Mes recherches !!!

Parcours individuels & récits de combattants
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humanbonb
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Re: Mes recherches !!!

Message par humanbonb »

Bonsoir à tous,
Je recherche tous types de documents ( témoignages de soldats, photos, cartes postales, fiche de décès, citation, livret militaire, certificat de bonne conduite, etc ... ) ayant un rapport avec la ville de Pont à Mousson, le Bois le Prêtre, le village de Flirey ainsi que le Bois de Mortmare.
J'ai visité ce qui se trouve sur internet mais aimerais compléter cela avec ce que vous avez en votre possesion.

En espérant vous lire très prochainement.
Merci à vous et bonne soirée à tous.
Cordialement Julien.
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jef52
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Re: Mes recherches !!!

Message par jef52 »

Bonjour Julien,
Dans quelques jours quand les JMO seront mis en ligne, tu trouveras pas mal d' info sur le secteur dans celui du 232e RI, en particulier pour la période septembre-octobre 14. Je jetterais un oeil pour te donner des dates plus précises. Sinon j' ai retouvé cette CPA de Pont à Mousson :

Image

Amicalement,
Jef :hello:
"Désormais je sais enfin que tous ces morts, ces Français et ces Allemands, étaient des frères, que je suis leur frère" Ernst Toller
Le blog du 232e RI http://232emeri.canalblog.com/
humanbonb
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Re: Mes recherches !!!

Message par humanbonb »

Merci à toi pour cette carte postale.
Dommage que la vue ne se prolonge pas plus vers la droite, puisque se trouve la maison de ma grand mère dont je n'ai jamais vu de photo d'époque malheureusement.

Bonne journée et encore merci.
Cordialement Julien.
humanbonb
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Re: Mes recherches !!!

Message par humanbonb »

Bonsoir,
Je relance ma demande, sait on jamais !

Bonne soirée à vous et merci d'avance.
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Frederic Avenel
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Re: Mes recherches !!!

Message par Frederic Avenel »

Bonsoir Julien, bonsoir à tous,

Sait-on jamais...
Voici une série de lettres qui expliquent comment le pont de la carte postale a pu être mis dans cet état.
Edouard était alors sergent au 26e BCP qui était arrivé depuis octobre 1913 à Pont-à-Mousson (caserne Duroc).
Au début du récit, il rentrait d'une permission passée en famille à Paris. Sans le savoir, c'était la dernière fois qu'ils se voyaient: Edouard est décédé le 30 mai suivant.
Le 26e BCP faisait alors partie des troupes de couverture.
Bonne lecture!

Frédéric Avenel

____________________________________________________________________________________________


Pont-à-Mousson, le 10 juillet 1914


Ma chère Maman,
Mon cher Abel ,


Voyage excellent sur toute la ligne. Jusqu’à Nancy, je me suis trouvé avec des allemands pure race et ne sachant pas un mot de français. Ces braves gens ont été très aimables avec moi ; ils m’ont offert des cerises à plusieurs reprises, bref nous nous sommes quittés très bons amis.
Au bataillon rien de nouveau. A la section de mitrailleuses le service a fonctionné admirablement ; il y a eu des compliments pour tout et tous. J’ai été très content. J’ai revu ce matin, mon lieutenant. Il m’a demandé si je voulais bien m’occuper de la décoration du local à l’occasion des fêtes du 14. J’ai accepté bien entendu. Il m’a même dit, mais en riant je crois, le jour du 14, nous boirons le vin blanc, je parlerai de 1789 et vous, vous direz quelques mots sur la guerre russo-japonaise. Autre nouvelle : le Cne Leclère m’a prié de me rendre demain matin vers 10 heures au collège. Il s’agit, paraît-il, d’une récompense qu’on doit me donner à cause des bons services rendus à la société de tir. D’autre part, je suis invité à la distribution des prix qui a lieu lundi matin.
En somme, j’ai retrouvé le Pont-à-Mousson de jadis et jusqu’à présent tout me laisse croire que mon année se terminera comme elle a commencé c’est-à-dire heureusement et aussi joyeusement. Ma valise est arrivée en bon état.
Je vous embrasse tous les deux chacun à part comme dit Jacques et tiens encore à remercier des 20 bons jours passés avec vous.
Affectueux baisers

