Bonsoir à toutes et tous,
Un sujet qui peut-être délicat, mais qui fait partie de tout conflits armés.
Avez-vous connaissance d'unité Française, dont les hommes qui la compose, sont tombés sous les balles Françaises aux combats, 1914-1918.
De nos jours, l'on appel cette méprise, dégats collatéraux.
Lors des combats de la Sambre ou dite de Charleroi, de nombreux soldats et officiers sont tombés, du à : tir aveugle de la part de l'artillerie, Cie de mitrailleuses surprise, surprise de l'arrivée soudaine de copains que l'on attendaient pas, régiment voisins qui confond dù à l'obscurité..........
Cordialement.
Phil.
Dégats collatéraux
Re: Dégats collatéraux
Phil.
- Stephan @gosto
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Re: Dégats collatéraux
Bonsoir Phil,
Les cas sont malheureusement - et certainement pour beaucoup inévitablement - nombreux.
Sur l'artillerie, il y a un bouquin de Percin, "Le massacre de notre infanterie" à lire.
Sinon, tout au long de la guerre quotidiennement vécue dans les tranchées, des méprises de toutes sortes eurent lieu. Au 74e, j'ai relevé pas mal de ces cas. Patrouilles désorientées, plantons paniqués...
Une des premières victimes de la guerre, un prêtre français, a été tué par un soldat français.
Ci-dessous, un message envoyé par un officier du 74e lors de la tentative de reprise du fort de Douaumont, en mai 1916. Ce sous-lieutenant sera tué quelques instants après avoir rédigé ce message... peut-être par un de ces obus français ?
Bonne nuit.
Stéphan

Les cas sont malheureusement - et certainement pour beaucoup inévitablement - nombreux.
Sur l'artillerie, il y a un bouquin de Percin, "Le massacre de notre infanterie" à lire.
Sinon, tout au long de la guerre quotidiennement vécue dans les tranchées, des méprises de toutes sortes eurent lieu. Au 74e, j'ai relevé pas mal de ces cas. Patrouilles désorientées, plantons paniqués...
Une des premières victimes de la guerre, un prêtre français, a été tué par un soldat français.
Ci-dessous, un message envoyé par un officier du 74e lors de la tentative de reprise du fort de Douaumont, en mai 1916. Ce sous-lieutenant sera tué quelques instants après avoir rédigé ce message... peut-être par un de ces obus français ?
Bonne nuit.
Stéphan

Re: Dégats collatéraux
Bonjour,Bonsoir à toutes et tous,
De nos jours, l'on appel cette méprise, dégats collatéraux.
Je ne veux pas couper les cheveux en quatre, mais les dommages collatéraux, me semblent plutôt réservés aux humains, animaux, matériels ou bâtiments non militaires. Dans vôtre idée il s'agirait de ce que l'on appelle aujourd'hui (comment cela s'appelait-il en 14-18?) des "tirs amis".
Dominique
- Stephan @gosto
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Re: Dégats collatéraux
Bonjour Sylvain,
Juste une précision, je parle de "guerre quotidiennement vécue dans les tranchée". Non donc que cela arrivait quotidiennement, mais que le quotidien de cette vie de taupes sédentaires prêtait malheureusement le flanc à ce type de méprises.
En parle-t-on dans les J.M.O. ? Cela dépend de la façon dont est tenu ledit J.M.O. Dans celui du 74e, quelques cas sont relatés, d'autres ne sont pas mentionnés. Mais ce sont surtout les rapports consécutifs à ces accidents qui en donnent le détail - rapport de chef de compagnie, passant par la voie hierarchique, examiné et annoté à chaque échelon supérieur (bataillon, régiment, brigade et éventuellement division).
En ce qui concerne le livre de Percin, il a le mérite de donner des exemples concrets, étayés et avérés, de dramatiques tirs fratricides, tout au long de la guerre.
Bonne journée.
Stéphan
Juste une précision, je parle de "guerre quotidiennement vécue dans les tranchée". Non donc que cela arrivait quotidiennement, mais que le quotidien de cette vie de taupes sédentaires prêtait malheureusement le flanc à ce type de méprises.
En parle-t-on dans les J.M.O. ? Cela dépend de la façon dont est tenu ledit J.M.O. Dans celui du 74e, quelques cas sont relatés, d'autres ne sont pas mentionnés. Mais ce sont surtout les rapports consécutifs à ces accidents qui en donnent le détail - rapport de chef de compagnie, passant par la voie hierarchique, examiné et annoté à chaque échelon supérieur (bataillon, régiment, brigade et éventuellement division).
