Dans deux sujets précédents sur :
- le Groupe AS 2
- les photos allemandes de Schneider détruits à Juvincourt en 1917,
ont été évoqués le sort du char du S/Lt Debruères et de son équipage.
Il existe une quinzaine de photos allemandes de ce char qui méritent quelques explications.

Un élément d'identification de ces photos saute de suite aux yeux : le toit du char rejeté en arrière.
Le Schneider [strike]61216[/strike] est le char le plus avancé de la percée des chars du Cdt Bossut dans ce secteur.
(Correction du 28 Août 2010 : le Schneider du S/Lt Debruères est le n° 61047)
Les chars arrivaient alors sur la 3° ligne allemande.


La photo n°1 (prise en direction du Sud) montre bien que le terrain n'a pas été "marmité" par les tirs d'artillerie.
Le rapport du Lt Poupel explique que le secteur était soumis au tir de l'artillerie française et allemande.
Une dizaine de Schneider ont combattu et se sont maintenus, le 17 Avril entre 12 h. et 16h. (4 chars de l'AS 2 sont rentrés de ce combat).
A partir de Juvincourt et du bois Claquedent les Allemands tiraient sur les chars, en tir direct au canon de 7,7.
Au moment ou le Schneider du S/Lt Debruères a été détruit, les autres chars, se sont maintenus en se déplaçant continuellement dans le secteur.
Au Groupe AS 2, dans les 6 chars qui ont fourni des données précises, le Schneider du Lt Delacommune (le n° 61206 - As de Tréffle 1) a :
- utilisé 260 litres de carburant,
- tiré : 80 obus de 75 sur 90 et 5000 cartouches de mitrailleuses.
La dotation des deux mitrailleuses Hotchkiss étaient de 4000 cartouches. L'équipage s'est probablement réapprovisonner sur un char endommagé.
Le char a tourné 17 heures et consommé au delà de sa capacité (200 litres). Dans ces 17 heures sont comptabilisés les trajets aller, avant le passage de la Miette, et retour.
Les chars transportaient des bidons de carburant supplémentaires qui expliquent ce dépassement de consommation. Un complément
a sans doute été réalisé à l'issue des combats, dans les lignes françaises, pour rejoindre Chaudardes.
Réparties sur un peu moins de 24 heures, ces 17 heures au commande d'un char Schneider sont très impressionnantes quand on sait combien la conduite de ces chars était difficile et physique, et que ces hommes étaient de plus soumis à un stress de combat important.

La photo n° 2 montre le char entouré de soldats allemands. Cette photo est prise face au Nord. Les corps des membres de l'équipage sont encore au sol près du char. Elle n'a probablement pas été prise le jour même, mais le lendemain ou quelques jours plus tard.
Dans cette affaire, les Allemands avaient perdu du terrain, mais il se trouvaient là à l'abri des vues françaises, et caché par le petit mouvement de terrain que représentait la côte 76. Ils pouvaient donc pratiquer "le tourisme de guerre" . . . . .
A quelle date ont été enterrés les corps et par quelle unité allemande ? Cela reste à déterminer.
[strike]Il ne semble pas que les corps aient été enterrés sur place. Aucune des photos plus tardives ne montrent de monticules de tombes. [/strike]
[strike]Les corps ont-ils été retrouvés et identifiés après guerre . . . . . et où sont-ils enterrées ? [/strike]
Une photo montre bien trois tombes en arrière du char. il s'agit de celles de Debruères, Offrion et Lardic.
Louis Bergès a été enterré à Berry-au-Bac. Il a donc probablement été évacué sérieusement blessé, avec Evrard (Brulé au main et au visage) et Guesdon.
Les trois membres d'équipages enterrés sur place par les Allemands, n'ont pas été retrouvés et sont, peut-être encore sur place.
Les photos n° 3 à 6 ne montrent que 3 corps qui ont été grièvement brulés.
S'il n'est pas possible de les différencier, leur place et l'état du char permettent d'avancer
quelques hypothèses sur la manière dont le char a été détruit et ses hommes tués.




Dans le sujet sur l'AS 2 évoqué plus haut la liste de l'équipage a déjà été mentionnée. Il s'agit donc de
S/lt Debruères Pierre (chef de char)
MdL Offrion René (sous-chef de char)
Brig. Guesdon (canonnier)
2° classe - Louis Bergès
2° classe - Henri Lardic
2° classe - Louis Evrard
Le soldat Evrard fait partie des blessés cités dans les rapports de l'AS.
Le Brigadier Guesdon (nom à confirmer) n'a pas été blessé, ou simplement n'a pas été comptabilisé car seulement "blessé léger non évacué".
Les quatres autres ont été tués.
Louis Bergès, probablement très blessé et, sans doute évacué par ses deux camarades est mort plus tard.
Il est enterré à la nécropole de Berry-au-Bac.
En analysant les photos du char, il semble bien que le char n'a été touché qu'à l'avant.
Le rapport du Lt Poupel précise qu'a 13 h, cinq Schneider franchissent la côte 76 et se dirigent sur leurs objectifs, à l'Ouest du Bois Claquedent.
"Un 77 servi par 3 Allemands tire de plein fouet sur les chars qui ripostent en marchant".
Il s'agit du ou d'un des canons qui a détruit notre char à 13 h 15, après en avoir immobilisé, sans les détruire, deux autres chars.
Sur un premier coup au but, le char a du être immobilisé ce qui a du permettre les trois autres coups.
A l'intérieur il y a probablement eu plusieurs blessés, voir déjà plusieurs brulés sérieux. Les hommes sont sortis du chars (seuls ou aidés par les plus valides et par les fantassins d'élite accompagnant le char).
Les 4 grands brulés ont été placés sur l'arrière du char (dans la zone opposée aux tirs), et très grièvement blessés, sont morts là ou ils se sont écroulés.
Le Rapport du Lt Poupel dit aussi simplement que le char brûle. Il ne parle pas d'explosion. Les photos montre bien que le char a explosé.
S'il avait explosé de suite avec l'équipage à l'intérieur, les corps auraient été volatilisés.
L'équipage a donc pu sortir du char qui a ensuite explosé. il devait alors contenir de l'ordre de 80 obus de 75 . . . .