Edouard






Pont-à-Mousson, le 22 juillet 1914


Ma chère Maman,
Mon cher Abel,

Ici, la fête du 14 juillet a été superbe. Les réjouissances ont commencé dès le 13 au soir. La revue et le défilé du Bataillon ont eu lieu avec tout le cérémonial en usage. Pour la circonstance, le quartier avait revêtu la parure des grands jours. Décorations extérieures, intérieures, illuminations électriques. Le local de la mitrailleuse en particulier était resplendissant, à l’intérieur, les décors étaient constitués uniquement avec des fleurs naturelles. Aussi, est-ce là que le Commandant, le Maire et la municipalité vinrent lever leur verre en l’honneur de la République et du Bataillon.
Le représentant de la Maison Manchon et Filloux est venu me faire ses offres de service. Je me suis laissé prendre mes mesures, mais je n’ai signé aucun papier et pris aucun engagement ni fait aucune commande. D’ailleurs, j’ai prié le représentant, Monsieur Georges, de passer à la maison ; attendez donc sa visite ?
Ma montre ne s’oxyde plus. Je n’ai pas été volé, c’est bien de l’argent. De plus, le mouvement est parfait, elle ne varie d’une minute.
Maillot ira vous voir vers la fin du mois, le 30 probablement. Retenez-le à dîner. Je vous demanderais également de lui remettre le rasoir et ses accessoires que j’ai oubliés. Surtout, faites un bon petit dîner, (pour le prestige).
Ci-joint un mandat de 30F.
D’ici mon examen, ou après, je pourrai peut-être vous faire parvenir quelques sous, selon mes moyens.
Je suis toujours très heureux ici. Pas d’ennui et tranquillité absolue. De plus ma situation financière est assez prospère puisque je n’ai pas un sou de dette et que ma tire-lire contient encore 20F. Je souhaite me trouver toujours dans de pareilles conditions.
J’attends des nouvelles.
J’ai écrit à Aristide. Sur votre prochaine parlez-moi d’Emile.

Je vous embrasse tendrement.
Meilleurs baisers à ma tante Eugénie.

Edouard

Qu’Abel me dise si le trou que j’ai fait dans son cœur commence à se combler ?







Pont-à-Mousson, le 27 juillet 1914

Ma chère Maman,
Mon cher Abel,

Votre lettre m’est parvenue hier matin. Maillot arrive ici jeudi, attendez vous donc à le voir mercredi ou jeudi car je ne sais pas exactement le jour.
Ici, les bruits de guerre courent de tous côtés. Au Bataillon on a rappelé les officiers en permission. Les allemands ne restent pas inactifs. Leurs régiments s’échelonnent sur tout le long de la frontière et gardent les ponts sur la Seille et la Moselle.
Enfin nous attendons les évènements.
Espérons que tous s’arrangera à l’amiable.
J’ai reçu il y a quelques jours, une lettre d’Aristide dans laquelle il me dit qu’Emile est très fatigué.
Je suis très étonné de n’avoir encore reçu aucune nouvelle de Marcel.
Dorénavant, quant à la disposition de mes lettres, je me conformerai aux désirs d’Abel.
Je vous embrasse tous les deux bien fort ainsi que ma tante Eugénie.