En ce qui concerne le livre de Percin, il a le mérite de donner des exemples concrets, étayés et avérés, de dramatiques tirs fratricides, tout au long de la guerre.
Bonne journée.
Stéphan
- Eric Mansuy
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Re: Dégats collatéraux
Bonjour à tous,
Un cas concret, extrait de Chargez les mulets ! (qui doit dire quelque chose à Stéphan
) ; vous aurez ici un aperçu de l'action, de l'impression des témoins, et de ce qui a pu en subsister dans un JMO.
Bien cordialement,
Eric Mansuy
-----
"Le J.M.O. de l’artillerie de la 66e D.I. nous éclaire sur le rôle et l’action des artilleurs :
« Le 17 [mars 1915] de 13 heures 30 à 15 heures 35, préparation par l’artillerie de l’attaque des tranchées ennemies de l’Hartmannswillerkopf situées devant le 13e bataillon de chasseurs.
Tir de bombardement sur ces tranchées par le 220 du Kuhlager et par le 155 C d’Ostein devant le front du 7e bataillon de chasseurs.
En même temps, la batterie de 155 C du Kattenbachthal et la batterie de 95 du Wolfskopf (sous-lieutenant Berge) tirent sur les rassemblements ennemis dans le ravin en arrière de Rehfelsen et sur les lacets du chemin montant à l’Hartmannswillerkopf.
Les batteries de 155 L sont contrebatteries.
La batterie de 155 L de Grumbach a tiré sur la batterie de Weckenthal ; la batterie de Blanschen n’a pas tiré.
Les batteries légères étaient en surveillance sur l’infanterie ennemie et ont exécuté quelques tirs de barrage.
L’opération projetée n’a pas réussi : les tranchées ennemies occupées un moment par nos chasseurs ont dû être évacuées ensuite devant des retours offensifs.
Blessés : un maître-pointeur de la 27/37, deux téléphonistes du 9e Régiment d’Artillerie à Pied blessés légèrement. »
En effet, « l’opération projetée n’a pas réussi », et le témoignage du docteur Houlbert, médecin-auxiliaire du 13e Bataillon de Chasseurs Alpins, montre bien les raisons de cet échec :
« Le 17 mars, dans la matinée, l’ennemi arrose les positions du Col d’énormes mines. Un abri, qui heureusement venait d’être évacué, est littéralement écrasé. Une attaque est prévue pour l’après-midi dans le secteur des 1ère et 6ème compagnies ; elle a pour but de s’emparer des ouvrages en avant du « Fortin ». Le tir de l’artillerie est malheureusement trop court, mais il est impossible de communiquer par téléphone avec les batteries. Un 220 tombe sur le « Fortin » occupé par une section d’attaque ; deux autres obus, quelque temps après, tombent dans nos tranchées et tuent 17 gradés et Chasseurs. Bien que les tranchées ennemies n’aient reçu aucun obus, la 1ère compagnie s’empare du boyau allemand venant vers le « Fortin », mais elle doit bientôt l’évacuer. Toute la nuit, fusillade très intense. Pertes : 35 tués, 43 blessés, 6 disparus. »
Une fois de plus, les pertes sont lourdes chez les assaillants en regard des résultats obtenus. Qui plus est, l’action de l’artillerie au cours du déroulement de l’attaque, et les difficultés apparues dans la liaison entre fantassins et artilleurs, permet de voir émerger quelques tensions entre les deux armes, tensions qui subsisteront d’ailleurs au fil des opérations en montagne, que ce soit dans ce secteur ou ailleurs dans les Vosges. Car si pour le docteur Houlbert, le tir de l’artillerie a été trop court, l’aspirant Henri Martin, du 9e Régiment d’Artillerie à Pied, fournit une autre explication :
« Comment cet accident est-il arrivé ? Des gargousses de poudre différente ? Un coup de vent contraire retardant les projectiles ? On ne sait pas au juste. Les alpins n’auraient pas dû se trouver là, à 40 mètres du but, pendant qu’on tirait encore. Quarante mètres, c’est trop près. Des coups courts sont inévitables. La dernière fois il n’y avait pas eu d’accident chez nous et la précision du tir leur avait donné trop de confiance. C’est malheureux, malheureux ! »
Un cas concret, extrait de Chargez les mulets ! (qui doit dire quelque chose à Stéphan

Bien cordialement,
Eric Mansuy
-----
"Le J.M.O. de l’artillerie de la 66e D.I. nous éclaire sur le rôle et l’action des artilleurs :
« Le 17 [mars 1915] de 13 heures 30 à 15 heures 35, préparation par l’artillerie de l’attaque des tranchées ennemies de l’Hartmannswillerkopf situées devant le 13e bataillon de chasseurs.
