6 janvier 1917 décès de Paul PETIT 52e R.A.C

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fred S
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Re: 6 janvier 1917 décès de Paul PETIT 52e R.A.C

Message par fred S »

Le 6 janvier 1917, à 10h20, s'éteignait l'un de mes arrière-grands-pères, Paul PETIT.

Ses portraits, exposés dans la ferme familiale de Brie-sous-Chalais (Charente) où il s'est installé en 1912

avec mon arrière-grand-mère que j'ai eu la chance de connaître, ont accompagné mon enfance.

Je tenais à lui rendre hommage pour le centenaire de son décès.


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Né le 18 avril 1887 à Sérignac, lieu-dit Petit Champlong, La Loge (canton de Chalais, Charente),

agriculteur et descendant d'agriculteurs, il effectue son service national entre 1908 et 1910 en tant que cavalier de 2ème classe

à Tours au 8e Régiment de cuirassiers, 3e escadron, 1er peloton,certificat de bonne conduite établi le 11 septembre 1910.


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A la déclaration de guerre, il rejoint en tant que conducteur le 21e Régiment d'Artillerie de Campagne,2ème section de munitions, section qu'il quitte à sa dissolution le15 octobre 1914 pour rejoindre le 52e R.A.C.Il passera sa guerre dans l'Est de la France.


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Affecté à la 8e batterie du 3e groupe, il assurera l'approvisionnement de sa batterie mais également

des unités d'infanterie du secteur, notamment en acheminant aux premières lignes le bois nécessaire

à l'étayage des tranchées.


Il subira, comme ses camarades d'infortune, la faim, la soif, la fatigue, les attaques au gaz, les tirs d'artillerie.


Quelques extraits de ses courriers, adressés à mon arrière-grand-mère (syntaxe et fautes d'orthographes respectées):


19 février 1916


"Nous allons souvent quatre fois par semaine aux tranchées pour aider a trainer le bois aux fantassins

Hier j'y suis encore été avec les camarades la chance est venue avec nous pour cette fois car nous avon eu 2 cheveaux de tué entre nos main et quatre de blessé et tous les hommes que nous etions il y en a pas eu un de blessés mais je t-assure pauvre cherie nous arrivions prêt a decharger une voiture de bois de rondin pour les tranchées mais nous avons eu vite fait je t-assure que nous avons vite decharger la voiture mais malgré ca nous ramenion des cheveaux blessés et nous en laission sur le terrain je t-assure que pour cette fois nous l'avons echapée belle j'ai eu un de mes camarade qui a eu une balle d'obus qui lui est arrivé sous l'epaule mais il n'a eu aucun mal moi j'avais une paire de caoutchouc tous neuf je me suis appercut de rien sur le coup mais quand j'ai eu besoin de passer dans l'eau je me suis appercut que mes caoutchouc avaient eu un trou tout rond et que ca ne pouvait être autre chose qu'un petit eclat qui m'avait fait ce travail"


24 février 1916

"Je ne te ferais aucun détail pauvre chérie car j'arrive des tranchées de rouler du bois je suis fort fatigué car je suis partit encore cette nuit à minuit."


13 juillet 1916

"Nous marchons jours et nuit depuis huit jours et en plus de ca on trouve absolument rien a acheter en raison de la masse nombreuse que nous sommes dans ces contrée on est donc reduit a Boire de l'eau encore elle n'est pas Bonne c'est effrayant comme l'eau est mauvaise.

Enfin chère petite je puis te dire qu'il y a deux jours nous etions en pleine nuit a ravitailler nos pieces nous avons été arosé de gaz asphixiants par les boches je t-assure chère amie je n'aurais jamais cru que c'etait aussi mauvais Beaucoup de camarades ont plus souffert que mois encore il y en a qui ont gardé un ettouffement continuel pour ca il y en a même beaucoup qui ont été evacué pour avoir respirer les gazs. Je t-assure chère amie que ca met dans un drole d'etat"



Ce passage de l'historique du 52e R.A.C pour l'hiver 1915/1916 résume bien le quotidien de ces hommes:


"Si le combat proprement dit n'est pas terrible, la fatigue n'en est pas moins considérable, surtout

pour les pauvres conducteurs qui méritent d'être particulièrement signalés pendant cette période.

Chargés d'exécuter des corvées pour l'infanterie, ils doivent errer jour et nuit dans des terrains

affreusement boueux et fréquemment battus par des tirs de surprise. Le gros travail est le transport

des matériaux jusqu'en première ligne.

Les chevaux n'en peuvent plus ; ils travaillent avec peine dans la glaise collante et sont difficilement

sortis des trous d'obus dans lesquels ils glissent. Tâche ingrate pour les conducteurs que de sauver

ces pauvres animaux. Quand la corvée est finie, hommes et bêtes sont recouverts d'une couche épaisse de boue gluante qui donne aux corvées retour du front une physionomie bien particulière.

Les transports étant fréquents, c'est à peine si entre deux sorties le conducteur peut reprendre figure

humaine, à peine s'il a le temps de décrotter sommairement son attelage.

Jamais de découragement ni de récriminations au milieu de cet océan de boue ; les corvées sont

pénibles et dangereuses, rien n'y fait ; le conducteur bon enfant accepte tout, faisant en maintes

circonstances preuve de courage et d'énergie, bien que personne ne soit là pour l'assister et le

féliciter. Héros obscurs, ces braves conducteurs n'ont vu que très rarement leur abnégation

récompensée. Cette fois-ci, quelques belles citations sont décernées à ceux qui ont fait preuve de

sang-froid et d'héroïsme."


Tuberculeux, il est hospitalisé à compter d'octobre 1916 dans plusieurs hôpitaux de l'Est de la France, notamment à Commercy et Toul,

puis dirigé début décembre sur un hôpital Lyonnais (hôpital complémentaire N°9).

Là, son état se dégrade: souffrant de délire hallucinatoire, il est réformé le le 3 janvier 1917 avant d'être transféré

le même jour à l'asile d'aliénés de Bron (Le Vinatier) où il décède.

Sa dépouille sera rapatrié dans les jours suivants par la famille et il repose depuis au cimetière de Brie-sous-Chalais,

rejoint en 1942 par sa fille et en 1975 par son épouse.
Cordialement,
Fred.
Je suis preneur de tous docs ou photos sur le 83ème RI
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fred S
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Re: 6 janvier 1917 décès de Paul PETIT 52e R.A.C

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