Edouard



Pont-à-Mousson, le 30 juillet 1914

Ma chère Maman,
Mon cher Abel,

Il n’y a pas lieu de se faire du mauvais sang. Maintenant l’alerte est passée, encore quelques jours et tout rentrera dans l’état normal. Il est évident que pendant ces derniers jours nous n’avons pas été tranquilles. Tout d’abord ce fut le rappel des officiers en permission, puis celui des hommes de troupe. A part quelques précautions au sujet de l’habillement et des vivres, il n’y a eu ici rien du tout. Nous avons continué à vivre comme auparavant. Soyez donc sans crainte nous ne partirons pas encore cette fois-ci.
En ville, l’effervescence a été plus grande. Presque toutes les denrées ont augmenté. Les journaux de Paris, notamment Le Matin sont enlevés en quelques secondes mais il n’y a eu aucune manifestation, aucun incident. Il est certain, que ici, tous désirent la guerre et c’est certainement avec beaucoup de joie qu’ils apprendraient la nouvelle de la déclaration.
Les allemands ne sont pas aussi calmes. Comme je vous le disais sur ma dernière lettre, ils ont échelonné leur infanterie tout le long de la frontière ou ils creusent des tranchées. Ici, l’impression de tous est qu’ils ont peur. Enfin attendons encore quelques temps et espérons que tout s’arrangera. Surtout pas de bile ! Je ne sais ce que font les troupes de Paris. Quant à nous nous n’avons même pas été consignés. Maillot est arrivé mercredi dans l’après-midi et n’a pu venir vous voir. Il est arrivé à Paris à 4 heures du matin, il comptait prendre le train de 6 heures, mais par suite des circonstances ce train n’est parti qu’à 8 heures.
Je ne crois pas que ce soit bien nécessaire de vous écrire tous les jours. Je vous tiendrai simplement au courant des évènements sensationnels. Aristide m’a écrit une gentille lettre et envoyé deux de ses photographies.
Je vous embrasse tous les deux et vous recommande d’être sans inquiétude en ce qui me concerne.

Edouard

Mon papier à lettre est épuisé, c’est pour cette raison que j’utilise ce papier. Bons baisers à ma tante Eugénie et dites-lui bien que je ne suis pas encore mort. Que deviendrait alors la mitrailleuse ?





Pont-à-Mousson, le 1 août 1914

Ma chère Maman,
Mon cher Abel,

Je reçois ta lettre à l’instant, je suis très étonné que vous n’ayez pas reçu ma dernière lettre.
Ici, la situation est changée totalement. Nous avons mobilisé complètement. Depuis deux jours nous sommes sur pied de guerre et depuis hier le Bataillon a pris les avants-postes. Pour mon compte, je me trouve actuellement à l’Hôtel de la Poste où l’on a abrité la mitrailleuse. Hier soir à minuit, on a rappelé les réservistes, beaucoup de ceux-ci sont déjà partis rejoindre les compagnies.
Je ne veux pas vous cacher que la situation est grave. On s’attend à marcher un jour ou l’autre que dis-je d’une minute à l’autre. Pont-à-Mousson est complètement en l’air. Le commerce ne fonctionne plus. Tous les habitants se promènent dans les rues. Ils n’ont pas l’air gais je vous assure et les femmes pleurent toutes. Les paysans des environs arrivent tous ici avec quantité de bagages. En somme c’est tout-à-fait l’image de la guerre avec cette différence que demain nous serons dans la réalité.
Surtout ne vous faites pas de mauvais sang. Acceptez, je ne vous dirais pas joyeusement, la situation telle qu’elle est. Certainement il y aura du danger. Mais efforcez-vous de n’y pas songer.
L’état moral du Bataillon est extraordinaire. Tous les chasseurs sont contents. Pour eux c’est une partie de plaisir.
Seulement, à noter un petit incident assez pénible. Hier soir au moment de partir dans la cour du quartier à 7 heures, un officier des chasseurs à cheval s’est affaissé brusquement. Est-ce l’émotion, est-ce la peur ? Je ne sais. Toujours est-il que les chasseurs ont été vivement impressionnés par cet incident. Tout est arrangé et quelques instants après, cet officier franchissait la porte du quartier à la tête de son peloton, un peu pâle il est vrai, mais tout de même à son poste.
Je termine. Excusez mon écriture, je suis pressé et je dispose de peu de temps pour mon compte personnel. Comme je vous le disais sur ma dernière lettre, je tâcherai de vous écrire souvent, mais il pourrait se faire que mes lettres n’arrivent point.
Au revoir et encore une fois pas d’émotion, il n’y a pas lieu. Je vous embrasse tous.

Edouard





Pont-à-Mousson, le 4 août 1914

Ma chère Maman,
Mon cher Abel,

Jusqu’à présent, toujours rien de nouveau.
Les évènements cependant se précipitent. Les allemands ont pénétré en territoire français. Ce soir nous avons eu un chasseur à cheval de tué*. Nous attendons.
Les Cies du Bon sont portées au Nord et à l’Est de Pont-à-Mousson. Toutes nos précautions sont prises pour les recevoir.
La section de mitrailleuses est toujours à l’hôtel de la Poste.
Excusez ma brièveté.
De Paris nous ne savons rien. Nous sommes dans un complet état d’isolement.
Je vous embrasse tous.