Tir de bombardement sur ces tranchées par le 220 du Kuhlager et par le 155 C d’Ostein devant le front du 7e bataillon de chasseurs.
En même temps, la batterie de 155 C du Kattenbachthal et la batterie de 95 du Wolfskopf (sous-lieutenant Berge) tirent sur les rassemblements ennemis dans le ravin en arrière de Rehfelsen et sur les lacets du chemin montant à l’Hartmannswillerkopf.
Les batteries de 155 L sont contrebatteries.
La batterie de 155 L de Grumbach a tiré sur la batterie de Weckenthal ; la batterie de Blanschen n’a pas tiré.
Les batteries légères étaient en surveillance sur l’infanterie ennemie et ont exécuté quelques tirs de barrage.
L’opération projetée n’a pas réussi : les tranchées ennemies occupées un moment par nos chasseurs ont dû être évacuées ensuite devant des retours offensifs.
Blessés : un maître-pointeur de la 27/37, deux téléphonistes du 9e Régiment d’Artillerie à Pied blessés légèrement. »
En effet, « l’opération projetée n’a pas réussi », et le témoignage du docteur Houlbert, médecin-auxiliaire du 13e Bataillon de Chasseurs Alpins, montre bien les raisons de cet échec :
« Le 17 mars, dans la matinée, l’ennemi arrose les positions du Col d’énormes mines. Un abri, qui heureusement venait d’être évacué, est littéralement écrasé. Une attaque est prévue pour l’après-midi dans le secteur des 1ère et 6ème compagnies ; elle a pour but de s’emparer des ouvrages en avant du « Fortin ». Le tir de l’artillerie est malheureusement trop court, mais il est impossible de communiquer par téléphone avec les batteries. Un 220 tombe sur le « Fortin » occupé par une section d’attaque ; deux autres obus, quelque temps après, tombent dans nos tranchées et tuent 17 gradés et Chasseurs. Bien que les tranchées ennemies n’aient reçu aucun obus, la 1ère compagnie s’empare du boyau allemand venant vers le « Fortin », mais elle doit bientôt l’évacuer. Toute la nuit, fusillade très intense. Pertes : 35 tués, 43 blessés, 6 disparus. »
Une fois de plus, les pertes sont lourdes chez les assaillants en regard des résultats obtenus. Qui plus est, l’action de l’artillerie au cours du déroulement de l’attaque, et les difficultés apparues dans la liaison entre fantassins et artilleurs, permet de voir émerger quelques tensions entre les deux armes, tensions qui subsisteront d’ailleurs au fil des opérations en montagne, que ce soit dans ce secteur ou ailleurs dans les Vosges. Car si pour le docteur Houlbert, le tir de l’artillerie a été trop court, l’aspirant Henri Martin, du 9e Régiment d’Artillerie à Pied, fournit une autre explication :
« Comment cet accident est-il arrivé ? Des gargousses de poudre différente ? Un coup de vent contraire retardant les projectiles ? On ne sait pas au juste. Les alpins n’auraient pas dû se trouver là, à 40 mètres du but, pendant qu’on tirait encore. Quarante mètres, c’est trop près. Des coups courts sont inévitables. La dernière fois il n’y avait pas eu d’accident chez nous et la précision du tir leur avait donné trop de confiance. C’est malheureux, malheureux ! »
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
- LABARBE Bernard
- Messages : 3837
- Inscription : mar. juil. 12, 2005 2:00 am
- Localisation : Aix-en-Provence
Re: Dégats collatéraux
Bonjour à tous,
Et puisque nous sommes une grande famille, bonjour les collatéraux !
Percin évalue je crois à 50 000 le nombre, citant de très nombreux exemples.
Mais il s'agit surtout dans ces bavures de tirs d'artillerie, les par balles il y en a certainement eu certes mais le gros des collatéraux, c'est de l'obus.
Lobbes, 23 août 14, puisqu'il faut bien un commencement... Le capitaine Thomiré (qui a une stèle sur le plateau de Heuleu) et le lieutenant Sédillot du 144ème R.I. sont tués par un tir de 75 + des blessés et peut-être des morts, des sans grades pas cités, eux.
Dans le JMO du 57 on peut lire des bavures, Verdun (mai 16):
- Le 17, Tirs trop courts de notre artillerie d'où quelques pertes (14 morts peut-être pas toutes dues à l'artillerie fr. sans parler des blessés)
- Le 18, Nombreuses fusées demandant inutilement l'allongement du tir de notre artillerie lourde. Destruction du barrage Vigouroux, nombreux blessés de ce fait.
