. C'est le cas notamment pour les Antillais ou certains Sénégalais: je me permet de vous rappeler ici l'exemple du soldat Borical, natif de Guyane, enrôlé au 119e RI, tué devant Verdun et dont les restes ont été retrouvés il y a peu.

Cordialement,
Marc
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