Edouard

*il s'agit du cavalier Pouget considéré comme le premier tué français après la déclaration de guerre.





Pont-à-Mousson, le 8 août 1914

Ma chère Maman,
Mon cher Abel,

Toujours rien de nouveau. Ce matin, à 4h30 nous avons été alertés et la mitrailleuse s’est portée sur le Mousson. Mais c’était une fausse alerte et une heure après nous nous retrouvions de nouveau à l’hôtel de la Poste.
Du côté de Pagny-sur-Moselle, Mars-la-Tour, le canon tonne. C’est le notre qui tire sur les forts avancés de la place de Metz.
Nous faisons toujours des prisonniers. Mon lieutenant est monté sur un cheval pris à un lieutenant saxon, lieutenant qui a été blessé grièvement, fait prisonnier et que l’on soigne actuellement à l’hôpital.
Voici mon adresse
Sgt Parisey
26 Bon chasseurs
section de mitrailleuses
79e brigade
40e division
6e corps d’armée

Je vous embrasse tous.

Edouard

Les alentours de Pont-à-Mousson sont défendus merveilleusement. Les allemands peuvent venir.





Pont-à-Mousson, le 8 août 1914 [papier à lettre à en-tête du Magasin "Le Petit Louvre" situé place Duroc]

Ma chère Maman,
Mon cher Abel

Je viens de recevoir votre lettre datée du 1er août.
J’espère que vous avez reçu les miennes.
Nous sommes toujours à Pont-à-Mousson et moi à l’hôtel de la Poste.
L’autre jour, la section de mitrailleuses a été faire le coup de feu à Nomény. Nous y sommes allés en auto, une pièce dans chaque. En arrivant à la gare de Nomény nous nous sommes rencontrés avec une patrouille de chevaux légers. Aussitôt nous avons ouvert le feu avec nos carabines puis nous nous sommes mis en batterie sur le pont face dans la direction de Raucourt et là, nous avons tiré avec les 2 pièces sur un groupe de cavaliers. Après quoi nous sommes remontés dans nos autos et à toute vitesse nous sommes revenus à Pont-à-Mousson. Résultat, quelques minutes après, Nomény était noir de cavalerie allemande. Depuis celle-ci nous cherche dans les environs. C’est rigolo. La nuit dernière, nous avons eu un sous-lieutenant de tué par une balle à la tête. Des prisonniers, nous en avons déjà fait quatre. En somme, pas grand chose de nouveau. Je crois qu’on nous réserve pour l’investissement de Metz. J’apprends à la minute que la cavalerie et de l’infanterie arrivent par Pagny et Champey. Gare à eux. Nous sommes décidés à leur rentrer dedans.
Je vous embrasse tous.

Edouard

C’est le papier à lettres du magasin de ma petite danseuse. Celle-ci est charmante. Elle vient me voir tous les jours et m’apporte tout ce que je lui demande.





Pont-à-Mousson, le 11 août 1914

Ma chère Maman,
Mon cher Abel,

L’hôtel de la Poste m’abrite toujours.
Nous ne voyons rien, nous n’entendons rien.
J’ai la peine de vous annoncer que Maillot est blessé à la jambe droite par deux balles, l’une qui a traversé la cuisse, l’autre qui est rentrée dans le pied. J’ai été le voir hier à l’hôpital, il souffre légèrement. Ses blessures ne sont pas graves mais néanmoins il est immobilisé pour tout le reste de la campagne. Voici comment cet accident lui est arrivé. Il était en patrouille avec un sergent et un autre chasseur tout près de Pagny-sur-Moselle. La patrouille suivait la voie ferrée. Arrivée à hauteur d’une maison de garde, Maillot y pénètre, mais au moment ou il s’apprêtait à rentrer par la fenêtre, il reçoit de l’intérieur un coup de feu à bout portant. Heureusement il n’a pas été touché. Tout aussitôt il se replie dans un champ d’avoine, se couche et ouvre le feu sur la maison. C’est à ce moment qu’il a reçu ses balles. Le sergent qui était avec lui a été mortellement blessé, on l’enterre aujourd’hui.
Je termine. J’attends de vos nouvelles. Que devient Aristide et Emile. Je vous écris au son du canon, celui-ci tonne du côté de Nomény. Je ne sais si c’est le notre ou celui des boches.
Je vous embrasse