5 et 6 mai 17, plateau des Casemates (chemin des Dames):
- Tranchée de Fribourg, très dures luttes à la grenade, un tir de barrage de notre artillerie tombant sur nos premières lignes oblige les fractions qui l'occupaient à se replier de 50 à 60 mètres occasionnant des pertes sensibles.
Il y a bien entendu dans les causes de ces dommages deux raisons qu'il faut je pense distinguer, exemples ci-dessus à l'appui:
- Août 14, absence de liaisons efficaces, initiatives de tirs après observation à la jumelle (vous avez déjà observé avec des jumelles de l'époque ?...), pas d'avions ou ballons (français, allemands oui), je n'ose évoquer l'affolement et l'incompétence mais je suis tenté.
- Verdun, proximité de l'ennemi, les fusées oui mais quel était le temps, le ciel ? Idem pour le chemin des Dames si ce n'est à ajouter l'obstination de Nivelle à terminer son échec sur un petit gain de rien du tout quel qu'en soit le prix mais c'est un autre sujet (306 tués ou disparus et 471 blessés en deux jours pour le 57 seulement, qui n'était pas tout seul...). On notera (si c'est vrai) la précision dans le JMO, reculer de 50 à 60 mètres pour se mettre hors des coups, c'est pas mal question précision...
Cela dit et à la louche, sur toute la durée de la guerre, l'estimation de Percin ne me semble pas exagérée.
Cordialement,
Bernard
Et puisque nous sommes une grande famille, bonjour les collatéraux !

Percin évalue je crois à 50 000 le nombre, citant de très nombreux exemples.
Mais il s'agit surtout dans ces bavures de tirs d'artillerie, les par balles il y en a certainement eu certes mais le gros des collatéraux, c'est de l'obus.
Lobbes, 23 août 14, puisqu'il faut bien un commencement... Le capitaine Thomiré (qui a une stèle sur le plateau de Heuleu) et le lieutenant Sédillot du 144ème R.I. sont tués par un tir de 75 + des blessés et peut-être des morts, des sans grades pas cités, eux.
Dans le JMO du 57 on peut lire des bavures, Verdun (mai 16):
- Le 17, Tirs trop courts de notre artillerie d'où quelques pertes (14 morts peut-être pas toutes dues à l'artillerie fr. sans parler des blessés)
- Le 18, Nombreuses fusées demandant inutilement l'allongement du tir de notre artillerie lourde. Destruction du barrage Vigouroux, nombreux blessés de ce fait.
5 et 6 mai 17, plateau des Casemates (chemin des Dames):
- Tranchée de Fribourg, très dures luttes à la grenade, un tir de barrage de notre artillerie tombant sur nos premières lignes oblige les fractions qui l'occupaient à se replier de 50 à 60 mètres occasionnant des pertes sensibles.
Il y a bien entendu dans les causes de ces dommages deux raisons qu'il faut je pense distinguer, exemples ci-dessus à l'appui:
- Août 14, absence de liaisons efficaces, initiatives de tirs après observation à la jumelle (vous avez déjà observé avec des jumelles de l'époque ?...), pas d'avions ou ballons (français, allemands oui), je n'ose évoquer l'affolement et l'incompétence mais je suis tenté.
- Verdun, proximité de l'ennemi, les fusées oui mais quel était le temps, le ciel ? Idem pour le chemin des Dames si ce n'est à ajouter l'obstination de Nivelle à terminer son échec sur un petit gain de rien du tout quel qu'en soit le prix mais c'est un autre sujet (306 tués ou disparus et 471 blessés en deux jours pour le 57 seulement, qui n'était pas tout seul...). On notera (si c'est vrai) la précision dans le JMO, reculer de 50 à 60 mètres pour se mettre hors des coups, c'est pas mal question précision...
Cela dit et à la louche, sur toute la durée de la guerre, l'estimation de Percin ne me semble pas exagérée.
Cordialement,
Bernard
- Eric Mansuy
- Messages : 4290
- Inscription : mer. oct. 27, 2004 2:00 am
Re: Dégats collatéraux
Bonjour à tous,
Oui, les "tirs amis" (pour reprendre l'expression de l'anglais) dus à l'infanterie se rencontrent également, mais en effet, pas tant que ceux de l'artillerie - ou alors les éléments deviennent très flous.
