Si le destin des fusillés est fréquemment évoqué, il y a moins de sujets sur les condamnés qui échappèrent à la peine capitale.
Un document original en ma possession m'a permis de trouver la fiche matricule du soldat incriminé et de retracer sommairement son parcours.
Par souci de confidentialité, par respect pour sa mémoire et ses descendants, son état civil est volontairement tronqué.
Originaire d'Angers, ce jeune homme de la classe 1914 s'engage pour 5 ans le 22 août 1914 au 20RI. Caporal le 24 novembre 1914 et cassé de son
grade le 26 février 1915 ,passé au 88RI le 11 septembre 1915 et au 8ème Régiment du Génie le le 15 novembre 1916, muté au 83RI le 6 février 1917 (présent au
corps le 21 février).
Dans la nuit du 28 au 29 juin 1917, la 3e Cie du 83RI est attaquée sur tout son front dans le sous quartier "Yvonne" (les Mélèzes, entre
Lamorville et Lacroix-sur-Meuse, Meuse), la compagnie contre attaque et contraint l'ennemi à se replier. Ce soldat s'y illustre avec quelques camarades et obtient une
citation à l'ordre de la Brigade "Grenadier remarquable d'allant et de courage.A contre attaqué vigoureusement un petit poste où l'ennemi était
en nombre, bousculant celui ci jusqu'au delà de nos réseaux de défense et faisant un prisonnier".
Condamné le 26 février 1918 par le Conseil de guerre de la 34e DI pour "abandon de poste en présence de
l'ennemi,désertion à l'intérieur en temps de guerre, fabrication et usage de fausse permission", avec exécution du jugement le 1er mars
1918 aux abords du cantonnement de Sivry (Meurthe et Moselle) en présence de la 10e Cie du 83RI. Le soldat est remis à la prévôté qui le
dirige vers le dépôt des détenus militaires de Collioure (Pyrénées Orientales (arrivé vraisemblablement le 9 mars 1918), il rejoint ensuite
le pénitencier de l'Ile Madame (Charentes Maritimes) créé au printemps 1918, est détaché à l'atelier de travaux publics de Monsireigne
(Vendée) avant son transfert vers un dépôt de travaux publics d'Afrique du Nord le 8 mai 1920.
Gracié par décret du 10 novembre 1920, il Bénéficie de la loi d'amnistie du 29 avril 1921. Affecté au 2ème régiment de zouaves en date du 12 mai
1921, il participe à la campagne du Maroc du 29 avril au 24 septembre 1921,renvoyé dans ses foyers le 8 octobre 1921.
A noter qu'il est récipiendaire de la croix de guerre, des médailles commémorative,interalliés et coloniale (agrafe pour le Maroc), que sa
fiche matricule stipule une interruption de service du 9 février 1918 au 9 septembre 1919, un certificat de bonne conduite lui a été accordé.
Libéré des obligations militaires le 22 août 1942.