Edouard





Pont-à-Mousson, le 12 août 1914

Ma chère Maman,
Mon cher Abel,

Aujourd’hui la mitrailleuse a eu chaud. Les cochons d’allemands ont tiré sur le pont avec des pièces d’artillerie lourde. 30 à 40 coups répartis tout autour du pont mais sans l’atteindre. Au Bon il y a eu ni mort, ni blessés mais dans la population civile on a enregistré quelques morts et blessés. Le bombardement a duré près d’une heure. Les allemands ne respectent guère les établissements de la Croix-Rouge. Le collège, transformé pour la circonstance en hôpital, a ce matin été traversé par plusieurs obus. Maintenant je puis me vanter d’avoir eu le baptême du feu. Ca produit une sale impression surtout quand les obus passent quelques mètres seulement au-dessus de la tête. Enfin.
Une nouvelle : depuis hier je suis aspirant. Décision du Ministre. Donc appelez-moi « aspirant » et non sergent. Je suis toujours à la mitrailleuse.
Je reçois peu de vos nouvelles.
Je vous embrasse tous.

Edouard





Pont-à-Mousson, le 17 août 1914
8 h.10 matin

Ma chère Maman,
Mon cher Abel,

J’ai reçu hier seulement la lettre datée du 10 août.
Le Bataillon est toujours sur l’expectative et nous ne savons pas grand-chose de ce qui peut se passer ailleurs.
Vous avez dû apprendre par les journaux que Pont-à-Mousson avait été bombardée 3 fois. Heureusement que les allemands sont maladroits (ils n’ont tué ou blessé aucun chasseur du Bon) sans cela à l’heure actuelle nous pourrions numéroter nos abatis ; jusqu’à présent ils ont juste tué 3 civils et blessés une dizaine environ. Pendant le deuxième bombardement je me trouvais sur le milieu du pont avec une pièce. Je suis resté là un bon moment, presque tous les obus passaient par dessus. A un moment donné, l’un d’entre eux est passé à quelques mètres au-dessus de nous, a coupé les fils télégraphiques dont quelques-uns sont tombés à nos pieds, puis ensuite est tombé dans la Moselle. Craignant d’être touché par le suivant j’ai ramené mes hommes en arrière et je les ai mis dans une maison à l’entrée du pont. Le 3ème bombardement a été plus long, mais les résultats sont identiques aux précédents c-à-d nuls. Les allemands visaient particulièrement le pont et la Poste ; ils n’ont touché ni l’un ni l’autre. Seulement l’hôpital a reçu au moins 40 obus et les maisons dans le centre de la ville ont été assez endommagées.
Voici quelques renseignements au sujet du bombardement de Pagny. Je crois que les journaux ont donné comme motif la chute d’un avion allemand, chute qui serait due aux habitants de Pagny. Je ne crois pas cela très exact. Voici les faits, je puis vous en parler savamment puisque la mitrailleuse faisait partie de l’expédition. La 5ème Cie du Bon et une Cie du 25ème Bon devaient exécuter à Pagny une réquisition. Celle-ci était déjà commencée quand tout-à-coup les allemands envoient sur Pagny toute une salve d’obus et cela pendant ¾ d’heure. Les deux Cies se sont retirées sans aucune perte quoique en plein sous le feu. La mitrailleuse qui était en position d’attente sur le canal à 400 m de Pagny n’a rien reçu. Quant à l’avion il est vrai que nous l’avons descendu mais à Vandières qui se trouve à 5 km de Pagny et c’est ma Cie qui l’a atteint. J’ai vu les deux aviateurs. Ils avaient une sale binette. En résumé, les allemands ont bombardé Pagny afin de déranger notre réquisition.
Les obus qu’ils nous envoient sont de gros calibre. Les pièces appartiennent aux forts de Metz et font partie de leur artillerie lourde.
Vous avez dû savoir que j’ai été promu aspirant. Sur mon adresse ne mettez plus l’indication de la Brigade, de la Division et du Corps d’Armée.
Je vous embrasse tous.
Bonjour à tous.
Encore un mot : le moral du Bon est extraordinaire. Jamais je n’aurais crû qu’il atteindrait …[partie manquante]
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Christophe Schlegel
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Re: Mes recherches !!!