Un exemple, en début de guerre. Le 13 août 1914, le 11e B.C.A. est dans les environs du Lac Blanc ; voici ce qu’en ont écrit trois témoins, Honoré Coudray (hussard rattaché au 11e B.C.A.), Louis Bobier (11e B.C.A.) et Franck Roux (52e R.I.) ;
« Enfin, après plusieurs assauts successifs, les 3ème et 5ème compagnies culbutent les teutons et vont jusqu’au sommet de la ligne Immerling – Calvaire. Le combat continue. Par surcroît, les mitrailleuses du 75ème de ligne qui collaboraient à la bagarre et étaient postées à l’orée d’un bois voisin nous tiraient dans le dos. C’est la gaffe, et l’on peut augurer qu’ils nous ont involontairement fait quelques victimes. » (Coudray)
« Dans ma compagnie, pas un blessé, mais les autres avaient laissé cent cinquante morts sur le terrain sans compter les blessés. On nous l’apprit le lendemain au rapport de la compagnie. C’était de bien grandes pertes pour un résultat plutôt mince. Le 75e d’infanterie, qui se trouvait en réserve derrière le bataillon, avait fait quelques victimes parmi celui-ci. Ils avaient tiré, croyant n’avoir personne devant eux ; ils ne s’aperçurent que trop tard de leur erreur. » (Bobier)
« Les Chasseurs Alpins ont subi de très fortes pertes, car ils ont chargé les Allemands dans un bois très épais, où on se voyait à peine à trente mètres. Ils croyaient embrocher l’ennemi, c’était des silhouettes ! Et en se repliant, la mitrailleuse du 75e de ligne leur a fait des dégâts. C’est là que j’ai vu les premiers morts, dont un adjudant. » (Roux)
Le JMO du 11e B.C.A. indique laconiquement : « 13 août. Attaque du Lac Blanc. Tués : 37 ; blessés : 104 ; disparus : 10. »
Les rapports de l’Ambulance 1/14, établie à Plainfaing, sont peu instructifs à propos des blessés. Cette formation a reçu de midi à minuit, le 13 août, 77 blessés, tous du 11e B.C.A. Le constat est le suivant : « A part de rares exceptions, tous ces blessés portent la signature de coups de feu (fusils) tirés de très près. »
Bien cordialement,
Eric Mansuy
Oui, les "tirs amis" (pour reprendre l'expression de l'anglais) dus à l'infanterie se rencontrent également, mais en effet, pas tant que ceux de l'artillerie - ou alors les éléments deviennent très flous.
Un exemple, en début de guerre. Le 13 août 1914, le 11e B.C.A. est dans les environs du Lac Blanc ; voici ce qu’en ont écrit trois témoins, Honoré Coudray (hussard rattaché au 11e B.C.A.), Louis Bobier (11e B.C.A.) et Franck Roux (52e R.I.) ;
« Enfin, après plusieurs assauts successifs, les 3ème et 5ème compagnies culbutent les teutons et vont jusqu’au sommet de la ligne Immerling – Calvaire. Le combat continue. Par surcroît, les mitrailleuses du 75ème de ligne qui collaboraient à la bagarre et étaient postées à l’orée d’un bois voisin nous tiraient dans le dos. C’est la gaffe, et l’on peut augurer qu’ils nous ont involontairement fait quelques victimes. » (Coudray)
« Dans ma compagnie, pas un blessé, mais les autres avaient laissé cent cinquante morts sur le terrain sans compter les blessés. On nous l’apprit le lendemain au rapport de la compagnie. C’était de bien grandes pertes pour un résultat plutôt mince. Le 75e d’infanterie, qui se trouvait en réserve derrière le bataillon, avait fait quelques victimes parmi celui-ci. Ils avaient tiré, croyant n’avoir personne devant eux ; ils ne s’aperçurent que trop tard de leur erreur. » (Bobier)
« Les Chasseurs Alpins ont subi de très fortes pertes, car ils ont chargé les Allemands dans un bois très épais, où on se voyait à peine à trente mètres. Ils croyaient embrocher l’ennemi, c’était des silhouettes ! Et en se repliant, la mitrailleuse du 75e de ligne leur a fait des dégâts. C’est là que j’ai vu les premiers morts, dont un adjudant. » (Roux)
Le JMO du 11e B.C.A. indique laconiquement : « 13 août. Attaque du Lac Blanc. Tués : 37 ; blessés : 104 ; disparus : 10. »
Les rapports de l’Ambulance 1/14, établie à Plainfaing, sont peu instructifs à propos des blessés. Cette formation a reçu de midi à minuit, le 13 août, 77 blessés, tous du 11e B.C.A. Le constat est le suivant : « A part de rares exceptions, tous ces blessés portent la signature de coups de feu (fusils) tirés de très près. »
Bien cordialement,
Eric Mansuy
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.