Les "pare-éclats" ont été peu employés avant la guerre sur les matériels d'artillerie lourde.
En France, seuls quelques rares canons de 155 C modèle 1890 ont reçu cet accessoire permettant la protection des servants.
Par contre, au tournant du siècle, les canons de campagne de toutes les grandes puissances, en tout premier lieu le 75 modèle 1897, sont équipés de "boucliers" plus ou moins enveloppants.
Les canons construits neufs pendant la guerre, tels les 155 L modèle 1877-1914 Schneider, les 155 C modèles 1915 et 1916 et bien d'autres matériels ont reçu des boucliers pare-éclats.
En ce qui concerne les matériels de Bange, rien n'avait été prévu au moment de leur construction mais un certain nombre (sans plus de précision) de canons de 120 L modèle 1878 et de 155 L modèle 1877 qui constituent l'essentiel de l'artillerie lourde longue française jusqu'en 1916 ont reçu des "pare-éclats".
A ce jour, je n'ai pas trouvé de précision sur les conditions d'étude et de réalisation de ces pare-éclats.
Faute de documents précis, on est obligé de se tourner vers l'observation des photographies de ces matériels ainsi équipés et ces clichés sont assez rares, ce qui montre qu'assez peu de matériels ont reçu cet accessoire.
Il apparaît que plusieurs types de pare-éclats ont été construits ce qui laisse présumer une fabrication assez décentralisée, certainement au sein des parcs d'artillerie d'Armée ou de Corps d'Armée, peut-être à partir de fournitures venues de l'arrière. Ces montages semblent dater de la fin de l'année 1914 et du début de l'année 1915, certainement en profitant de l'équipement en cingolis des matériels tirés des places fortes.
A l'évidence, les canons de 120 L modèle 1878 ont été surtout équipés de pare-éclats mais quelques 155 L ont aussi reçu cette protection.
On sait par des témoignages que les servants reprochaient à ces matériels un bruit de "ferraille" au cours des déplacements au détriment de la discrétion des opérations de mise en batterie et que l'augmentation du poids compliquait les manœuvres de force. Il semble que les pare-éclats ont été abandonnés à la fin de la guerre sur les matériels de Bange.
Quelques photographies montreront les différences de montage des pare-éclat sur les 120 L et 155 L de Bange:
-en premier lieu, au moins quatre variantes de montage du pare-éclats et des épars sur le 120 L modèle 1878:

Absence d'épars sur ce 120 L modèle 1878 n° 98, montage semblant dater de la fin de 1914.

Montage le plus courant avec deux épars s'appuyant au centre de la plaque inclinée du pare-éclats.

Sur ce montage, les épars s'appuient sur le rebord de la plaque inclinée du pare-éclats.

Ce pare-éclats avec renforts de cornières sur la face arrière est photographié le 29 janvier 1915 sur le 120 L modèle 1878 n° 186.

Face avant du pare-éclats sur un [strike]120 L[/strike] (rectifié 155 L) du 104e R.A.L photographié en février 1916.
-les 155 L modèle 1877 sont très rarement photographiés munis d'un pare-éclats, en voici un d'une batterie formée par le 30e RA:

155 L modèle 1877 du 30e R.A photographié le 30 mars 1915.
Si un lecteur a des informations sur les conditions du montage des pare-éclats sur les 120 L modèle 1878 et 155 L modèle 1877 de Bange, il sera accueilli "musique en tête"!
Cordialement,
Guy François.