Message par Christophe Schlegel »

Bonjour à toutes et tous.
magnifiques lettres, d'un coin bourré d'histoire.
Entre Bois le Pretre et le grand-Couronné, la ville à bien souffert.
une expo sur la ville a lieu en ce moment à la mairie.
cordialement.
Christophe Schlegel
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jacques didier
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Re: Mes recherches !!!

Message par jacques didier »

Bonjour à toutes et à tous,

Très intéressantes lettres de cette période de couverture à Pont-à-Mousson, où le système défensif de la ville est confié au 26e B.C.P. afin d'éviter toute tentative de coup de main de l'ennemi. Mais, les efforts entrepris par la garnison pour protéger la ville, montre que sa défense reste illusoire, sans moyen d'artillerie. Les escarmouches se poursuivent continuellement.
Le 8, les Allemands occupent Pagny. Quant à la chute de l'avion évoquée dans la lettre du 17, l'ouvrage de Bourdon "Avec Péguy, de la Lorraine à la Marne" en fait mention dans le chapitre VII où Péguy a pris le commandement d'une patrouille qui part en direction de Pagny le 21.
Cet aéro, descendu quelques jours plus tôt par les chasseurs à pied, était monté par un commandant et un lieutenant qui tentérent en vain de s'enfuir : l'un fut tué et l'autre blessé, évacué sur l'hôpital de Pont-à-Mousson.

En ce qui concerne les ouvrages concernant Pont-à Mousson et le secteur du Bois-le-Prêtre, il en existe de très nombeux dont j'ai fait une petite sélection :

PORTA (Abbé C.) Les Loups devant le Bois le Prêtre. 1936
MAIRE Pierre, L'Occupation allemande et Pont-à-Mousson sous les obus. 1915
BERNARDIN C., Pont-à-Mousson sous les obus. Journal de la vie locale pendant la guerre. 1919
ROLIN Ch., La Division du Bois-le-Prêtre (73e D.I.) au cours des combats de Lorraine). Imp Vagner. Nancy 1940
ROLIN Ch., La Défense du Couronné de la Seille. Nomeny, Sainte-Geneviève, le Xon. B.L. 1934
DIETERLEN J., Le Bois-le-Prêtre (octobre 1914 - Avril 1915). Hachette 1919
LEBOCQ (Général)., La Division du Bois-le-Prêtre. Nancy 1921
MARANGE (Abbé J.), Thiaucourt et ses habitants.
LEOUTRE (Abbé) Pont-à-Mousson, la Guere 1914-1918. 2000

Personnellement, je suis à la recherche de détails sur un fait qui s'est passé le 11 août : " On apprend avec effroi à l'aurore que la compagnie Pierrat du 26e BCP a failli se faire décimer aux environs de Bouxières sous Froidmont par un ennemi très supérieur en nombre, et a dû se replier en hâte sur Pont-à-Mousson, en laissant malheureusement plusieurs de ses hommes sur le terrain."

Cordialement.

J.Didier

humanbonb
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Re: Mes recherches !!!

Message par humanbonb »

Merci à vous pour tous ces témoignages et indications.
En espérant que ce poste perdure et se voit compléter au fil des jours.

Bonne journée à tous et encore Merci.
Cordialement Julien.


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bruno10
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Re: Mes recherches !!!

Message par bruno10 »

Bonsoir à tous

L'avion abattu evoqué par la lettre du 17/aout était un albatros type B
abattu a Pagny le 15 aout par un tir d'infanterie (au Nord de Pagny)
l'équipage a été fait prisonnier sain et sauf (contrairement a ce qui est indiqué dans l'ouvrage de Bourdon)
L'unité a laquelle ils appartenaient :la FLAbt6(Fliegerabteilung)
le pilote était le Ltn Ehrhardt et l'observateur le Ltn von Liessin
Il s'agit d'un des tous premiers avions abattus par l'armée Française dans ce conflit

Cordialement
Bruno
humanbonb
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Re: Mes recherches !!!

Message par humanbonb »

Merci pour cet interessant complément d'informations.

Bonne journée à vous.
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