On sait que le général Estienne, "Père des Chars", était un helléniste distingué et qu'il avait horreur des termes empruntés aux anglo-saxons et par dessus tout de l'appellation "Tank", essayant d'imposer le nom de "Char" aux ministres, au G.Q.G, aux journalistes et surtout à ses subordonnés!
Je pense que ces deux textes parus dans les numéros 254 et 267 de juillet et octobre 1917 du "Bulletin des Armées de la République" ont dû faire bondir le Général, tout comme notre ami Michel "Tanker"?
N° 254 du 11 juillet 1917.
N° 267 du 10 octobre 1917.
L'article ne révélait pas de secrets militaires, et voilà un sympathique dessin de char Schneider, visiblement équipé d'un canon de 75 mm de chaque côté !
L'auteur a sans doute été influençé par les photos de chars britanniques avec leur 2 canons en casemates latérales.
Si quelques photos, après les combats de Juvincourt et de Laffaux, avaient bien été publiées, elle ne permettaient pas encore de se faire une idée complète du char Schneider.
Il est tout de même intéressant de noter que le mot tank était bien administrativement banni du vocabulaire militaire.
Dans la note manuscrite d'un capitaine, rendant compte en quelques lignes de l'action de sa compagnie, le mot tank est rayé et remplaçé par le mot char !
Ce document rédigé, pendant, ou juste après l'action de son unité donne à penser que cet officier, qui avait "d'autres chats à fouetter", a du tout d'un coup penser :
- qu'il lui avait été enseigné et répété que le terme "tank" était non réglementaire et banni du vocabulaire militaire français . . .
- qu'il allait probablement se faire ensuite "pourrir" par son chef de corps, très à cheval sur l'emploi de la terminologie réglementaire. . . . !
Ceci dit, la lecture des documents d'archives montre bien que très souvent, le terme tank est employé par des rédacteurs de tous grade.
Ce qui a surtout fait bondir le Général, ce sont les premières photos de chars, prises et éditées en photo-cartes, comme c'était alors la coutume.
Ce sont probablement les menaces de tribunal militaire qui ont conduit les équipages de chars a ne pas trop "mitrailler" leurs engins.
Heureusement tout de même qu'un certain nombre d'entre eux sont passés outre et ont tout de continué à photographier leurs activités chars.
Mon pseudo "Tanker" est bien aussi destiné à faire se retourner le Général dans sa tombe et à lui rappeler, par la même occasion, qu'il n'a pas été oublié.
Les "Tankers", c'est aussi ainsi que se baptisaient les membres d'équipage de chars en utilisant, toujours pour faire râler le général, le mot banni par lui.
